J'ai eu la chance de le trouver en très bon état général et j'adore la précision et le réalisme de sa mécanique AWA Grand Pro avec ses touches entièrement bois, que je trouve vraiment proche de mon ancien piano à queue KG3-C, un Kawai lui aussi: à savoir une mécanique assez "lourde" comparée à celles d'autres marques. Malgré l'age "vénérable" de ce piano numérique (on approche les 20 ans), si les sons internes sont certainement obsolètes depuis (ils demeurent utilisables en dépannage mais certainement pas à la hauteur du potentiel de la mécanique), la mécanique garde tout son attrait: même si elle a été perfectionné depuis sur les modèles récents comme les excellents VPC-1 et MP11, dans les grandes lignes la mécanique reste très similaire et on est toujours là dans le très haut du panier en regard de ce qu'il continue à se faire sur les PN encore aujourd'hui. Tout ça pour un prix désormais devenu "modique". Si l'on exclut les quelques perfectionnements des modèles plus récents, seul un hybride peut réellement lui faire de l'ombre mais le budget n'est évidemment plus le même du tout...
Il n'est pas étonnant une fois démontée la bête de constater ce qui en fait la force par rapport à une mécanique compact à touche plastique habituelle, notamment avec les marteaux en configuration sous les touches en vigueur dans la plupart des PN. LA longue distance du point de balancier, similaire à un piano acoustique, la taille de la touche et le bois et l’inertie résultant de tout cela.
Bon, tout ça, c'est certes très bien, surtout pour l'époque, mais justement en parlant d'époque: la mécanique accuse forcément le poids des ans... et oui! qui dit mécanique calqué sur celle d'un piano acoustique, dit certains entretiens calqués sur ceux d'un vrai piano aussi! Sur la grande majorité des PN, point de mortaises d'enfoncement par exemple
Première chose qui m'a donc frappé, mais pas étonné: il y avait un fort jeu latéral des touches
et la mécanique, bien que réputée plus lourde que la moyenne, me le semblait tout de même un peu trop 
Allez hop! on ouvre donc la bête et on se réserve du temps
et là, c'est que du bonheur à démonter! 
Kawai était manifestement bien conscient que comme un piano, ce genre de mécanique nécessiterait plus de maintenance qu'une mécanique classique de piano numérique. Du coup, tout a été pensé pour accéder facilement à la mécanique et je dois dire que les MP9000/MP9500/MP8 qui partagent la même architecture sont les PN (et synthés) les plus facile à démonter que je n'ai jamais eu, et de loin, entre les mains! Un absolu bonheur! 8 vis de même calibre à dévisser en dessous et basta: tout le panneau avant est monté sur charnière et se rabat en arrière pour un accès total sur la bête sans plus de démontage. G-E-N-I-A-L
Si tout les constructeurs pouvaient s'inspirer de ça...!Sur mon ancien PN (un clavier maître CME UF8 entrée de gamme certes, acheté pour tenir en attendant de trouver mon MP9500) il me fallait une bonne heure pour accéder enfin à tout. Ici? 2 minutes montre en main...
Brillant! Première chose, vérifier la mécanique touche par touche, certaine me semblant plus dure que d'autres et d'une manière générale, la mécanique n'était pas exactement consistante (même si c'est ma première fois sur un MP9500 et que je ne l'avais jamais essayé auparavant et par conséquent n'avait pas de point de repère par rapport à ce qu'il était sensé être à neuf).
La mécanique reste plutôt simple dans ses fondements: une longue touche entièrement en bois montée sur un coulisseau de balance, pointe de balancier et pointe d'enfoncement le tout coulissant dans des mortaises recouvertes de casimir. Comme un vrai quoi
à l'extrémité de chaque touche, un carré de mousse compact recouvert d'une feuille adhésive de matière glissante: c'est la dessus que va glisser et se balancer, à chaque enfoncement, une vis de pilote en laiton montée sur chaque "marteau", à l'inverse d'un piano, permettant de lancer celui-ci ce qui actionnera un capteur situé à sa base.Simple, mais efficace dans son rendu d'un touché de piano à queue. A l'exception bien sûr, dans cette version de la mécanique, d'une quelconque reproduction du double échappement.
