Peut-on écouter un morceau quand on le travaille ?
- Rubato
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Peut-on écouter un morceau quand on le travaille ?
Voilà un sujet que j'avais abordé il y a quelque temps. Il y a un an on m'a prêté une vidéo de jean-Marc Luisada qui donnait comme conseil de ne jamais écouter une oeuvre pendant qu'on la travaille. Depuis, je suis toujours ce conseil et je trouve cela fructueux. En effet, dans le cas contraire, on est tenté de reproduire ce que fait l'autre interprète ce qui est beaucoup plus difficile que de jouer directement le morceau.
Donc, à mon avis, il faut écouter le morceau avant (éventuellement), jamais pendant et une fois qu'il est su, on peut se permettre d'écouter d'autres interprétations afin de trouver des idées intéressantes. Et vous, que faites-vous ?
Donc, à mon avis, il faut écouter le morceau avant (éventuellement), jamais pendant et une fois qu'il est su, on peut se permettre d'écouter d'autres interprétations afin de trouver des idées intéressantes. Et vous, que faites-vous ?
Le tempo rubato est comme le vent jouant dans le feuillage d'un arbre dont les branches ne bougent pas.
Franz Liszt.
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- sanne
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Re: Peut-on écouter un morceau quand on le travaille ?
bonjour!
Moi aussi, j'ai cette vidéo. C'est marrant, parce que hier soir je l'ai sortie et écouté ses conseils sur comment jouer une nocturne de Chopin. C'était intéressant. Par contre le début de la vidéo est très ennuyeux
Pour revenir à ton sujet, souvent je n'écoute pas ou peu pendant que j'apprenne le morceau. Mais dès que je le connais assez bien je le reécoute: pour me donner des idées par rapport à l'interpretation.
Ca ne me gène pas (avec le niveau que j'ai) d'essayer de "copier" l'interpretation de quelqu'un d'autre. Par exemple, j'ai les Nocturnes par Rubinstein... je voudrais bien les jouer exactement comme lui.....
Moi aussi, j'ai cette vidéo. C'est marrant, parce que hier soir je l'ai sortie et écouté ses conseils sur comment jouer une nocturne de Chopin. C'était intéressant. Par contre le début de la vidéo est très ennuyeux
Pour revenir à ton sujet, souvent je n'écoute pas ou peu pendant que j'apprenne le morceau. Mais dès que je le connais assez bien je le reécoute: pour me donner des idées par rapport à l'interpretation.
Ca ne me gène pas (avec le niveau que j'ai) d'essayer de "copier" l'interpretation de quelqu'un d'autre. Par exemple, j'ai les Nocturnes par Rubinstein... je voudrais bien les jouer exactement comme lui.....
Re: Peut-on écouter un morceau quand on le travaille ?
Moi c'est une mauvaise habitude que j'ai prise. Ecouter le morceau avant pour savoir si ça me plait comme ça je suis plus motivée à le déchiffrer. Mais finalement, je me rend la tache déchiffrage beaucoup plus facile, je choisis la solution de facilité et j'ai tendance à "copier" les interprétations comme vous dites...
Il faut que j'arrête de faire ça et que j'écoute seulement après!
Il faut que j'arrête de faire ça et que j'écoute seulement après!
Voici mon blog, entièrement consacré à ma passion pour le piano! http://revemusical.blogspirit.com Venez discuter et réagir avec moi et tous mes visiteurs!
Re: Peut-on écouter un morceau quand on le travaille ?
C'est un mauvaise habitude à laquelle je me suis également accoutumée. Mais il doit bien exister des marottes plus nuisibles... Cela dit, je complète souvent l'écoute des morceaux en regardant aussi des vidéos, où on peut examiner les gestuelles éventuellement à adopter. L'inconvénient de ce "parasitage", c'est surtout qu'il incite à travailler le morceau d'emblée au tempo et de rattraper celui que l'on a pris pour modèle, ce qui n'est pas toujours très bon pour la mise en place, qu'il faut ensuite retravailler dans la lenteur.
- burns300
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Re: Peut-on écouter un morceau quand on le travaille ?
Comme je répète mes deux préludes en vue de ma première apparition en public (J-20 ) et que l'op28-4 présente encore quelques points durs, j'ai décidé de m'enregistrer dans mon pianum. A la ré-écoute, j'ai trouvé le BWV846 présentable mais l'autre, pas du tout: beaucoup trop métronomique.
Je suis allé sur Youtube et cherché des versions d'interprétation qui me conviennent. Parmi une dizaine, j'ai trouvé celle d'une interprète asiatique, en concert, robe de concert, piano de concert que j'aime beaucoup (l'interprétation...). Comme j'avais été, il y a un bon moment de celà envouté par ce qu'avait présenté Pianomineur (P140) sur le forum, j'ai commencé à travailler l'interprétation de ce prélude orienté vers ces versions, c'est-à-dire avec rubato et nuances expressifs.
Depuis, je le joue un peu comme ça et ça me plait enfin.
Je suis allé sur Youtube et cherché des versions d'interprétation qui me conviennent. Parmi une dizaine, j'ai trouvé celle d'une interprète asiatique, en concert, robe de concert, piano de concert que j'aime beaucoup (l'interprétation...). Comme j'avais été, il y a un bon moment de celà envouté par ce qu'avait présenté Pianomineur (P140) sur le forum, j'ai commencé à travailler l'interprétation de ce prélude orienté vers ces versions, c'est-à-dire avec rubato et nuances expressifs.
Depuis, je le joue un peu comme ça et ça me plait enfin.
peu de fruits, mais mùrs
et une bouchée à la fois
et une bouchée à la fois
- Bergamotte
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Re: Peut-on écouter un morceau quand on le travaille ?
Ouhla bon je redéterre ( forcément j'arrive alors je lis toutes vos archives ou presque)... personnellement , j'écoute toujours le plus possibles de versions de la moindre pièce que je travaille. Je ne conçois pas de ne pas le faire pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, je trouverais ca hautement présomptueux de me sentir capable d'ignorer toutes les recherches qu'ont pu faire nos prédecesseurs. Ecouter des enregistrements, c'est connaitre l'évolution de l'interprétation de l'oeuvre, de la musique, ce qui est commun à tous et donc à retenir, ce qui ne l'est pas, et donc dans lequel on peut avoir plus de libertés, etc...
