Lucas Debargue

Concerts, interprètes, émissions, sortie CD
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pochette
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Re: Lucas Debargue

Message par pochette »

Virgule a écrit : lun. 14 mai, 2018 20:27

Bonjour Pochette ! Tu devrais venir plus souvent ! Je partage complètement ton avis à propos de ce que nous connaissons ou pas des influences de ses contemporains sur Beethoven. Evidemment qu’on ne peut pas reconnaître des influences de compositeurs qu’on n’a jamais entendus ! Je suis particulièrement intriguée par ta suggestion qu’on pourrait ne pas reconnaître Beethoven en écoute aveugle. Presque impossible de départager Salieri de Mozart ? C’est avéré ? Alors vraiment je dois écouter Salieri !
C'est complétement avéré pour moi au moins ) J'ai eu une histoire quand un jour j'ai fait marché la radio dont la station est toujours la même chez moi; c'est notre sorte de radio classique bien sûr. Quand on l'allume soudainement c'est une sorte de jeu de quiz, "devine ce qu'on joue"; et cette fois-là il y avait de la musique très sympa dont je n'avais qu'une seule question à résoudre - si c'était du Mozart ou du Haydn. J'ai incliné vers Mozart mais à mon étonnement nous nous sommes trouvés chez Salieri ) Ce que je veux dire est qu'on peut très simplement confondre un compositeur avec le style de son époque.
Mais je dois avouer que depuis ce jour-là j'ai appris quelquechose sur Mozart et peut être si on m'avais demandé aujourd'hui de le détecter j'aurais été plus reussi... Oui le style est très ressemblant mais ce brio de Mozart est incomparable et cette fantaisie mélodique - ce sont des caractères pour le répérer. Il lui est plus facile d'inventer encore une mélodie admirable que de développer celle qu'il a déjà prise. Cette richesse c'est une chose speciale chez lui.
Virgule a écrit : lun. 14 mai, 2018 20:27
Ce passage est tout à fait typique de notre chère Lee, tu ne lis pas les autres sujets je crois, sinon tu saurais qu’elle aime piquer et provoquer la discussion :mrgreen:. Quelques rares grincheux trouvent cela irritant parfois, mais la plupart d’entre nous prenons ces piques avec humour, telles qu’elles sont voulus. Beaucoup de fils seraient morts sans les interventions piquantes de Lee. Merci Lee pour tes contributions précieuses.
Que je sois cette rare grincheuse... je n'y vois aucun humour mais un coup défendu plutôt. Mais c'est la barrière de langue peut-être.
Modifié en dernier par pochette le mar. 15 mai, 2018 13:41, modifié 2 fois.
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Lee
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Re: Lucas Debargue

Message par Lee »

:) C'était moi, je ne suis pas dans le bon endroit, et pourquoi après la phrase en question, j'ai mis :arrow: c'est comme si on ouvrait un petit panier de crabes et après on échappe ailleurs. :mrgreen: J'ai eu le plaisir de rencontrer Virgule dans la vraie vie, donc elle a perçu cela comme une taquine (c'était bien le cas).
strumpf a écrit : mar. 15 mai, 2018 5:52 :D Radio France étant une mine infinie, on trouve toujours en cherchant bien !
Donc voici sur France Culture une émission intitulée Le Frisson Musical : c'est votre cerveau qui fait le boulot !
https://www.franceculture.fr/musique/mu ... s-melomane
Qu'on utilise la culture et la science et l'histoire et ce que vous voulez pour vanter Debargue, OK, mais là, les scientifiques veulent attaquer et raisonner et logiquifier MES FRISSONS :cry: non, je trouve cela insupportable !!! Mais si on pouvait tout expliquer et raisonner pourquoi tel et comme tel, vous ne trouverez pas cela horrible ? Comme chaque être pouvait être programmer ? Bon je vais adresser pourquoi je ne suis pas d'accord avec cet article précisement dans le fil frissons...et oui, c'est un meilleur endroit pour qu'ici !
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Oupsi
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Re: Lucas Debargue

Message par Oupsi »

