gestion du trac...

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Moonlight85
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Re: gestion du trac...

Message par Moonlight85 »

En fouillant un peu sur le forum (non c'est un mensonge, Pianojar m'a renvoyé vers le post :lol: ), c'est rassurant de voir que l'on est pas seul dans ce cas (ou pas?).
Faire plusieurs rencontres n'y change pas grand chose dans mon cas - ou alors peut-être que je n'en fais pas assez, justement.

Les mains qui tremblent, l'impression de ne plus connaitre le texte...

Alors, bien sur, il y a une part de technique, ayant un niveau plutôt bas. Mais effectivement, des morceaux passant plutôt bien (voire des fois très bien, enfin pour niveau) à la maison deviennent un supplice en public (je pense par exemple au prélude n°20 Op.28 de Chopin pour ceux qui étaient là dimanche...).
C'est seulement au bout de 5 bonnes minutes (en général deux morceaux) que je commence à me maîtriser. Ce qui impose donc de "sacrifier" à chaque fois ce même temps de jeu...
En général, c'est après avoir fait un certain nombre de couacs désastreux que je me calme, en me disant "bah, au point où j'en suis... ça peut plus être pire!"

L'enregistrement a le même effet sur moi (en un peu moins pire cela dit) - je peux passer des heures à enregistrer une pauvre ligne, qui passerait du premier coup sans caméra. Je stresse même les premières minutes de chacun de mes cours de piano (j'en tremblais carrément aux premiers cours, alors que c'est quelqu'un que je connais!).

Du coup, je ressors souvent des rencontres découragée, même si elles sont toujours très agréables et que j'adore écouter tout le monde. J'en ressors découragée pour moi-même. J'en perds l'envie de jouer quelques jours parfois.
D'autant que je fais toujours les prestations les plus médiocres du groupe, ayant un petit niveau.

J'en viens à la conclusion que je devrais me contenter d'être auditrice pour l'instant, et rejouer en public dans quelques années. Le temps de prendre confiance. Mon prof m'encourage au contraire à continuer, à le faire plus.
Mais tout cela n'est pas évident!

Ah, ça va mieux en le disant! :)
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Oupsi
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Re: gestion du trac...

Message par Oupsi »

Tu sais Moonlight, après chaque audition en public pratiquement sans exception, je me dis que c'est la dernière fois, que plus jamais, que je vais m'enfermer chez moi pour ne plus jamais en sortir. Je me sens ratatinée, j'ai même eu deux expériences qui m'ont fait pleurer de dépit. Et puis je me réinscris à une nouvelle rencontre et je continue quand même parce que j'ai profondément envie de partager, d'être écoutée et d'écouter les autres. C'est bizarre c'est comme une sorte de foi.

Il faut d'abord s'habituer à accepter le décalage entre ce que l'on fait en public et ce qu'on peut faire chez soi. Une grande partie de l'effet dévastateur du trac c'est l'effet de surprise et la révolte qui va avec, l'espèce de sidération immédiate quand ça ne sonne pas comme à la maison et qu'on ne comprend pas pourquoi, l'effet d'étrangeté (je ne me reconnais plus, je ne reconnais plus le morceau, je me sens comme étrangère à tout ça, je ne suis qu'une boule de nerfs dans un instant qui m'échappe complètement), ça crée une chaîne.
Le fait d'accepter ce décalage c'est déjà énorme, et il faut plusieurs expériences rien que pour ça. Une des manières de l'accepter c'est de s'y intéresser vraiment, et objectivement. Au lieu de penser je suis nulle je n'y arrive pas, tenter de percevoir ce qui se passe au clavier au moment où ça se passe, comme un fait simplement, quelle main, quel passage, quelle nuance, quelle phrase, dans la sensation physique. Après, le trac devient plus facile à gérer parce qu'on calme un peu l'espèce de tsunami intérieur, et du coup le décalage se réduit un peu, on a un peu plus de plaisir, par moments, quelques mesures, puis pendant des moments plus longs entrecoupés de petits ou de grands accidents (j'en suis là), et un jour peut-être ça se passera pendant tout le morceau qui deviendra alors un tout organique, nous dedans, le tout unifié et vivant.