Ensuite... pour critiquer par le négatif! Ecouter une interprétation autre que la sienne est je trouve, du moins pour ma part, un des moyens les plus efficaces de savoir ce que nous on veut faire... en commençant par le j'aime pas " tiens, cette nuance, ça ne me plait pas du tout, je ne vais pas faire ça" ou alors " a ce tempo ca devient brouillon, donc je vais m'arrêter avant ça", ou encore " mais c'est nul, qu'est ce qui lui prend de faire ça, c'est totalement abérant, heureusement que je ne vais pas faire comme ça" ... Ca peut faire sourire, mais je ne trouve pas ça idiot du tout.
Enfin critiquer par le positif, retenir des idées " ah tiens, il fait ça celui là, je n'y aurais pas pensé, mais c'est vraiment superbe, je vais y réfléchir et voir comment moi je vais me sortir de cette idée", ou alors " de loin, ce tempo est vraiment parfait, c'est ce que je VEUX entendre, même si mes doigts veulent aller plus vite, il faudra que je me tienne à ce tempo".
Bien sûr, plus grande est la palette d'enregistrements que l'on écoute pour une même oeuvre plus ce travail sera bénéfique. Je ne sais pas vous, mais moi je ne peux pas écouter un seul morceau sans me dire " ah non moi je ferais plutôt comme ci, comme ça, je préfère ce tempo" etc etc, écouter les autres permet de faire ressortir NOTRE propre interprétation, et plus facilement qu'en se penchant juste sur notre partition et en ignorant le reste du monde
Bon, à la relecture cela peut paraitre une leçon de morale, mais non je donne juste mon avis ne vous inquiétez pas ^^
Tout d'abord, je trouverais ca hautement présomptueux de me sentir capable d'ignorer toutes les recherches qu'ont pu faire nos prédecesseurs. Ecouter des enregistrements, c'est connaitre l'évolution de l'interprétation de l'oeuvre, de la musique, ce qui est commun à tous et donc à retenir, ce qui ne l'est pas, et donc dans lequel on peut avoir plus de libertés, etc...
Ensuite... pour critiquer par le négatif! Ecouter une interprétation autre que la sienne est je trouve, du moins pour ma part, un des moyens les plus efficaces de savoir ce que nous on veut faire... en commençant par le j'aime pas " tiens, cette nuance, ça ne me plait pas du tout, je ne vais pas faire ça" ou alors " a ce tempo ca devient brouillon, donc je vais m'arrêter avant ça", ou encore " mais c'est nul, qu'est ce qui lui prend de faire ça, c'est totalement abérant, heureusement que je ne vais pas faire comme ça" ... Ca peut faire sourire, mais je ne trouve pas ça idiot du tout.
Enfin critiquer par le positif, retenir des idées " ah tiens, il fait ça celui là, je n'y aurais pas pensé, mais c'est vraiment superbe, je vais y réfléchir et voir comment moi je vais me sortir de cette idée", ou alors " de loin, ce tempo est vraiment parfait, c'est ce que je VEUX entendre, même si mes doigts veulent aller plus vite, il faudra que je me tienne à ce tempo".
Bien sûr, plus grande est la palette d'enregistrements que l'on écoute pour une même oeuvre plus ce travail sera bénéfique. Je ne sais pas vous, mais moi je ne peux pas écouter un seul morceau sans me dire " ah non moi je ferais plutôt comme ci, comme ça, je préfère ce tempo" etc etc, écouter les autres permet de faire ressortir NOTRE propre interprétation, et plus facilement qu'en se penchant juste sur notre partition et en ignorant le reste du monde
Bon, à la relecture cela peut paraitre une leçon de morale, mais non je donne juste mon avis ne vous inquiétez pas ^^
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Re: Peut-on écouter un morceau quand on le travaille ?
+1
La valeur d'une oeuvre n'existe que dans l'esprit de ceux qui l'apprécient.
Re: Peut-on écouter un morceau quand on le travaille ?
-1 pour moi
Ensuite, pourquoi ce qui est commun à tous serait-il forcément à retenir ? Il arrive parfois que tous les enregistrements jouent à un certain tempo que je n'aime pas, je ne vais pas me priver de jouer à mon tempo juste pour "faire comme tout le monde". Tant que la partition est respectée, il n'y a rien de juste ou de faux. Ca n'en rendra mon interprétation que plus personnelle.
D'autre part lorsqu'on fait un travail d'écoute important, qu'on écoute plusieurs enregistrements d'une oeuvre, on finit en général par être saturé, on ne sait plus ce qu'on aime ou ce qu'on n'aime pas, ce qu'il faut ou ne faut pas faire etc...Un peu comme quand on travaille une mesure encore et encore, elle finit par perdre toute musicalité pour ne devenir qu'une série de notes, et le passage finit par être dénaturé. Pour moi ces écoutes doivent se faire au fil de l'eau, au fil des mois, voire des années, lorsqu'on tombe dessus, ou qu'on a envie d'écouter le morceau. Mais pas pour se forcer à faire un véritable travail de recherche.
Je prends un exemple : quelqu'un qui travaille une rhapsodie hongroise de Liszt, et qui s'amuse à écouter par exemple la version de Cziffra, ca lui plaira peut-être beaucoup, mais ca serait bête d'essayer de faire la même chose. C'est bien parce que c'est Cziffra qu'on aime, parce que personne ne joue ca de cette manière, qu'on sent que c'est une manière intime et personnelle de jouer, qui justement se démarque des autres. Non ?
Autre exemple : pour les nocturnes de Chopin, il existe énormément d'interprétations. On peut aimer à la fois la rigueur et la profonde méditation d'un Rubinstein, et la musicalité extrême d'un Pogorelich. Pourtant ces deux interprétations n'ont rien à voir, et la dernière chose à faire serait d'essayer de les imiter, ou pire, d'essayer de les accorder pour faire un espèce de "compromis".
Ca m'étonnerait beaucoup que les pianistes qu'on connaît écoutent la manière de jouer des autres pour trouver leur interprétation. On peut être marqué par une ou deux interprétations qu'on a eut l'occasion d'entendre, mais s'en inspirer volontairement pour en faire un véritable travail d'étude, je trouve que c'est dommage.
