Aurele27 a écrit : ↑jeu. 06 janv., 2022 14:54
Pour moi et comme le dit si bien Pillg, on ne change pas le rythme qu’un compositeur a mis. S’il avait voulu mettre systématiquement « croche - 2 doubles et 2 doubles -croche » comme tu fais, il l’aurait écrit ainsi.
Et si on veut interpréter avec des accents agogiques comme tu dis, qui sont un choix d’interprétation, il faut d’abord savoir jouer le morceau nickel en place avec le rythme qui est écrit. Ensuite on peut interpréter.
Et ça ne doit a mon sens pas être toujours pareil sinon ce n’est plus une interprétation mais une réelle modification de la partition.
De plus, un accent sur une note ou autre ne doit pas être une déformation complète du rythme.
Alors poste nous déjà une version en place, et ensuite tu pourras faire qques choix d’interprétation.
Car je me demande si le problème est que tu n’es pas capable de réaliser ces triolets en réels triolets, donc tu fais comme tu peux. Ça donne vraiment cette impression en écoutant. Surtout qu’il n’y a pas que les triolets qui sont bancals.
Moi je ne trouve rien de convaincant dans l’explication de beemahl (en regard de son interprétation) et rien d’attrayant dans cette interprétation bancale.
Aurèle, tu exprimes ici un avis cartésien de notre époque qui commande de jouer ce qui est écrit. Rien de plus normal !
Mais l'art baroque en général et la musique en particulier sont très loins de cette logique. Le compositeur propose, l'interprète dispose... l'interprète est roi, c'est lui qui paye, il fait ce qu'il veut et ses moyens technique, artistisques (intellectuels ?) peuvent aussi le brider dans son expression sans qu'il soit question pour lui de le reconnaitre.
On est en plein stysle Rocaille, Rococo tout en courbes et en outrance.
Pour tout arranger l'accentuation du discours - capitale dans ce monde - respecte une hiérarchie aussi stricte que celle de la société, le temps fort est plus long que le faible, on joue aussi beaucoup "de 2 en 2", c'est comme ça... d'où les notes égales qui sont jouées inégalement.
Le compositeur écrit un texte "minimal" le plus souvent en notes égales, comportant plus ou moins d'ornements, sachant que l'interprète n'en fera sans doute qu'à sa tête... Chez Bach et Scarlatti ils sont peu abondants, sont notés les plus importants, pour le reste, chacun fait ce qu'il veux. Mais ça vaut aussi< pour le compositeur lui-même ! Dans certaines suites (Anglaises à coup sûr, Française je crois mais j'ai la flemme de tendre le bras pour vérifier
Bach donne deux versions de certaines Sarabande : la version basique, minimale, qu'on trouve d'un pureté divine aujourd'hui, et juste après la version "agrémentées" qui dégouline d'ornements qui ne se limitent pas aux symboles habituels, il ajoute des traits, de guirlandes...
à sa façon à lui de jouer
La profusion de notes peut faire douter de la possibilité de respecter la mesure, mais de toute façon la mesure était déjà structurée en temps de valeurs inégales.....
Beaucoup d'éléments ne sont pas écrits : Couperin est un des rares à donner des indications de temps. Le plus souvent il est implicite pour les danses d'une suite, tout le monde connait le caractère de chacune. Pour les figures abtraites : préludes, fugues, toccata et... l'interprète doit trouver lui-même le caractère de la pièce, mais les plages de tempo utilisées sont assez étroites, allegro et presto chez Scarlatti et Clementi sont nettement moins rapides qu'au XIXè siècle.
Je pense que les interprètes modernes (depuis le XIXè siècle) qui connaissaient ces usages anciens n'ont simplement pas voulu les reproduire parce que les goûts avaient changé, et que s'il fallait tout reconstituer du jeu baroque il fallait commencer par lâcher le piano pour un clavecin, s'assoir de travers, le corps légèrement tourné vers la droite - vers le public ! et se lancer dans ce qui aurait été jugé comme des simagrées, des aberrations rythmiques qui n'auraient pas été du goût du public...
Vouloir reconstituer au piano une interprétation "d'époque" est compliqué à mettre en oeuvre, pour un résultat déroutant sur un instrument qui s'y prête mal.
Les interprétations tirées au cordeau sont à coup sûr à côté de la plaque en terme de style mais sont très convaincantes simplement parce la musique de Bach, Rameau ou Scarlatti pour ne citer qu'eux est magnifique ainsi.
C'est un peu moins évident avec leurs ainés où les ornement sont indissociables du reste.