Ce que je veux dire aussi, c'est qu'il y a des faiblesses techniques subtiles ou des aspects de la construction musicale (par exemple le pouce de la main gauche, ou phraser un contrepoint, ou accentuer) qui ne sont résolues dans le travail à la maison que de manière superficielle, par l'entraînement en fait, mais pas en pleine conscience, et au moment du jeu en public ça ressort à nu. Donc ce sont des pistes à travailler ensuite, et petit à petit cela construit la confiance. Sans le jeu en public, tout cela resterait en friche. Ce serait dommage, non?
arg

Re: gestion du trac...

Message par arg »

J'ajouterais que ce décalage entre ce qu'on pourrait faire (le jeu comme à la maison) et ce qu'on fait (le jeu perçu en public), même s'il existe à l'intérieur de nous et qu'il nous gêne, n'est pas perçu de la même façon par le public. Je pourrais comparer ça, même si ce n'est pas tout à fait juste, à la distorsion qu'on a sur notre apparence.
Bien sûr lors des rencontres PM ou de concerts d'élèves à l'école de musique, à l'écoute des plus débutants et de quelqu'un qui est gêné par le trac, je peux l'entendre (le plus souvent, pas toujours), et je vais me dire, tiens là je voudrais entendre davantage le chant, là j'ai bien conscience que les doigts s'emmêlent, là le tempo n'est pas celui que je mettrais etc...
Sauf que jamais je ne vais entendre quelque chose de monstrueux, jamais je ne vais voir sous cette prestation quelqu'un qui a besoin d'aller s'enfermer plutôt que de continuer à jouer, au contraire toutes mes expériences d'écoute me montrent, à de très rares exceptions près, des musiciens en recherche, courageux de jouer devant les autres, qui me font entendre leur sensibilité et leur émotion. Le plus difficile étant sans doute de réussir à soutenir implicitement celui qui s'arrête, pour qu'il puisse reprendre et terminer avec force.

@oupsi: accepter le décalage en s'y intéressant avec curiosité et en se calant sur les sensations ressenties plutôt que sur les émotions, me parait très constructif; avec une limite c'est qu'il faut arriver à le faire très vite pour le transformer au moins un peu, tout de suite .
Le jeu travaillé superficiellement est un énorme piège... dans lequel on tombe tous et pas qu'une fois...

@moonlight: j'espère que ça va t'encourager à jouer...
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Oupsi
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Re: gestion du trac...

Message par Oupsi »

arg a écrit :accepter le décalage en s'y intéressant avec curiosité et en se calant sur les sensations ressenties plutôt que sur les émotions, me parait très constructif; avec une limite c'est qu'il faut arriver à le faire très vite pour le transformer au moins un peu, tout de suite
tout à fait, c'est bien pourquoi des expériences plus fréquentes ou répétées sont si utiles; on peut s'exercer à cette disposition d'esprit en s'enregistrant, car ça active un peu le trac. et aussi en tout début de séance, quand on arrive tout frais et pas échauffé, en jouant sans s'arrêter. J'essaye de noter mentalement, et d'apprendre à décider très vite ce que je peux changer tout de suite, ou pas, tout en continuant.
Le fait de s'arrêter, même à la maison, est en fait une habitude diabolique, je m'en rends compte. Là j'essaye de ne pas m'arrêter, ou alors de ne m'arrêter que si je le décide, mais pas de me laisser surprendre par l'arrêt.
Moonlight85
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Re: gestion du trac...

Message par Moonlight85 »

Vos messages sont en effet motivants. Enclencher un tel travail sur soi-même est difficile, mais forcément enrichissant, à plein d'égards.

