La virtuosité, pour quoi faire ?

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etacarinae31
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Re: La virtuosité, pour quoi faire ?

Message par etacarinae31 »

Concernant la virtuosité de l'interprète je voulais partager l'exemple de la marche turque version Volodos et la version de Gould. La version Volodos serait à classer dans la partie virtuosité a priori 😀. La première fois que j'ai vu la vidéo sur YouTube je suis resté ébahi par la vitesse d'exécution (par contre je souffre pour le piano😭)
Mais lorsque je suis tombé sur la version de Gould quelques années plus tard cela a également été un choc mais plus pour la pureté de la mélodie et la sensibilité de l'interprétation . Il semble que Gould ait fait cette version pour provoquer (si qqu a l'histoire précise je suis preneur) en tout cas je la préfère musicalement à celle de Volodos.
En conclusion je suis également d'avis que la virtuosité est un moyen mais pas la fin mais je suis débutant donc cela pourrait changer dans le futur😊
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quazart
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Re: La virtuosité, pour quoi faire ?

Message par quazart »

Je crois que Gould n'aimait pas Mozart...
Pour bien comprendre, il faut écouter toute la sonate et particulièrement le 1er mvt (andante et variations) qui est grotesque. On dirait un débutant.
C'est de la dérision, plutôt pitoyable de la part d'un interprète censé servir la musique.
Une marche "turque", dans l'esprit de l'époque, c'est plutôt bruyant et martelé, je pense que Mozart aurait été fan de la version Volodos...

Sinon, je change complètement de sujet... l'explosion est pour quand ??? :mrgreen: :arrow:
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quazart
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Re: La virtuosité, pour quoi faire ?

Message par quazart »

DIDIER25 a écrit : dim. 05 avr., 2020 9:42 Leur difficulté fait sans doute qu'elle ont été partiellement oubliées, seuls quelques grands du piano osant s'y confronter. On peut mentionner qu'Alkan ne figure même pas dans le dictionnaire des musiciens du grand musicologue Roland de Candé en 1964 .....
C'est pas très fort de sa part ! Alkan fait partie des auteurs recommandés par Cortot dans ses "principes rationnels de la technique pianistique"!...

Tiens, une performance exceptionnelle, les 12 études dans les tons mineurs, en un seul concert par V.Maltempo !! Et il n'en met pas beaucoup à côté...
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Rockmaninov
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Re: La virtuosité, pour quoi faire ?

Message par Rockmaninov »

quazart a écrit : jeu. 09 avr., 2020 0:04 Je crois que Gould n'aimait pas Mozart...
Pour bien comprendre, il faut écouter toute la sonate et particulièrement le 1er mvt (andante et variations) qui est grotesque. On dirait un débutant.
C'est de la dérision, plutôt pitoyable de la part d'un interprète censé servir la musique.
Je ne partage pas cet avis, mais par contre je comprends totalement. Personnellement je trouve qu'il joue cette sonate de la même façon qu'il interprète Bach.

J'ai toujours aimé les pommes vertes.
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Jacques Béziat
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Re: La virtuosité, pour quoi faire ?

Message par Jacques Béziat »

quazart a écrit : jeu. 09 avr., 2020 0:04 Je crois que Gould n'aimait pas Mozart...
Pour bien comprendre, il faut écouter toute la sonate et particulièrement le 1er mvt (andante et variations) qui est grotesque. On dirait un débutant.
C'est de la dérision, plutôt pitoyable de la part d'un interprète censé servir la musique.
Hou-là ! Tu vas t'attirer les foudres des fanatiques de Gould !! :shock:
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Re: La virtuosité, pour quoi faire ?

Message par quazart »

Jacques Béziat a écrit : ven. 10 avr., 2020 12:26 Hou-là ! Tu vas t'attirer les foudres des fanatiques de Gould !! :shock:
Ils ne sont pas tous en taule ??? :lol:
:oops:
:-&
:arrow:
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jean-séb
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Re: La virtuosité, pour quoi faire ?

Message par jean-séb »

J'adore Gould dans Bach mais là, dans Mozart, je ne le comprends pas du tout.
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EusebiusLesage
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Re: La virtuosité, pour quoi faire ?

Message par EusebiusLesage »

jean-séb a écrit : ven. 10 avr., 2020 13:28 J'adore Gould dans Bach mais là, dans Mozart, je ne le comprends pas du tout.
Et encore je trouve qu'il est à son sommet dans la 3ème sonate de Chopin, je n'ai jamais compris cette interprétation, ni pourquoi il a voulu l'enregistrer ainsi :D Le legato du 3ème mouvement est joyeusement replacé par un détaché/louré ... original.
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quazart
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Re: La virtuosité, pour quoi faire ?

