La folle journée de Nantes chapitre 2

[sylvie piano]

Parmi mes choix de concerts, outre le piano ( j'y viendrai!), s'inscrivent toutes sortes de formations et d’œuvres particulières uniquement visibles lors de cette manifestation.
Depuis ces vingt années d’existence, nous avons ainsi vu apparaître de tous jeunes instrumentistes devenus aujourd'hui des grands noms!Au piano, certes mais pas seulement.
Ainsi évidemment j'ai mes préférences....Les Modigliani par exemple! Un quatuor fidèle à Nantes. Un bonheur!
Et ce sont aussi ces concerts qui me font progresser au piano.
Nous avons entamé notre aventure avec le Messie par Dunedin Consort dirigé par John Butt. une direction précise et fine qui laissait place à la liberté des solistes. Un chef joyeux et vivant, des instrumentistes heureux et présents. Leurs visages au terme du concert étaient si épanouis qu'on lisait à livre ouvert leur engagement profond. Cette production totalement interne ( soliste du choeur de 12 chanteurs) , petit effectif instrumental baroque reflète l'intérêt majeur de ne pas chercher les performances vocales avec des solistes extérieurs et peu de répétitions. Les chanteurs chantaient par coeur ou presque avec sinon de grandes voix, un sens du phrasé parfait et un legato sans faille. Une pure merveille d'émotion.
En écoutant profondément un tel petit orchestre, je suis toujours fascinée par la variété des timbres et des phrasés. J'imagine comment avec mon piano, je vais tenter de me rapprocher qui du fagott, qui de la viole. Je me remémore combien la polyphonie d'accompagnement de nos oeuvres pianistiques est déterminante dans la conception des oeuvres et combien c'est le soin apporté à tous les contre-chants qui révèle la beauté de la mélodie.Je tente d'emmagasiner tous ces timbres particuliers. Je prends aussi en compte la couleur homogène des formations comme le quatuor. Un seul instrument.
Ainsi en écoutant le quatuor Prazak ! Un son de quatuor unique par sa maturité, chaud et parfumé . Nous avons écouté ce quatuor seul et avec notre clarinettiste prodige nantais Raphaël Sévère . J'ai découvert un quintette d' Hindemith tout à fait passionnant. Et ce jeune clarinettiste est vraiment bourré de talent.
Quatuor avec piano , deux fois avec les Modigliani. Schumann avec Adam Laloum....Un régal ! Brahms avec Neuburger....Que dire? Je reparlerai de ces pianistes en solistes.
Ces deux concerts de jeunes musiciens engagés, souriants, intelligents, confiants et surtout tellement professionnels nous ont emmenés au plus profond de la passion .
Et puis un concert que je désirais entre tous : La nuit transfigurée de Schoenberg et la suite lyrique de Berg par Andras Keller et son Concerto Budapest.
Dès la première note , un son d'orchestre d'une rare homogénéité,absolument pur. Ce fut pour moi un moment de béatitude totale ...Les étoiles de la nuit, les élans de Berg...Une première violon merveilleuse, et une direction d'une finesse extrême.....Un nectar d'orchestre. UN public pourtant peu averti sous le charme de cette interprétation. Une réussite parfaite, l'émotion de la première à la dernière note.
Nous avions choisi également "hommage à Glenn Gould" dirigé par Gidon Kremer. Un extrait de " The art of instrumentations" constitué d'arrangements de pièces de Bach réalisés par différents compositeurs contemporains et servies par la Krematara Baltica composée de 23 jeunes musiciens , l'ensemble de chambre créé par Kremer.
Le concert a débuté avec des aigus en duo violon et alto.....Ensuite , je ne sais plus....Quand la musique s'est arrêtée, les larmes ruisselaient sur mes joues, je ne pouvais ni applaudir, ni parler. Le temps s'était arrêté, cette musique l'espace d'un instant....un miracle...
Le vrai miracle fut de retrouver des places pour réentendre cette merveille....Une autre salle....toujours la même magie !
Voyez-vous, ce sont ces instants là qui ameutent la foule pour ce festival.....