Les approches que vous évoquez sont très constructives, mais pour l'instant il m'est très difficile de les suivre. C'est peut-être effectivement parce que je n'ai joué que quelques fois en public, à toujours quelques mois d'écart et que, mine de rien, le piano (en tous cas le travail de l'instrument) reste très récent pour moi. Et que parfois, il m'arrive de m'en vouloir de n'avoir pas persisté plus jeune (Mais à quoi bon? Je ne regrette pas pour autant ce que j'ai fait à la place). Il y a sans aucun doute une question de caractère aussi. Une peur de jugement des autres, surtout quand ceux-ci sont eux-mêmes pianistes, et parfois virtuoses. Et, enfin, je me juge toujours assez sévèrement. Tout cela mêlé me ramène à la phrase précédente : "pour l'instant il m'est très difficile de les suivre". :lol:

Mais c'est ce qui rendrait la démarche d'autant plus constructive, sans doute. Arrêter d'avoir peur de l'instrument dans ces moments et de soi-même, s'accepter, puisqu'effectivement il y a cette sensation de se regarder et de ne pas contrôler ce qui se déroule.

Un vaste programme! Je ne pense quand même pas jouer en réunion avant fin avril (brunch). Mais dans ce cas, il faudrait que je me "force" un peu, en attendant, à jouer devant quelques amis, non pianistes (cela aussi me stresse et je le fais donc très rarement): ce serait déjà un début de travail. Comme dit l'expression : "chi va piano va sano"!

Car pour l'instant, à part devant mes parents (et encore, un Pianojar posté derrière soi quand on est au clavier, c'est parfois stressant :roll:) et mon compagnon, il m'est difficile de ne pas me décomposer...!
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Re: gestion du trac...

Message par Abegg63 »

Bonsoir Moonlight
Pour t'avoir entendue dimanche, je t'assure que tu n'as aucune honte à avoir.
Je crois que tu manques seulement de pratique de jeu en public.
Je vais si tu me le permets te donner un petit conseil sur l'enregistrement. Lorsque tu enclanches l'appareil il faut que tu ailles jusqu'au bout quoiqu'il arrive, commm en public, tu verras au bout de plusieurs fois tu entendras le résultat mais force-toi à t'écouter jusqu'au bout.
si je te dis ça c'est qu'il m'arrive de m'enregistrer et de trouver ça tellement mauvais que je dois me faire violence pour tout écouter et non pas effacer au bout de 5 secondes.
Peut-être qu'à ta prochaine expérience, tu devrais t'isoler quelques minutes avant de jouer pour bien te concentrer et ne pas être distraite par les conversations même si elles sont agréables.
J'ai aussi une élève qui a très peur en début de cours ou si quelqu'un entre dans la pièce durant sa leçon. Par contre elle est capable depuis peu de jouer devant son mari alors patience, ça viendra et un jour tu oublieras le trac et ne retiendras que le plaisir de jouer.
Le problème est aussi de s'habituer très rapidement au piano, ce n'est pas facile et m'a créé pas mal de déconvenues dimanche dernier.
Moonlight85
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Re: gestion du trac...

Message par Moonlight85 »

Merci, Abegg, pour ton gentil message.
Je vais suivre ton conseil pour l'enregistrement, c'est une bonne idée - et arrêter d'appuyer sur "stop" toutes les 30 secondes! (car, en fait quand je sors un couac, il m'arrive même de m'arrêter et de stopper l'enregistrement...).
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Lee
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Re: gestion du trac...

Message par Lee »

J'ai ressenti autrement hier et en discutant avec les amis après, je me rendais compte que c'était assez différent que d'autres fois, je ne sais pas si je vais arriver à le décrire pour partager avec vous. On m'a dit que je semblais complètement zen mais ce n'était pas le cas, il y avait un moment donné que ma main tremblait et m'a trahi avec une mauvaise note qui passait presque inaperçue. Mais pendant le morceau, j'avais vraiment envie d'exprimer, de communiquer avec mon public. Bien sûr ça aidait être parmi les personnes formidables. Je voulais juste aborder le sujet car l'approche ou la vision était assez différent que d'autres fois, ce n'était pas "je suis dans ma bulle" ou "je crée mon espace" ou "je ferme mes yeux et je suis dans la musique seule" ça me semblait autre chose complètement. Il y avait un lien que je cherchais forger avec les auditeurs, c'était une communication imparfaite mais directe, ce n'était pas une expression de moi même, c'était la musique.
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nox
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Re: gestion du trac...

