Les pianistes classiques ont-ils une vie sociale en dehors du piano ?

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Carla Rocío
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Re: Les pianistes classiques ont-ils une vie sociale en dehors du piano ?

Message par Carla Rocío »

Nick Borderline a écrit : sam. 25 juin, 2022 7:17 Le piano est une priorité de vie depuis l’âge de 9 ans. Ça n’a pas aidé dans ses relations de couple car il y avait une concurrence du piano ressentie plus que factuelle.
Ah oui je confirme la forte concurrence potentielle au sein des relations de couples, mais on a aussi notre part de responsabilité si on délaisse notre piano en début de relation. Si on sait reconnaître et exprimer nos propres besoins et que les choses sont claires dès le départ on évite cette concurrence puisque l’autre sait et expérimente tout de suite où il atterrit. Sinon le piano peut devenir une menace fantôme, d’où le « plus ressentie que factuelle » peut-être?

Ça restera quand même toujours plus simple si la personne en face a aussi une passion, quelle qu’elle soit. Curieusement j’ai trouvé que sortir avec des musiciens (inclu pianistes) n’était pas forcément plus simple.

Pour la priorité ben y a effectivement des choix à faire et à assumer, en ce qui me concerne: bosser à temps partiel pour privilégier le temps à l’argent, soigner les relations et communications avec ses voisins: des petits chocolats à noël, tendre des petits services dès qu’on le peut etc…

En fait je crois que plus on assume nous même ce lien et plus ce sera facile pour les autres de nous prendre comme on est.
Oukee
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Re: Les pianistes classiques ont-ils une vie sociale en dehors du piano ?

Message par Oukee »

Carla Rocío a écrit : sam. 25 juin, 2022 14:47
Nick Borderline a écrit : sam. 25 juin, 2022 7:17 Le piano est une priorité de vie depuis l’âge de 9 ans. Ça n’a pas aidé dans ses relations de couple car il y avait une concurrence du piano ressentie plus que factuelle.
Ah oui je confirme la forte concurrence potentielle au sein des relations de couples, mais on a aussi notre part de responsabilité si on délaisse notre piano en début de relation. Si on sait reconnaître et exprimer nos propres besoins et que les choses sont claires dès le départ on évite cette concurrence puisque l’autre sait et expérimente tout de suite où il atterrit. Sinon le piano peut devenir une menace fantôme, d’où le « plus ressentie que factuelle » peut-être?

Ça restera quand même toujours plus simple si la personne en face a aussi une passion, quelle qu’elle soit. Curieusement j’ai trouvé que sortir avec des musiciens (inclu pianistes) n’était pas forcément plus simple.

Pour la priorité ben y a effectivement des choix à faire et à assumer, en ce qui me concerne: bosser à temps partiel pour privilégier le temps à l’argent, soigner les relations et communications avec ses voisins: des petits chocolats à noël, tendre des petits services dès qu’on le peut etc…

En fait je crois que plus on assume nous même ce lien et plus ce sera facile pour les autres de nous prendre comme on est.
La première concurrence est quand même celle du travail : difficile de concilier les journées à rallonge (surtout en France ou il est bien vue de faire acte de présence jusqu’à des heures avancées) avec la pratique de la musique (ou de toute autre activité demandant un investissement important). La encore, il y a des choix à faire (ne pas oublier la contrainte financière qui parfois ne laisse pas le choix).
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Nick Borderline
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Re: Les pianistes classiques ont-ils une vie sociale en dehors du piano ?

Message par Nick Borderline »

Carla Rocío a écrit : sam. 25 juin, 2022 14:47 Sinon le piano peut devenir une menace fantôme, d’où le « plus ressentie que factuelle » peut-être?
C’est exactement ça : une menace fantôme. :wink:

Oukee tu as raison sur la concurrence du travail. Il faut bien vivre. Et d’ailleurs une proportion probablement très importante de concertistes paient leur loyer et caddie en donnant des cours, plus qu’avec leurs cachets d’artiste.
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Carla Rocío
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Re: Les pianistes classiques ont-ils une vie sociale en dehors du piano ?

