Récital violoncelle/piano 7 mars

[sylvie piano]

La musique de chambre.... Oui, ça n'a juste rien à voir. On n'est porté, soutenu. Et aussi on porte, on soutient. Quand la magie opére, c'est juste extraordinaire ! Je suis heureuse que vous ayez ressenti cette émotion !

[Moderato Cantabile]

Génial !!
Quelle belle expérience ! J'espère qu'on aura droit à l'enregistrement .

[Okay]

Je suis en train d'en prendre connaissance à l'oreillette, toujours envie de retoucher des bricoles, mais pour la première fois en public dans ce programme c'est franchement pas mal (je le dis là, car ce n'est pas près de se reproduire)

[sylvie piano]

Je réfléchissais encore à savoir pourquoi c'était si différent de jouer seul. En musique de chambre, le trac est à peine présent. En réalité, l'écoute nécessaire de l'autre en permanence, le désir de le mettre en valeur, l'obligation d'être à l'affût du moindre décalage, et finalement ce partage musical qui fait qu'on ne forme plus qu'une seule personne, tous ces éléments nous empêchent de nous dédoubler, la petite voix habituelle du soliste :" pourvu que ce trait passe.... Hier j'ai raté ce truc..... Mais il y a quoi à la basse dans 2 mesures ( ça c'est surtout dans les mouvements lents !)", et bien, cette petite voix ne peut absolument pas intervenir.
Belle expérience Okay ! Et si vous réussissiez à en imprégner vos prestations solistes déjà remarquables..... Il y a forcément une perméabilité possible. Je vous fais confiance. Vous allez trouver !

[Oupsi]

Belle expérience... félicitations.

[Okay]

Merci !
Et si, la petite voix qui dit toutes ces saletés n'était quand même pas éteinte, juste plus chuchotante et moins bavarde que lors d'un concert solo. Il est vrai qu'avoir une partie de la concentration mobilisée par le dialogue avec le partenaire, ça laisse moins de place aux pensées parasites. Mais malgré tout, j'ai eu un nombre important d'auto-injonctions centrées sur ma seule partie, mais en quantité suffisamment tamisée pour que le plaisir prenne enfin le dessus.

[Lee]

Bravo et merci beaucoup Okay pour ce midi sublime, nous étions gâtés, avec les places juste devant le beau violoncelle ancien qui nous transportait dans les mondes aussi différentes des 3 compositeurs, à tour on était saisi par les moments magnifiques, majestueux, amusants. Je regrette un peu ne pas avoir récuperé les crins de cheval cassés dans des moments fervents de Beethoven et Proko et laissés par terre pour mes souvenirs (ou pour une fortune en quelques années).

Bien sûr je ne peux pas comprendre tes messages concernant moins de trac en musique de chambre, le peu d'expérience que j'ai eu, je suis aussi / encore plus stressée, la pression et la peur de saboter l'autre, et chaque fois ça se réalise comme redouté. Alors que là, tu étais clairement de pair avec le violoncelliste. Félicitations !

J'espère bien que ça va se reproduire, avec les mêmes grands musiciens un autre programme (ou le même je retournerai !) qu'encore plus de PMistes en profitent, et dans un plus grand salle ailleurs (ça serait normal qu'on paie, tes collègues sont trop gâtés !).

[jean-séb]