Très intéressants ces échanges! J'aime bien cette idée de base de données mémorielle, qui libère quelque chose. J'imagine que c'est le cas pour tout être humain, et que la mémoire sculpte nos expériences et nos capacités de perception bien-au-delà de notre conscience. Mais je ressens aussi qu'il y a dans la découverte, dans l'émotion initiale, une dimension "vierge", comme si l'émotion créait en nous quelque chose qui n'avait jamais été là avant, qui ne répète rien, ne redit rien, et qui ne pourra jamais se répéter ni redire; et ça c'est sa dimension, pour moi, la plus extraordinaire et mystérieuse. C'est aussi tout le paradoxe, puisque le créateur travaille comme un titan, l'interprète aussi, et jusqu'à un certain point (si j'en crois ce qui se dit ici) l'auditeur aussi, pour que cette chose naissante et vierge se produise comme l'éclosion sans effort de la première rose!
Line-Marie

Re: Lucas Debargue

Message par Line-Marie »

Lee a écrit : mar. 15 mai, 2018 9:36 Qu'on utilise la culture et la science et l'histoire et ce que vous voulez pour vanter Debargue, OK, mais là, les scientifiques veulent attaquer et raisonner et logiquifier MES FRISSONS :cry: non, je trouve cela insupportable !!! Mais si on pouvait tout expliquer et raisonner pourquoi tel et comme tel, vous ne trouverez pas cela horrible ? Comme chaque être pouvait être programmer ? Bon je vais adresser pourquoi je ne suis pas d'accord avec cet article précisement dans le fil frissons...et oui, c'est un meilleur endroit pour qu'ici !
je ne suis pas une fan de Debargue , ni de personne d'ailleurs !
Personne ne cherche à raisonner tes frissons, mais simplement à donner une explication .....
Je trouve merveilleux toutes ces découvertes en neurosciences qui permettent de mieux comprendre ce que nous sommes. Plus la Connaissance grandit, plus riche nous sommes.
Tu parles de programmation et tu ne veux pas l'être ? et pourtant l'éducation que tu as reçue de ta famille est une programmation parmi d'autres, et sans doute (puisque tu utilises le langage informatique , je continue) par ta personnalité tu pouvais inter-agir sur cette programmation et "coder" différemment mais sans pouvoir changer totalement la structure....
Nous ne naissons pas vierge de tout ! Déjà dans le ventre de notre mère nous percevions déjà des odeurs et des sons à travers le liquide amniotique, nous étions imprégner totalement de notre mère, de ses ressentis, de ses émotions, de ce qu'elle aimait, de la musique qu'elle écoutait...
Nous sommes des être vivants qui ,à notre naissance, avons déjà un vécu qui nous a marqué.
vega
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Re: Lucas Debargue

Message par vega »

Bonsoir à toutes et à tous, et merci pour tous ces partages autour de Lucas!
Lecteur du forum depuis le premier jour!
Contributeur à partir d'aujourd'hui...
Aux cotés de Lucas depuis toujours, et même avant!
(J'ai la chance et l'honneur de le connaitre depuis sa naissance...)

Jusqu'alors les analyses, critiques, commentaires, toujours passionnés et souvent très techniques nous ont apporté une large vision de l'Univers de Lucas...
Là, depuis quelques jours, autour du Quatuor, les articles sont juste interminables et souvent à peine lisibles, même en diagonale...
Alors, je sors de ma réserve ...

Le parcours de Lucas est vraiment différent, certes.
Ses connaissances musicales, culturelles et artistiques sont d'une envergure à peine imaginable...
C'est cette dimension qu'il souhaite transmettre dans ses compositions !!!
Son voeux le plus cher n'est pas d'être connu, ou reconnu, c'est juste un "passeur" !!!
Il se sait capable de laisser une trace,
Il s'est imprégné d'une telle culture, qu'un jour, il s'est "fait du mal", il s'est mis au travail,...
Et il a avancé, il a interprété, et encore travaillé, encore interprété, et toujours avancé !!!
Et aujourd'hui il se sent "prêt" pour un nouveau travail,
Composer pour transmettre !
Par ce qu'il sait qu'un jour, grâce à cette partition, quelqu'un d'autre aura envie,
de faire vivre l'amour de la musique et de la vie, encore et toujours !!!
arg

Re: Lucas Debargue

Message par arg »

Vega et Lucas, oserait-on postuler entre vous une fraternité, une gémellité, voire une identité ? La question restera très probablement ouverte, mais cela me plait de me la poser ! un peu de mystère que diable
Lazur84
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Re: Lucas Debargue

Message par Lazur84 »

