Lucas Debargue

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Appogiature
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Re: Lucas Debargue

Message par Appogiature »

Lee a écrit : sam. 31 mars, 2018 0:47 Il bougeait beaucoup avec la musique, même avant de jouer. Je trouvais que ses mains et ses doigts montaient beaucoup, parfois ça me rappelait les photos de Thelonius Monk, pas aussi grave, mais la voute très haute, et les doigts montaient verticalement parfois. Il joue avec beaucoup d'energie et souvent pendant le Chopin surtout avec les trilles et les gammes et les moments rapides, j'entendais du jazz. Le dernier mouvement du concerto il tapait carrément le pied plusieurs fois comme si c'était une partie de la musique, on dirait que c'était une musique moderne qui doit être dansé, il radiait la joie, c'était infectieux. Son jeu était vif, frais, sylphide. A la pause j'ai sondé les admirateurs de Debargue pour savoir si on entend le jazz aussi, en gros on entend tous, un peu ou beaucoup.
Puisque les jazzmen ont largement puisé leur inspiration chez Chopin, c'est naturel qu'à son tour un interprète de Chopin face des clins d'oeil au jazz. Cette liberté de référence et la dynamique de son jeu par moment un peu jazzy, c'est une des choses que je préfère chez lui; c'est vif, c'est frai, jamais dans l'outrance ni le mauvais goût car, comme le disait Florestan récemment, il y a toujours derrière une grande intelligence stylistique.
Bon, je précise que je parle ici de ce que j'ai entendu de lui et non pas de ce récital auquel je n'étais pas présente.
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Re: Lucas Debargue

Message par Appogiature »

Appogiature a écrit : sam. 31 mars, 2018 10:43
Lee a écrit : sam. 31 mars, 2018 9:22 Oui, c'est un débat éternel aussi, si les prédécesseurs rendent la tâche de créer plus facile, un foisonnement, ou un fardeau, de comment surmonter les grands. C'est peut-être la raison d'être des mouvements très décidés comme Schoenberg, pour être libéré du passé.

L'oeuvre de Debargue me semblait décomplexée à cet égard, j'entendais jazz, rock, des clins d'oeil à Gershwin dans le dernier mouvement, peut-être Bortkiewski à la fin du premier mouvement. J'entendais Prokofiev aussi mais probablement juste parce qu'il aime les passages forts et martelés ! À un moment donné je me demandais si son Frenchiness entendais ou l'influence russe, mais pas vraiment, ni des deux. Pendant le deuxième mouvement il y avait de lignes d'échange émouvants entre le violoncelle et le piano, c'était peut-être le meilleur moment du quatuor pour moi.
Ah merci Lee pour ce retour! Je suis heureuse que tu aies fait le pas du récital et que tu aies accepté, malgré les réticences que j'ai cru lire dans tes derniers messages, de restituer sincèrement ton ressenti.
A propos de Chopin, Je ne suis pas étonnée que tu aies eu par moment l'impression d'entendre un autre compositeur. On a parfois l'impression de re-création sous les doigts de Lucas Debargue et cela doit être particulièrement vrai pour Chopin dont il souhaite dépoussiérer l'image romantique parfois un peu lénifiante.
Quant au quatuor, c'est la forme réputée la plus exigeante à l'écriture et c'est la preuve que Lucas cherche la vraie difficulté. Je me réjouis de pouvoir bientôt l'écouter sur le Net. Je suis absolument incompétente pour parler de composition mais je pense que la pléthore de moyens audio actuels crée une sorte d'imprégnation sonore qui enrichit les références des compositeurs actuels mais, parallèlement, rend l'accès à leur singularité créatrice beaucoup plus longue, d'autant plus pour un talent comme Lucas Debargue dont l'oreille est un vrai buvard. Dans ce sens, son immense facilité doit parfois le desservir, avec la nécessité d'un long travail d’élagage, de recentrage, disons d'écoute interne.
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Re: Lucas Debargue

