Trop bien!!! Ça change la vie merci!!!
Merci pour cette restitution très détaillée ! Quelle oreille incisive: tu as relevés tous mes pins non anodins..Aurele27 a écrit : ↑lun. 22 mars, 2021 11:04 Si on veut vraiment rentrer dans le détail, il y a un problème à la main gauche à la fin de la toute première partie, vers 30 sec, main gauche quasi absente/pas claire, du coup ça fait un trou bizarre.
Idem vers 44 secondes, erreur à la main gauche, la basse n’est pas la bonne et ce qu’il y a autour de cette basse ne me semble pas clair non plus. Je ne sais pas si c’est juste cette fois (erreur de mémoire ?) ou une erreur de texte, donc je préfère le signaler au cas où, si ça peut t’aider.
A 3’05 ta note d’arrivée est bien trop peu présente, pour moi ici c’est le premier point culminant de cette ballade, ça doit monter beaucoup plus (et non pas redescendre sur cette dernière note)
A 4’08 le trait est bien trop précipité, ça galope d’un coup.
C’est fou j’arrive à me souvenir de ce que j’ai pensé en les faisant:
Vers 30sec: « mince je recommence! Naaaaa pfff j’me rattraperai plus loin » Ce début je le travaille pas trop parce que j’ai besoin d’avoir toute la pièce dans les doigts d’abord. Comment introduire quelque chose que je n’ai pas encore apprivoisé? Je peux pas dire « il était une fois.. » si je connais pas encore toute l’histoire, j’introduirais rien du tout! Du coup je garde ça pour plus tard. Du coup il est systématiquement raté.
Vers 44sec: « zut c’était quoi déjà ici ? Allez ça passe mais roooh c’est toujours capricieux ici je bute à chaque fois ! »
Celui là je l’ai bien bossé suite à ta remarque, j’oublie tout le temps ces basses parce que j’ai pas pris le temps d’apprécier leur beauté. Du coup en ne me réjouissant pas de les entendre, je les zappe quasi systématiquement.
3’05: là j’étais dedans donc y avait silence dans ma tête. C'est voulu, en fait je ressens là une tension plutôt intime et intérieure, ce crescendo ne me parle pas il est trop explicite. Le passage qui suit a tellement de douceur pour moi, j’aimerais que ça naisse d’un petit cocon intime et protégé du monde, que cette douceur ait l’air d’émerger à partir de rien. Et pas qu’on sonne le glas avant avec un crescendo. S’il manque c’est que je traduis pas assez cette tension d’une autre manière, il faut que je table plus sur l’harmonie je pense (on m’a fait remarquer que ce sol b et le fa en basse c’était un accord de 9e de je sais plus quoi j’ai pas retenu le nom mais j’ai bien écouté et à les entendre ensemble ça fait une belle tension qui se résout magnifiquement sur la basse suivante (un si b je crois. D’ailleurs le si b est souvent synonyme de relâchement, on est en si b ou on se pose sur le 4e degré de fa mineur????).
4’08 : ouf suis revenue sur les rails faudra vraiment que je bosse ce truc j’en aurai jamais assez fait pfffff !! Oh la la mais je vais jamais tenir cette vitesse j’ai jamais été aussi vite wouaaaah c’est passé le bol!!! »
Cette transition je la maîtrise pas du tout parce qu’elle est mal introduite à cause de lacunes de notes juste avant à mon avis. Donc au lieu de vraiment la vivre je passe ce moment à critiquer mon exécution du passage d’avant. Alors elle est toujours à côté de la plaque, encore que cette fois les notes étaient là.
Tu as pointé tout ce que je dois solidifier, c’est super merci!
Merci Ninoff ! C’est bien ce que je cherche à tâtons sans jamais le trouver vraiment.. tu décris là le travail de toute une vie humaine : la recherche du présent et de la profondeur de l’instant, ça se passe pas qu’en musique d’ailleurs. C’est ce que je vise et j’y arrive chaque fois un peu plus (ou plutôt je dévie chaque fois un peu moins). Je joue bien que quand y a plein silence dans la tête et y a ce grand silence que quand je suis pleinement dans le ressenti des sons, du toucher, des images que j’ai dans la tête (j’aime bien fermer les yeux si je peux) et des émotions et souvent quand je suis bien centrée c’est chaud dans la gorge, y a un truc qui passe là.
Donc ça c’est ce que je vise, en fait je le trouve parfois mais ça dure qu’une mili seconde, pis heureusement ça revient. Comme un vieux film (vieux comme le monde) ou le but est de le faire défiler sans coupures. Ça va bien bien au delà du rapport avec le piano c’est une histoire de soi à soi (le Soi qui va bien au delà du Soi..) En fait c’est toujours cette histoire là qu’on raconte. Chopin nous a crée une route (la seule qui existe!) mais le point a, le point b, le véhicule et l’ambiance finalement c’est à nous. Enfin c’est ma vision.
Merci infiniment pour ton intervention qui me ramène à la source même de pourquoi faire de la musique, finalement y a que ça de vrai.