Historique des touches du piano

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kixx
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Historique des touches du piano

Message par kixx »

Bonjour,
Je recherche quelques date sur l'historique des touches du piano, notamment l'arrivée des touches en plastiques , de quand datent t'elles?

merci
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sergueiSLES
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Re: Historique des touches du piano

Message par sergueiSLES »

Bonjour, voilà un extrait d'un article d Arnaud joussot sur le site serendipiano.com

"C'est probablement le lieu concret le plus charnel de l'instrument. C'est l'endroit où le pianiste pose son doigt. C'est ici que le contact physique entre le musicien et son piano est le plus proche. Et c'est par lui que passent toutes leurs interactions. La plaque de protection qui recouvre la touche a sa petite histoire.

On trouve sur des manuscrits du Moyen-Age des représentations d'orgues portatifs sur lesquelles ont peut voir que leurs claviers étaient constitués de bâtonnets ou de boutons, puis très vite des claviers à touches plates. Le premier instrument à clavier mentionné aux alentours de 1360 est une énigme. En captivité à Londres, le roi de France Jean II le Bon reçut d’Édouard III un « Eschiquier » qui était muni d'un clavier mais dont on ignore encore beaucoup de choses. Il a été reconstitué suivant témoignages mais on ignore encore à quoi il pouvait réellement ressembler. Parmi les anges musiciens de la chapelle de la Vierge de la cathédrale du Mans, il en est un qui en est muni et qui semble en jouer. On parle à l'époque d'un instrument « ressemblant à l'orgue, mais résonant par des cordes. » L'image est ancienne mais il semble que sa main droite appuie sur des touches plates. (mais nous y reviendrons).
Ces touches étaient tout d'abord faites du matériau même utilisé pour la touche : le bois (tilleul, épicéa, pin,...) Comme encore aujourd'hui, on voit que les notes se distinguent par leur longueur. Les sept notes de la gamme diatonique ont la même longueur et sont placées côte à côte tandis que les 5 autres, dites « feintes » sont plus petites, en retrait et rehaussées. Elles ont été très vite distinguées par leur couleur. Tout d'abord du bois blanc pour les diatoniques et de l'ébène ou du bois noirci pour les feintes. Pour les instruments de luxe, on a recouvert les touches de bois gravé, de nacre, d'ivoire voire de d'argent. Le fait de choisir un revêtement, outre par esthétisme ou pour un meilleur repérage pour le musicien, s'est vite fait aussi dans un soucis de confort et de commodité de jeu.
Les feintes, sombres, se sont très vite attachées à l'ébène, un bois extrêmement dur et lisse. Pour les blanches, de nombreuses choses ont été essayées. En 1778, dans L'Art du facteur d'orgues de François Bedos de Celles on trouve l'information exposée comme suit :
« Si le Clavier eft plaqué en os, on fera les Feintes en bois d'ébène noir. S'il eft plaqué d'ébène, les Feintes feront en os. Il faut remarquer qu'il feroit bien plus facile de faire les Feintes & même de plaquer l'ivoire qu'en os. Je crois qu'il en coûteroit moins, & qu'il feroit plus aifé de trouver de l'ivoire, que des os de la groffeur & de l'épaiffeur qu'il le faut ; il feroit plus facile à travailler, & même d'abord plus propre ; mais il devient avec le temps d'une couleur jaunâtre fort défagréable. Les os confervent mieux leur blancheur, et font bien plus durs que l'ivoire ; par conféquent, ils doivent être d'un plus long ufage. »
On note déjà l'un des éléments prépondérants de certains choix de revêtement : leur coût en fourniture et de mise en œuvre. Cela explique aussi pourquoi certains clavecins et pianos ont eu à certaines époques des claviers aux couleurs « inversées ». Les feintes couvertes d'ivoire et les naturelles faites ou plaquées d'ébène. La raison principale est le coût des matériaux. Lorsque l'ivoire devenait plus cher, on l'utilisait sur de petites touches tout en se rabattant sur l'ébène pour les plus grandes.
Pour autant le couple ivoire pour les naturelles et ébène pour les feintes est resté la référence jusqu'à aujourd'hui, nous poussant à chercher à conserver cette distinction de couleurs malgré les problèmes liés à l'ivoire. Ce qui est sur, c'est que la sensation « ivoire » a toujours la préférence des pianistes. Elle fera – et fait encore aujourd'hui - l'objet de nombreuses tentatives et recherches.
L'ivoire a toujours été un problème. Il jaunit, devient poreux, se salit et sa mise en œuvre est souvent compliquée. Mais il surtout été toujours difficile à se procurer. Il faut pour cela partir à la chasse aux éléphants d'Afrique et d'Asie ou se confronter à des hippopotames, des morses, des narvals, des cachalots ou des phacochères. Il résulte donc de chasses compliquées et d'importation de ces matériaux de pays lointains. De plus, suite à la chasse intensive de l'homme on a observé un déclin extrêmement significatif de la population d'animaux producteurs d'ivoire. Son commerce est interdit depuis 1989 et ce de manière internationale. Son importation est sévèrement réglementée. Pour toutes ces raisons, on trouve donc dès 1788 des brevets de tentatives de remplacement. On tente le verre, l'émail, l'os, la nacre ou la porcelaine. La plupart du temps le résultat est décevant.
D'autres matériaux auront plus ou moins de succès :
La galalithe :
Plus communément appelée « Pierre de lait », elle est une polymérisation de la caséine du lait et du formol. Cela donne une matière plastique de synthèse qui peut être lustrée. C'est un matériau assez facile à fabriquer. (On peut le faire chez soi : http://rondi.pagesperso-orange.fr/techoueyre/galalithe/ et http://kidiscience.cafe-sciences.org/ar ... s-de-lait/)
L'elforyn :
C'est un produit de synthèse à base essentiellement minérale. Il a l'avantage d'être assez facile à travailler tout en étant très peu cassant. Il est très peu absorbant, donc moins salissant et se polit.
Le celluloïde :
Considérée comme la première matière plastique artificielle elle est constituée essentiellement de nitrate de cellulose et de camphre. Elle a servit notamment à fabriquer les premières pellicules cinématographiques. Hautement inflammable, elle est responsable de très nombreux départs de feux dans les cinémas. Elle a été replacée depuis. On l'utilise encore dans les balles de tennis de table. Elle est apparue aux États-Unis durant la guerre de Sécession suite à un appel d'offre d'une compagnie fabricant des billards. Les billes étant faites jusqu'ici avec de l'ivoire difficile à trouver à cause du blocus des Sudistes. C'est un inventeur amateur, John Wesley Hyatt, qui démarrera ses recherches pour remporter le prix en travaillant autour du collodion. En 1870, il fit la découverte avec son frère en maniant la cellulose et le camphre.
La bakélite :
Créée entre 1907 et 1909 par le chimiste belge Léo Baekeland, c'est une polymérisation synthétique du phénol et du formaldéhyde sous haute pression et température. C'est malheureusement un produit très cassant et coûteux à réaliser.
L'ivoride (ivorine) :
Elle apparaît dans le Littré de 1880, l'article stipule : « Nom d'une nouvelle matière plastique, dite aussi xylonide et écaille factice ; elle est propre à imiter l'ivoire, l'écaille, l'ambre, le corail, la malachite ; elle est faite de coton soluble, d'essences, de camphre, d'alcool méthylique et d'un corps gras, Lettre commune des douanes, 20 déc. 1876, n° 334. »
L'ivorite ® :
Produit inventé par Yamaha pour simuler au plus proche la sensation de l'ivoire sur un revêtement synthétique.
L'ivoire de mammouth :
Il a été trouvé dans un pergélisol sibérien un cimetière de mammouths. Des millions de défenses aux dimensions et poids colossaux sont depuis exploités par des industriels russes. Cet ivoire ne rentre pas dans les réglementations sur l'importation et la commercialisation de l'ivoire de 1989.