Message par quazart »

jean-séb a écrit : ven. 10 avr., 2020 13:28 J'adore Gould dans Bach mais là, dans Mozart, je ne le comprends pas du tout.
Je pensais l'apprécier dans Bach aussi (après de nombreuses années sans l'avoir fait), et en m'y remettant... non, ça ne passe pas.
Ce n'est pas du tout une question de snobisme ou de personne, c'est son approche : l'obsession de "faire différent", le toucher, les attaques, le tempo, ces mouvements lents insupportablement lents (Arghhhhhh l'Aria des Goldberg :evil: ), ces mouvements rapides joués lentement, cette manie de tout piquer, détacher... à chaque fois la même image me vient : il décortique tellement tout qu'on assiste à une véritable autopsie. Gould jouant une fugue nous explique comment elle est construite : intéressant sur le plan de la compréhension du contrepoint, mais est-ce encore de la musique tout court ? Techniquement, c'est fabuleux... il joue chaque note en nous faisant admirer la science du compositeur et sa propre technique, mais pour moi, non, il perd l'essentiel. Le détail de chaque note m'importe peu. La musique est avant tout affaire d'émotion, et je n'en ressens pas à son écoute.

Je ne retrouve pas sur YT (autrement qu'en pièces détachées) sa version de la 6è symphonie de Beethoven, transcrite par Liszt. Un sommet d'incompréhension totale de l'oeuvre. D'un chef d'oeuvre de poésie, il fait de l'horlogerie. C'est à coup sûr très original, sans l'ombre d'un doute.
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Jacques Béziat
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Re: La virtuosité, pour quoi faire ?

Message par Jacques Béziat »

Personnellement, j'admire Gould pour sa formidable technique. Mais c'est tout.
Il m'a toujours laissé l'impression de chercher systématiquement à phraser différemment pour... phraser différemment, sans que j'en comprenne la raison profonde, sans que j'en ressente une émotion supplémentaire.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, c'est aussi l'impression que ça me donne.
Au contraire, comme le dit avec pertinence quazart, il donne l'impression de disséquer un être vivant pour tenter d'y apporter un mystérieux supplément, sauf que j'ignore complètement quelle en est sa nature, pour finalement constater qu'une fois disséqué, l'être vivant eh bien il est mouru. :mrgreen:
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Re: La virtuosité, pour quoi faire ?

Message par jean-séb »

Pour ma part, je trouve qu'il rend les fugues de Bach très limpides, avec des voix bien lisibles, et j'aime les tempi vifs qu'il adopte souvent. C'est essentiellement dans ces œuvres un peu mathématiques, mécaniques ou horlogères, qu'il réussit le mieux à mon sens.
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Jacques Béziat
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Re: La virtuosité, pour quoi faire ?

Message par Jacques Béziat »

jean-séb a écrit : ven. 10 avr., 2020 18:52 Pour ma part, je trouve qu'il rend les fugues de Bach très limpides, avec des voix bien lisibles, et j'aime les tempi vifs qu'il adopte souvent. C'est essentiellement dans ces œuvres un peu mathématiques, mécaniques ou horlogères, qu'il réussit le mieux à mon sens.
D'accord pour les fugues, la technique est incroyable chez Gould, mais par exemple avec Schiff on a aussi tout ce qu'il faut, sans esbroufe, sans virtuosité inutile, à mon avis également. 8)
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Presto
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Re: La virtuosité, pour quoi faire ?

Message par Presto »

Discussion sans fin mais je vous trouve bien sévères avec Gould parce que s'il y en a qui met sa technique au service de ses idées musicales, et je les trouve plutôt bonnes, c'est bien lui. Si je voulais lui opposer un interprète dans le CBT, je ne dirais pas Schiff, mais Richter.
C'est vrai que ses Mozart sont un peu rock and roll 8)
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Jacques Béziat
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Re: La virtuosité, pour quoi faire ?

Message par Jacques Béziat »

Presto a écrit : dim. 12 avr., 2020 12:16 Discussion sans fin mais je vous trouve bien sévères avec Gould parce que s'il y en a qui met sa technique au service de ses idées musicales, et je les trouve plutôt bonnes, c'est bien lui. Si je voulais lui opposer un interprète dans le CBT, je ne dirais pas Schiff, mais Richter.
C'est vrai que ses Mozart sont un peu rock and roll 8)
À chacun ses préférences, bien sûr, mais je ne cherchais pas un interprète à l'opposé de Gould, disons qu'avec Schiff on a un bon équilibre entre rigueur et douceur.
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Tatafanfan
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Re: La virtuosité, pour quoi faire ?