Le mieux pour moi (et peut-être qu'on sera finalement en phase là-dessus ), c'est de trouver d'abord sa propre interprétation, et seulement ensuite d'écouter ce que font les autres. Ca nous permet au moins d'avoir une version qui nous est propre, et qui n'est pas polluée par tous les enregistrements qu'on a écouté. Ensuite on peut toujours la perfectionner en écoutant ce que font les autres, et en se disant effectivement "tiens ca sera peut-être mieux comme ça".
Ca n'est pas forcément être présomptueux. D'une part, il n'y a pas vraiment (ou en tout cas rarement) d'évolution dans les interprétations. Chaque pianiste professionnel a sa manière de voir, d'interpréter, il ne va pas "plus loin" que ses prédécesseurs, il va simplement ailleurs (en général).Bergamotte a écrit : Tout d'abord, je trouverais ca hautement présomptueux de me sentir capable d'ignorer toutes les recherches qu'ont pu faire nos prédecesseurs. Ecouter des enregistrements, c'est connaitre l'évolution de l'interprétation de l'oeuvre, de la musique, ce qui est commun à tous et donc à retenir, ce qui ne l'est pas, et donc dans lequel on peut avoir plus de libertés, etc...
Ensuite, pourquoi ce qui est commun à tous serait-il forcément à retenir ? Il arrive parfois que tous les enregistrements jouent à un certain tempo que je n'aime pas, je ne vais pas me priver de jouer à mon tempo juste pour "faire comme tout le monde". Tant que la partition est respectée, il n'y a rien de juste ou de faux. Ca n'en rendra mon interprétation que plus personnelle.
Pour moi, écouter un pianiste professionnel et se dire quelque chose comme " mais c'est nul, qu'est ce qui lui prend de faire ça, c'est totalement abérant, heureusement que je ne vais pas faire comme ça", ca c'est présomptueux pour le coup Ce sont des personnes qui passent des heures et des heures derrière leur instrument, qui réfléchissent justement de manière très poussée à leur interprétation. Il vaut mieux essayer de comprendre "Pourquoi fait-il comme ça ? Pourquoi moi je n'aime pas ça ? Comment notre point de vue peut-il être si différent ?". Après on est libre d'aimer ou pas, mais selon moi c'est une erreur, à partir d'une simple écoute, de se dire "c'est nul".Bergamotte a écrit : Ensuite... pour critiquer par le négatif! Ecouter une interprétation autre que la sienne est je trouve, du moins pour ma part, un des moyens les plus efficaces de savoir ce que nous on veut faire... en commençant par le j'aime pas " tiens, cette nuance, ça ne me plait pas du tout, je ne vais pas faire ça" ou alors " a ce tempo ca devient brouillon, donc je vais m'arrêter avant ça", ou encore " mais c'est nul, qu'est ce qui lui prend de faire ça, c'est totalement abérant, heureusement que je ne vais pas faire comme ça" ... Ca peut faire sourire, mais je ne trouve pas ça idiot du tout.
D'une part pour moi, construire une interprétation à partir de passages et de trucs qu'on aime bien chez les autres, ca n'est pas une bonne manière de procéder. On pense faire un truc personnel, et finalement ca n'est qu'un imbroglio de plein d'idées différentes qu'on pique à droite et à gauche, et qui ne s'accordent pas forcément. On s'efforce parfois par la suite de trouver une logique et un fil conducteur à cette mixture, mais ca ne vaudra jamais une interprétation totalement "libre" de toute influence (ou en tout cas influencée un minimum).Bergamotte a écrit : Enfin critiquer par le positif, retenir des idées " ah tiens, il fait ça celui là, je n'y aurais pas pensé, mais c'est vraiment superbe, je vais y réfléchir et voir comment moi je vais me sortir de cette idée", ou alors " de loin, ce tempo est vraiment parfait, c'est ce que je VEUX entendre, même si mes doigts veulent aller plus vite, il faudra que je me tienne à ce tempo".
Bien sûr, plus grande est la palette d'enregistrements que l'on écoute pour une même oeuvre plus ce travail sera bénéfique. Je ne sais pas vous, mais moi je ne peux pas écouter un seul morceau sans me dire " ah non moi je ferais plutôt comme ci, comme ça, je préfère ce tempo" etc etc, écouter les autres permet de faire ressortir NOTRE propre interprétation, et plus facilement qu'en se penchant juste sur notre partition et en ignorant le reste du monde
Bon, à la relecture cela peut paraitre une leçon de morale, mais non je donne juste mon avis ne vous inquiétez pas ^^
D'autre part lorsqu'on fait un travail d'écoute important, qu'on écoute plusieurs enregistrements d'une oeuvre, on finit en général par être saturé, on ne sait plus ce qu'on aime ou ce qu'on n'aime pas, ce qu'il faut ou ne faut pas faire etc...Un peu comme quand on travaille une mesure encore et encore, elle finit par perdre toute musicalité pour ne devenir qu'une série de notes, et le passage finit par être dénaturé. Pour moi ces écoutes doivent se faire au fil de l'eau, au fil des mois, voire des années, lorsqu'on tombe dessus, ou qu'on a envie d'écouter le morceau. Mais pas pour se forcer à faire un véritable travail de recherche.
Je prends un exemple : quelqu'un qui travaille une rhapsodie hongroise de Liszt, et qui s'amuse à écouter par exemple la version de Cziffra, ca lui plaira peut-être beaucoup, mais ca serait bête d'essayer de faire la même chose. C'est bien parce que c'est Cziffra qu'on aime, parce que personne ne joue ca de cette manière, qu'on sent que c'est une manière intime et personnelle de jouer, qui justement se démarque des autres. Non ?
Autre exemple : pour les nocturnes de Chopin, il existe énormément d'interprétations. On peut aimer à la fois la rigueur et la profonde méditation d'un Rubinstein, et la musicalité extrême d'un Pogorelich. Pourtant ces deux interprétations n'ont rien à voir, et la dernière chose à faire serait d'essayer de les imiter, ou pire, d'essayer de les accorder pour faire un espèce de "compromis".
Ca m'étonnerait beaucoup que les pianistes qu'on connaît écoutent la manière de jouer des autres pour trouver leur interprétation. On peut être marqué par une ou deux interprétations qu'on a eut l'occasion d'entendre, mais s'en inspirer volontairement pour en faire un véritable travail d'étude, je trouve que c'est dommage.
