Comparaison Erard début siècle et pianos allemands même époque

[Etienne03]

Bonjour à tous.

Heureux possesseur d'un petit bijou (un Erard à cordes parallèles de 2m12 dans son état d'origine et cependant comme neuf... jamais restauré et pourtant comme sortant de chez le facteur), qui ne me donne plus envie de retourner sur un piano moderne, j'ai une question à poser, après avoir été un lecteur sur ce blog.

Comme je disais, après avoir joué toute ma vie sur des pianos modernes, en restant toujours sur ma faim, toujours insatisfait sans savoir pourquoi, la lumière s'est faite le jour où j'ai joué sur un piano français d'avant guerre chez un ami.

Maintenant je ne pourrai plus jamais revenir aux Yamaha ou même aux Steinway. Même pas la peine d'entrer dans une discussion sur le sujet tellement c'est incomparable.

Bref, je caresse l'idée de m'acheter un 2è piano à queue dans quelques années, et pour bien trancher avec l'Erard, je voudrais me tourner vers un piano allemand de la même époque, +/- 1890 - 1940, à cordes croisées.
J'aime bien le son des pianos allemands actuels que j'ai pu essayer, mieux que les asiatiques.
Par contre je n'ai jamais pu essayer de piano allemand d'avant-guerre.

Si quelqu'un qui connait les pianos français d'avant 40 et aussi les pianos allemands de bonne facture (Blüthner, Bösendorfer, Beschtein etc) pouvait me donner son avis sur la comparaison des deux, ça m'intéresserait beaucoup.

Merci d'avance.
Etienne

[sergueiSLES]

Je ne sais pas si c’est pertinent pour votre questionnement mais dans cette vidéo le pianiste pierre Laurent Aymard parle du choc produit par la musicalité d’un C Bechstein restauré de 1899.
Ce mélange de richesse harmonique, de transparence et en même temps de puissance est, je crois la caractéristique des pianos allemands anciens, surtout des Bechstein et Bosendorfer
Une autre illustration (si vous pouvez trouver ce cd publié chez harmonic records) est un enregistrement de Badura Skoda jouant Debussy sur un Bosendorfer impérial de 1923. La sonorité est phénoménale .
Les pianos français de la même époque ont une sonorité très belle, mais qui me semble plus « délicate «  ( une durée de son plus courte), moins puissante ( une moindre gamme d’amplitude dynamique) et, mais c’est un avis tout personnel, moins riche en harmoniques.
Soyons clairs, il n’y a aucun sens à mettre un jugement de valeur sur ces caractéristiques.
Chacun choisira entre instrument allemand ou français selon son goût et le type de musique qu’il joue

[Etienne03]

Merci Serguei.

Ce que vous me dites de ces pianos correspond bien aux seuls enregistrements que je connais (W Backhaus qui jouait souvent sur Bosendorfer) et même à ce que j'ai expérimenté en jouant sur deux Schimmel et Sauter des années 70-80.
Je n'ai trouvé le Debussy de Badura Skoda qu'en import japonais, ce sera pour un peu plus tard... mais j'ai commandé en France un enregistrement qu'il a fait de Chopin en 1975 sur "Bosendorfer Impérial" (1923?).
Je vous donnerai mon avis quand je l'aurai reçu.

Etienne

[Etienne03]

J'ai finalement pu acheter deux CD de Badura-Skoda, l'un, Schubert sur son Bösendorfer Impérial 1923, l'autre, Chopin, sur "des pianos de concert Bösendorfer" (donc modernes).
J'ai été soufflé.
Le disque Chopin sur Bösendorfer modernes m'a donné un coup de poing. Maintenant ça me sert de comparaison avec les autres interprétations.
Et ça prouve que des instruments modernes (Bösendorfer en l'occurrence) peuvent soutenir la comparaison, en terme de nuance et de richesse de timbre, avec des instruments moins puissants.

[6gale13]

Bonjour Etienne03.

Peux-tu développer un peu le "coup de poing" (uppercut, direct, ou autre ). Je me trouve un peu dans la même position que toi car je cherche un piano ancien pour compléter mes pianos modernes. Je me demande si je cherche parmi les français (j'ai appris sur un Erard - voir ma demande sur les pianos rénovés par Louis Boffard) ou les allemands anciens.

Or de la façon dont tu présentes l'écoute sur Bosendorfer récent on dirait qu'il est identique aux Bosendorfer anciens avec les qualificatifs que tu utilises. J'ai du mal à penser que l'esthétique sonore de ces instruments n'ait pas évolué.

[coignet]

Ce sont les Bösendorfer des années soixante-dix et quatre-vingts qui possèdent ce caractère particulier affirmé, pas les actuels qui sont très normalisés.

[sergueiSLES]

Bonjour Etienne03.
Or de la façon dont tu présentes l'écoute sur Bosendorfer récent on dirait qu'il est identique aux Bosendorfer anciens avec les qualificatifs que tu utilises. J'ai du mal à penser que l'esthétique sonore de ces instruments n'ait pas évolué.

Je joue mon instrument qui est un Bosendorfer de 1985 qui a un son magnifique ( en toute impartialité )
Je n’ai pas joué de Bosendorfer très récent ( depuis le rachat par Yamaha) Les avis des pmistes qui l’ont fait disent que le son est moins interessant que celui des modèles plus anciens ... mais c’est certainement à tempérer
Pour répondre à votre commentaire je pense que ces pianos allemands/autrichiens anciens on5 un son plus rond, moins brillant que les pianos modernes comme Steinway ou Yamaha... mais la richesse de timbre est impressionnante ainsi que les capacités dynamiques
Les pianos français comparables me donnent l’impression d’être « plus intimes »
Après c’est vraiment une affaire de goût et de répertoire
Essayez vraiment de trouver le cd de Debussy ... vous aurez droit au ko

[6gale13]

En tout cas,SergeiSLES le reportage sur you tube est passionnant ! J'ai pris le temps de l'écouter sur mes Klipschorns (et non pas sur l'ordi) pour entendre toute la richesse harmonique du piano : c'est très convainquant. De sorte que je me demande si chercher du côté d'Erard est une bonne chose... mais les Erard sont nombreux en France c'est pus facile que de trouver qu'un piano allemand. Bon, rien ne presse...

[sergueiSLES]

J’ai mis près de 4 ans pour trouver le mien... donc oui, il faut prendre son temps

[Etienne03]

En réponse à 6gale13 :

Tout est dit : "Pour répondre à votre commentaire je pense que ces pianos allemands/autrichiens anciens on5 un son plus rond, moins brillant que les pianos modernes comme Steinway ou Yamaha... mais la richesse de timbre est impressionnante ainsi que les capacités dynamiques
Les pianos français comparables me donnent l’impression d’être « plus intimes » "

Je ne saurais mieux dire que Serguei.

J'ai une bonne chaîne HIFI qui est neutre, et bien j'ai été plus touché par le son du Bösendorfer de 1975 que par le son du modèle de 1923. Je n'avais pas dit que cette marque n'avait pas évolué, mais que les modernes soutenaient la comparaison avec les anciens. Je ne pensais pas trouver dans un piano de 1975 quelque chose qui serait au niveau de mon Erard (richesse de timbre); et il y a aussi quelque chose de différent qui caractérise les pianos allemands pour moi (moins de délicatesse et de légèreté, et plus de "solidité").