Message par pianojar »

Oupsi a écrit : ven. 30 mars, 2018 22:28 Merci beaucoup Pianojar. J'aimerais te poser une question, est-ce qu'en écoutant cette œuvre, tu as senti que c'était écrit par un homme d'aujourd'hui (d'une manière ou d'une autre, pour quelque raison que ce soit, même inexplicable ou inexpliquée), ou est-ce "flottant"? ou ni l'un ni l'autre, ou la question ne se pose pas pour toi ou te paraît infondée?
Je vois que tu as déjà eu ta réponse dans les posts précédents. Pour ma part je ne sais pas trop ce que c'est qu'un homme d'aujourd'hui. Je crois que Lucas a énormément de musique qui bouillonne en lui et qui ne demande qu'à sortir que cela explique un peu la dimension et les influences de l'oeuvre.
Sinon il n'y a pas de rupture avec l'écriture du passé. En tout cas c 'est une musique vivante qui demande à être jouée et écoutée. En cela il rejoins certains compositeurs actuels qui donnent envie de réécouter la musique contemporaine, les errements d'une musique pour le papier sont loins.
Très bien que Lee ait pensé à parler de la gestuelle de Lucas, de ses mains etc.... car pour ma part l'ayant vu une dizaine de fois en concert ce sont des choses qui me sont familières et auxquelles je ne pense pas dans un compte rendu tant cela me parait naturel chez lui.
Il est vrai qu'il a des mains et une manière de les mouvoir sur le clavier assez impressionnantes
Les passages écrits pour le violoncelle étaient effectivement très beaux avec un Jérôme Pernoo très enthousiaste et visiblement ravi.

Pour revenir au concerto de Chopin, on a l'impression comme pour beaucoup d'oeuvres qu'il joue qu'il s'accapare l'oeuvre, la digère et nous la restitue d'une manière très personnelle, ce qui bien sûr explique les réactions très diverses qu'il peut susciter. Mais c'est ce qui lui permet de nous emmener sur des chemins différents (comme avec la sonate de Szymanowsky ou j'avais fait un commentaire àpp similaire il me semble)

Interprétation et composition doivent certainement (?) être deux activités qui se nourrissent l'une de l'autre chez Lucas et là aussi il est le reflet d'un certain nombre de pianistes de la génération actuelle qui veulent non seulement transmettre mais aussi créer. En espérant juste que la création n'accaparera pas 100% de son temps !
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Re: Lucas Debargue

Message par oiseau.prophète »

Lee a écrit : sam. 31 mars, 2018 9:45
Virgule a écrit : sam. 31 mars, 2018 0:59 Je ne me souviens pas avoir déjà lu un compte rendu de concert sous ta plume
Je suis toujours étonnée que ça apporte quelque chose aux autres, surtout concernant les pros très connus qu'on peut un jour aller voir ou revoir. Sur le forum je fais parfois plutôt pour les amateurs ou les pros moins connus pour encourager d'autres d'aller les écouter. J'avoue ne pouvoir "revivre" un concert en lisant un CR (c'est pourquoi plus haut on parlait de blabla, c'est un petit peu ça pour moi tant que je n'ai pas entendu le concert en question), mais quand c'est très conseillé par un.e ami.e, ça peut me donner l'idée d'aller le voir moi-même.