Le mieux pour moi (et peut-être qu'on sera finalement en phase là-dessus ), c'est de trouver d'abord sa propre interprétation, et seulement ensuite d'écouter ce que font les autres. Ca nous permet au moins d'avoir une version qui nous est propre, et qui n'est pas polluée par tous les enregistrements qu'on a écouté. Ensuite on peut toujours la perfectionner en écoutant ce que font les autres, et en se disant effectivement "tiens ca sera peut-être mieux comme ça".
- Bergamotte
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Re: Peut-on écouter un morceau quand on le travaille ?
Mais de toute façon, quoique tu fasses, tu n'inventeras jamais rien, il y aura toujours quelqu'un qui a joué telle mesure comme toi quelque part. Ensuite, si on est pas capable au fond de soi ( je dis pas de le crier sur tous les toits), de trouver la façon dont tel interprête joue cette mesure nulle, c'est...un manque de personnalité, très français de dire " mais si il fait ca , il y a réfléchit, il y a forcément une bonne raison"... dire que c'est nul n'engage que soit, et est une marque justement qu'on a une idée très précise de l'interprétation, et qu'on a sa propre personnalité musicale... quelqu'un qui trouve tout bon, n'a juste pas de courage et est trop embrigadé dans le système ( très français encore une fois) de dire que si il le fait c'est qu'il a une raison, donc que c'est bon; ou juste n'a pas encore de personnalité musicale développée. Ce n'est en aucun cas une marque de prétention de trouver une interprétation nulle : on peut très bien avoir totalement tord, mais penser qu'un truc est nul suppose d'avoir notre idée précise, d'y avoir longtemps réfléchit.
Bon plus concrêtement : pour la critique négative. Ca marche de deux façons principalement.
L'avantage du disque est je pense, une écoute objective, et qu'il est plus facile de critiquer les autres que soit même. Admettons, je suis dans tel morceau, et puis sur ma partition je me dis que "tiens si je faisais attendre cette note, ca pourrait être bien" , tu le fais, tu trouves ça pas mal. Puis tu écoutes un disque, et bien sûr il faut partir du principe que chacune de nos idées, il ya au moins 1000 pianistes ailleurs dans le monde qui y ont pensé (encore une fois, on invente rien ), et puis là on entend un inconnu retenir, faire attendre cette note. Et puis on se dit " finalement je m'en rendais pas compte, mais ça fait vraiment bizarre de l'extérieur, je vais la rejouer en mesure alors".
Ou alors : tu écoutes un disque , tu trouves un passage mauvais joué comme il est , et alors tu te dis " bon dieu, ca c'est vraiment moche comme ça, il va falloir que je trouve ma façon de faire, mais alors surtout pas comme ca ! "
Il faut se nourrir de la musique, il faut connaitre le plus de chose possible, le plus de solutions possible, avoir de la culture, lire, écouter, si l'on veut être un bon musicien Voilà, c'est mon avis ( qui est tranché certes, mais vous pouvez à votre gré l'adoucir ^^)
Je pense que là dessus tu te trompes ( oui je sais ça n'engage que moi, mais pour avoir eu un certain nombre de longues discussions avec des profs à ce sujet, je ne suis pas la seule à le penser ^^). Encore une fois, ce que tu dis vaudrais pour quelqu'un par exemple qui est totalement débutant en musique, ou qui ne connais rien à la musique. Mais à partir du moment que l'on travail sa culture musicale, et le répertoire musical le plus vaste possible , alors ca devient faux. Déjà, pouvoir dire " ca j'aime" , en réalité cela implique " j'ai réfléchi à la chose, et cette vision correspond à ce que moi je veux entendre". Ensuite, partant de ce principe, il y aura automatiquement une cohérence avec les autres choses que l'on aime. Et pour finir, je n'ai jamais dit de copier bêtement, tout simplement parce que c'est impossible ^^ . Une interprétation libre de toute influence, ca n'existe pas, et si ca existait, ca serait sans doute parmis les pires interprétations ^^ la musique c'est quelque chose qui se transmet de générations en générations Ou alors c'est qu'on est dans son coin sans jamais avoir écouté la moindre chose, mais on est forcément pas un bon musicien. Il suffit de voir juste la différence, à niveau technique égal, entre quelqu'un qui aime apprendre, qui écoute beaucoup de musique, qui lit des livres sur l'art , etc, et quelqu'un qui n'a jamais ouvert un livre de sa vie ni écouter un CD, je crois que le résultat serait assez hallucinantD'une part pour moi, construire une interprétation à partir de passages et de trucs qu'on aime bien chez les autres, ca n'est pas une bonne manière de procéder. On pense faire un truc personnel, et finalement ca n'est qu'un imbroglio de plein d'idées différentes qu'on pique à droite et à gauche, et qui ne s'accordent pas forcément. On s'efforce parfois par la suite de trouver une logique et un fil conducteur à cette mixture, mais ca ne vaudra jamais une interprétation totalement "libre" de toute influence (ou en tout cas influencée un minimum).
Bon plus concrêtement : pour la critique négative. Ca marche de deux façons principalement.
L'avantage du disque est je pense, une écoute objective, et qu'il est plus facile de critiquer les autres que soit même. Admettons, je suis dans tel morceau, et puis sur ma partition je me dis que "tiens si je faisais attendre cette note, ca pourrait être bien" , tu le fais, tu trouves ça pas mal. Puis tu écoutes un disque, et bien sûr il faut partir du principe que chacune de nos idées, il ya au moins 1000 pianistes ailleurs dans le monde qui y ont pensé (encore une fois, on invente rien ), et puis là on entend un inconnu retenir, faire attendre cette note. Et puis on se dit " finalement je m'en rendais pas compte, mais ça fait vraiment bizarre de l'extérieur, je vais la rejouer en mesure alors".