Bah oui Vega, qui es-tu vraiment ?
Tu nous en dis à la fois trop et pas assez... tu connais "Lucas" "depuis la naissance", mais si tu étais son jumeau tu aurais dit "in utero"... alors, tu es son frère aîné ? un parent ? ou simplement sa lointaine étoile comme ton pseudo le laisse entendre ?
En tout cas, ça paralyse un peu le débat...
Personne ici n'a mis en doute la sincérité de "Lucas", ni en tant qu'interprète ni en tant que compositeur, il s'agissait juste de rendre compte de la réception de quatuor...
Virgule
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Re: Lucas Debargue

Message par Virgule »

strumpf a écrit : mar. 15 mai, 2018 5:44 ce n'est pas tant l'éducation que la mémoire qui favorise l'émotion et donc si en s'éduquant on constitue une "banque de données "mémorielle, on suscitera davantage de frissons émotionnels en présence d'oeuvres d'art .
La compréhension d'une œuvre est quelque chose de différent par rapport à l'émotion ressentie. On peut évidement être touché par une œuvre d'art, ressentir une émotion énorme , en être submergé sans pour autant "comprendre" cette œuvre c'est à dire pouvoir expliquer la structure de l’œuvre.
Donc face à une œuvre l'émotion ressentie peut-être extraordinaire , mais parce que raisonne en nous un vécu, un petit élément dans la mémoire qui fait que cette émotion peut se libérer. En étant à nouveau en présence de l’œuvre , l'émotion pourra être plus forte encore sans pour autant "comprendre " l’œuvre.
J'arrive un peu après la bataille, comme on dit, mais j'étais à Montréal ces derniers jours. J'avais lu ton message sur ipad à l'hôtel mais pas le temps de répondre. Je me rattrape.

Strumpf, ce concept de banque de données mémorielle est lumineux, ça m'a immédiatement emballée, pour moi ça a agi comme un révélateur instantané. Je trouve ça génial.

J’ai écrit plus haut que je soupçonnais un lien entre mon amour de la musique classique d'Europe de l'Est et mon intérêt pour la musique folklorique. Au collège que je fréquentais de 13 à 17 ans, j’ai pratiqué la danse folklorique le midi pendant des années dans le cadre d’activités parascolaires. J’aimais passionnément ces danses, les midis passaient toujours trop vite, la joie, le plaisir vécus alors étaient immenses. Ces midis restent parmi les plus beaux souvenirs que j’aie gardés de mon adolescence.

Or il se trouve que les danses que je préférais étaient des danses slaves, surtout russes et ukrainiennes, ou des Balkans - initialement surtout à cause de leurs rythmes rapides et de la complexité des figures et des pas. Evidemment, j’ai aussi adoré la musique sur laquelle on dansait ces danses superbes. J’étais mordue au point d’aller voir les ballets folkloriques russes quand ils sont venus à Montréal et d’acheter des disques du Choeur de l’Armée Rouge, que j’ai usés à la corde. Je comprends maintenant que la musique classique des pays slaves me rappelle inconsciemment ces enchantements ! Curieusement, même si plus tard j’ai remarqué que j’avais un penchant pour la musique classique des pays d’Europe de l’Est, je n’ai pas fait le lien aussi directement que je le fais grâce à ton image de banque de données mémorielle. Une révélation.

Cette idée me conforte aussi dans ma conviction qu'on peut apprendre à aimer une oeuvre en l'écoutant plusieurs fois. Et je vois aussi un lien direct avec ma réaction au Quatuor symphonique de Lucas Debargue (pour revenir à notre sujet de départ :wink:) : j'aime beaucoup de choses dans ce quatuor, mais certaines choses me parlent moins - entre autres les références à Gershwin, mais justement, je n'aime pas Gershwin. Je me disais qu'en réécoutant plusieurs fois le Quatuor j'apprendrais à l'apprécier, et je le crois toujours (c'est bien engagé d'ailleurs), mais maintenant je me demande si l'écoute d'oeuvres auxquelles le Quatuor me fait penser... pourrait me rendre ce dernier plus accessible ?