Hello Lee,

Juste ces quelques mots pour te dire que j'ai beaucoup apprécié ton compte-rendu très intéressant (ainsi que celui de Pianojar, toujours au top, et des autres bien sûr) et que tu fais honneur à la langue française

Debargue c'est quelque chose et j'ai hâte de pouvoir le voir à Luxembourg (la ville, pas la jardin parisien...)
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Message par pianojar »

J'ai vu une date à Metz mais Luxembourg ? C'est quand ?
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Re: Lucas Debargue

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Oupsi a écrit : sam. 31 mars, 2018 8:50 Je trouve que notre époque est étrange : quand on y pense, le collage, la comédie musicale, le jazz, la variété, etc., en gros ce sont des formes et des styles qui ont entre un siècle et trente ans d'existence. Aujourd'hui, nous considérons encore comme un geste contemporain le fait de s'inspirer de ces langages. Mais si on pense par exemple à la durée qui sépare mettons Haydn de Beethoven; ou Brahms de Debussy, on voit là une intensification du temps et un déploiement de nouvelles formes bien plus rapides qu'aujourd'hui, en tout cas si on prend le type de musique que compose Debargue, si j'ai bien compris.

Par exemple, un siècle à peine sépare la date de décès de Bach de celle de Mendelssohn. On dit de ce dernier qu'il a redécouvert Bach, l'a remis au goût du jour, etc., comme si ce siècle écoulé avait suffi à enterrer Bach, à le faire presque oublier comme chose ancienne et poussiéreuse et incompréhensible hors l'étude quasi secrète de ses partitions par quelques compositeurs; alors que pas grand-chose de notre 20e siècle n'est enterré encore
jean-séb a écrit : sam. 31 mars, 2018 9:00 Peut-être que l'existence des enregistrements (disques et radios) qui nous inondent de musique du passé nous rend plus difficile ou plus lente la transition vers une nouvelle forme de musique. Notre oreille est très imprégnée.
Dans une interview récente, Murray Perahia suggère (je paraphrase) que le foisonnement d'idées et de compositeurs de génie de Bach à Chopin pourrait être dû au fait que 'la tonalité était encore neuve' - il n'explique pas davantage mais ça fait réfléchir. La tonalité, encore neuve ? Mais je pense que ce qu'il a voulu dire, c'est que l'arrivée du tempérament égal a ouvert tout un champ de possibilités aux compositeurs, qui pouvaient maintenant moduler d'une tonalité à l'autre dans une même composition, et que cela a stimulé les créateurs. Il y a eu aussi durant cette même période une extraordinaire évolution des instruments !

Comme Jean-Séb, je pense aussi que l'existence des enregistrements peut peser car les grands anciens sont toujours très présents - mais ces anciens pesaient déjà au moins depuis Beethoven, dont le génie 'inhibait' Schubert et Brahms ! Autre facteur qui peut donner l'impression d'une évolution plus rapide de la forme à cette grande époque: les gens vivaient beaucoup moins longtemps qu'aujourd'hui. La créativité, les nouvelles idées viennent beaucoup de nouvelles personnes et si les grands meurent jeunes, ils pèsent moins longtemps sur la relève, non ? Sauf qu'aujourd'hui avec les enregistrements... mais ça, c'est quand même très récent, donc ça ne peut pas tout expliquer.

Quant à l'inspiration que Lucas tire des musiques populaires, je ne suis pas très calée en histoire de la musique mais il me semble que ça existe depuis très longtemps. Pour ne citer que deux exemples, Bartok s'est beaucoup inspiré de la musique traditionnelle hongroise (et autres), Debussy a été inspiré par le gamelan javanais entendu à l'exposition universelle (et peut-être avant), et Bach devait bien y puiser aussi, à la musique populaire.
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Lee a écrit : sam. 31 mars, 2018 0:47 Pianojar a bien résumé le quatuor, il y avait des moments saississants mais les deux premiers mouvements me semblaient très morcelés, un ami avait été plus sévère, il parlait de rembourrage. Par contre le dernier mouvement était très unifié même s'il était très écléctique avec un thème dans les graves accrocheur.
jean-séb a écrit : sam. 31 mars, 2018 8:09 Merci beaucoup pour ces comptes rendus. Quand Lucas Debargue avait présenté son quatuor la semaine dernière, il s'était presque excusé pour le caractère disproportionné et protéiforme du premier mouvement, disant qu'il était resté plus focalisé pour les deuxième et troisième mouvements. À l'écoute, j'avais quand même trouvé le premier mouvement très puissant et bien construit malgré le fourmillement d'idées. Le troisième mouvement m'avait paru en revanche assez composite, pas loin du collage. Pour répondre à Oupsi, on sent en écoutant cette musique que c'est un compositeur contemporain essentiellement à cause des emprunts au vocabulaire musical du jazz ou de la variété et de la comédie musicale (particulièrement dans le 3e mvt) mais la structure du morceau, son agencement, son style d'ensemble restent résolument classiques (post-romantiques pour moi).
Merci Jean-Séb de cette mise en contexte. Je pense qu'il est évident que la version du quatuor exécutée jeudi est une première version, qui sera retravaillée énormément d'ici à ce qu'il le représente. On avait pu entendre sur yt une version antérieure de son trio, présentée à Moscou en octobre 2016, et la version finale jouée à Vuitton quelques mois plus tard m'avait semblé passablement différente. Pianojar pourra témoigner encore mieux que moi puisqu'il l'avait entendu à Beauvais en octobre 2015.