A noter sur cette version de la mécanique AWA Grand Pro, on pourra reprocher que les pointes de balancier des touches noires ne soient pas placer plus loin que celles des touches blanches et se retrouvent donc au même niveau, ce qui sinon aurait permis de compenser la taille moins longue des touches noires, comme il est normalement d'usage de le faire dans une mécanique de piano acoustique. En l'état donc, les touches sont sensiblement plus "difficile" à doser que les blanches, particulièrement quand on joue en fond de clavier (rien de rédhibitoire tout de même heureusement)
L'étape suivante a donc consister à démonter et retirer chacune des 88 touches et son marteau pour en vérifier la conformité et surtout l'état des mortaises de balancier et d'enfoncement. Ce faisant, je me suis aperçu que le plateau de clavier allait en être pour un bon coup d'aspirateur et dépoussiérage! Et certaines mouches en tissu du balancier allaient devoir être remise sur le haut de la pile en contact avec les touches.
J'étais très content de constater que les mortaises étaient en plutôt bon état, à part bien sûr l'usure normale et prévisible. Pas de remplacement à prévoir pour l'instant donc et c'est heureux: soit il eu fallu apprendre le faire soit-même, ce qui aurait prit à n'en pas douter beaucoup de temps (je ne suis pas accordeur et technicien de piano
) ainsi que du matériel hasardeux (problème du choix de l'épaisseur du casimir etc) mais rien d'impossible, soit il eu fallu le confier à un professionnel ce qui aurait coûté (et c'est compréhensible) bien plus chère que le piano lui-même! Autant en acheter un plus récent si c'était ça Le problème étant le jeu latéral des touches, j'ai compensé par le réglage des pointes d'enfoncements, prévues pour ça, en les tournants de 15 à 20°avec une pince protégée par une épaisseur de tissu pour ne pas abîmer les pointes, ce jusqu'à obtenir un frottement idéal de la pointe dans la mortaise d'enfoncement: jeu latéral infime, frottement sans contraintes du casimir le long de la pointe. Voilà qui a solutionné le problème et le clavier retrouve un toucher bien plus agréable!
Etape suivante, retrouver un peu de légèreté et surtout de fluidité: J'ai remarqué que les têtes rondes des vis de pilotes, qui transmettent le balancement des touchent aux marteaux, n'étaient plus aussi lisses qu'elles auraient dû l'être. Elles accrochaient un peu en glissement, il y avait même quelques "pics" qui venaient griffer sensiblement la partie en contact avec les touches. Que ce soit dû à l'oxydation, à de la saleté accumulée ou aux résidus d'un lubrifiant depuis longtemps solidifié, j'ai utilisé du polish liquide à chrome de restauration de véhicule, de chez Belgom, avec un chiffon: parfait pour un polissage quasi miroir tout en douceur!
Certes, cela à prit du temps, mais les vis de pilotes sont désormais très lisses et glissent parfaitement et de façon très fluide. Une fois chaque vis de chaque marteau testée sur le dos de la main jusqu'à ce qu'elle glisse parfaitement sur la peau sans friction, il était temps de songer à remonter tout ça après en avoir profité pour polir chaque pointe de balancier et d'enfoncement (tant qu'a faire!) et replacer toutes les mouches de balancier comme il fallait!
Je me suis bricolé ensuite 4 poids de mesure (en empilant des pièces de monnaies
)avec les valeurs de référence données par Kawai pour tester la force d'enfoncement de chaque touche en adéquation avec la mécanique pondérée (il y a quatre zones de poids différends réparties le long du clavier). RAS de ce côté, tout semblait cohérent à peu de chose près, donc rien à faire de ce côté là. Au final, la seule chose que je n'ai pas faite est la correction du niveau des touches, qui certes n'est pas parfait mais sans conséquences sur mon jeu, ainsi surtout que des écarts entre les touches. Il y a par endroit des jours assez disgracieux, rien d'extrême, mais c'est quelque chose que je ferais sans doute un jour. Cela dit, il me faudra le bon outil et surtout, j'ai rechigné à le faire car j'estime que c'est là où il y avait le plus de risques de faire une connerie dans mon réglage de la mécanique.
CONCLUSION
J'ai retrouvé des sensations bien meilleures immédiatement constatables, une fluidité et une régularité accrues, ainsi qu'un léger gain en légèreté. J'ai peu de doutes sur le fait que mon MP9500 a retrouvé toutes ses qualités de jeunesse
Voir peut-être même sensiblement mieux, vu le travail de polissage effectué. Tout cela à prit pas mal de temps car je suis plutôt lent quand je ne connais pas quelque chose (la précipitation c'est jamais bon!) et méticuleux. Mais cela en valait largement le coup! Que les possesseurs de ces pianos numériques là qui en ressentent le besoin n'hésitent pas une seconde: le gain est vraiment au rendez-vous et l'effort vaut amplement la peine! 