Frontière entre défaut de composition et défaut d’interprétation

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Carla Rocío
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Frontière entre défaut de composition et défaut d’interprétation

Message par Carla Rocío »

Quand on joue l’œuvre d’un “grand” on sait que si ça sonne mal il y a de fortes chances pour qu’on l’interprète mal et que la composition n’est pas à remettre en question. Bon.

Mais quand on compose, où est-ce qu’on s’arrête dans l’exigence de l’interprétation ?? Il faut déjà pouvoir la jouer sois-même, certes, mais comment prévoir si on pourrait faire passer un effet en travaillant plus ou si on peut direct laisser tomber cet enchaînement-là?
Parce qu’on a pas forcément l’occasion de faire venir un pro pour tester nos idées….

Je remarque que souvent avec la délicatesse et finesse on peut juste tout faire passer comme enchaînement harmonique, du moment qu’on y met la bonne intention. Par exemple un mega descresc ou pp subito peut faire couler de source une dissonance ou une “aberration” harmonique
Mais jusqu’où peut-on compter là-dessus?

Je sais pas si ma question est très claire, je risque de faire un gros flop comme souvent avec mes questions mais je la tente quand même…

Quand vous composez, vous la mettez où la frontière entre la compo (le texte) et l’interprétation (l’intention)?

Sans compter que si jamais un autre pianiste joue le morceau il faut bien lui laisser la liberté de s’exprimer lui aussi donc pas trop cloisonner non plus avec trop d’indications en plus des notes…

Mais faut quand même avoir un texte assez “stable” pour permettre à cette liberté d’émerger tout en gardant l’authenticité de l’idée initiale de la Compo..

:?

Merci pour votre attention et pour vos idées
Oukee
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Re: Frontière entre défaut de composition et défaut d’interprétation

Message par Oukee »

Il est assez courant qu’un compositeur écrive pour un instrument dont il ne joue pas, ou pas au niveau exigé par l’œuvre (Ravel est l’exemple typique).
Il en résulte parfois des complications techniques démesurées par rapport aux ambitions musicales (le concerto pour piano de Dvorak en est l’illustration).
On sait que Brahms a consulté Joaquim pour écrire son concerto pour violon. Inversement, avec Beethoven qui jouait parfaitement bien et savait précisément ce qu’il voulait obtenir, beaucoup de morceaux ne tombent pas bien sous les doigts (ou l’archet).
Je pense que l’idée musicale importe le plus (au sens où elle va « déterminer » sa réalisation) : lorsque tu composes au piano, tu as déjà en tête là ou tu veux aller ?
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Carla Rocío
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Re: Frontière entre défaut de composition et défaut d’interprétation

Message par Carla Rocío »

Merci pour ta réponse Oukee.

Ça me rappelle que Rémi m’avait un peu montré comment composer pour cordes avec les notes que peut prendre un altiste/violoniste/etc ensemble, les cordes à vide etc.
Desfois il me disait par ex. Ton altiste à la maison il va se faire ch… à jouer tout seul, faut y remédier.
Donc en gros on est sensé penser à tout mais alors bonne chance..


Dans mon cas la technique c’est surtout dans les nuances et le musical, sans oreille absolue comme nos amis outre-tombe je peux pas écrire des trucs que je peux pas jouer.


Je ressens exactement quelle émotion je veux faire passer mais n’ai pas encore assez de connaissances harmoniques pour piocher dans une boîte à outils digne de ce nom.
Dans ma tête j’entends pas une harmonie mais un sentiment, juste une couleur. C’est la mélodie qui la donne, elle est fixe. Par contre l’accompagnement mg c’est du gros yahourt très basique et c’est ça que je veux enrichir.

Donc j’essaie plusieurs trucs au pif par exemple changer une note ou renverser l’accord, et tout à coup (donc au bout de 10h sur une mesure !!!) ça sonne ou du moins ça a l’air jusqu’au lendemain…

Mais si je garde l’harmonie simplette et que j’essaie différents nuances ou toucher, ralentir ou accentuer certaines notes (donc affirmer mon intention par l’interprétation) ça peut marcher aussi et ça me semble moins prise de tête.
Sauf que ce n’est pas l’harmonie qui parle d’elle même. Alors l’interprète aura plus de mal à mettre la pièce en valeur.

Du coup je me demande jusqu’où on a le droit de forcer un hypothétique interprète bénévole à faire cette recherche d’intention et de musicalité…
Oukee
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Re: Frontière entre défaut de composition et défaut d’interprétation

Message par Oukee »

Carla Rocío a écrit : lun. 01 août, 2022 21:12 Merci pour ta réponse Oukee.

Sauf que ce n’est pas l’harmonie qui parle d’elle même. Alors l’interprète aura plus de mal à mettre la pièce en valeur.

Du coup je me demande jusqu’où on a le droit de forcer un hypothétique interprète bénévole à faire cette recherche d’intention et de musicalité…
On ne force pas un interprète : Chopin n’a par exemple jamais joué les Kreisleriana que Schumann lui a dédiées… il n’avait pas d’affinité avec cette œuvre (et l’univers de Schumann en général).
Si un interprète se lance dans ta composition, c’est qu’elle le touche : tu peux donc tout lui demander ! (Ce qui ne l’empêchera pas de pester contre les tournures qu’il va trouver « non pianistiques »).
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Carla Rocío
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Re: Frontière entre défaut de composition et défaut d’interprétation

Message par Carla Rocío »

Oukee a écrit : lun. 01 août, 2022 22:11 Si un interprète se lance dans ta composition, c’est qu’elle le touche : tu peux donc tout lui demander !
Hum… ben ouais c’est vrai!

Il y a un pianiste qui m’a demandé compo1, par contre il a du m’entendre la jouer pour mieux comprendre comment l’interpréter, apparemment l’écriture était trop libre.
James kirby m’avait dit aussi qu’il ne retrouvait pas tous mes effets dans le texte.
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