Ce qui me frappe, c'est l'extraordinaire vaillance avec laquelle Lucas est prêt à présenter au public son travail encore en gestation, comme si ce geste lui permettait de valider ce qu'il fait ou d'obtenir des commentaires des musiciens qui puissent relancer le processus de création. C'est comme une affirmation que la création, même en cours, n'a de sens que si elle est communiquée. Ça me fait penser au courage de nos pémistes qui postent ici leur travail en cours pour avoir des commentaires. C'est d'ailleurs ici, sur PM, que j'ai appris qu'aujourd'hui dans les conservatoires, s'enregistrer fait partie intégrante du processus d'apprentissage. C'est évidemment lié à l'évolution technologique récente. C'était une chose inimaginable dans ma jeunesse, alors que pour les jeunes d'aujourd'hui, ça va de soi. Cela me semble entraîner un phénomène très particulier: pour les jeunes d'aujourd'hui, montrer sa performance encore imparfaite, encore en cours d'évolution, est tout à fait normal, tout comme recevoir des commentaires sur ce travail. Je pense que ça pourrait changer bien des choses dans le processus de création...
Modifié en dernier par Virgule le sam. 31 mars, 2018 21:21, modifié 1 fois.
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Message par Lee »

@ Appogiature et Oiseauprophète Merci beaucoup pour vos encouragements, et ça fait chaud au coeur. :wink:
Virgule a écrit : sam. 31 mars, 2018 16:23 Ce qui me frappe, c'est l'extraordinaire vaillance avec laquelle Lucas est prêt à présenter au public son travail encore en gestation, comme si ce geste lui permettait de valider ce qu'il fait ou d'obtenir des commentaires des musiciens qui puissent relancer le processus de création. C'est comme une affirmation que la création, même en cours, n'a de sens que si elle est communiquée. Ça me fait penser au courage de nos pémistes qui postent ici leur travail en cours pour avoir des commentaires. C'est d'ailleurs ici, sur PM, que j'ai appris qu'aujourd'hui dans les conservatoires, s'enregistrer fait partie intégrante du processus d'apprentissage. C'est évidemment lié à l'évolution technologique récente. C'était une chose inimaginable dans ma jeunesse, alors que pour les jeunes d'aujourd'hui, ça va de soi. Cela me semble entraîner un phénomène très particulier: pour les jeunes d'aujourd'hui, montrer sa performance encore imparfaite, encore en cours d'évolution, est tout à fait normal, tout comme recevoir des commentaires sur ce travail. Je pense que ça pourrait changer bien des choses dans le processus de création...
Mais la Centre de la Musique de Chambre est l'endroit parfait pour ce genre de création. Parfois avant le spectacle, ils proposent un "Freshly Composed" de l'artiste, juste quelques minutes avant le "vrai" concert, c'est comment j'ai pu entendre la sonate pour piano de Tomer Kviatek. Son oeuvre pour cordes et piano était sur le programme vraiment génial. Voilà le CR de Jean-Séb :
viewtopic.php?f=8&t=18383&p=333577&hili ... hn#p333577
Et un peu le mien, avec un autre objectif pour encourager qu'on fréquente la centre et pour expliquer leur démarche :
viewtopic.php?f=1&t=13949&p=332033&hili ... hn#p332033
Modifié en dernier par Lee le sam. 31 mars, 2018 22:55, modifié 1 fois.
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Re: Lucas Debargue