Message par Tatafanfan »

Presto a écrit : dim. 12 avr., 2020 12:16 Si je voulais lui opposer un interprète dans le CBT, je ne dirais pas Schiff, mais Richter.
C'est vrai que ses Mozart sont un peu rock and roll 8)
D'accord à 100 000 % (d'ailleurs c'est la seule intégrale du CBT que je possède)!
:)
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Re: La virtuosité, pour quoi faire ?

Message par Tchege »

Ce topic est passionnant !

La virtuosité est, je pense, un sujet majeur pour tous les pianistes ayant commencé jeune (voir très jeune), particulièrement une fois l’adolescence atteinte!

Il y a quelque chose d’assez grisant qui se produit quand on joue pour la première fois une étude comme l’océan de Chopin (meme si à mon sens elle allie très bien virtuosité et musicalité).

Je suis également assez réservé sur Lizst. Il y a une grande partie de son œuvre qui m’attire peu, que je n’ai pas envie de jouer et que je n’écoute même pas. Paradoxalement, deux de ses pièces que je préfère sont Un Sospiro et sa transcription de la 4e sérénade de Schubert. Des morceaux techniquement un peu en dessous du reste de son œuvre, mais musicalement somptueux.

Avec l’âge, (particulièrement quand on a fait une croix sur l’idée de vivre du piano :lol: ) je pense qu’on arrête un peu la course à la virtuosité pour se pencher sur les œuvres qui nous plaisent le plus musicalement.

Ceci étant dit, d’une façon plus générale quand la virtuosité est mise au service de la musicalité, on atteint des sommets. A ce titre, le moment musical 4 de Rachma est pour moi une œuvre qui allie parfaitement vélocité, technique et musicalité (et beaucoup de frustration :lol: )
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Chtilli
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Re: La virtuosité, pour quoi faire ?

Message par Chtilli »

Tchege a écrit : lun. 11 mai, 2020 14:13 on arrête un peu la course à la virtuosité pour se pencher sur les œuvres qui nous plaisent le plus musicalement.
Ou alors on peut aussi se dire qu'on travaille la virtuosité seulement lorsque c'est pour jouer des œuvres qui nous plaisent ?
Chopin - Rachmaninoff. Répéter.
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Jacques Béziat
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Re: La virtuosité, pour quoi faire ?

Message par Jacques Béziat »

Certains morceaux demandent bien de la virtuosité !

Ensuite, comme je le disais plus haut, cela dépend ce qu'on entend par le mot virtuosité.

Être virtuose n'est ni une maladie ni un défaut. :lol:
Mais en effet, la virtuosité ne doit pas être un but en soi, ni devenir un numéro d'esbroufe, elle doit être au service de l'œuvre, mais ce n'est pas si simple : certains esprits critiques verront dans une œuvre jouée très rapidement (plus rapidement que d'ordinaire par exemple) une démonstration de force, quand d'autres y verront une dynamique dans l'esprit. Question de ressenti.
Concernant l'interprète, il faudrait lui demander s'il a joué ce morceau très rapidement pour épater le public, ou bien s'il s'agit d'une interprétation sincère dans l'esprit.
Et même avec ces données, chacun préfèrera tel ou tel tempo.

Chopin et Liszt s'amusaient à s'épater l'un l'autre dans leurs improvisations. Liszt admirait Chopin pour ses mélodies et les sonorités produites, Chopin admirait Liszt pour sa... virtuosité. 8)
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Bastien
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Re: La virtuosité, pour quoi faire ?

Message par Bastien »

J'ai trouvé l'ultime version de Gould, c'est encore plus lent et décharné et en plus il chantonne pendant tout le mouvement (parfois très fort). C'est simplement admirable.



J'ai été frappé par le génie, par une véritable illumination, il m'apparaît maintenant évident que c'est comme ça qu'il faut jouer Mozart, même les concertos, et tout le reste. Ecoutez à 0:45. Seul Gould, et ceci de manière tout à fait évidente, en retire la substantifique moelle, enfin débarrassé des joliesses de petites marquises que nous infligent les autres supposés grands interprètes de ces pièces. En ce sens, c'est tout à fait virtuose, et l'oeuvre habitée de la sorte, sans doute pour la seule fois de son histoire, parvient ainsi à une telle puissance d'évocation métaphysique, que Gould devient Mozart, qui devient Gould à son tour. Bouleversifiant.
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