Je vais donc chatouiller ma mémoire émotionnelle et enrichir ma base de données :lol:, ça ne peut de toutes façons qu'être agréable. Merci Strumpf pour cette découverte !
Virgule
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Re: Lucas Debargue

Message par Virgule »

Oupsi a écrit : mar. 15 mai, 2018 9:40 Très intéressants ces échanges! J'aime bien cette idée de base de données mémorielle, qui libère quelque chose. J'imagine que c'est le cas pour tout être humain, et que la mémoire sculpte nos expériences et nos capacités de perception bien-au-delà de notre conscience. Mais je ressens aussi qu'il y a dans la découverte, dans l'émotion initiale, une dimension "vierge", comme si l'émotion créait en nous quelque chose qui n'avait jamais été là avant, qui ne répète rien, ne redit rien, et qui ne pourra jamais se répéter ni redire; et ça c'est sa dimension, pour moi, la plus extraordinaire et mystérieuse. C'est aussi tout le paradoxe, puisque le créateur travaille comme un titan, l'interprète aussi, et jusqu'à un certain point (si j'en crois ce qui se dit ici) l'auditeur aussi, pour que cette chose naissante et vierge se produise comme l'éclosion sans effort de la première rose!
=D> =D> J'abonde, j'abonde ! Oui, l'interprète aussi, et oui, oui, l'auditeur aussi. Oui je crois comme toi que l'émotion crée en nous quelque chose de neuf, mais ce quelque chose de neuf ne part pas de rien, la mémoire et l'expérience y sont pour quelque chose, mais c'est du neuf quand même. Merci Oupsi de tes contributions toujours émouvantes.
Virgule
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Re: Lucas Debargue

Message par Virgule »

pochette a écrit : mar. 15 mai, 2018 8:17 C'est complétement avéré pour moi au moins ) J'ai eu une histoire quand un jour j'ai fait marché la radio dont la station est toujours la même chez moi; c'est notre sorte de radio classique bien sûr. Quand on l'allume soudainement c'est une sorte de jeu de quiz, "devine ce qu'on joue"; et cette fois-là il y avait de la musique très sympa dont je n'avais qu'une seule question à résoudre - si c'était du Mozart ou du Haydn. J'ai incliné vers Mozart mais à mon étonnement nous nous sommes trouvés chez Salieri )
Merci de ta réponse Pochette. Je le répète: je vais écouter Salieri ! Pour moi aussi il y a des liens entre la musique de Mozart et celle de Haydn, mais Salieri je n'ai pas assez écouté - en fait pas du tout à part dans le film Amadeus :roll:. Mais c'est sûr que plus on écoute Mozart, meilleure on devient à le reconnaître.
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Re: Lucas Debargue

Message par Appogiature »

vega a écrit : mar. 15 mai, 2018 21:48 Bonsoir à toutes et à tous, et merci pour tous ces partages autour de Lucas!
Lecteur du forum depuis le premier jour!
Contributeur à partir d'aujourd'hui...
Aux cotés de Lucas depuis toujours, et même avant!
(J'ai la chance et l'honneur de le connaitre depuis sa naissance...)

Jusqu'alors les analyses, critiques, commentaires, toujours passionnés et souvent très techniques nous ont apporté une large vision de l'Univers de Lucas...
Là, depuis quelques jours, autour du Quatuor, les articles sont juste interminables et souvent à peine lisibles, même en diagonale...
Alors, je sors de ma réserve ...