Message par Virgule »

Lee a écrit : sam. 31 mars, 2018 18:25 Mais la Centre de la Musique de Chambre est l'endroit parfait pour ce genre de création. Parfois avant le spectacle, ils proposent un "Freshly Composed" de l'artiste, juste quelques minutes avant le "vrai" concert, c'est comment j'ai pu entendre la sonate pour piano de Tomer Kviatek. Son oeuvre pour cordes et piano était sur le programme vraiment génial.

Merci pour les liens, Lee, oui je suis d'accord que le CMC est l'endroit idéal pour ce genre de création, bien que Lucas ait créé son trio ailleurs... mais néanmoins dans un lieu tout aussi propice à ce genre de choses, lors du Festival de Beauvais à la Maladrerie, festival qui est coutumier des programmes 'modulables' selon l'humeur du directeur et des musiciens :D. C'est important que ce genre de lieux existe et oui, il faut les aider à continuer !
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Re: Lucas Debargue

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Lee a écrit : sam. 31 mars, 2018 9:45
Virgule a écrit : sam. 31 mars, 2018 0:59 Je ne me souviens pas avoir déjà lu un compte rendu de concert sous ta plume
Je suis toujours étonnée que ça apporte quelque chose aux autres, surtout concernant les pros très connus qu'on peut un jour aller voir ou revoir. Sur le forum je fais parfois plutôt pour les amateurs ou les pros moins connus pour encourager d'autres d'aller les écouter. J'avoue ne pouvoir "revivre" un concert en lisant un CR (c'est pourquoi plus haut on parlait de blabla, c'est un petit peu ça pour moi tant que je n'ai pas entendu le concert en question), mais quand c'est très conseillé par un.e ami.e, ça peut me donner l'idée d'aller le voir moi-même.
Je voulais te dire aussi pourquoi, selon moi, ces comptes rendus 'apportent quelque chose aux autres'. Il n'est pas question ici de comptes rendus professionnels (et 'objectifs' :lol:, ce qui veut surtout dire froid, sans engagement personnel) comme on en trouve dans la presse. Ici les pémistes se révèlent et s'engagent, ces comptes rendus sont une véritable communication, un partage et un don. Ils donnent d'ailleurs souvent lieu à des échanges animés entre pémistes, en particulier lorsque plusieurs ont entendu le même concert (p.ex. récemment le récital de Trifonov avec la marche funèbre jouée à une lenteur extrême). C'est peut-être pour ça que quelqu'un écrivait sur pm (je ne retrouve plus ni où ni qui) que les comptes rendus des pémistes sont nettement plus intéressants que les critiques des professionnels... Le forum existe pour ça, pour partager et échanger. L'encouragement à aller entendre un concert est, je dirais, un 'bénéfice collatéral' quand il y a plus d'une représentation, mais pas le but premier, en tout cas pas pour les artistes connus.