Ou alors : tu écoutes un disque , tu trouves un passage mauvais joué comme il est , et alors tu te dis " bon dieu, ca c'est vraiment moche comme ça, il va falloir que je trouve ma façon de faire, mais alors surtout pas comme ca ! "
Je ne comprends vraiment pas ton lien avec la mesure... je parlais de ça récemment avec un chef, qui travaillait sur la première symphonie de Brahms, qui me disait avoir écouté pas loin de 25 interprétations différentes, en étudiant ce que faisait chacun. Et c'est pas un débutant hein^^ Nécessaire justement de savoir ce que les autres ont fait, ce qui reste, ce que l'histoire transmet, et il n'y a aucun phénomène de saturation, c'est un travail comme un autre dans la préparation d'un oeuvre.D'autre part lorsqu'on fait un travail d'écoute important, qu'on écoute plusieurs enregistrements d'une oeuvre, on finit en général par être saturé, on ne sait plus ce qu'on aime ou ce qu'on n'aime pas, ce qu'il faut ou ne faut pas faire etc...Un peu comme quand on travaille une mesure encore et encore et encore, elle finit par perdre toute musicalité pour ne devenir qu'une série de note, et le passage finit par être dénaturé. Pour moi ces écoutes doivent se faire au fil de l'eau, au fil des mois, voire des années, lorsqu'on tombe dessus, ou qu'on a envie d'écouter le morceau. Mais pas pour se forcer à faire un véritable travail de recherche.
Encore une fois, écouter d'abord les autres permet d'autant plus d'avoir une version qui nous est propre Passé un certain niveau il est certain. Mais même pour les débutants, l'imitation n'est-elle pas la base du moindre apprentissage, dans n'importe quel domaine?Le mieux pour moi, c'est de trouver d'abord sa propre interprétation, et seulement ensuite d'écouter ce que font les autres. Ca nous permet au moins d'avoir une version qui nous est propre, et qui n'est pas polluée par tous les enregistrements qu'on a écouté. Ensuite on peut toujours la perfectionner en écoutant ce que font les autres, et en se disant effectivement "tiens ca sera peut-être mieux comme ça".
Il faut se nourrir de la musique, il faut connaitre le plus de chose possible, le plus de solutions possible, avoir de la culture, lire, écouter, si l'on veut être un bon musicien Voilà, c'est mon avis ( qui est tranché certes, mais vous pouvez à votre gré l'adoucir ^^)
- Bergamotte
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Re: Peut-on écouter un morceau quand on le travaille ?
Bon, mon message précédent est un peu... sûr de lui ^^ mais je pense que pour être musicien, il faut avoir une conviction plus que profonde de ses idées, sinon c'est pas la peine ^^
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Re: Peut-on écouter un morceau quand on le travaille ?
C'est marrant, je ne vois pas du tout les choses comme ça...
Tout d'abord, lorsque j'écoute un enregistrement, je ne ramène pas l'interprétation à moi; je veux dire par là que je ne me dis pas "ah, ce qu'il fait là, c'est super ou c'est nul ou sans intérêt; si j'étais lui, je ferais comme-ci ou comme ça".
Justement, je ne suis pas lui, je suis là pour ouvrir mes oreilles et mon esprit à quelque chose que le pianiste propose.
J'essaie surtout de voir si l'interprétation proposée est cohérente. Après que ça me plaise ou non, c'est une autre histoire, mais j'essaie toujours de rentrer dans l'univers du pianiste. Il y a des interprétations qui se tiennent, qui veulent dire quelque chose, ce n'est pas pour autant que je les aime plus que d'autres.
Il y en a même que je n'aime pas du tout, mais ce n'est pas pour ça que c'est nul.
Ensuite, pour chercher son interprétation, je crois qu'il n'y a rien de mieux que le travail seul au piano : chercher sa sonorité et son interprétation, c'est ce qu'il y a de plus intéressant! Je m'en fous éperdumment que cela ait été fait avant moi pour la mesure 36 et 42 de tel morceau.
J'essaie toujours de travailler pour que l'auditeur (en l'occurence moi dans le cas présent ) accroche au maximum, après ça plaît ou non, mais on ne peut pas plaire à tout le monde. J'essaie d'éviter la lassitude, de surprendre aussi. C'est loin d'être facile!
L'enregistrement est un bon support, mais ne me donne pas d'idées pour jouer. Par contre, je regarde comment le morceau est construit, et comment le pianiste gère le tout. C'est un ensemble, pas une succession de mesures.
Tout d'abord, lorsque j'écoute un enregistrement, je ne ramène pas l'interprétation à moi; je veux dire par là que je ne me dis pas "ah, ce qu'il fait là, c'est super ou c'est nul ou sans intérêt; si j'étais lui, je ferais comme-ci ou comme ça".
Justement, je ne suis pas lui, je suis là pour ouvrir mes oreilles et mon esprit à quelque chose que le pianiste propose.
J'essaie surtout de voir si l'interprétation proposée est cohérente. Après que ça me plaise ou non, c'est une autre histoire, mais j'essaie toujours de rentrer dans l'univers du pianiste. Il y a des interprétations qui se tiennent, qui veulent dire quelque chose, ce n'est pas pour autant que je les aime plus que d'autres.
Il y en a même que je n'aime pas du tout, mais ce n'est pas pour ça que c'est nul.
Ensuite, pour chercher son interprétation, je crois qu'il n'y a rien de mieux que le travail seul au piano : chercher sa sonorité et son interprétation, c'est ce qu'il y a de plus intéressant! Je m'en fous éperdumment que cela ait été fait avant moi pour la mesure 36 et 42 de tel morceau.
J'essaie toujours de travailler pour que l'auditeur (en l'occurence moi dans le cas présent ) accroche au maximum, après ça plaît ou non, mais on ne peut pas plaire à tout le monde. J'essaie d'éviter la lassitude, de surprendre aussi. C'est loin d'être facile!
L'enregistrement est un bon support, mais ne me donne pas d'idées pour jouer. Par contre, je regarde comment le morceau est construit, et comment le pianiste gère le tout. C'est un ensemble, pas une succession de mesures.
Modifié en dernier par Jean-Luc le lun. 27 juil., 2009 15:31, modifié 1 fois.
- Bergamotte
- Messages : 2126
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Re: Peut-on écouter un morceau quand on le travaille ?