Pour le moment, en raison des coûts de production, le plastique est la solution la plus utilisée. Récriée par certains pour son côté moins naturel, on la trouve dure dure et glissante, elle est pourtant assez solide, résistante et nettoyable facilement.
Jouer sur de l'ivoire est une expérience très agréable quand le clavier a été fraîchement restauré et blanchi. Ses reflets de nacre sont incomparables, la sensation au toucher d'une matière naturelle et vivante est tout à fait agréable. Mais elle ne vaut en aucun cas la préservation de notre patrimoine terrestre."

Bonne lecture
kristop
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Re: Historique des touches du piano

Message par kristop »

L'article ne le dit pas : est-ce que des gens cherchent à récupérer de vieilles touches en ivoire (il y a des milliers de pianos en vente sur lbc et sans valeur) et les mettre sur des claviers modernes ?
On comprend que le vieillissement de l'ivoire rend peut-être ça inintéressant...
Et c'est peut-être illégal ?
(nota: la dernière phrase: " Mais elle ne vaut en aucun cas la préservation de notre patrimoine terrestre", j'imagine qu'il veut dire " Mais elle ne vaut en aucun cas l'abandon de la préservation de notre patrimoine terrestre")
piano bien tempéré
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Re: Historique des touches du piano

Message par piano bien tempéré »

Transférer de vieilles ivoires sur un clavier récent est possible en théorie mais se heurte à l'aspect dimensionnel des touches : largeur , longueur. Le pas d’octave était plus petit autrefois 160 à 163 mm . Aujourd’hui 165 à 166 mm . Longueur des palettes de touche 45 à 49 mm ... maintenant 50 à 52 (pour trouver des ivoires d’okaz de 52 mm il faut se lever de bonne heure) ...
piano bien tempéré
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Re: Historique des touches du piano

Message par piano bien tempéré »

L’os est moins cher et abondant . Bel aspect et agréable au toucher. Matériau absolument renouvelable :wink: tant qu’il y aura des bovins !
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