Donc ne te prive pas, chère Lee, et surtout ne nous prive pas de tes comptes rendus car tu as un vrai talent pour ça ! 8)
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Re: Lucas Debargue

Message par Lee »

Virgule a écrit : sam. 31 mars, 2018 21:49 C'est peut-être pour ça que quelqu'un écrivait sur pm (je ne retrouve plus ni où ni qui) que les comptes rendus des pémistes sont nettement plus intéressants que les critiques des professionnels...
Cétait Oupsi, quelques pages plus haut...
viewtopic.php?f=8&t=16477&p=332569&hilit=Lucas#p332569

Merci pour l'encouragement, alors je ferai davantage pour les interprètes surtout PMistes qui me sont chèr.e.s ! Par exemple un qui reste discret sur ce fil mais qui interprète mieux Chopin à mes oreilles et à mon coeur. :mrgreen:
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Re: Lucas Debargue

Message par Virgule »

Lee, puisque tu mentionnais n'avoir jamais entendu la version du concerto de Chopin pour orchestre de chambre, je te signale que les deux concertos ont été enregistrés par Janina Fialkowska sous étiquette Atma Classique. Tu peux consulter (ou télécharger) le livret ici: https://www.atmaclassique.com/pdf/Livre ... et2010.pdf. Elle y explique l'histoire de ces versions de chambre, c'est très intéressant (et l'original, écrit par elle, est en anglais).

J'ai réécouté son concerto no.1 aujourd'hui, c'est très beau, mais cependant très traditionnel comme interprétation. Tu peux l'écouter sur youtube ici: https://www.youtube.com/watch?v=uD0bF4WEM3E (le son n'est pas exceptionnel).

Je trouve particulièrement étonnant qu'après avoir expliqué dans le livret que Chopin a écrit ces concertos à 19 ans, alors qu'il vit encore en Pologne et «jouit d'une excellente santé. C’est une période joyeuse et insouciante de sa vie, alors que rempli d’enthousiasme et de passions, il est farceur, le centre d’attention de sa famille et d’amis qui l’adorent. La tragédie, l’exil et la maladie allaient sous peu le miner, mais au moment de la composition de ces concertos, Chopin ne souffre que d’une agitation tout à fait normale pour un adolescent. Dans le fond, il est encore satisfait et heureux», qu'après avoir écrit ça, elle choisisse néanmoins de mettre autant de tristesse ou de langueur dans son interprétation. Par tradition ? Car on entend plus le Chopin qui aurait joué cette oeuvre à Paris plusieurs années plus tard que celui qui l'a composée à 19 ans ! Une interprétation plus joyeuse et dansante pourrait très bien se défendre... Mais oui, c'est très beau, même joué ainsi avec juste quelques cordes.

Il faut dire que le quintette à cordes qui l'accompagne est vraiment excellent - et à mon avis c'est crucial. Le premier violon, Jonathan Crow, a été violon solo de l'OSM dès 1998, en sortant de l'université (c'est pas rien !) et est violon solo au Toronto SO depuis 2011 (et prof à l'université). Je l'ai entendu en live récemment en quatuor à cordes dans deux quatuors de Beethoven que lui et ses excellents partenaires du Nouveau Quatuor Orford ont interprétés de façon totalement magistrale. Comment était le quintette à Cortot ? J'ai quelques doutes, je l'avoue, car il n'est pas donné à tout le monde de se rassembler en quatuor ou en quintette à l'occasion d'une exécution ponctuelle et de faire montre d'un jeu d'ensemble juste et impec. Mais bon, c'était juste un boeuf après tout, faut pas trop en demander.
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Re: Lucas Debargue

Message par Lee »

Merci pour le liens que je vais étudier, Virgule. Mais je précise que ce n'est pas une question de tristesse ou de tragédie. C'est une question de la splendeur pianissimo comme l'aube...ces moments n'y étaient plus, au moins pour moi.
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Re: Lucas Debargue

Message par Appogiature »

Ci-dessous le lien du concert de ce soir au festival de Pâques à Aix-en-Provence, disponible jusqu'au 6 mai, avec Lucas Debargue dans le concerto de Ravel en sol M.
A écouter le 2ème bis, une sonate de Scarlatti mais laquelle? si quelqu'un sait.... Magnifique d'espièglerie, de vitalité et de liberté!
https://www.arte.tv/fr/videos/082114-00 ... de-russie/
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Re: Lucas Debargue