Message par Carla Rocío »

Oukee a écrit : sam. 25 juin, 2022 15:08 La première concurrence est quand même celle du travail : difficile de concilier les journées à rallonge (surtout en France ou il est bien vue de faire acte de présence jusqu’à des heures avancées) avec la pratique de la musique (ou de toute autre activité demandant un investissement important). La encore, il y a des choix à faire (ne pas oublier la contrainte financière qui parfois ne laisse pas le choix).
Très juste, c’est là où placer le piano en priorité a sûrement dû contribuer au fait que je me retrouve dans mon cas avec un travail intéressant et nourrissant ma musicalité et créativité, à temps partiel, à 10min de vélo de chez moi et où je suis quasi totalement libre de gérer mes horaires (mes pauses midi sont de 2h en moyenne si je décide de rentrer et ça c’est le pied tu retournes au taf tout neuf !!!!)
Mais cette vie c’est moi qui l’ai construite en faisant des choix et concessions. Ce n’est pas juste du bol ou le système local. Si j’avais moins eu le piano dans la peau depuis toujours et aussi clairement, ce serait différent.

Je vais dévier un peu mais…
Je suis même certaine qu’une vie de concertiste prof plein temps ou pas, (pour autant que j’aurais eusse?! pu l’avoir), ne m’aurait pas permis d’avoir une si belle vie au piano.
Des pro m’ont souvent dit que j’avais de la chance d’avoir cette liberté du lien au piano souvent supérieure à la leur…

Donc finalement le choix de ne pas avoir une vie pro (que j’ai dû affirmer plusieurs fois, même si c’est quasi sûr que ça n’aurait pas marché) peut être un sacré avantage pour… le piano…. :? :lol:

Musicalité rime aussi avec liberté 8)
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Re: Les pianistes classiques ont-ils une vie sociale en dehors du piano ?

Message par Oukee »

Carla Rocío a écrit : sam. 25 juin, 2022 16:19 Mais cette vie c’est moi qui l’ai construite en faisant des choix et concessions. Ce n’est pas juste du bol ou le système local. Si j’avais moins eu le piano dans la peau depuis toujours et aussi clairement, ce serait différent.
Très juste, je suis dans un cas un peu similaire (prise d'un nouveau poste juste avant le premier confinement dans lequel je suis beaucoup plus libre de m'organiser, ce qui m'a permis de reprendre le piano que j'avais négligé depuis trop longtemps).
Carla Rocío a écrit : sam. 25 juin, 2022 16:19 Je suis même certaine qu’une vie de concertiste prof plein temps ou pas, (pour autant que j’aurais eusse?! pu l’avoir), ne m’aurait pas permis d’avoir une si belle vie au piano.
Difficile à dire, en fait tu ne le sauras jamais.... je me méfie des scénarios dystopiques ("si j'avais décidé ceci, alors j'aurai fait cela"). Il nous faut admettre que nous n'avons qu'une vie !
Carla Rocío a écrit : sam. 25 juin, 2022 16:19 Des pro m’ont souvent dit que j’avais de la chance d’avoir cette liberté du lien au piano souvent supérieure à la leur…
Donc finalement le choix de ne pas avoir une vie pro (que j’ai dû affirmer plusieurs fois, même si c’est quasi sûr que ça n’aurait pas marché) peut être un sacré avantage pour… le piano…. :? :lol:
Musicalité rime aussi avec liberté 8)
C'est compliqué : tout dépend de la vie du pro en question, et tu as raison de souligner qu'il ne faut pas l'idéaliser. C'est sûr qu'enseigner du matin au soir à des élèves plus ou moins réceptifs (c'est à dire le quotidien de pas mal de diplômés du conservatoire) n'est pas forcément rose tous les jours. Mais à l'autre bout du spectre, jouer en concert les 20 regards de Messiaen comme le fait actuellement Bertrand Chamayou (formidable pianiste, au passage) constitue un accomplissement unique que (à mon avis) aucun amateur n'est capable d'approcher. Il y a mille façons de vivre une vie de professionnel du piano, de même qu'il y a mille façons de le faire en amateur.
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Carla Rocío
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Re: Les pianistes classiques ont-ils une vie sociale en dehors du piano ?

