Scarbo - Le roman de Samson François

Théorie, jeu, répertoire, enseignement, partitions
Répondre
Avatar du membre
Christof
Messages : 6919
Enregistré le : lun. 18 avr., 2016 17:08
Mon piano : Yamaha G3
Localisation : Paris 75020

Scarbo - Le roman de Samson François

Message par Christof »

Image

Je ne pense pas qu'on ait déjà parlé déjà de ce livre "Scarbo - Le roman de Samson François" (Editions Van de Velde - Payot Lausanne) sur PM ? Livre sorti en mai 1985, soit quinze après le décès du fabuleux pianiste (J'en parle ici dans ce fil "piano" plutôt que dans le fil "lecture", pour lui donner plus de visibilité).

Je suis tombé dessus par hasard, récemment, chez un bouquiniste et j'ai vraiment aimé cet ouvrage qui cerne si bien le "mystère Samson François"...
Son auteur, Jérôme Spycket (il a notamment écrit la biographie de Clara Haskil) s'était pourtant juré de ne plus fournir une ligne sur un personnage qui n'eût disparu depuis cent ans au moins : "j'avais en effet touché du doigt la difficulté, ou plutôt les difficultés qu'il y a à vouloir faire un portrait aussi objectif et ressemblant que possible d'un être dont la famille et l'entourage son toujours présents".

Mais l'auteur explique ici de façon très intéressante les raisons qui l'on fait changer d'avis et vouloir écrire sans attendre ce "roman de Samson François" :
"Pourtant, rien ne peut remplacer les témoignages directs de ceux qui ont personnellement connu celui ou celle que ses activités ont mis, d'une façon ou d'une autre sur le devant de la scène - et moins encore ceux qui ont partagé son existence".
Les témoignages sont ce que sont les manifestations humaines, c'est-à-dire le plus souvent subjectifs, sinon même parfois déformés par des facteurs affectifs, au reste aussi bien dans un sens positif que négatif : les proches ont généralement tendance à idéaliser, tandis que certaines inimitiés, professionnelles ou autres, incitent à souligner les traits défavorables, et à noircir le portrait.
Par ailleurs, un être d'exception, qui justifie qu'on cherche à le mieux connaître, est généralement à facettes : ils en joue au cours de son existence, plus ou moins consciemment, montrant tel aspect de sa personnalité à ceux-ci, tel autre à ceux-là, réservant un comportement particulier ou des confidences à d'autres encore.

C'est ainsi qu'une confrontation brutale de tous les témoignages recueillis sur un même personnage peut faire apparaître des contradictions apparemment incompatibles, qui laissent le biographe d'abord désorienté. Il lui faut alors essayer de retrouver, sans le forcer, l'ordre des morceaux de ce puzzle déroutant. Il doit savoir dégager l'essentiel, élaguer, flairer l'exagération ou même l'imagination pure (sinon parfois le mensonge délibéré pour masquer une vérité) et surtout faire la part des réactions passionnelles, amours (épanouies ou déçues), rancunes, blessures - des circonstances aussi.
Mais l'accumulation des témoignages permet des recoupements indiscutables, tant en ce qui concernent les faits que la psychologie. Et peu à peu l'image apparaît, avec une grande netteté par endroits, avec aussi d'inévitables zones d'ombres.

Alors commence pour le biographe et son modèle une étonnante intimité. Faisant autant que possible abstraction de sa propre personnalité, de ses propres goûts, de ses propres certitudes, s'efforçant à ne pas juger, le biographe peut alors "vivre son modèle". Phase de dédoublement indispensable, qui transporte dans l'univers de l'autre, un univers passionnant mais pas pour autant facile souvent, un univers si complet en tous cas que, sans doute, aucun de ses proches n'aura pu le connaître dans son ensemble.

Un personnage public ne s'appartient pas, surtout s'il s'agit d'un artiste dont la vocation est de paraître. Il n'appartient pas davantage à ses proches, d'autant moins après qu'il a disparu et qu'il est alors tentant pour ceux qui restent soit de se mettre en avant, soit surtout de gommer par ci, d'enjoliver par là, pour donner une image idéalisée sans plus guère de rapport avec la réalité - au risque d'ailleurs, par une fausse conception immédiatement conformiste, de trahir ce qui faisait effectivement la qualité voire la grandeur du personnage en cause.

C'est là que le biographe risque de se heurter à un refus de vérités essentielles de la part de ses proches, et c'est de là que pourront naître les conflits majeurs.
Mais c'est une démarche nécessaire et, finalement, il ne faut pas attendre, car on risque aussi de perdre à jamais une source irremplaçable de renseignements. Car quand tous les protagonistes ont disparu, sur quoi se baser si d'aventure on veut retrouver ce que fut réellement un artiste du passé, et notamment un interprète ? Dans le meilleure hypothèse sur des écrits, des lettres, des critiques, c'est-à-dire des éléments forcément fragmentaires et généralement éparpillés : d'où le plus souvent l'impossibilité de reconstituer dans le détail une carrière, une vie, et surtout faire revivre humainement un personnage. Au risque aussi d'affecter des proches vivants par l'exposition de certains faits.

