Devant le Sunside, hier à 20 h...
Toujours dans le cadre des étés du Sunside consacrés aux pianistes (c'est la 11ème année)* qui viennent jouer en duos, trio, voire quartet [mais où on dira que la "tête d'affiche" est un pianiste], ce haut lieu du jazz accueillait vendredi, samedi et dimanche derniers (19, 20, 21 août 2016) le nouveau quartet du pianiste Yaron Hermann avec : Ziv Ravitz à la batterie ; Florent Nisse à la contrebasse ; Gilad Hekselman à la guitare et Yaron Hermann au piano (mais aussi au mini xylophone qu'il avait posé sur le quart de queue Yamaha).
Au cours de cette soirée - avec deux sets d'une heure -, le groupe a revisité des standards (chansons) israéliens, mais pas seulement, ajoutant au répertoire une composition de Yaron ainsi qu'une reprise de la chanson du groupe Nirvana "Heart Shaped Box".
Une nouveauté puisque c'était la première fois qu'ils jouaient cela ensemble (Yaron Hermann avait déjà joué certains de ces morceaux en public, mais pas dans cette configuration).
Difficile de parler ici de Yaron Hermann comme "tête d'affiche" de ce quartet. Expression qui n'a aucun sens au coeur de cette musique construite et renouvelée à chaque instant par les musiciens, chacun apportant l'espace, la surprise, l'envol et l'osmose.
Tous alors peuvent être considérés comme "têtes d'affiche" : Gilad Hekselman, guitariste tout de finesse et merveilleusement inspiré ; Florent Nisse, contrebassiste des plus subtils, et Ziv Ravitz. Ahhhhhhh, Ziv Ravitz, quel son époustouflant, quel musicien. Je me souviens avoir mis cette image dans le fil consacré à l'humour parce que, trop souvent, les batteurs (c'est juste mon avis, ayant vécu de mauvaises expériences en cette matière) tapent comme des sourds, ne servant pas toujours la musique. Lui, il l'a propulse, il en fait le liant. On rêve de pouvoir jouer avec un batteur comme lui.
On peut écouter le 2e set ici (si vous voulez que je rajoute le premier, n'hésitez pas à me le dire).
On y entend 5 morceaux : "Under the stars", traditionnel israélien de Matti Caspi ; "Britland" (mais je ne suis pas sûr du nom du morceau) également traditionnel de Matti Caspi ; puis "Engueli", à écouter absolument (à partir de 26'18), où vous y entendrez toute la palette de Yaronn Hermann ; puis" Home made"; composition de Yaron Hermann et enfin, en rappel, une reprise somptueuse d"Heart Shaped Box" (à 50'19), chanson de Nirvana .
Quelques mots sur Yaron Hermann
Yaron Hermann au Sunside
Encore un pianiste surprenant... Phénoménal, improvisateur de nature, capable de dégager une énergie furieuse comme de laisser s’exprimer une sensibilité d’une infinie délicatesse.
Né le 12 juillet 1981 à Tel-Aviv, il se destinait dans sa jeunesse à devenir basketteur professionnel quand une blessure sérieuse au genou interrompt à jamais sa carrière à l'âge de 16 ans. C'est alors qu'il commence à étudier le piano avec le musicien de jazz Opher Brayer, qui utilise une méthodologie basée sur la philosophie, les mathématiques et la psychologie. Méthode certainement excellente puisque deux ans plus tard, Yaron reçoit le prestigieux prix de "talent junior" de la Rimon School of Jazz and Contemporary Music de Ramat Ha-Sharon.
En deux ans, il avait déjà tout compris du jeu de pianistes tels que Keith Jarrett, Paul Bley, Lennie Tristano ou Brad Mehldau, s'inspirant aussi de musiciens plus "classiques", tels Scriabine ou Ravel, ou encore de musiciens de musique traditionnelle, en passant par la pop musique.
A 19 ans, avide de découvertes, il part à Boston pour y fréquenter la fameuse Berklee College School of Music. Sauf qu'il s'y ennuie immédiatement, n'y apprenant finalement rien et décide de repartir très vite à Tel-Aviv. Sauf qu'après une brève halte à Paris lors de son voyage retour, il rencontre le soir même quelques musiciens lors d’une Jam session et se retrouve immédiatement engagé le lendemain.
Dès lors, il ne quittera plus Paris.
À 21 ans, il enregistre son premier album.
Il est aujourd'hui mondialement connu.
On écoutera avec intérêt la conférence Tedx qu'il a donnée en 2004 à Paris :« De l’idée à la composition »
* Voir aussi mon compte rendu du concert du pianiste Giovanni Mirabassi (Sunside, 14 août 2016)