Bon, c'était tout simplement merveilleux !
D'abord, c'était très bien organisé. Les badges nous attendaient, un aimable organisateur nous conduisait dans le bel auditorium. Avec Juanito, nous étions les premiers à entrer dans la salle, craignant même de déranger les deux artistes qui terminaient leurs ultimes mises au point. Nous nous sommes confortablement installés au premier rang. Ce n'est pas forcément l'idéal sur le plan de l'équilibre du son des deux instruments, mais c'était l'idéal pour profiter pleinement des vibrations fabuleuses du violoncelle, bref pour sentir physiquement la musique. Le piano, un grand Steinway au couvercle levé sonnait très bien aussi : Olivier nous a dit qu'il avait eu une fructueuse collaboration avec l'accordeur venu spécialement pour préparer le piano. Le violoncelle avait une sonorité merveilleuse. Il m'a paru ancien, mais je ne m'y connais guère en lutherie. J'ai lu que Bruno Philippe, le violoncelliste, dispose d'un bel instrument moderne prêté par la Société Générale, de Franck Ravatin, luthier vannais, mais aussi d'un instrument italien de 1694 probablement fabriqué par Matteo Goffriler. Je suppose que c'est celui-là qu'on a entendu. En tout cas, la sonorité était vraiment très belle, puissante et douce à la fois, sans rugosité, profonde.
Le programme a commencé par la si belle Élégie de Fauré. C'est une œuvre qui me transporte tout de suite à une telle altitude que je trouvais que c'était un choix dangereux pour débuter, bien qu'elle ait le grand avantage selon Olivier d'être une arme anti-trac ; le piano commence bien doucement et a le temps de se chauffer avant d'aborder les beaux arpèges de la fin. Elle a été remarquablement interprétée, et même la partie centrale, qui me paraît parfois un peu plus banale après la bouleversante mélodie du thème principal, n'a pas créé de chute de tension marquée.
Ensuite, la belle sonate n°3 de Beethoven était également bien servie. Il faut pour le pianiste savoir faire des gammes car elle est pleine de traits nombreux qui exigent une grande régularité. L'Allegro initial, très copieux, a été salué par de nombreux applaudissements, preuve que le public qui avait bien rempli la salle, sacrifiant peut-être un déjeuner, n'était pas constitué que d'habitués des salles de concert.
Enfin, la sonate op.119 en ut majeur de Prokofiev a été jouée avec toute la joie que peut donner cette tonalité. Belle sonate, pleine de thèmes lyriques finalement presque classiques, entrecoupés de quelques dissonances pour rappeler la date de composition.
Naturellement, les applaudissements ont été nourris, et j'espérais bien obtenir un petit bis, mais les contraintes horaires ne l'ont pas permis.
Je trouve que nous avons eu beaucoup de chance d'écouter ce concert, dans des conditions de confort et de proximité merveilleuses. Merci à Olivier de nous avoir conviés. J'étais ravi de retrouver sur place Lee et JPS, et d'avoir rencontré Juanito.
Très content surtout d'avoir découvert ce très jeune et très talentueux violoncelliste. Il a, quand il joue, deux attitudes caractéristiques. Dans les passages exigeant de la violence, il penche la tête en avant sur son instrument, et la remue énergiquement au rythme de l'archet, mais la plupart du temps, dès que le violoncelle chante et c'est ce qu'un violoncelle sait le mieux faire, il rejette sa tête en arrière et ferme les yeux, dans une apparente extase. Mais je connais cette tête bouclée italienne, je l'ai déjà vue :

[JPS1827]

Oui, c'était une superbe interprétation de deux grandes sonates du répertoire pour violoncelle. Je ne connaissais pas cet auditorium qui a une acoustique un peu mate et agréable.

[Line-Marie]

Merci Jean-Seb pour ce très beau compte rendu qui donne envie d'avoir assisté à ce très beau concert. Bravo aux artistes talentueux !

[mieuvotar]

Bravo, et merci pour le compte-rendu. Ça a l 'air d'avoir été un récital merveilleux... Encore une fois, ça fait regretter de n'être pas francilien. On attend l'enregistrement avec impatience !
Et d'ailleurs, Okay, ne pourrais-tu pas pas souffler à tes collègues de Société Générale Private Banking, ici à Genève, d'organiser aussi de tels récitals ?

[Lee]

Je me permets de poser une question sur quelque chose que je n'ai pas compris. Trois ou quatre fois, le violoncelliste "cherchait" sa note sans le jouer, il mettait les doigts, juste avant de jouer, et on entendait la note quand même et puis jouer "pour du vrai". J'ai pensé que c'était parce qu'on était tout près, mais un ami plus loin a dit que non, il entendait aussi...

[Okay]

Tu ne crois pas si bien dire mieuvotar, j'ai des collègues à Genève et j'y passe dans quelques semaines. Qui ne tente rien …

Mille mercis Jean-Séb pour ce magnifique compte-rendu, j'en suis très touché.
L'enregistrement que voici a intérêt à se montrer à la hauteur des attentes suscitées (j'édite également le premier post) :

Concert complet

Fauré - Elegie opus 24
Beethoven - Sonate n°3 opus 69
Prokofiev - Sonate opus 119

[_Julien_]

Bravo à tous les deux ! J'aurais tant aimé être des vôtres.