Message par Virgule »

Appogiature a écrit : sam. 07 avr., 2018 22:38 A écouter le 2ème bis, une sonate de Scarlatti mais laquelle? si quelqu'un sait.... Magnifique d'espièglerie, de vitalité et de liberté!
C'est la K.491, l'une des 4 'nouvelles' entendues à Montréal en décembre dernier.
Celle de Perahia est magnifique aussi: https://www.youtube.com/watch?v=ibMR70LBs8Q.
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Re: Lucas Debargue

Message par pianojar »

Pas encore écouté le concert mais voilà un court compte rendu
http://destimed.fr/6e-Festival-de-Paque ... argue-joua
Pour la sonate de Scarlatti en question j'aime assez Maria Tipo de mon côté
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Re: Lucas Debargue

Message par pianojar »

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Re: Lucas Debargue

Message par Appogiature »

pianojar a écrit : dim. 08 avr., 2018 18:12 Pour la sonate de Scarlatti en question j'aime assez Maria Tipo de mon côté
Merci à Virgule et à Pianojar pour les références de la sonate et les versions de Murray Perahia et de Maria Tipo.
Bon, je dois dire que je préfère de loin la version de Lucas Debargue mais c’est très personnel. Il y a chez lui une liberté, comme un surcroit de vie, de brusques changements de point de vue et d’atmosphère, une présence dans le jeu qui font qu’on est directement pris par son discours. C’est bien mon problème : quand je l’écoute, les autres versions comparativement m’ennuient. Je fais pourtant des efforts d’objectivité et je m’oblige à écouter d’autres pianistes. Parfois le jeu en vaut la chandelle mais là non, vraiment; la version de Maria Tipo en particulier me paraît très scolaire. Bref, que Pianojar ne m’en veuille pas! Les PMistes finiront bien par élargir le champ de mes préférences.
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Re: Lucas Debargue

Message par pianojar »

Appogiature a écrit : dim. 15 avr., 2018 11:44
pianojar a écrit : dim. 08 avr., 2018 18:12 Pour la sonate de Scarlatti en question j'aime assez Maria Tipo de mon côté
Merci à Virgule et à Pianojar pour les références de la sonate et les versions de Murray Perahia et de Maria Tipo.
Bon, je dois dire que je préfère de loin la version de Lucas Debargue mais c’est très personnel. Il y a chez lui une liberté, comme un surcroit de vie, de brusques changements de point de vue et d’atmosphère, une présence dans le jeu qui font qu’on est directement pris par son discours. C’est bien mon problème : quand je l’écoute, les autres versions comparativement m’ennuient. Je fais pourtant des efforts d’objectivité et je m’oblige à écouter d’autres pianistes. Parfois le jeu en vaut la chandelle mais là non, vraiment; la version de Maria Tipo en particulier me paraît très scolaire. Bref, que Pianojar ne m’en veuille pas! Les PMistes finiront bien par élargir le champ de mes préférences.
Comme je l'avais mentionné je n'avais pas encore écouté le concert, et si je préfère la version de Maria Tipo par rapport à Perahia, je dois dire qu'une fois de plus Lucas s'est approprié cette sonate et nous en livre un version absolument magnifique qui me fascine de bout en bout :wink:
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Re: Lucas Debargue

Message par scaramouche75 »

J’ai retrouvé dans ma discothèque le cd de Sergei Babayan consacré à Scarlatti.
Babayan est surtout connu pour être le professeur de Daniil Trifonov qu’il a remplacé l’an passé à Verbier.
Voici sa version de la K.491, c’est plus lent, peut-être moins énergique, moins de contrastes que celle de Lucas Debargue .. mais tellement élégant, sensible, coloré .
Babayan joue les 2 reprises.
www.youtube.com/watch?v=v4_l42n02zo
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