Tout cela pour expliquer que l'auteur a longtemps hésité à écrire cette biographie, bien qu'il s'agisse d'un personnage fascinant et hors du commun. Hésitation d'autant plus grande que Samson François a eu une vie assez mouvementée, et que pratiquement tous ceux qui y ont été mêlés, de plus ou moins près, étaient toujours là à la date de la sortie du livre. Il ne faut pas oublier qu'au moment où est paru l'ouvrage, Samson François disparu depuis quinze ans, n'aurait guère plus de soixante ans. Ce sont donc des dizaines d'années qu'il aurait fallu attendre pour que tous les acteurs de cette espèce de "tragédie-bouffe" qu'il fit de son existence, eussent disparu.

L'auteur s'est donc aperçu qu'il n'était que temps de publier cet ouvrage, car si l'essentiel des disques du pianiste montrent mieux que tout commentaire son génie musical, que resterait-il plus tard qui permette de peindre cette personnalité funambulesque, insaisissable comme un chat, ce farfadet charmeur et pervers, ce mal-aimant mal-aimé, ce tsar généreux et tyrannique, cet éternel adolescent meurtri et faussement gai, ce nomade - et cette carrière, à la fois fulgurante et pourtant si difficile ? En dehors des témoignages humains, pratiquement rien ! Les archives de l'Ecole Normale de Musique ont disparu, celles du Conservatoire National sont insignifiantes pour les années que Samson François y a passées. S'il a laissé quelques écrits, d'inspiration poétiques et philosophiques, il n'existe presque pas de lettres de lui (il téléphonait surtout, longuement, de partout, à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit de préférence, et ses notes faramineuses de téléphone étaient légendaires dans les hôtels où il descendait de par le monde, et à Paris même ! [Bien qu'ayant un appartement à Paris, Samson François adorait vivre dans les Palaces]).
En fait, les seuls documents concernant sa carrière sont ceux qui ont été conservés par sa femme, mais comme cette union n'a duré qu'environ un tiers du temps de sa vie professionnelle, on se trouve aujourd'hui devant une carence proprement stupéfiante.

En effet, voici un pianiste qui a marqué comme peu l'histoire, dont certaines interprétations sont devenues une sorte de référence, et qui , du début à la fin de sa carrière, est pratiquement resté fidèle à un seul imprésario comme à une seule maison de disques : or si celle-ci avait conservé quelques documents techniques, celui-là n'a rien conservé, ni programmes (une vingtaine sur les quelque 1200 concerts que Samson François a donnés en vingt-cinq ans de carrière), ni critiques, ni correspondances, ni photos - rien !
Par le biais de la comptabilité (via le fisc, qui lui réclamait des arriérés), il a été possible de reconstituer à peu près la chronologie et les lieux et de ses concerts - et de déduire le montant de ses cachets. C'est tout...

Un travail long et patient de fouilles et de recoupements a permis de retrouver finalement nombre d'éléments concernant les étapes les plus importantes de sa vie musicale, mais il demeure quelques approximations, voire des lacunes, mais l'essentiel a pu être reconstitué (notamment par l'intermédiaire de Josette Samson François), grâce à une multitude d'apports de toutes sortes et de toutes provenances.

J'ai trouvé cet ouvrage passionnant !!!

"Le 22 octobre 1970, l'équipe technique est à pied d’œuvre salle Wagram, dès 20h30. Samson ne s'est pas décommandé. Ils sont donc là, ponctuels, tout en sachant qu'ils vont devoir patienter (Samson se faisait toujours un devoir d'arriver en retard aux séances d'enregistrements...)
Une heure se passe sans que Samson paraisse. Après avoir attendu encore une dizaine de minutes, Eric Mac Leod décide tout de même d'appeler l'hôtel. On lui apprend que, descendant de sa chambre un moment plus tôt, Monsieur Samson François a eu un malaise au moment de sortir de l’ascenseur, et qu'il a été transporté d'urgence à l'hôtel Dieu. C'est la consternation, sinon l'étonnement : mais ce n'est peut-être pas si grave - il a une telle résistance ! Et alors là, il sera bien obligé de se soigner.
Une heure plus tard, sur la feuille de service qui porte toutes les indications concernant les séances d'enregistrement, une main anonyme écrira en face de cette date du 22/10/70 - 20h30 :

"N'a pas eu lieu : avons appris à 21h45 que l'artiste s'était trouvé mal à son hôtel (Hôtel Continental). Transporté à l'hôpital, Samson François est décédé à 22h15."