Je suis plutôt daccord, mais on ne parle pas de la même chose, tu parles d'écouter pour le plaisir,je parle de l'écoute qui fait partie du travail sur un morceau
Après même si pour ma part, à un concert de "plaisir", si l'interprétation est à mes oreilles " horrible" , je suis plus d'une fois sortie de la salle, car dur pour moi d'entendre quelqu'un "massacrer" ( par rapport à mes convictions et idées sur l'oeuvre) un morceau. Mais c'est aussi mon caractère ^^
Après même si pour ma part, à un concert de "plaisir", si l'interprétation est à mes oreilles " horrible" , je suis plus d'une fois sortie de la salle, car dur pour moi d'entendre quelqu'un "massacrer" ( par rapport à mes convictions et idées sur l'oeuvre) un morceau. Mais c'est aussi mon caractère ^^
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Re: Peut-on écouter un morceau quand on le travaille ?
Non, non, j'avais bien compris (c'est quand même le titre du topic... ).Bergamotte a écrit :Je suis plutôt daccord, mais on ne parle pas de la même chose, tu parles d'écouter pour le plaisir,je parle de l'écoute qui fait partie du travail sur un morceau
Même quand je travaille un morceau et que j'écoute un enregistrement, je n'y cherche pas des idées. J'essaie de voir comment le pianiste gère la cohérence du morceau. En réalité, quand je travaille un morceau, je ne l'écoute pas souvent en disque... car déjà si je le travaille, je l'entends suffisamment comme ça...
Re: Peut-on écouter un morceau quand on le travaille ?
Peut-être (encore que dire qu'on n'inventera jamais rien, c'est un peu exagéré quand même hein, on n'a, Dieu merci, pas encore fait le tour des interprétations des oeuvres pour piano, mêmes les plus jouées). Mais ce qui compte, c'est de trouver cette interprétation par nous même, pas suite à l'écoute d'un autre.Bergamotte a écrit :Mais de toute façon, quoique tu fasses, tu n'inventeras jamais rien, il y aura toujours quelqu'un qui a joué telle mesure comme toi quelque part.
Ben non, pas pour moi, je ne pense pas manquer de personnalité, mais se permettre de dire par exemple d'une interprétation de Richter qu'elle est "nulle", c'est stupide selon moi. On ne parle pas de n'importe qui, il y a forcément quelque chose à retirer de cette interprétation. Si on n'aime pas, c'est que quelque chose nous échappe. Ca vaut le coup d'y réfléchir et de chercher pourquoi il joue de telle manière.Bergamotte a écrit : Ensuite, si on est pas capable au fond de soi ( je dis pas de le crier sur tous les toits), de trouver la façon dont tel interprête joue cette mesure nulle, c'est...un manque de personnalité, très français de dire " mais si il fait ca , il y a réfléchit, il y a forcément une bonne raison"... dire que c'est nul n'engage que soit, et est une marque justement qu'on a une idée très précise de l'interprétation, et qu'on a sa propre personnalité musicale... quelqu'un qui trouve tout bon, n'a juste pas de courage et est trop embrigadé dans le système ( très français encore une fois) de dire que si il le fait c'est qu'il a une raison, donc que c'est bon; ou juste n'a pas encore de personnalité musicale développée. Ce n'est en aucun cas une marque de prétention de trouver une interprétation nulle : on peut très bien avoir totalement tord, mais penser qu'un truc est nul suppose d'avoir notre idée précise, d'y avoir longtemps réfléchit.
Tu penses donc vraiment par exemple que Martha Argerich ou les autres grands interprètes écoutent 50 CD pour trouver leur interprétation ? Cela m'étonnerait beaucoup. Pour moi, rien ne dénature autant une oeuvre qu'une écoute en boucle d'interprétations totalement différentes. Chaque interprétation véhicule un message, transmet une vision d'une oeuvre. Le but n'est pas d'écouter des interprétations et ensuite de se dire "oui c'est cette idée là de l'oeuvre qui me plaît, c'est celle la que je veux rendre", il ne s'agit pas d'un QCM, il ne devrait pas y avoir de "choix". Il faut comprendre ce qu'on veut dire NOUS, afin de pouvoir l'exprimer. Ensuite, d'autres écoutes peuvent nous aider à l'exprimer, il est vrai.Bergamotte a écrit :Je pense que là dessus tu te trompes ( oui je sais ça n'engage que moi, mais pour avoir eu un certain nombre de longues discussions avec des profs à ce sujet, je ne suis pas la seule à le penser ^^). Encore une fois, ce que tu dis vaudrais pour quelqu'un par exemple qui est totalement débutant en musique, ou qui ne connais rien à la musique. Mais à partir du moment que l'on travail sa culture musicale, et le répertoire musical le plus vaste possible , alors ca devient faux.D'une part pour moi, construire une interprétation à partir de passages et de trucs qu'on aime bien chez les autres, ca n'est pas une bonne manière de procéder. On pense faire un truc personnel, et finalement ca n'est qu'un imbroglio de plein d'idées différentes qu'on pique à droite et à gauche, et qui ne s'accordent pas forcément. On s'efforce parfois par la suite de trouver une logique et un fil conducteur à cette mixture, mais ca ne vaudra jamais une interprétation totalement "libre" de toute influence (ou en tout cas influencée un minimum).
Pas forcément, tu peux être surpris d'une interprétation, et te dire "c'est génial, ca n'est pas du tout comme ça que je jouerais mais c'est génial". Parfois on aime mais il ne faut surtout pas essayer de rendre la même chose, comme je l'ai indiqué dans les exemples ci-dessus. Cziffra, Pogorelich, François, Gould etc...sont géniaux justement par leur forte personnalité qui fait que leur interprétation ne ressemble à aucune autre.Bergamotte a écrit : Déjà, pouvoir dire " ca j'aime" , en réalité cela implique " j'ai réfléchi à la chose, et cette vision correspond à ce que moi je veux entendre".
Bergamotte a écrit : Ensuite, partant de ce principe, il y aura automatiquement une cohérence avec les autres choses que l'on aime. Et pour finir, je n'ai jamais dit de copier bêtement, tout simplement parce que c'est impossible ^^ . Une interprétation libre de toute influence, ca n'existe pas, et si ca existait, ca serait sans doute parmis les pires interprétations ^^
Une interprétation libre de toute influence, pourquoi ca n'existerait pas ? Quand j'ai joué mon premier Ravel, je n'avais jamais entendu la moindre pièce de Ravel (hormis le regrettable Boléro :p ). Du coup, aucune interprétation ne m'a influencé. Je ne dis pas que c'était super génial, mais au moins je possède ma version propre, de référence, sur laquelle je peux me baser pour comparer avec ce que font les autres. Cette interprétation a beaucoup évolué depuis, mais au moins, savoir d'où je pars me permet de savoir à quoi je voulais arriver.