Message par nox »

Je crois que je vois ce que tu veux dire.
Je rencontre le problème en ce moment.

Je ne sais pas si tu es dans le même cas, mais en fait je me retrouve dans cette situation quand je joue un programme que je maîtrise vraiment. Je n'ai aucune peur "rationnelle". Je sais que je n'aurai pas de trou de mémoire, je sais que je suis capable techniquement de bien jouer...du coup je suis "bien", effectivement pas dans une bulle mais au contraire plutôt "aware" (à la Jean-Clade Vandamme). Mais il reste ce trac totalement irrationnel, qui rend les mains moites et les doigts froids et raides...Du coup je peux vraiment penser à ce que je veux faire, à ce que je veux exprimer, mais impossible d'y arriver de manière satisfaisante.
Cet état contradictoire est très frustrant à vivre, parce qu'on a conscience de ne pas réussir à faire ce qu'on veut sur le moment (quand on est dans sa bulle, il faut souvent un enregistrement pour se rendre compte de ce qu'on fait, pke on s'en souvient à peine sur le moment).

Les exercices de respiration que j'avais pratiqués à un moment avaient vraiment donné de bon résultats pour annuler ces effets, mais il faut pouvoir s'isoler juste avant de jouer, ce qui n'est pas toujours possible...
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Re: gestion du trac...

Message par Abegg63 »

C’est vrai Lee, je n’ai pas eu le temps de te le dire après mais j’ai beaucoup aimé ta façon de jouer hier. Effectivement j’ai eu l’impression que tu n’avais pas le trac du tout, tu semblais très à l’aise;
Quand à la frustration de ne pas avoir joué comme on aurait voulu je connais bien...
Je dirai quand même que plus on joue plus on maîtrise, à condition que les prestations ne soient pas trop éloignées les unes des autres.
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Lee
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Re: gestion du trac...

Message par Lee »

Je crois avoir probablement mal expliqué en lisant Nox, je voulais dire que malgré le trac et le performance imparfait, cette envie de communiquer est devenu le fil, le but et le lifeline, jouer à ce moment là a pris un sens, et ça m'a aidé à gérer le trac, je n'étais pas frustrée, au contraire. Et ça me semblait plus authentique ou faisable que "je suis dans mon bulle" qui est tellement impossible pour tout un morceau pour moi. En fait il ne me semblait plus un performance mais une expression, qui était plus libérateur. (Mon morceau n'est pas de tout maîtrisé comme tes oeuvres, mais pas très difficile non plus.)

Alors que Nox si je comprends, (on est d'accord sur cet état d'awareness) tu te sens l'invers, que l'envie de communiquer te bloque ?

@ Abegg merci, oui, en effet mais c'était aussi une acceptation du trac et les imperfections qui m'a calmé et qui m'a donné une sensation de liberté.
Abegg63 a écrit : lun. 13 nov., 2017 16:43 Je dirai quand même que plus on joue plus on maîtrise, à condition que les prestations ne soient pas trop éloignées les unes des autres.
Oui je trouve cela une vérité, les éloignements semblent effacés la confiance.
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Line-Marie

Re: gestion du trac...

Message par Line-Marie »

comme je te comprends Lee !
Je n'ai plus de trac paralysant comme j'ai pu hélas le connaître adolescente ou quand j'ai repris le piano , mais une sorte d'excitation qui vient du travail intense sur une œuvre que j'ai envie de partager avec d'autres pianistes.
je joue tout en sachant que ce que je joue est forcément imparfait, mais cette pensée est libératrice et me permet de percevoir ceux qui m'entoure à travers la musique et j'essaie de communiquer le plaisir de jouer cette oeuvre, l'émotion aussi qui m'habite.
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Re: gestion du trac...

Message par nox »

Lee a écrit : lun. 13 nov., 2017 17:02 Alors que Nox si je comprends, (on est d'accord sur cet état d'awareness) tu te sens l'invers, que l'envie de communiquer te bloque ?
Non, pas du tout ! Mais qu'à cela ne tienne, je ne veux pas dériver la conversation. J'avais juste mal compris ta description effectivement :mrgreen:
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Lee
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Re: gestion du trac...

