gestion du trac...

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Re: gestion du trac...

Message par arg »

Et puis peut-être rappeler que l'hypnose est un état naturel, que nous avons tous recours à des méthodes hypnotiques spontanées pour ce genre d'objectif, et que déjà, les identifier et les renforcer peut apporter beaucoup.
L'hypnose se définissant en partie par une focalisation qui éclaire une partie de la réalité et en masque une autre, et se définissant d'autre part par une dissociation (par exemple: une part de moi fait ça et une autre fait autre chose... or quand on joue du piano une première dissociation est celle des mains par rapport au reste, voire de la main gauche par rapport à la main droite, voire d'une partie de la main par rapport au reste des doigts...), il vous reste à identifier quelles solutions apparentées à ça vous mettez en oeuvre de vous-mêmes.
Par exemple: s'imaginer ailleurs jouer dans un beau paysage, décider que le public est invisible, se concentrer sur ses mains, sur sa respiration, voire sur ses tremblements, se mettre une armure imaginaire (ou un beau vêtement coloré) avant de jouer, transformer le piano en une baguette magique, faire un geste de confiance avant de commencer, et la liste est quasi infinie...
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Re: gestion du trac...

Message par arg »

J'ai oublié quelque chose de très important à mon avis qui est la capacité (qui se travaille) à s'immerger vraiment dans ce qu'on joue. A en assumer la réalité complexe et à, presque, devenir ce qu'on joue (c'est en partie comme ça que je vois "l'élargissement de soi").
Bref pas facile de s'exprimer sur ce sujet, et puis bien sûr je n'ai jamais le trac, jamais les mains qui tremblent, j'ai une confiance absolue, je ne me demande jamais pourquoi j'ai bien pu me mettre dans cette situation de mon plein gré... donc c'est trop facile... :mrgreen:
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Mona
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Re: gestion du trac...

Message par Mona »

Abegg63 a écrit : lun. 13 nov., 2017 19:41 Allons mona il ne faut pas être aussi excessive!
C'était une blagounette hein, je ne suis quand même pas en état de mort imminente avant de jouer ! (quoique....). Par contre sans beta bloquants, pour le moment, c'est mission impossible. Bloblotte irrepressible, coeur qui s"éjecte de ma poitrine, respiration coupée, mains moites et qui glissent sur le clavier (alors que je transpire très peu), au point de ne pas pouvoir jouer. J'ai toujours eu ce problème. Je maîtrise bien mon trac quand il s'agit d'un travail purement intellectuel (examen, exposé, présentation orale même devant un public nombreux), mais quand le corps est en jeu, je perds le contrôle. La seule chose qui aurait vraiment une incidence significative, c'est que je puisse jouer régulièrement en public, mais je joue maximum 1 ou 2 fois par an et dans ces conditions c'est compliqué de faire vraiment un travail de fond. Cela dit il y a 5 ans, c'était tout simplement inenvisageable de jouer en public (cf Beuvray 2012) donc y'a quand même de l'espoir....
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Re: gestion du trac...

Message par arg »

Mona a écrit : lun. 13 nov., 2017 20:41 quand le corps est en jeu, je perds le contrôle
sûrement intéressant que tu creuses cette direction pour toi
que tu observes déjà dans quelles situations le corps est en jeu et tu as le contrôle (sans aucun rapport avec la musique de préférence),
simplement observer, sans interpréter
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Re: gestion du trac...

Message par Abegg63 »

Merci Arg pour toutes ces pistes à explorer;
C’est vrai que si j’arrive à bien me concentrer sur ce que je dois jouer et comment je dois le jouer, j’arrive à ne pas entendre les bruits autour de moi ou du moins à ne pas y prêter attention.
Il est vrai que le public constitué dess pmistes est particulièrement respectueux et silencieux, ce n’est pas toujours le cas dans d’autres circonstances.
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Mona
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Re: gestion du trac...

Message par Mona »

arg a écrit : lun. 13 nov., 2017 21:03
Mona a écrit : lun. 13 nov., 2017 20:41 quand le corps est en jeu, je perds le contrôle
sûrement intéressant que tu creuses cette direction pour toi
que tu observes déjà dans quelles situations le corps est en jeu et tu as le contrôle (sans aucun rapport avec la musique de préférence),
simplement observer, sans interpréter
Oui, je pense aussi. Merci pour tous ces conseils Arg, je vais être attentive à tout ça !
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Namache
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Re: gestion du trac...

Message par Namache »

Pour ma part, avoir à mes côtés un tourneur (ou tourneuse) de pages a un effet apaisant. J'ai l'impression d'être moins seule, et c'était la même chose quand je conduisais... Plus sérieusement (quoi que), j'essaie d'oublier toute idée de performance et juste de proposer à l'écoute de jolies musiques, ce en quoi je rejoins Lee et l'idée de partage...
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Lee
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Re: gestion du trac...

