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[katy]

OK... j'ai donc réécouté le début de sa sonate et repéré cette énormité... Bon enfin sans commentaire...Ces différences de conception, d'esthétique quand même, ça ouvre un abîme

[nox]

trop de légèreté, évanescence...

Certes, mais en même temps :

Oh! Que de fois je l'ai entendu et vu, Scarbo, lorsqu'à minuit la lune brille dans le ciel comme un écus d'argent sur une bannière d'azur semée d'abeilles d'or !

Que de fois j'ai entendu bourdonner son rire dans l'ombre de mon alcôve, et grincer son ongle sur la soie des courtines de mon lit ?
Que de fois j'ai l'ai vu descendre du plancher, pirouetter sur un pied et rouler par la chambre comme le fuseau tombé de la quenouille d'une sorcière.
Le croyais-je alors évanoui? Le nain grandissait entre la lune et moi, comme le clocher d'une cathédrale gothique, un grelot d'or en branle à son bonnet pointu !
Mais bientôt son corps bleuissait, diaphane comme la cire d'une bougie, son visage blêmissait comme la cire d'un lumignon, - et soudain il s'éteignait.

bourdonner, ombre, alcôve, la soie, évanoui, grelot, diaphane, lumignon, s'éteignait....
C'est tout en murmure, en ombres. D'ailleurs les 3 pièces sont dans cet esprit de transparence.

[Igguk]

Katy, les personnes qui écrivent ce genre de commentaires sont assez limitées intellectuellement. Elles cherchent un prétexte pour discréditer un pianiste sans raison véritable. Parle que des pains débiles je peux en trouver chez Berezovsky, Trifonov ou n'importe qui.

[nox]

Katy, les personnes qui écrivent ce genre de commentaires sont assez limitées intellectuellement. Elles cherchent un prétexte pour discréditer un pianiste sans raison véritable. Parle que des pains débiles je peux en trouver chez Berezovsky, Trifonov ou n'importe qui.

Il voulait surtout placer qu'il avait bossé avec Imogen Cooper, histoire de montrer qui c'est Raoul. D'ailleurs lui ne fait jamais de pains, je gage...
Bref, revenons aux pianistes, les vrais, ceux qui ratent leurs sixtes !
Je vais écouter Geniusas.

[Igguk]

Imogen Cooper ? Connais pas. On dirait un nom de lessive.

[Florestan]

trop de légèreté, évanescence...

Certes, mais en même temps :

Oh! Que de fois je l'ai entendu et vu, Scarbo, lorsqu'à minuit la lune brille dans le ciel comme un écus d'argent sur une bannière d'azur semée d'abeilles d'or !

Que de fois j'ai entendu bourdonner son rire dans l'ombre de mon alcôve, et grincer son ongle sur la soie des courtines de mon lit ?
Que de fois j'ai l'ai vu descendre du plancher, pirouetter sur un pied et rouler par la chambre comme le fuseau tombé de la quenouille d'une sorcière.
Le croyais-je alors évanoui? Le nain grandissait entre la lune et moi, comme le clocher d'une cathédrale gothique, un grelot d'or en branle à son bonnet pointu !
Mais bientôt son corps bleuissait, diaphane comme la cire d'une bougie, son visage blêmissait comme la cire d'un lumignon, - et soudain il s'éteignait.

bourdonner, ombre, alcôve, la soie, évanoui, grelot, diaphane, lumignon, s'éteignait....
C'est tout en murmure, en ombres. D'ailleurs les 3 pièces sont dans cet esprit de transparence.

Merci nox, je ne connaissais pas!
Comme dit Katy la vision de Lucas Debargue est certainement nourrie de ces poèmes.

[nox]

C'est un extrait du recueil d'Aloysius Bertrand qui a inspiré le cycle de Ravel, oui. Il est même cité dans la partition, de mémoire.

[Oupsi]

On trouve les textes des trois poèmes en prose, Ondine, Le Gibet et Scarbo ici :

https://fr.wikisource.org/wiki/Gaspard_ ... ition_1920

[jean-séb]

Oui. D'ailleurs, ceux d'entre nous qui ont entendu JPS nous interpréter Ondine l'ont aussi entendu réciter la poésie correspondante d'Aloysius Bertrand.
Igguk, je suis étonné que tu ne connaisses pas Imogen Cooper, au nom effectivement assez particulier pour être facilement retenu. Elle a une discographie abondante, soit seule, soit en accompagnement :
http://www.imogen-cooper.com/discography/
À ne pas confondre avec Elizabeth Cooper, peut-être plus connue en France, notamment du fait de ses apparitions nombreuses dans des émissions grand public (mais anciennes) comme Le Grand Echiquier.

