Documentaire "Bloody daughter" mercredi 3 septembre 2014

[huizinga]

Bonjour,
Pour ceux que cela pourrait intéresser, le reportage "bloody daughter" sera diffusé sur france 3 à 23h30 ce mercredi 3 septembre. Il s'agit d'un reportage sur Martha Argerich. Je crois qu'il avait déjà été diffusé il y a quelques temps déjà, mais je ne l'avais pas encore vu.

[Moderato Cantabile]

Ah , cela sera intéressant d'avoir ton ressenti et celui des autres Pmistes qui ne l'auraient pas encore vu ! Pour ma part je ne crois pas que je voudrais le revoir car il nous fait découvrir une part de sa vie que je juge trop intime . Même si je peux comprendre la démarche de sa fille , j'y trouve une forme de voyeurisme qui m'est désagréable . Si l'idée en nous la montrant au saut du lit ou oisive en compagnie de ses enfants et petits-enfants était de nous rendre sa figure plus familière et surtout plus humaine , je trouve au contraire que ces instants volés font ressortir cette espèce d'inadaptation au monde qui la caractèrise . Un film qui m'a laissé une impression douce-amère .....

[rachmaninoff]

J'ai globalement le même ressenti, particulièrement lorsqu'elle pose des questions à sa mère, face caméra, assez gênant. Après il y a quelques moments intéressants, tout au long du film (voire même vraiment drôles, notamment quand on la voit danser Rabbi Jacob dans son salon ).

En revanche, puisqu'on est dans les films biographiques, j'ai entendu beaucoup de bien Richter : L'Insoumis, de Bruno Monsaingeon, il faudra que je le regarde (il est sur YouTube en intégralité)...

[Val]

J'ai vu les deux, celui de Richter est très bien, pas très heureux, mais bien réalisé, et qui laisse quand même une certaine part à la musique.

[Wandarnok]

J'ai vu les deux, celui de Richter est très bien, pas très heureux, mais bien réalisé, et qui laisse quand même une certaine part à la musique.

Et pour Bloody, ton avis Val?
Y a du piano ou seulement du private avec Martha et ses filles...?
Parce que c'est à 23h25 je crois... (et je veux pas entasser les replay dans ma liste, au final, on ne regarde pas, et encore, tout n'est pas en replay, faut vérifier avant de zapper l'émission, pour ne pas se retrouver marron... ).

[rachmaninoff]

En ce qui me concerne j'ai prévu bien mieux pour ma soirée de mercredi : concert de Menahem Pressler juste à côté de chez moi à Toulouse, dans le cadre du festival Piano aux Jacobins (j'ai tellement hâte, c'est le premier grand interprète que je vais voir en concert, alors si en contrepartie je dois finir mes premiers devoirs de prépa tard dans la nuit, pas grave, une occasion pareille ça ne se manque pas ).

Et pour répondre à ta question Wandarnock, je ne me souviens pas exactement, mais en même temps la volonté de la fille Argerich était je pense de faire le portrait de la Martha mère, pas de la Martha pianiste (même si évidemment l'un ne va pas sans l'autre). On y voit quand même quelques répétitions de concerto, le stress de l'avant-concert, du déchiffrage à 2 pianos avec Nelson Freire (du Guastavino justement, on en parlait sur le fil des pièces mystères), etc.

[katy]

Ne te réjouis pas trop non plus car Menahem Pressler est extrêmement vieux et fatigué... Et dans ses récentes prestations ça s'entend. C'est bien d'aller le voir, je le ferais aussi si l'occasion se présentait, mais entendre en concert un artiste aussi âgé est une expérience assez particulière, il faut avoir une oreille indulgente. On ne peut pas l'écouter comme on irait écouter Zimerman ou Kissin...

[rachmaninoff]

C'est vrai que l'âge est un paramètre important, mais quoi qu'il arrive ça fera une expérience intéressante pour moi. Même chose avec Ciccolini, fin septembre, d'ailleurs. Mais merci bien pour l' "avertissement" katy !
J'essaierai également d'aller voir Hamelin, Sudbin, Geniet, et d'autres si j'en ai la possibilité.

[Val]

Ne t'inquiète pas pour Ciccolini, il va très bien
Je l'ai vu dans le 3ème de Beethoven, c'était incroyable ! 90 ans quand il va vers le piano, 20 quand il est au clavier !

[rachmaninoff]

Bon alors ça va... D'autant plus que son programme est consistant : 4 Ballades op.10 de Brahms, Sonate de Grieg, Sonate D.960 de Schubert...
Tout ça à cet âge-là

[Val]

C'est un programme de vieux ça

Je ne l'ai jamais entendu dans Schubert. Ça doit être quelque chose, surtout la D. 960, la plus belle

[katy]

Ciccolini c'est vraiment un cas...Moi je l'ai entendu dans la D. 960 et dans le même concert il a joué la 3ème sonate de Chopin... Faut dire qu'il était jeune encore à ce moment, dans les 85....Il ne va pas si bien que ça, il a eu pas mal d'ennuis de santé mais il retrouve toujours son niveau...
Geniet est absolument incroyable. Je l'ai vu jouer du Bach (4ème partita je crois). Très fin, très subtil, un son incroyable.