Bergamotte a écrit : la musique c'est quelque chose qui se transmet de générations en générations Ou alors c'est qu'on est dans son coin sans jamais avoir écouté la moindre chose, mais on est forcément pas un bon musicien.
Il y a une certaine transmission de prof à élève, mais ca reste limité...On ne devient pas qu'une version bis ou améliorée de son professeur. Si tous les élèves de Neuhaus (Guillels, Richter etc...) étaient devenus des Neuhaus bis, ils n'auraient surement pas eu la notoriété qu'ils ont aujourd'hui.
Certains ont grandis dans leur coin justement (Richter, François...), aux dernières nouvelles ils ne s'en sont pas trop mal sortis
Ce sont des génies hors du commun, je te l'accorde, mais c'est le "forcément" qui me chiffonne
Sinon oui il y a une histoire, un passé, qui sont importants, mais il n'y a pas à proprement parlé d'évolution ou de transmission pour moi.
Mais noooooooooooon ! J'ai plein d'amis dans au CNR/CNSM, certains (une minorité quand même) passent effectivement leur vie dans les bouquins, la théorie, l'analyse, les écoutes, les concours etc...et d'autres au contraire sont plus détachés, ils sont justement un peu dans leur monde, mais que j'aime quand ils m'y emmènent !Bergamotte a écrit : Il suffit de voir juste la différence, à niveau technique égal, entre quelqu'un qui aime apprendre, qui écoute beaucoup de musique, qui lit des livres sur l'art , etc, et quelqu'un qui n'a jamais ouvert un livre de sa vie ni écouter un CD, je crois que le résultat serait assez hallucinant
Je ne peux pas dire que les premiers sont meilleurs ou moins bons que les seconds ! Ils sont différents. C'est à chacun d'adapter son apprentissage à sa personnalité. Pour ma part, les premiers me mettent mal à l'aise, et leurs interprétations me donnent parfois mal à la tête. Je sens qu'ils s'y perdent parfois eux-mêmes d'avoir trop cherché, trop écouté. Ils se sont éloignés de leur idée première, et ca se ressent. Et rien ne m'exaspère plus que lorsque je reconnais trop nettement, dans certains passages, l'influence d'un grand pianiste. "Ah tiens, il joue ça comme Gould".
Et quand tu écoutes ton propre enregistrement où tu fais attendre cette note, ca ne te fait pas bizarre ? Si oui, quel intérêt d'écouter la même chose chez un autre, vu que l'écoute de ta propre version suffit ? Si non, c'est que peut-être que ta manière de jouer convient mieux, et que dans TON interprétation, le fait de faire attendre cette note passe tout à fait bien.Bergamotte a écrit : Bon plus concrêtement : pour la critique négative. Ca marche de deux façons principalement.
L'avantage du disque est je pense, une écoute objective, et qu'il est plus facile de critiquer les autres que soit même. Admettons, je suis dans tel morceau, et puis sur ma partition je me dis que "tiens si je faisais attendre cette note, ca pourrait être bien" , tu le fais, tu trouves ça pas mal. Puis tu écoutes un disque, et bien sûr il faut partir du principe que chacune de nos idées, il ya au moins 1000 pianistes ailleurs dans le monde qui y ont pensé (encore une fois, on invente rien ), et puis là on entend un inconnu retenir, faire attendre cette note. Et puis on se dit " finalement je m'en rendais pas compte, mais ça fait vraiment bizarre de l'extérieur, je vais la rejouer en mesure alors".
En gros, le fait que tu trouves ca bizarre dans l'interprétation de quelqu'un ne doit pas te permettre de conclure que ca sera bizarre dans ta propre interprétation.
J'ai déjà donné mon avis là-dessus Le jour où je trouverai par exemple une version de Gould mauvaise (et pourtant, elles sont parfois si éloignées des autres versions qu'on pourrait être choqué), j'irai me passer la tête sous l'eau froide.Bergamotte a écrit : Ou alors : tu écoutes un disque , tu trouves un passage mauvais joué comme il est , et alors tu te dis " bon dieu, ca c'est vraiment moche comme ça, il va falloir que je trouve ma façon de faire, mais alors surtout pas comme ca ! "
Comment ça "ce qui reste" ? Si tu te rends compte que c'est "déjà pris" tu laisses tomber ?Bergamotte a écrit :Je ne comprends vraiment pas ton lien avec la mesure... je parlais de ça récemment avec un chef, qui travaillait sur la première symphonie de Brahms, qui me disait avoir écouté pas loin de 25 interprétations différentes, en étudiant ce que faisait chacun. Et c'est pas un débutant hein^^ Nécessaire justement de savoir ce que les autres ont fait, ce qui reste, ce que l'histoire transmet, et il n'y a aucun phénomène de saturation, c'est un travail comme un autre dans la préparation d'un oeuvre.D'autre part lorsqu'on fait un travail d'écoute important, qu'on écoute plusieurs enregistrements d'une oeuvre, on finit en général par être saturé, on ne sait plus ce qu'on aime ou ce qu'on n'aime pas, ce qu'il faut ou ne faut pas faire etc...Un peu comme quand on travaille une mesure encore et encore et encore, elle finit par perdre toute musicalité pour ne devenir qu'une série de note, et le passage finit par être dénaturé. Pour moi ces écoutes doivent se faire au fil de l'eau, au fil des mois, voire des années, lorsqu'on tombe dessus, ou qu'on a envie d'écouter le morceau. Mais pas pour se forcer à faire un véritable travail de recherche.
Et pourquoi "ce que l'histoire transmet" ? Je trouve mon interprétation, qu'est ce que ca peut faire ce qu'il y avait avant ?? Il y a des interprétations obsolètes ? Has been ?