[katy]

Pour Debargues j'espère qu'il va bien faire dans son Mozart, tout dépend de ça maintenant.
J'ai bien aimé son Ondine et Gibet, mais pour Scarbo désolé c'est pas le style que je préfère, trop de légèreté, évanescence...

Pour compléter ce qui vient d'être dit, à voir, la masterclasse d'Huseyin Sermet sur justement Scarbo avec un jeune garçon de 18 ans qui joue très proprement... et bien en force : d'emblée il lui parle du poème, des images et des sensations qu'il faut chercher à évoquer. La remise en question est telle, puisqu'il lui fait comprendre qu'en gros il manque l'essentiel, que le garçon est perdu....Ca dure 10 minutes environ.
https://youtu.be/Z6DpAiE0bMc

[Lee]

Comme ces oeuvres de Ravel sont inspirés par ces poèmes, pourrait-il expliquer pourquoi apparemment les américains n'apprécient pas le jeu de Debargue comme vous ? Serait-il une appréciation ou une compréhension lié intrinsèquement à votre langue ou votre culture ?

[katy]

Moi je me garderais de toute généralisation hâtive... Effectivement il y a surtout de la malveillance je pense, à compter les fausses notes de Debargue... comme on peut en trouver sur les réseaux sociaux : je n'avais pas suivi le concours Chopin mais il me semble qu'on a pas été tendre non plus sur Internet avec les candidats.

[Okay]

Comme ces oeuvres de Ravel sont inspirés par ces poèmes, pourrait-il expliquer pourquoi apparemment les américains n'apprécient pas le jeu de Debargue comme vous ? Serait-il une appréciation ou une compréhension lié intrinsèquement à votre langue ou votre culture ?

Je ne pense pas, pour moi ça n'a rien à voir. Déjà il y en a quand même pas mal qui ont pris la mesure et apparemment apprécié à sa juste valeur ce qu'il a fait. Et puis ce qu'il a fait musicalement et pianistiquement, on peut je pense s'en rendre compte même si on ne sait pas ce qu'est Gaspard de la Nuit. En fait, je pense qu'on peut même dire que l'importance artistique et musicale de l'oeuvre de Ravel "dépasse" celle des poèmes en question, qui ont surtout fait date pour leur usage innovant de la prose. Ils n'ont pas à mon avis pas une importance littéraire comparable à l'importance musicale du cahier de Ravel, qui est une oeuvre phare du répertoire de notre instrument, qu'on aurait plus envie de comparer à Alcools ou aux Fleurs de mal en terme d'importance.

En fait le gap, dans sa dimension culturelle, porte sur tout autre chose que la langue. Je suis aussi sur ce forum depuis des années même si je participe très peu, et j'ai pu noter des différences fondamentales. Comme ici, il y a beaucoup de participants d'une très grande qualité et de sujets passionnants. Mais aussi des sujets totalement débiles qui peuvent passionner les foules, comme "les 5 oeuvres les plus injouables", une quasi déification de la moindre note jouée par Horowitz qui est pour beaucoup une sorte de référence absolue pour comparer n'importe quel pianiste, parfois très arbitrairement (ils adorent vraiment comparer) ... je ne veux pas généraliser, mais il y a une proportion plus importante qu'ici de participants qui ont une vision quelque peu mécaniste voire sportive du piano, et il y a moins de sensibilité musicale globalement. D'où l’obsession des fausses notes de la part de certains qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez... ce n'est bien sur pas représentatif de ce forum, mais il y a quand même un noyau de participants qui se retrouvent tout à fait là dessus et ça ne choque pas autant que ça choquerait sur PM.

[katy]

Je ne sais pas si vous avez vu ça, pour comprendre le fonctionnement du concours...
http://tchaikovskycompetition.moscow/wp ... _round.jpg

Ca c'est de la poésie... En fait ça marche par feu rouge / feu vert. Je me doutais bien qu'ils ne faisaient pas une dissertation sur chaque candidat mais là c'est radical...

[bogobogo]

Je ne sais pas si vous avez su ça, pour comprendre le fonctionnement du concours...
http://tchaikovskycompetition.moscow/wp ... _round.jpg

Ca c'est de la poésie... En fait ça marche par feu rouge / feu vert. Je me doutais bien qu'ils ne faisaient pas une dissertation sur chaque candidat mais là c'est radical...

C'est une matrice...Matrix!