L'intégrale Debussy ne serait jamais achevée.

"On vit comme on veut ; on meurt comme on peut", répétait Samson François qui, dans une lettre imaginaire, écrite quinze ans plus tôt, disait déjà :
"Ah ! le prestige du départ ! Ceux qui partent et qu'on ne reverra jamais plus ! Voilà le vrai secret pour se faire aimer..."

En fait, son vrai secret pour se faire aimer, fut d'apporter à tant de gens tant de moments de rêve intense et de vertige poétique, une grâce magistrale quand il jouait.

"Au cours du cheminement d'une phrase vous avez... moi j'appelle ça comme une corde qui se brise. Par exemple, vous avez une phrase très calme, et c'est comme si vous parliez à un ami... et cet ami, tout à coup, meurt. Et vous vous dites : ce n'est pas possible ! Il y a deux minutes il était vivant, et voilà que... il n'est plus là.
Et c'est extraordinaire, parce que c'est tellement sensible dans certaines phrases de Chopin... Particulièrement, il y a un Nocturne, le Nocturne en réb, d'un esprit très élégiaque, d'un sentiment très élégiaque, et qui va tranquillement vers sa conclusion, lorsque tout d'un coup cette corde se brise !
Quelque chose se passe, qui est à la fois en harmonie avec ce qui a précédé, et qui est tout à fait différent : c'est là un autre monde tout d'un coup, dans lequel on pénètre..."
(Samson François).

Voici ce qu'a écrit la critique Yolande Thiriet, après l'un des concerts de l'artiste à Besançon :
"Ce n'est pas un pianiste, c'est un cas. On ne comprendra jamais comment la musique lui vient au bout des doigts ! ET par où elle passe ! Et vers quoi elle va ! On ne saura jamais très bien de quelle boîte sort ce drôle de petit diable blond qui traverse la scène en sautillant vite, comme s'il avait peur de se prendre les pieds en chemin dans les pans de son habit (trop long). On n'aura jamais fini de s'interroger sur les raisons de son regard absent, de son sourire lunaire, de ses tics, de ses trucs et des irrégularités qui le font, d'un soir à l'autre, côtoyer le pire ou l'exceptionnel. Ce n'est pas la peine de lui reprocher, il le sait. Il en fait l'aveu le premier. Il désamorce les velléités de jugement. Il pirouette devant la raison. Il étonne. Il amuse. Il agace. Il... Ce soir-là il est en état de grâce, en état second, sous hypnose..."

Lui, Samson, disait : "Quand je me mets au piano sur une scène, j'attends. J'attends l'inspiration. Il faut être complètement vide à ce moment-là. Il faut essayer d'oublier ce qu'on va jouer. On joue les premières mesures et on attend - la musique est un art si mystérieux, presque magique...
Si on se laisse aller à la routine, on en perd tout le sens. En outre et d'abord, je joue pour mon plaisir - c'est très égoïste. SI le public applaudit, cela montre qu'il est d'accord avec vous : il faut accueillir un public comme si on jouait chez soi. Il m'arrive d'être futile et gai avant un concert, et je dois me dire : "Attention".
Mais on est comme on est : si je suis gai, cela transparaîtra dans la musique. De la même façon, si je suis triste. Je ne considère jamais mon piano comme un bureau : ce n'est pas du business - je suis un amateur. Jouer du piano, c'est mon luxe. Je n'ai pas de message à donner au monde ! Je sais que cette approche va à l'encontre de la mode, mais je suis ainsi fait. Je ne pourrais pas considérer le piano comme un moyen de gagner ma vie - ce serait une insulte. Jouer du piano est un don."


Parmi ses notes manuscrites, certaines écrites lors de son dernier séjour en Amérique lors de concerts, d'autres retrouvées ailleurs et non datées, on peut lire :
"Essentiel pour le piano : le sens du toucher. Une des premières qualités du pianiste doit être une mémoire tactile : Chaque doigt est une voix qui chante.
Attaquer de haut, et en dessous de sa force.
Avoir la sensation tactile.
Pouces et poignets très haut, mains en dedans.
Ne jamais attaquer un trait avant d'avoir centré ses mains.
Ce qu'on joue est toujours facile.
Baisser les épaules, tenir la tête haute, regarder le moins possible le clavier. Pour entendre ce qu'on joue.
La musique est dans le temps, on a toujours le temps quand on joue.
Surtout ne pas s'occuper s'il y a du monde qui vous écoute : jouer doit être un plaisir égoïste.

Il faut aimer le clavier dans sa totalité absolue avant même que de le toucher, comme un fumeur d'opium considère sa pipe comme un dispensateur de rêve.
Ce n'est qu'après avoir éprouvé le sentiment de la totalité du clavier que l'on peut déterminer le point de départ, l'endroit où l'on coupe l'espace.
Jouer toujours très intense, mais seulement sur les notes déjà jouées - jamais dans l'attaque, qui doit être faible.