Ouiii je suis d'accord, encore que "il faut" c'est un peu tranché. Encore une fois ca dépend de la personnalité de chacun, et on ne peut pas reprocher à quelqu'un qui n'aime pas écouter et lire de ne pas le faire, et ca ne veut pas dire qu'il sera mauvais pour autant.Bergamotte a écrit :Encore une fois, écouter d'abord les autres permet d'autant plus d'avoir une version qui nous est propre Passé un certain niveau il est certain. Mais même pour les débutants, l'imitation n'est-elle pas la base du moindre apprentissage, dans n'importe quel domaine?Le mieux pour moi, c'est de trouver d'abord sa propre interprétation, et seulement ensuite d'écouter ce que font les autres. Ca nous permet au moins d'avoir une version qui nous est propre, et qui n'est pas polluée par tous les enregistrements qu'on a écouté. Ensuite on peut toujours la perfectionner en écoutant ce que font les autres, et en se disant effectivement "tiens ca sera peut-être mieux comme ça".
Il faut se nourrir de la musique, il faut connaitre le plus de chose possible, le plus de solutions possible, avoir de la culture, lire, écouter, si l'on veut être un bon musicien Voilà, c'est mon avis ( qui est tranché certes, mais vous pouvez à votre gré l'adoucir ^^)
Simplement pour moi, en conclusion et pour résumer, la nuance est la suivante :
écouter une oeuvre parce qu'on l'aime, oui, cent fois oui, lire un livre parce qu'il nous intéresse, évidemment, mais se forcer à ingurgiter des heures d'interprétations diverses pour trouver son chemin parmi tous les autres, non...
EDIT : et dire que je suis le premier à me plaindre des messages de 3km en général
Modifié en dernier par nox le lun. 27 juil., 2009 16:04, modifié 4 fois.
Re: Peut-on écouter un morceau quand on le travaille ?
Hello mister JLJean-Luc a écrit :Non, non, j'avais bien compris (c'est quand même le titre du topic... ).Bergamotte a écrit :Je suis plutôt daccord, mais on ne parle pas de la même chose, tu parles d'écouter pour le plaisir,je parle de l'écoute qui fait partie du travail sur un morceau
Même quand je travaille un morceau et que j'écoute un enregistrement, je n'y cherche pas des idées. J'essaie de voir comment le pianiste gère la cohérence du morceau. En réalité, quand je travaille un morceau, je ne l'écoute pas souvent en disque... car déjà si je le travaille, je l'entends suffisamment comme ça...
Bon ba en fait tu résumes en 2 lignes mon impression générale que je tartine dans tous les sens depuis 2 messages
tu bosses pas aujourd'hui ? C'est les vacances ?
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Re: Peut-on écouter un morceau quand on le travaille ?
J'ai bien bien lu ce que tu as écrit , et on a deux points de vue foncièrement différents , et on ne se convaincra ni l'un ni l'autre ( et heureusement, c'est pas le but ^^). Mais je pense que tu n'as pas saisi ce que j'ai voulu dire, mais je ne m'exprime sans doutes pas très clairement ^^ Par contre : "Si on n'aime pas, c'est que quelque chose nous échappe. Ca vaut le coup d'y réfléchir et de chercher pourquoi il joue de telle manière." Je ne peux pas te laisser dire ça ^^ Si on aime , c'est pas pour autant que quelque chose nous échappe... c'est que notre profonde conviction nous dit que c'est pas ça. Et notre profonde conviction a sans doute tort ^^ mais si on ne croit pas que notre profonde conviction est aussi valable que la profonde conviction de richter ou de karajan, autant changer de métier tout de suite!! Ce n'est ni prétention, juste pas d'hypocrisie. Si j'écoute Richter, et que telle mesure est à l'opposé de ce que moi je ressens, il faut que je pense que ma vision est plus juste et meilleure , même si je me trompe et que ca peut paraitre ridicule, le jour où j'arrêterai de penser ça, je changerai aussi de métier Et je ne vois même pas comment le contraire serait possible : tu écoutes, tu te dis que c'est meilleur, donc c'est bien que tu as une idée de ce que tu trouves bon, une "conviction profonde" mais, volontairement tu ferais ton interprétation moins bonne? le but dans la vie c'est pas de faire du mieux possible? Après bien sûr je parle d'idée d'interprétation, la réalisation c'est une autre histoire. Bon voilà, je crois qu'on s'est tout dit , ce petit débat fut un plaisir, merci bien messieurs
Modifié en dernier par Bergamotte le mer. 29 juil., 2009 19:57, modifié 2 fois.
- jean-séb
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Re: Peut-on écouter un morceau quand on le travaille ?
Bon, on devrait changer le sujet et prendre quelque chose de plus anodin : "Peut-on travailler quand on écoute un morceau "?
Jean-Séb
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Re: Peut-on écouter un morceau quand on le travaille ?
Non, c'est pas les vacances du tout... J'écris pendant ma pause déjeûner (tu noteras l'heure, hein !)... Le problème à l'hôpital, c'est que pendant l'été, il n'y a que les malades graves... donc plus de boulot!nox a écrit : tu bosses pas aujourd'hui ? C'est les vacances ?
Mais de rien, de rien. Même si on n'est pas d'accord, le forum est fait pour ça... !Bergamotte a écrit :Bon voilà, je crois qu'on s'est tout dit , ce petit débat fut un plaisir, merci bien messieurs
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Re: Peut-on écouter un morceau quand on le travaille ?
En fait, comme j'ai lancé ce sujet, il faut bien que je réactualise ce que j'ai dit.
En fait, je me suis aperçu que rien n'est plus contreproductif que d'écouter un interprète et d'essayer de retranscrire ce qu'il a fait. Je me suis rendu compte que, en général, quand je "n'arrive pas à jouer un passage", c'est qu'en fait je n'ai pas ma propre vision. Mais j'ai un peu évolué quand même car écouter quelqu'un d'autre peut faire remarquer des nuances, des "détails" qui m'auraient échappé.
En fait, je me suis aperçu que rien n'est plus contreproductif que d'écouter un interprète et d'essayer de retranscrire ce qu'il a fait. Je me suis rendu compte que, en général, quand je "n'arrive pas à jouer un passage", c'est qu'en fait je n'ai pas ma propre vision. Mais j'ai un peu évolué quand même car écouter quelqu'un d'autre peut faire remarquer des nuances, des "détails" qui m'auraient échappé.
Le tempo rubato est comme le vent jouant dans le feuillage d'un arbre dont les branches ne bougent pas.
Franz Liszt.
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- Bergamotte
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Re: Peut-on écouter un morceau quand on le travaille ?
Oui, pouvoir discuter sans se tapper dessus, c'est toujours agréable (même si on est pas daccord ^^)