[Okay]

En fait je vois ça d'un oeil assez positif.
J'ignore s'il y a des débats préliminaires comme à l'assemblée, mais des votes individuels ça garantit une bien meilleure équité car les jurés ne s'influencent pas mutuellement. Les règles sont ici (cliquer sur "Jury rules").
Au premier tour, chaque juré doit voter pour 12 candidats (oui/non) sans les classer et ils sont 10 à voter, donc à l'arrivée, on limite quand même beaucoup les partis pris en sommant les votes. Ils doivent ensuite revoter en donnant une note de 0 à 25 pour départager les candidats à égalité. En agrégé ça doit refléter une certaine réalité sur la qualité des candidats.
Et d'autre part, c'est quand même sacrément transparent de diffuser la composition de ces votes individuels, qui plus est en cours de compétition.

Pour aller plus loin, ils viennent d'adopter cette méthode.

[Okay]

Imogen Cooper ? Connais pas. On dirait un nom de lessive.

Igguk, je suis étonné que tu ne connaisses pas Imogen Cooper, au nom effectivement assez particulier pour être facilement retenu.

Je pense que c'était du 2d ou 3e degré

[JPS1827]

J'ai repris l'écoute de Maria Mazo et de sa Hammeklavier dont elle donne une très bonne interprétation ; un premier mouvement bien charpenté dont la forme est bien compréhensible (et ce n'est pas toujours le cas), un scherzo très bien. Un bel adagio dans lequel elle nous fait entrer avec un beau son choral pour l'exposé du thème, pas trop "en dehors" dès le début donc, sans peut-être nous conduire assez tout au long de ce monumental mouvement, mais il n'y a vraiment rien à lui reprocher. Magnifique largo donnant vraiment l'impression que le thème de la fugue se cherche petit à petit. La fugue, elle est largement aussi bien jouée que par maints beethovéniens connus, elle est surtout très bien tenue d'un bout à l'autre, sans perte d'énergie, mais… cette fugue (tout comme la Grande fugue) ne peut se jouer qu'avec beaucoup d'imagination et là ça en manque un petit peu, dès le thème qui sonne un peu banal au lieu de nous projeter dans l'espace interplanétaire, mais enfin c'est moi qui devient exigeant. C'était quand même une sacrée interprétation, avec d'ailleurs un public enthousiaste à la fin. Une candidate très équilibrée je trouve, forte pianistiquement.

[JPS1827]

Très belle sonate de Griffes par Tetzloff (c'est une œuvre que je connais bien, depuis longtemps), je n'ai pas écouté le reste

[Florestan]

Allez, quelques commentaires. A prendre évidemment avec des pincettes car écrits par un profane à qui la « sonate facile » donne des sueurs froides…

Sergey Redkin, je l'avais complètement ignoré celui là!
Je ne peux pas dire que je n'aime pas, mais ce ne me parle pas beaucoup . Un peu saillant, une sonorité qui "cuivre" facilement, quelques emprunts à l’esthétique romantique dans le mouvement lent (micro-décalages).

Maria Mazo, ça me parle beaucoup plus. Une belle santé (j’ai lu que c’est une spécialiste de Beethoven), de l’amplitude sonore (mais sans dureté), des lignes soutenues. Le deuxième mouvement était très juste. Dans le finale j’ai trouvé qu’il y avait un bel équilibre entre noblesse et espièglerie, et ça ne ferraillait jamais dans les forte. Convaincant. Je pense que le Fazioli est un bon choix pour ce répertoire (plus doux, plus de fondamentale).

Sous les doigts de Reed Tezloff, le Steinway sonnait bien différemment qu'avec Redkin. Je peux me tromper mais j’ai l’intuition que les pianistes au son un peu plus « cru » gagneraient à jouer sur le Fazioli ou le Yamaha. Le Steinway demande peut-être un peu plus de magie dans le toucher pour en extraire la quintessence. (encore une fois, c’est une impression et on parle d’un son enregistré!)
Il y a chez Tezloff une certaine grâce qui sied bien à Mozart. Le rondo était assez ébouriffant et le public a visiblement apprécié. J’ai un peu des réserves sur son mouvement central, dans lequel il a pris le parti prix d’une certaine théâtralité, jouant le thème initial et surtout la reprise (avec une variante), d’une manière un peu baroque, en tout cas sans le recueillement et la simplicité que ces quelques notes m’inspirent. (j’ai entendu Laloum dans ce même concerto cet hiver, et le mouvement lent était extrêmement réussi, très "chambriste" et intime)