Message par Lee »

strumpf a écrit : lun. 13 nov., 2017 17:27 mais cette pensée est libératrice et me permet de percevoir ceux qui m'entoure à travers la musique et j'essaie de communiquer le plaisir de jouer cette oeuvre, l'émotion aussi qui m'habite.
Ah oui, il est une joie que tu communiques toujours quand tu joues ! Je suis contente avoir trouvé que tu ressens la même chose, et j'espère qu'avec ces messages, d'autres aussi. :)
nox a écrit : lun. 13 nov., 2017 17:37 je ne veux pas dériver la conversation.
Au contraire, le titre du fil est simplement "gestion du trac" et chaque pianiste n'est pas exactement de même, ça serait intéressant de développer ce que tu ressens par rapport l'état de conscience. Et juste pour comparer ce qui est comparble, je n'imagine pas avoir le même état d'esprit pour un concours ou un public que je ne connais pas de tout.
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capri31
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Re: gestion du trac...

Message par capri31 »

Jouer en public me cause aussi bien des soucis, mais je voudrais pointer aussi comme cause annexe le fait de changer de piano et d'environnement visuel. Ca, ça me perturbe beaucoup. La couleur du piano qui n'est pas la même, son toucher évidemment, plus ferme, touches glissantes ou rugueuses, rendu du son différent, la partition posée un peu plus haut ou plus bas, bref, beaucoup de repères visuels, sonores ou tactiles, qui sont différents de ceux de notre zone de confort, et qui ajoutent au stress.
Je crois que je stresse parce que je ne suis pas sûr de ma technique, de mon morceau, parce que finalement, je l'ai appris mécaniquement, et que je ne suis pas capable de reprendre à un endroit précis si je me trompe, car alors, je suis face à ma partition comme un lapin dans les phares d'une voiture. Tétanisé et perdu.
Partant de ce constat, j'ai commencé depuis peu un apprentissage différent beaucoup plus rationnel (rien de révolutionnaire tout est déjà dans le forum, et dans ce que me dit ma prof, c'est juste que je ne le faisais pas ou pas bien). Je pense que ça aura un impact aussi sur mon stress.
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Mona
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Re: gestion du trac...

Message par Mona »

Lee a écrit : lun. 13 nov., 2017 17:02 je voulais dire que malgré le trac et le performance imparfait, cette envie de communiquer est devenu le fil, le but et le lifeline, jouer à ce moment là a pris un sens
Je pense que c'est la meilleure direction possible... jouer avec ce désir de transmettre quelque chose, et donc adressé à l'autre.... En tout cas c'est le but que je me fixe. Mais c'est quelque chose de difficile à atteindre, pour l'instant le trac se met encore trop en travers en ce qui me concerne, l'envie de décéder sur place l'emporte sur le reste. Lee, en effet, l'état d'esprit que tu décris était tout à fait perceptible dans ton très beau Fauré.
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Re: gestion du trac...

Message par Abegg63 »

Allons mona il ne faut pas être aussi excessive!
Si Arg nous lit, j’aimerais qu’elle nous fasse profiter de ses connaissances.
Il y a quelques mois sur arte il y a eu un reportage sur l’hypnose où une sportive disait que ça lui faisait du bien.
Le praticien insistait sur le fait que, pour une performance il fallait la conscience, la concentration, la confiance et le contrôle.
Bien évidemment je ne me souviens ni du titre ni de la date de l’émission mais peut-être que ce genre de réflexion et de travail peut s’appliquer pour le piano.
Pourtant, je suis assez méfiante avec ce genre de discipline mais là c ‘était très sérieux, il s’agissait de médecins qui l’utilisaient aussi en complément des anesthésies
arg

Re: gestion du trac...

Message par arg »

Mona a écrit : lun. 13 nov., 2017 19:12 l'envie de décéder sur place l'emporte sur le reste.
voir pour ces cas extrêmes le fil "quand je serai mort..."