[huizinga]

J'ai regardé le documentaire. Je trouve aussi qu'il a pour mérite essentiel de nous montrer une légende dans un contexte familial et surtout sous un angle plus humain (en train de danser ou de se couper les ongles...). Elle est présentée aussi dans ses fragilités (avec son lot de maladies, de déprimes et de doutes...), elle qui apparaît parfois comme possédant un tempérament à toute épreuve. Cela change des biographies traditionnelles et l'on sent la réelle complicité entre la caméra et la pianiste.
Sinon, curieusement, le piano est assez peu évoqué, et quand il l'est, c'est souvent - j'ai eu cette impression - de façon négative. Je pense à la scène du trac avant de monter sur scène ou quand elle dit qu'elle n'aimait pas travailler son instrument étant jeune. Il y a aussi cette première fille dont elle avait perdu la garde à cause d'une tournée, donc à cause des exigences de son métier. En même temps, on sent cet amour de la musique qui transparait puisque les pères de ses trois filles sont des musiciens renommés. Pareil quand elle sort de scène: sa fille dit lui voir 10 ans de moins. Bref, le documentaire nous fait mieux comprendre le métier de pianiste, sans doute riche en rencontres et en joies, mais si contraignant sur le plan personnel.
Nota: Je ne savais pas qu'elle fumait autant: On se serait cru dans un épisode de "Mad men".

[Oupsi]

J'ai enfin vu le documentaire; lors d'une première diffusion je n'avais tout simplement pas pu supporter la position dans laquelle ce film contraint le spectateur, de voyeur impudique par moments, en tout cas je l'avais ressentie comme telle. Cette fois-ci, j'ai un peu insisté et je l'ai vu jusqu'à la fin, et je dois dire que ça m'a beaucoup intéressée. Mais ce n'est pas du tout reposant! On en sort avec une sensation de sol qui se dérobe; tout tangue, l'image et le fil des générations; rien n'est assuré, ni les filiations, ni les mariages, ni la différence entre le jour et la nuit; les images du passé ne livrent aucun secret, rien ne se dévoile ni ne s'explique; il y a juste une formidable énergie, qui et là ou pas sans que l'on sache très bien pourquoi, et qui est complètement "irresponsable", souveraine et en même temps fragile, et qu'aucune parole ne peut expliquer. Martha Argerich passe son temps à dire "ce n'est pas ça, c'est autre chose, je ne peux pas l'expliquer". Et elle sourit, mais pourrait pleurer.

Elle est un peu comme une enfant, c'est sa beauté. Je l'ai trouvée émouvante, et en même temps à la fin j'aurais aimé fermer la porte tout doucement et oublier un peu ce que j'ai vu. On perçoit, dans ce film, "le prix à payer" pour cette imagination, cette puissance d'expression, cette liberté. Ce n'est pas facile de voir cela, et de ne voir que cela, sans pouvoir continuer le dialogue.

[jean-séb]

Je n'avais pas encore vu ce documentaire. Je viens de le voir par hasard sur Mezzo (je suppose qu'il repassera), je ne voulais pas regarder, mais j'ai été scotché au poste. Extraordinaire. Certes, impudique, cru, mais tellement vrai, tellement humain. Oupsi a dit l'esentiel.

[katy]

J'ai revu récemment ce documentaire pour la 2ème fois, avec au final le même sentiment de malaise. Naturellement je n'en ai pas perdu une miette, à nouveau, j'avais en fait oublié pas mal de choses mais justement je crois que c'était mieux ainsi...fan inconditionnelle de Martha ai-je vraiment à savoir tout cela ? Et à nouveau Kovacevich que je vénère m'a semblé pitoyable.
J'ai d'ailleurs ressenti le même agacement en lisant la biographie d'Olivier Bellamy qui ne nous épargne aucun détail intime.
Le film personnellement je ne sais pas trop quoi en penser. C'est à la fois touchant et gênant.

[Arabesque44]

J'ai revu récemment ce documentaire pour la 2ème fois, avec au final le même sentiment de malaise

J'avais ressenti un peu de gêne aussi. Je l'ai vu deux fois .
Pourtant en général, j'apprécie les détails sur la vie privée des musiciens ( compositeurs ou interprètes) mais uniquement dans la mesure où cela nous aide à comprendre l'influence de cette vie privée sur leur oeuvre et leur évolution artistique.
Et dans le cas présent, je n'ai rien ressenti de tel. D'où le malaise et le sentiment d'intrusion.
D'une façon général ce documentaire ne parle pas assez de musique, et m'a déçue.