Le parcours de Lucas est vraiment différent, certes.
Ses connaissances musicales, culturelles et artistiques sont d'une envergure à peine imaginable...
C'est cette dimension qu'il souhaite transmettre dans ses compositions !!!
Son voeux le plus cher n'est pas d'être connu, ou reconnu, c'est juste un "passeur" !!!
Il se sait capable de laisser une trace,
Il s'est imprégné d'une telle culture, qu'un jour, il s'est "fait du mal", il s'est mis au travail,...
Et il a avancé, il a interprété, et encore travaillé, encore interprété, et toujours avancé !!!
Et aujourd'hui il se sent "prêt" pour un nouveau travail,
Composer pour transmettre !
Par ce qu'il sait qu'un jour, grâce à cette partition, quelqu'un d'autre aura envie,
de faire vivre l'amour de la musique et de la vie, encore et toujours !!!
Cher(ère) Vega,
Peu m'importe ton identité et l'authenticité du lien qui te rattache à Lucas Debargue, ton intervention me donne l'occasion de souligner que mes commentaires, comme ceux des autres PMistes, sont animés par la bienveillance et un refus de complaisance.
Puisqu'il s'agit de recentrer un peu le débat sur la création du Quatuor et que tes lignes suggèrent que la composition sera vraiment le grand-oeuvre de Lucas, je voudrais citer l'extrait d'un article d'Henry Miller, un autre passeur que j'aime beaucoup, et qui fait assez la synthèse de toutes les opinions postées ici sur le processus d'individuation que chaque artiste doit traverser: "Réflexion sur l'art d'écrire". Bien sûr il y parle d'écriture mais ça pourrait tout aussi bien s'appliquer à la composition: "J'ai commencé par examiner assidûment le style et la technique de ceux que j'ai autrefois admirés et vénérés; Nietzsche, Dostoïevski, Hamsun, même Thomas Mann que j’écarte aujourd'hui comme un fabricateur habile, un poseur de briques, un crétin inspiré ou un cheval de trait. J'ai imité tous les styles dans l'espoir de trouver un indice menant au secret dévorant de l'art d'écrire. J'ai finalement atteint une impasse, un désespoir et une désespérance que peu de gens ont connus car il n'y avait pas de solution de continuité entre mon être d'écrivain et mon être d'homme: l'échec du premier signifiait l'échec du second. Et J'échouai. Je compris que je n'étais rien - moins que rien - une quantité négative. C'est alors, au milieu de la mer des Sargasses morte, pour ainsi dire, que je me suis vraiment mis à écrire. Je suis parti de rien, en jetant tout par-dessus bord, y compris ceux que j'aimais le plus. Dès que j'ai entendu ma propre voix, j'ai été enchanté: que ce soit une voix séparée, distincte, unique, me soutenait. Peu m'importait que ce que j'écrivais soit mal jugé. Le bon et le mauvais avaient quitté mon vocabulaire. Je sautai à pieds joints dans le royaume de l'esthétique, le royaume amoral, sans éthique ni utilité, de l'art. J'avais trouvé une voix, j'étais à nouveau un tout. C'était une expérience qui ressemblait beaucoup à ce que nous lisons des existences des initiés du Zen. Mon immense échec était comme une récapitulation de l'expérience de l'espèce: il me fallait vomir le savoir, réaliser la vanité de tout, tout casser, désespérer, m'humilier puis m'essorer de l'ardoise, en quelque sorte, afin de retrouver mon authenticité. Je devais approcher du bord puis sauter dans l'inconnu (...).
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Lee
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Re: Lucas Debargue

Message par Lee »

Nous avons quasiment tous les pseudos, aucune raison que Vega ait une autre obligation que nous. J'imagine que ça ne doit pas être facile de voir son proche critiqué ou jugé comme n'importe quelle autre célébrité...

De ma part je ne peux pas parler de "la bienveillance", comme je ne connais Lucas Debargue que comme pianiste vedette et il ne me connait pas de tout bien sûr. 8) La façon qu'il est discutée montrent l'envergure qu'il a pour captiver les passions et l'imagination des pianistes et des mélomanes, il faut comprendre ce fil comme ça. Plusieurs personnes ne sont venus sur ce forum que pour partager cette passion pour lui. D'autres (rares ici) ne prennent pas les gants blancs parce qu'on considère pouvoir parler de lui comme n'importe autre pianiste célèbre et on intervient ici comme sur un autre fil...je fais tache ! :mrgreen: Je suppose qu'il ne nous lit pas, s'il était PMiste, ça serait complètement différent pour moi.
Modifié en dernier par Lee le dim. 20 mai, 2018 11:09, modifié 1 fois.
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Re: Lucas Debargue

Message par Appogiature »

Alors si tu ne te reconnais pas dans le terme de "bienveillance", je corrige par "modération"; ça te convient?
Oui, je suis de ceux - rares - qui n'ont intégré ce forum que par "passion" pour ce jeune pianiste, c'est complètement irrationnel et j'assume mais je sais très bien tuer mes idoles au besoin.
Modifié en dernier par Appogiature le dim. 20 mai, 2018 10:51, modifié 1 fois.
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Re: Lucas Debargue

Message par Appogiature »

Okay a écrit : dim. 13 mai, 2018 18:12 Pour avoir regardé la partition de très près et longuement échangé avec son auteur, je peux assurer que cela n'a rien d'une oeuvre désarticulée... La structure est en effet complexe, chaque élément a sa place dédiée, chaque thème ou idée fait partie du tout, au point qu'on puisse montrer que l'oeuvre de 50 minutes est quasiment mono-thématique. L'introduction lente contient à peu près tout en germes, les thèmes ("le thème"), le plan harmonique de plusieurs sections des trois mouvements entre autres... Le premier mouvement est une forme sonate un peu revue (un bon vieux "intro-A-B-developpements-A-B-coda" - mais ce qui peut dérouter est la manière dont la reexposition renait du développement sous une forme différente, alors que le développement subit des contrastes plus forts), les thèmes du mouvement lent sont issus de ceux du premier, et le finale se ramène à une simple forme ABA. Le plan tonal est également très pensé, le compositeur s'est vraiment donné des contraintes formelles très serrées pour que le tout tienne debout...