Plus je vieillis musicalement (pour rester dans l'idée précédente), plus je suis persuadée que la bulle, si bulle il y a, se doit d'être filtrante et certainement pas hermétique. Filtrante pour protéger mais surtout pour communiquer avec les autres, ceux qui écoutent et avec qui on partage quelque chose. C'est dans ce partage que venir jouer prend un sens: évidemment on ne vient pas pour jouer la meilleure version de telle ou telle oeuvre, mais si on fait découvrir quelque chose, si on prend la peine de partager une émotion, une mesure, une couleur, pour la première raison que nous-mêmes on l'apprécie, alors on a des chances que cette intention passe, fasse plaisir, et que ce plaisir du public soit ressenti aussi par celui qui joue (pourvu qu'il veuille bien croire que c'est possible).
C'est donc avant tout l'intention de partager et de communiquer qui compte. Savoir que je jouerai imparfaitement voire pire... m'aide aussi beaucoup car fait retomber une partie de la pression. Maintenant je reste quand même déçue si je crois que je n'ai pas réussi à transmettre ce que je souhaitais..
arg

Re: gestion du trac...

Message par arg »

Abegg63 a écrit : lun. 13 nov., 2017 19:41 Si Arg nous lit, j’aimerais qu’elle nous fasse profiter de ses connaissances.
Il y a quelques mois sur arte il y a eu un reportage sur l’hypnose où une sportive disait que ça lui faisait du bien.
Le praticien insistait sur le fait que, pour une performance il fallait la conscience, la concentration, la confiance et le contrôle.
mais oui je viens de lire !
tout cela me parait vrai, en musique j'y ajoute l'émotion (peut-être que les sportif de haut niveau y mettent aussi une émotion ?).
Contrôle, concentration, conscience: le travail préalable pianistique sert à poser ces jalons, qui plus ils sont solides, plus seront difficiles à déraciner.
Confiance, concentration: la confiance en la technique se travaille comme le reste, mais la confiance en soi, en sa légitimité de jouer, sa capacité de transmettre, sa crédibilité, se travaille différemment... pourquoi pas en hypnose, parmi d'autres outils.

Emotions, conscience, mouvements , sensations: là on est davantage sur le terrain hypnotique avec de très nombreuses façons de les explorer.
Je crois, je ne sais pas si je vais réussir à être claire, à explorer une certaine forme d'élargissement de soi, de ses sensations, de la façon de projeter le son, à une posture de confiance aussi, et en particulier, à tenir le fil de ce qu'on a mis en route, quoi qu'il arrive.
Et quelques autres directions possibles... travailler les pensées parasites, revenir à l'immédiat mais aussi explorer le temps et sa capacité à se dilater ou se contracter, revenir à ce qu'on sait faire, à la valeur des apprentissages anciens, oublier instantanément toute fausse note pour continuer dans ce qui suit, partager aussi bien le son que les silences etc... il y a de quoi faire...
arg

Re: gestion du trac...

Message par arg »

Et puis peut-être rappeler que l'hypnose est un état naturel, que nous avons tous recours à des méthodes hypnotiques spontanées pour ce genre d'objectif, et que déjà, les identifier et les renforcer peut apporter beaucoup.
L'hypnose se définissant en partie par une focalisation qui éclaire une partie de la réalité et en masque une autre, et se définissant d'autre part par une dissociation (par exemple: une part de moi fait ça et une autre fait autre chose... or quand on joue du piano une première dissociation est celle des mains par rapport au reste, voire de la main gauche par rapport à la main droite, voire d'une partie de la main par rapport au reste des doigts...), il vous reste à identifier quelles solutions apparentées à ça vous mettez en oeuvre de vous-mêmes.
Par exemple: s'imaginer ailleurs jouer dans un beau paysage, décider que le public est invisible, se concentrer sur ses mains, sur sa respiration, voire sur ses tremblements, se mettre une armure imaginaire (ou un beau vêtement coloré) avant de jouer, transformer le piano en une baguette magique, faire un geste de confiance avant de commencer, et la liste est quasi infinie...
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