Je te rejoins sur le fait que le rapport à la musique, à l'instrument évolue avec le temps, et c'est très bien d'ailleurs (notamment de dépasser l'esprit de compétition du conservatoire). Par conséquent, oui, on peut, évoluer, progresser sur l'interprétation, la traduction du morceau.Carla Rocío a écrit : ↑mar. 16 août, 2022 20:18 Parce que je pense que la technique peut s’améliorer, et les capacités expressives aussi.
Par exemple le rythme paraguayen je n’arrivais pas du tout à le faire il y a 20 ans, maintenant j’y arrive plus ou moins.
Je ressens mieux mes pièces maintenant. A l’époque j’avais aussi beaucoup moins de musicalité en tout cas je pouvais moins la manier.
Et mon agilité je ne l’ai acquise qu’après le conservatoire, en reprenant certaines pièces j’ai été étonnée que certains passages ne posent plus de problèmes alors qu’ils n’étaient pas maîtrisés à l’époque (et je jouais des trucs plus techniques que maintenant).
Au delà de l’aspect technique, je pense qu’avec la maturité musicale et personnelle qui s’acquiert (en partie) avec le temps et l’expérience de vie, on acquiert aussi une ouverture sur de nouvelles possibilités d’expression via un morceau. (Est-ce que la musicalité s’apprend et comment c’est encore un autre sujet pour un autre fil si ça n’existe pas déjà)
Mon propos était assez prosaïque, en se rapportant essentiellement aux questions techniques (même si je n'aime pas dissocier technique et interprétation puisque la première est déterminée par la seconde). Je ne pense pas avoir progressé sur ce plan depuis mes années de formation, c'est même plutôt l'inverse. J'ai vraiment le sentiment de m'appuyer sur un capital constitué il y a longtemps, et dont je tente de freiner l'érosion plus qu'autre chose.
D'accord, mais ce n'est pas comparable. Là, tu parles d'un morceau déjà maîtrisé (au sens où les notes, le tempo sont là) et la finition tend, dans la durée vers l'excellence au plus haut niveau. Comme quand Arrau dit qu'il n'a complètement maîtrisé l'étude Chasse sauvage qu'au bout de 40 ans... on se doute qu'il la jouait très bien dans sa jeunesse, mais on comprend bien ce qu'il veut dire.kerry117 a écrit : ↑mar. 16 août, 2022 23:57 Non, la question soulevée ne porte pas sur la durée d'apprentissage requise pour maitriser un morceau, mais sur l'interprétation non scolaire que je souhaite obtenir. Il y a une marche importance entre le résultat obtenu par un élève dans un conservatoire et la prestation réalisée par un concertiste.
Même maitrisé, il reste une marge de progression. D'où la possibilité de le laisser reposer pour le reprendre ensuite afin de l'améliorer
Oui, c'est vrai que certaines difficultés disparaissent en dépassant des blocages intellectuels ou en modifiant la position au clavier. Mais d'autres difficultés sont plus "structurelles" et nécessiteraient probablement de reprendre des bases pour les résoudre (par exemple, un son dur, ou bien les double-note). C'est évidemment difficile à l'âge adulte.
Cela rejoint la discussion plus haut : oui, il reste du travail, mais la base de départ est quand même solide, même si elle sonne parfois scolaire.kerry117 a écrit : ↑mar. 16 août, 2022 23:57 Pour un élève qui met la barre haut, qui est autonome, il est facile de comprendre qu'il reste du travail à accomplir sur le programme exécuté en public devant le jury même en ayant eu la mention TB et les félicitations du jury. Les critères d'évaluations ne sont peut-être pas tout à fait les mêmes que ceux du candidat qui vise une interprétation aboutie et non scolaire
La longueur du morceau n'est pas forcément une difficulté pour un élève qui sait travailler efficacement. L'endurance fait partie des objectifs mais la longueur des morceaux est conditionnée par la durée des programmes d'examens.
Je crois qu'une manière de rapprocher nos points de vue est de considérer qu'en quelques mois, il faut pouvoir jouer les notes au tempo, et qu'ensuite une phase de maturation indispensable permet d'affiner, avec pour seule limite la maturité et l'imagination de l'interprète.