Message par Carla Rocío »

Oukee a écrit : sam. 25 juin, 2022 18:24 Très juste, je suis dans un cas un peu similaire (prise d'un nouveau poste juste avant le premier confinement dans lequel je suis beaucoup plus libre de m'organiser, ce qui m'a permis de reprendre le piano que j'avais négligé depuis trop longtemps).
Ah je suis contente pour toi j’imagine que ça a du te changer la vie!


Tu as raison il y a mille façons de vivre son rapport au piano et c’est dur de savoir si le chemin qu’on a pas choisi n’aurait pas fini par devenir le meilleur… mais je pense qu’on peut avoir des indices via les bandes annonces, même si c’est vrai qu’on ne sait jamais. Tu mets un orteil dans l’eau et tu sais si ce sera trop froid.

Pour ce qui est de jouer des œuvres compliquées, je pense qu’il y a toujours moyen…. Si on y met ce qu’il faut. Il y a des associations qui permettent de jouer avec orchestre en étant amateur.

D’ailleurs il faut qu’on reprenne nos ballades :D
Albane14
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Re: Les pianistes classiques ont-ils une vie sociale en dehors du piano ?

Message par Albane14 »

Pour ma part je suis quand même assez "effarée" du temps que prend le piano.

Je viens d'un sport chronophage, aussi bien dans le temps passé que la logistique avant/après. J'ai suspendu pas du tout par manque de temps.

Je suis en couple, je n'ai pas d'enfants (un vrai choix) et un travail avec des horaires aménageables, donc j'ai du temps.

Mais quand je me mets au piano, entre les exercices à faire (12 exo du Dozen + méthode de mon prof) et me faire plaisir sur des morceaux, 2/3h sont parfois passées. Je ne parle pas du temps de solfège que je me fixe également.

Alors je fais partie de ces gens qui sont opiniâtres mais aussi pas doués et j'ai besoin de beaucoup de répétitions pour acquérir quelque chose.

Je ne sais pas si c'est pareil de votre côté ? Si j'me fais 1h de piano j'ai pas la sensation d'avoir suffisamment avancé.
juju60270
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Re: Les pianistes classiques ont-ils une vie sociale en dehors du piano ?

Message par juju60270 »

C’est tellement de travail le piano, en amateur ou en pro, lorsque l’on est exigeant et volontaire, on y passe tant de temps… ici j’ai la chance de travailler de chez moi, donc en courant partout j’arrive a concilier boulot, deux a trois heures de piano par jour et les activites des momes, les moments en famille…

Hier on buvait un verre avec le directeur artistique de l’ecole de musique de mon fils. Le gars est bassiste, guirariste, il a joué avec des grands, se produisait au sunset, au baiser salé… et avec le prof de batterie de mon fils, dont la mère etait pianiste concertiste, pareil, il a enregistré avec des grands du jazz… les deux connaissent tellement de monde, c’est hyper interessant de discuter avec eux!
Les deux étaient a l’unisson sur le fait que le piano était l’instrument le plus difficile, qui demandait tant de travail… ils l’ont entendu jouer une fois, les deux m’ont dit direct que ca devait représenter tellement d’heures de travail…

Je crois que pour atteindre un certain niveau, y’a pas trop le choix finalement, il faut reussir a s’agencer des plages de travail coupé du monde
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Re: Les pianistes classiques ont-ils une vie sociale en dehors du piano ?

Message par Frely »

Albane14 a écrit : dim. 26 juin, 2022 10:16 Pour ma part je suis quand même assez "effarée" du temps que prend le piano.