Message par Lee »

arg a écrit : lun. 13 nov., 2017 20:13 L'hypnose se définissant en partie par une focalisation qui éclaire une partie de la réalité et en masque une autre, et se définissant d'autre part par une dissociation (par exemple: une part de moi fait ça et une autre fait autre chose... or quand on joue du piano une première dissociation est celle des mains par rapport au reste, voire de la main gauche par rapport à la main droite, voire d'une partie de la main par rapport au reste des doigts...), il vous reste à identifier quelles solutions apparentées à ça vous mettez en oeuvre de vous-mêmes.
Par exemple: s'imaginer ailleurs jouer dans un beau paysage, décider que le public est invisible, se concentrer sur ses mains, sur sa respiration, voire sur ses tremblements, se mettre une armure imaginaire (ou un beau vêtement coloré) avant de jouer, transformer le piano en une baguette magique, faire un geste de confiance avant de commencer, et la liste est quasi infinie...
Merci Arg pour ton expertise ! Sans volonté ou anticipation de ma part, l'image qui m'est venu était juste un grand fil entre moi et les auditeurs, comme si ce que je jouais allait directement physiquement vers eux. C'était très rassurant. :)
Mona a écrit : lun. 13 nov., 2017 19:12 l'envie de décéder sur place l'emporte sur le reste
Heureusement c'était une petit blague ! Imagine les funerailles sur place, le piano deviendrait le cerceuil. :mrgreen: Malgré ton trac qui t'embêtait on entendait bien ta belle musicalité et expression, c'est ce qui compte, même si c'était une transcription de Bach. :twisted:

Je t'avoue que le petit zip qui pendait de ta botte et qui cliquait un peu quand tu utilisais la pédale m'a inquiètée pour toi, je ne sais pas finalement si ça te l'a dérangé.
capri31 a écrit : lun. 13 nov., 2017 18:55 Jouer en public me cause aussi bien des soucis, mais je voudrais pointer aussi comme cause annexe le fait de changer de piano et d'environnement visuel. Ca, ça me perturbe beaucoup. La couleur du piano qui n'est pas la même, son toucher évidemment, plus ferme, touches glissantes ou rugueuses, rendu du son différent, la partition posée un peu plus haut ou plus bas, bref, beaucoup de repères visuels, sonores ou tactiles, qui sont différents de ceux de notre zone de confort, et qui ajoutent au stress.
Pour cela je conseille jouer sur les très mauvaises pianos régulièrement !! A la gare avant, maintenant pour moi c'est le conservatoire. Du coup, un bon piano semble facile et le bonheur en comparaison, et non seulement est-on habitué à jouer sur d'autres pianos, mais pour "du vrai" quand le piano est meilleur que ces casseroles, on est aguerri.
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Re: gestion du trac...

Message par Lee »

Namache a écrit : mar. 14 nov., 2017 8:30 Pour ma part, avoir à mes côtés un tourneur (ou tourneuse) de pages a un effet apaisant. J'ai l'impression d'être moins seule, et c'était la même chose quand je conduisais...
Pas n'importe quel tourneur quand même, un des meilleurs s'il n'est pas le meilleur et le plus active. Un grand merci tardive à lui !! (Je suis la plus nulle tourneuse de pages sur terre, mais ça doit être comme conduire, je pense aux autres choses, je regarde le paysage, je ne fais même jamais attention à la route et je serais incapable de me souvenir une route que j'ai fait maintes fois comme passager.)
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Re: gestion du trac...

Message par Mona »

Lee a écrit : mar. 14 nov., 2017 9:15
Mona a écrit : lun. 13 nov., 2017 19:12 l'envie de décéder sur place l'emporte sur le reste
Heureusement c'était une petit blague ! Imagine les funerailles sur place, le piano deviendrait le cerceuil. :mrgreen: Malgré ton trac qui t'embêtait on entendait bien ta belle musicalité et expression, c'est ce qui compte, même si c'était une transcription de Bach. :twisted:

Je t'avoue que le petit zip qui pendait de ta botte et qui cliquait un peu quand tu utilisais la pédale m'a inquiètée pour toi, je ne sais pas finalement si ça te l'a dérangé.
Merci Lee ! :D
Alors figure toi que je n'ai absolument pas entendu le zip de ma bottine, alors qu'en effet, on me l'a fait remarquer. Comme quoi j'étais quand même bien concentrée ! Même si le trac est toujours très présent, je note malgré tout une évolution au fil des années. Au début, c'était clairement le stress qui l'emportait sur le plaisir. J'étais focalisée sur l'idée de finir mon morceau (le plus vite possible....) et la moindre faute me paralysait. Je pouvais saborder mon morceau et abandonner en route. J'étais parasitée par le moindre élément extérieur. Peu à peu (clairement grâce aux réunions PM), je me suis rendue compte que les erreurs n'étaient pas dramatiques, et qu'on pouvait entendre la musicalité d'une interprétation malgré les erreurs. Et mon objectif est alors devenu d'aller au bout de mon morceau coute que coute, même s'il était truffé de pâtés, sans lâcher. Le plaisir de jouer a pu alors s'installer pendant les concerts, et j'ai réussi à être davantage présente dans le moment. C'est cette présence là que je recherche, elle reste fragile, et j'aimerais essayer de l'affirmer au fil du temps. Pour m'aider, j'essaie de "rentrer" dans la musique, de m'accrocher au son, qui m'aide à ne pas "sortir". Au dernier concert, je me suis sentie partir à quelques reprises, mais j'ai réussi à revenir dans le moment. L'étape suivante serait de parvenir à l'état que tu décris Lee. Là je crois que je cherche au contraire à me couper de l'auditoire, à rester dans ma bulle. Et j'aimerais arriver à tenir compte au contraire du public et à aller vers lui. Mais ça nécessiterait de pouvoir jouer en public beaucoup plus régulièrement. Une seule solution : déménager à Paris et participer à toutes les réunions PM ! :D
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Re: gestion du trac...

Message par Lee »

Tu es pourquoi je suis là ! Alors tu peux toujours rester chez moi pour les weekends des rencontres PM, plus d'excuse. :)
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Re: gestion du trac...

Message par Mona »

C'est noté ! :D
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Re: gestion du trac...

Message par Armag »

Namache a écrit : mar. 14 nov., 2017 8:30 Pour ma part, avoir à mes côtés un tourneur (ou tourneuse) de pages a un effet apaisant. J'ai l'impression d'être moins seule, et c'était la même chose quand je conduisais... Plus sérieusement (quoi que), j'essaie d'oublier toute idée de performance et juste de proposer à l'écoute de jolies musiques, ce en quoi je rejoins Lee et l'idée de partage...
Je suis comme toi. Savoir que le tourneur de pages est à côté de moi m'aide beaucoup, même si je n'ai pas de pages à tourner, car je sais qu'il peut me montrer du doigt où j'en suis sur la partition en cas de décrochage sévère. Un peu comme le souffleur au théâtre.
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Re: gestion du trac...

Message par pianojar »

Lee a écrit : lun. 13 nov., 2017 17:02 Je crois avoir probablement mal expliqué en lisant Nox, je voulais dire que malgré le trac et le performance imparfait, cette envie de communiquer est devenu le fil, le but et le lifeline, jouer à ce moment là a pris un sens, et ça m'a aidé à gérer le trac, je n'étais pas frustrée, au contraire.
Depuis quelque temps j'ai une approche un peu différente lorsque je joue en public par rapport à il y a 2 ans àpp quand j'ai joué pour la première fois en réunIon PM
Je sais que quoi que je fasse au niveau du travail en amont je ne maitriserais jamais techniquement un morceau au sens professionnel du terme (et ce quelque soit le niveau du morceau), cela ne veut pas dire que ce travail sera fait moins serieusement mais la finalité de la prestation publique s'en trouve modifiée (idem pour certains enregistrements).
Si j'arrive à toucher ne serait-ce qu'une personne dans l'assistance, qu'elle resente les mêmes émotions que moi lorsque je joue le morceau, et bien j'estime avoir accompli quelque chose de positif et cela renforce la confiance pour l'avenir. Donner à quelqu'un l'envie de jouer lui-même le morceau entendu relève de la même idée.
Cela peut paraitre un objectif bien bas mais il est réaliste.
Il ne sert pas à grand chose je crois, pour la plupart des pianistes amateurs de niveau moyen, de vouloir se comparer aux pros et de ce fait se mettre une pression totalement inutile sur les épaules.
Ecoutez la dernière interview de Debargue, le degré zéro du vrai travail pour lui commence à un niveau qu'il n'est pas envisageable d'atteindre pour 99% des pianistes amateurs.
Donc oui communiquer donne un sens à la prestation et permet de s'affranchir en partie du trac.
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Athos
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Re: gestion du trac...

Message par Athos »

Une possibilité pour gérer le trac est la fuite.
Si on peut appeler ça gérer...
C'est sûrement pas la meilleure, pourtant c'est un peu ce que je fais.

Maintenant pour s'améliorer, pratiquer serait la meilleure solution; jouer une fois par semaine en public viendrait sûrement à bout des tracs les plus récalcitrants.
N'ayant pas cette possibilité, je m'abstiens.
C'est ce j'ai fait en ne faisant pas le long déplacement (1Km) pour rejoindre nos amis lyonnais.(tiens d'ailleurs, pas de retour...)
Un jour peut-être, en sera t-il autrement.
Mais c'est assez pénible ce truc, quand même. :?
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