Après chacun peut penser ce qu'il veut, et bien sur l'exprimer.
Mais néanmoins, j'aimerais bien savoir si par exemple le public entend toujours de manière très limpide la forme d'une symphonie de Mahler aux dimensions gigantesques, à l'orchestre foisonnant et au matériau musical très dense, ou si simplement il n'ose rien dire parce que c'est signé Mahler et que ça ferait mauvais genre de trouver ça désarticulé. Et même quelque chose d'aussi établi que le premier mouvement de la 9e de Beethoven, est-ce que quelqu'un qui entend ça pour la première fois saisit d'emblée l'articulation du tout ou ressent juste un foisonnement dramatique d'un vieux sourd qui ne sait plus gérer le flot des idées qui hantent sa tête ? Je n'en sais rien, mais la réponse ne me semble pas si évidente.
Merci Okay pour tes explications. J'étais dans l'impossibilité d'intervenir sur le forum ces 10 derniers jours et beaucoup de choses très justes ont été écrites entre temps, donc je ne vais pas m'éterniser.
Je ne doute pas que l'auteur ait mis beaucoup de soin à monter la structure de son quatuor même si, comme tu le fais justement remarquer, je fais partie de ce public qui n'a pas les capacités de l'identifier clairement dès la première écoute. Quand je parlais de "foisonnement désarticulé", je voulais parler de l'absence d'un autre type de trame, d'un souffle, d'un courant souterrain qui, comme une pédale, mènerait l'oeuvre de ses prémisses vers son achèvement, qui en assurerait la cohésion et la continuité, comme si le compositeur n'avait pas poussé assez loin la question de savoir : "Qu'est-ce que je veux dire?".
A la lumière de tes explications, je vais reprendre méticuleusement l'écoute du quatuor, comme le fait Virgule. Car c'est bien vrai (et cela a été dit plus haut dans le fil) que nous, auditeurs, avons aussi notre travail à faire dans la réception d'une nouvelle oeuvre et que rien n'est acquis dès la première écoute.
pianojar
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Re: Lucas Debargue

Message par pianojar »

La location des places est ouverte pour le 19 octobre à Radio France où Lucas jouera le 1er concerto de Chopin
Gaspard du jour
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Re: Lucas Debargue

Message par Gaspard du jour »

Bonjour à tous !
Je suis un fan de Lucas depuis longtemps. Maintenant je voudrais participer plus activement dans ce fil qui est devenu un peu calme à mon avis !!

Voici les photos de ses concerts en Russie où il est aimé tout le temps et très chaleureusement !!
http://stnmedia.ru/news/photoreports/20189/

Et en France ? Est-ce qu'on l'aime ?
Bastien
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Re: Lucas Debargue

Message par Bastien »

Il jouera le 18 Octobre à Lille le concerto n°1 de Chopin et d'autres oeuvres du compositeur, La Berceuse, La Barcarolle et le vingtième nocturne. Je savais qu'il venait et j'espérais qu'il jouerait autre chose que ce concerto rebattu.
Lazur84
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Re: Lucas Debargue

Message par Lazur84 »

Oui c'est vrai que c'est lassant tous ces merveilleux pianistes qui jouent des oeuvres magnifiques :mrgreen:
Bastien
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Re: Lucas Debargue

Message par Bastien »

Chacun ses goûts mais ce premier concerto n'est pas une oeuvre essentielle du répertoire pour moi. Et quand tu as entendu la Barcarolle 50 fois par 50 pianistes de toutes les époques dont 15 génies, oui tu aimerais parfois écouter autre chose en concert. C'est juste mon avis. Les directeurs de salles sont souvent bien trop frileux et le public bien conservateur. Par exemple le concerto de Scriabine, qui vaut bien largement celui de Chopin, pour l'entendre en concert, il faut se lever de bonne heure.
Modifié en dernier par Bastien le mar. 12 juin, 2018 15:45, modifié 2 fois.
pianojar
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Re: Lucas Debargue

Message par pianojar »

J'espère que tu n'as pas manqué son concert de l'année dernière à Lille ou il jouait Szymanowsky et Schubert ?
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