Je viens d'un sport chronophage, aussi bien dans le temps passé que la logistique avant/après. J'ai suspendu pas du tout par manque de temps.

Je suis en couple, je n'ai pas d'enfants (un vrai choix) et un travail avec des horaires aménageables, donc j'ai du temps.

Mais quand je me mets au piano, entre les exercices à faire (12 exo du Dozen + méthode de mon prof) et me faire plaisir sur des morceaux, 2/3h sont parfois passées. Je ne parle pas du temps de solfège que je me fixe également.

Alors je fais partie de ces gens qui sont opiniâtres mais aussi pas doués et j'ai besoin de beaucoup de répétitions pour acquérir quelque chose.

Je ne sais pas si c'est pareil de votre côté ? Si j'me fais 1h de piano j'ai pas la sensation d'avoir suffisamment avancé.
Je partage complètement cette constatation. Entre la famille et le boulot, j’essaye de consacrer 1h à 1h30 au piano de manière quotidienne. Et je progresse très lentement, il faut être très opiniâtre en effet pour ne pas baisser les bras…
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Re: Les pianistes classiques ont-ils une vie sociale en dehors du piano ?

Message par lullablue »

j'ai rencontré il y a 2 mois un prof de piano (pas dans le cadre de son travail, je précise), il a fait beaucoup de concerts quand il était jeune donc plutôt bon, il en fait depuis enfant.
et bien je l'ai trouvé éteint, fatigué. il a un beau Sauter dans son salon, mais il en joue rarement. et j'ai tendance à croire que c'est parcequ'il en a fait son métier.
la relation au piano et aux autres devient totalement différente.
après, je ne dis pas que c'est tout les profs de piano pareils, la preuve, ma prof de piano est encore très investie dans son travail et dans la musique.
mais je pense qu'en en faisant son métier, on prend le risque d'éteindre cette flamme de joie de jouer du piano. il faut faire très attention à cela.

concernant la relation amoureuse, mon dernier compagnon avait sa propre passion, ce qui faisait que chacun avait son temps libre pour en profiter. et on avait biensur des moments en commun pour d'autres choses.
être honnête avec l'autre des le début me semble primordiale.
le piano restera mon seul amour :lol: :lol:
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Carla Rocío
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Re: Les pianistes classiques ont-ils une vie sociale en dehors du piano ?

Message par Carla Rocío »

Albane14 a écrit : dim. 26 juin, 2022 10:16 Pour ma part je suis quand même assez "effarée" du temps que prend le piano.

Je suis en couple, je n'ai pas d'enfants (un vrai choix) et un travail avec des horaires aménageables, donc j'ai du temps.

Mais quand je me mets au piano, entre les exercices à faire (12 exo du Dozen + méthode de mon prof) et me faire plaisir sur des morceaux, 2/3h sont parfois passées. Je ne parle pas du temps de solfège que je me fixe également.

Alors je fais partie de ces gens qui sont opiniâtres mais aussi pas doués et j'ai besoin de beaucoup de répétitions pour acquérir quelque chose.

Je ne sais pas si c'est pareil de votre côté ? Si j'me fais 1h de piano j'ai pas la sensation d'avoir suffisamment avancé.

Oh oui j’ai aussi besoin de beaucoup d’heures. Si je joue pas un jour j’ai l’impression d’avoir tout perdu. Par contre j’ai pas la patience de faire des exercices, je préfère les faire à l’idée de morceaux simples qui font travailler un aspect particulier.
Même choix que toi concernant la progéniture, ce qui libère bien du temps et c’est pas du luxe.

Qui disait ceci? Horowitz ou Rubinstein?
Si je joue pas un jour je vois la différence, si je joue pas 2 jours ma femme voit la différence, si je joue pas 3 jours mon public voit la différence »
?

@Lullablue: clairement que le piano reste le 1er et seul vrai amour et… le dernier amant… mais il partage :lol:
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