L'expression ne se donne que par le sentiment des intervalles, et par la respirations que ces derniers nécessitent.

Même dans les plus grands silences, jouez fortissimo... On joue comme si l'on allait arracher les notes ; il faut les prendre avec soi.

Chaque note est longue, longue...

L'effort, est une vue de l'esprit et ne peut être qu'idéal... L'effort toujours dans l'idéal en haut et vers l'absurde et ne vous posez pas de questions.
Mais le résultat est dans la chute, dans le résultat de votre effort et ne vous posez pas de question. Attendez...
Surtout ayez le courage, le grand courage d'attendre. Après tout, qui peut savoir ce qui va se passer.. APRÈS ? (à peine une double croche).

Chaque doigt sur chaque touche - recevoir la musique de ses doigts, telle qu'elle est.
Ne jamais entendre un son avant de l'avoir joué, mais l'entendre après.
Mains très basses, doigts très plats, articuler dans la longueur de la touche même - toucher la touche le plus loin possible dans sa longueur, la toucher tout simplement.
Chaque doigt sont autant de voix. Les doigts chantent... ils solfient naturellement, à haute voix.
Le sentiment de toucher provient de ce qu'on reçoit ce que l'on touche. Regarder, c'est toucher.

Le toucher doit toujours être amoureux. Par les doigts s'échappent la musique. Ne jamais jouer pour bien jouer. Ne jamais chercher à réaliser une interprétation ou une performance technique, cela empêche à se mettre à l'écoute de ce que les sons nous disent.

Ne jamais être timide ni résolu, mais attendez les histoires que vos doigts vont vous raconter, et puis la première note n'est rien, ni la deuxième, car c'est leur successions qui fait la beauté de la musique.

On joue TOUT bien, à condition de n'avoir ni interprétation ni technique. L'interprétation n'est qu'une idée préconçue, une émotion fanée, quand à la technique elle n'est qu'une formule par laquelle on apprend à jouer malgré soi."


C'est drôle, par certains de ses conseils, je le trouve finalement "très jazz" Samson François, artiste non conventionnel.
D'ailleurs, amoureux de la nuit, il aimait beaucoup le jazz et ne manquait jamais une occasion d'aller entendre Armstrong, Ellington, Fats Domino, Kenny Clarke, Monk, Ray Charles et autre Charlie Mingus. Ni surtout Art Tatum (en savoir plus ici) pour qui il avait une vraie passion :"Le jazz, c'est la ponctuation essentielle du langage musical. Et la couleur. Avant Debussy ce n'était que contraste... mais en blanc et noir."











Bruno Rigutto (seul disciple que n'a jamais eu Samson François) a un jour été frappé lorsque, travaillant Gaspard de la Nuit, Samson l'avait repris à tel endroit pour lui dire "Cette note, il faut qu'elle soit laide".

"Samson avait quelques problèmes dans sa fonction pédagogique. il ne savait pas du tout s'exprimer : lorsqu'il essayait de me dire quelque chose, je n'y comprenais rien ; mais il se mettait au piano, et là, cela devenait évident. Donc c'était uniquement instinctif..."
Modifié en dernier par Christof le ven. 28 août, 2020 22:43, modifié 5 fois.
Avatar du membre
mh_piano
Messages : 2343
Enregistré le : mar. 24 juil., 2018 20:39
Mon piano : Kawai RX3

Re: Scarbo - Le roman de Samson François

Message par mh_piano »

Super Christophe ! Merci pour cet exposé et les liens vidéos. Ça me donne évidemment envie de llire ce livre. Mon prof est un admirateur de Samson François, il conseille souvent de l'écouter.
Ninoff
Messages : 3547
Enregistré le : ven. 11 janv., 2019 11:51
Mon piano : Bechstein

Re: Scarbo - Le roman de Samson François

Message par Ninoff »

Oui jouer du piano est un don.
Ce fameux nocturne en Re bémol permet de comprendre et réaliser cette plongée dans l’essence de la musique.
Samson François par son approche nous ouvre des portes.
Merci Christof de nous rappeler à lui.
👌👌👌
Avatar du membre
Sylma
Messages : 610
Enregistré le : jeu. 16 avr., 2020 12:57
Mon piano : Seiler 131 Konzert/ Yamaha G3
Localisation : 13

Re: Scarbo - Le roman de Samson François

Message par Sylma »

Mille mercis Christof pour ce long et beau partage. Je vais de ce pas essayer de trouver ce livre.
Ninoff
Messages : 3547
Enregistré le : ven. 11 janv., 2019 11:51
Mon piano : Bechstein

Re: Scarbo - Le roman de Samson François

Message par Ninoff »

Une version intéressante de Yuja Wang, qui correspond bien à son jeu
Répondre