Je vais écouter les enregistrement de ce pas...

[Juanito]

Et bien quel concert, quelle journée! Merci mille fois de nous avoir permis d’être là. C’est un cadeau qui n’a juste pas de valeur.

D’abord entendre - à 2 mètres de distance - Bruno Philippe jouer sur un instrument incroyable et avec une énergie et une sensibilité hors norme… C’est une une expérience que je n’aurais probablement que très peu de fois l’occasion de vivre dans mon existence (en tout cas pour le prix d’un ticket de métro). La clarté de sa musique est magique, il est très présent et vivant sur scène (et très mignon je pense que tout le monde aura compris ) et il a une variété sonore époustouflante (dans le pianissimo comme dans la virtuosité sans tâche).

Quand à notre pianiste ( que j'avais surtout vu dans des bars ), je connaissais le « performer », le soundclouder et youtuber acharné, l’écumeur d'études à qui j’aimais bien chercher des poux, le pulvérisateur technique, mais pour la première fois que je l’entends en vrai j’ai été complètement émerveillé.

Je m’attendais à un peu de traces d’amateurisme: un tremblement, une fausse note, un oubli, un tempo mal tenu, quelques entrées mal négociées, des fautes de goût, un son mal maîtrisé… mais la rien ou presque!!! J’ai d’abord écouté un peu anxieux et attentif, puis finalement j’ai lâché complètement et oublié que c’était un ami qui jouait. Je ne peux pas faire un plus grand compliment...

C’est ce qui est magnifique dans la musique de chambre: on a devant les yeux et les oreilles un vrai échange musical, quelque chose qui est au delà de la performance technique et bien plus proche de la musique qu’une suite d’études (haha et bing!! Tu ne pensais pas t’en sortir comme ça ).
C’est limpide, surtout à te lire racontant ton concert: C’est bien chambriste que tu dois devenir!!

Et enfin, j'ai été ravi de faire la connaissance de jean-séb, Lee et JPS. Il y a vraiment une bonne ambiance sur ce forum, confirmée par chaque rencontre en live!

Je me permets de poser une question sur quelque chose que je n'ai pas compris. Trois ou quatre fois, le violoncelliste "cherchait" sa note sans le jouer, il mettait les doigts, juste avant de jouer, et on entendait la note quand même et puis jouer "pour du vrai". J'ai pensé que c'était parce qu'on était tout près, mais un ami plus loin a dit que non, il entendait aussi...

Absolument, je me suis fait la même remarque! J'avais pensé que c'était pour préparer son attaque, mais je n'en suis pas si sûr.... Je vais demander à des violoncellistes.

[Juanito]

mais aussi d'un instrument italien de 1694 probablement fabriqué par Matteo Goffriler. Je suppose que c'est celui-là qu'on a entendu.

C'était celui là. Je lui ai demandé.

[Presto]

edit : cette fois ci j'ai tout entendu superbe concert.
Le violoncelle est très beau évidemment mais ce qui me sidère c'est la belle autorité du chambriste qui émane de ton jeu (fallait assurer ! ) , très belle entente entre vous.
Chapeau !
Bravo à vous deux !

Plus qu'un violon à trouver et tu nous montes un trio

[Presto]

Je me permets de poser une question sur quelque chose que je n'ai pas compris. Trois ou quatre fois, le violoncelliste "cherchait" sa note sans le jouer, il mettait les doigts, juste avant de jouer, et on entendait la note quand même et puis jouer "pour du vrai". J'ai pensé que c'était parce qu'on était tout près, mais un ami plus loin a dit que non, il entendait aussi...

Normalement ça ne s'entend pas mais vous deviez êtres très proches, tout le monde fait ça, c'est un petit clac pour bien prendre la corde avant de commencer à jouer.

[Lee]

Merci pour l'explication, Presto.

Merci Okay pour ces beaux enregistrements, je suis contente pouvoir réécouter et que les autres PMistes peuvent en profiter.

[Juanito]

Qui ne tente rien …

Alors tu devrais enfoncer le clou et demander un mi-temps en échange de concerts réguliers avec les plus grands (et d'un maillot de rugby) sponsorisés par ta boîte! Si tu scores au GCPA il y a peut-être moyen...