Travailler les nuances de ppp à fff sur piano numérique (vs acoustique), encore une galère pour le novice.

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Géphil
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Re: Travailler les nuances de ppp à fff sur piano numérique (vs acoustique), encore une galère pour le novice.

Message par Géphil »

Vous posez un problème intéressant. J'aurais plusieurs remarques :

- tout d'abord et le plus important, les nuances n'ont pas de valeurs absolues en terme d'intensité sonore. Elles dépendent de ce que vous jouez et où vous en êtres dans le morceau. Bien sûr pp sera toujours plus fort que ppp, p que pp, etc… Soit un piano*, un pianiste et des partitions : si vous avez un sonomètre vous ne pourriez pas toujours associer une valeur définie à une nuance donnée selon la pièce et le moment dans la pièce.Idem donc pour la vélocité.

- le terme de vélocité me paraît mieux adapté car l'échelle de valeur 0-127 mesure la vitesse à laquelle la touche est enfoncée.

- reste le problème du volume maître du piano numérique. Il ne modifie pas les relations d'ordre des nuances mais il peut fausser le jeu du pianiste. Pour ma part, sauf exercices, je joue toujours avec le volume maximum, car quand on passe sur un piano* on est d'abord surpris par le volume sonore.

Pour répondre à la dernière question comment maîtriser les nuances, je pense que le mieux est de s'enregistrer et de vérifier que le morceau tient musicalement.


* piano s'entend ici comme piano acoustique pour satisfaire la juste remarque de Jacques Béziat selon laquelle l'invention des pianos numériques n'a pas rendu les autres pianos acoustiques
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quazart
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Re: Travailler les nuances de ppp à fff sur piano numérique (vs acoustique), encore une galère pour le novice.

Message par quazart »

Kurt a écrit : jeu. 22 août, 2019 16:27...
Tu fausses un peu le problème...
La question est moins de savoir quelle intensité tu produis, que ce que tu veux produire.
L'oreille ne fait que constater (et pas toujours fidèlement), ce n'est pas elle qui dirige ! C'est toi qui dirige, tes bras, tes mains et tes doigts exécutent, l'oreille constate.
C'est le geste qu'il faut maitriser, apprendre à le mesurer en fonction de l'intensité voulue. Le même geste ne produira pas le même nombre de décibels selon l'instrument, il ne faut pas trop s'attacher à cette mesure.
N'est-ce pas

Re: Travailler les nuances de ppp à fff sur piano numérique (vs acoustique), encore une galère pour le novice.

Message par N'est-ce pas »

Kurt a écrit : ven. 23 août, 2019 0:50...
Pourquoi craindre ça si comme tu l'écris ailleurs

Kurt a écrit : jeu. 22 août, 2019 13:25 ...

?

Le sujet est-il : comment produire des nuances satisfaisantes sur un numérique ? Là selon moi l'oreille est juge et guide. Par ailleurs l'oreille se forme au solfège et en fréquentant les oeuvres.
Si le sujet est : comment s'entraîner sur un numérique à produire les gestes qui donneront les bonnes nuances sur un acoustique plus tard ?
Alors je dois avouer mon incompétence parce que j'ai tout de suite appris le piano sur des instruments acoustiques.
Et que les fois où j'ai fait le cheminement inverse, des essais sur pianos numériques, m'ont fait attester de la différence de fonctionnement, si grande que j'étais incapable de produire des nuances correctes.
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Jacques Béziat
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Re: Travailler les nuances de ppp à fff sur piano numérique (vs acoustique), encore une galère pour le novice.

Message par Jacques Béziat »

Kurt a écrit : ven. 23 août, 2019 0:50 ...
C'est ce que je te disais tout à l'heure : un instrument crée un espace sonore, c'est ce que tu vas devoir maîtriser, en plus de tes notes.
D'un piano à un autre, droit ou queue, il peut y avoir des différences de volume sonore, de toucher, mais bon, tu t'adaptes rapidement à ton instrument, les différences ne seront pas considérables, bien moins importantes que si tu as l'habitude de jouer à petit volume sur ton numérique ou bien que tu décides subitement de le pousser.

Ton point de repère, ce sera ce qui correspond à un piano acoustique, l'espace sonore qui en sort, et celui qu'entendra l'auditeur.
Jouer piano, ou forte, correspond à une certaine pression et rapidité d'exécution, adaptées au poids des touches.
Dès le premier cours on est censé prendre conscience du volume sonore d'un piano ! 8)
Sur un piano droit, tu prends tout le son dans la poire.
Sur un queue, s'il est ouvert, le son est plus puissant mais il sort un peu plus loin devant, c'est aussi fort dans les oreilles mais plus étalé dans la pièce.

En tant que pianiste, normalement tu n'es pas étonné, tu as pris l'habitude puisque dès le début tu es censé avoir joué sur un piano, de gérer toute cette masse de son, jouer piano ça fait déjà assez fort pour le pianiste qui est contre son instrument, ce sera un peu atténué pour l'auditeur un peu plus loin, mais il devra pouvoir t'entendre.
Jouer fort, beaucoup n'osent pas, et je dois leur rappeler que le nom entier du piano est piano-forte, comme l'appellent encore les Italiens ! :wink:

À cause du numérique, j'ai pas mal d'élèves qui n'ont aucune idée du volume sonore produit par un piano, ce qui fait que leur faire travailler les nuances revient à remettre en cause leur approche sonore, je ne suis pas toujours chez eux pour contrôler le volume de leur casque ou de leur amplification ! :roll:
Modifié en dernier par Jacques Béziat le ven. 23 août, 2019 1:19, modifié 1 fois.
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Re: Travailler les nuances de ppp à fff sur piano numérique (vs acoustique), encore une galère pour le novice.

Message par Jacques Béziat »

Une anecdote, qui m'arrive hélas assez souvent :

Je demande à un élève, qui est sur un numérique, de jouer plus fort.

Certains du coup poussent le volume de l'ampli.

Et là j'ai un moment de lassitude qui me gagne... :roll:
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N'est-ce pas

Re: Travailler les nuances de ppp à fff sur piano numérique (vs acoustique), encore une galère pour le novice.

Message par N'est-ce pas »

Kurt a écrit : ven. 23 août, 2019 1:18...
Ok, j'avais mal compris. J'avais cru lire dans la considération suivante, qui rejoint ce sujet-ci, un motif de ne pas vouloir non plus en jouer:
Trop sonore (et je parle pour mes propres oreilles. Ça me saoulerait bien vite de ne pas régler le volume).
(Par ailleurs il existe des façons de contrôler l'intensité sonore sur les pianos acoustiques, outre le jeu du pianiste : pédale de sourdine feutrée, pédale una corda)
Kurt a écrit : ven. 23 août, 2019 1:18...
Je peux comprendre l'idée d'être tout terrain. Un peu plus de mal avec la volonté de se préparer à des terrains où on pourrait ne jamais aller.
Dans le sens inverse, ça ne me frustre pas du tout d'avoir été incapable de nuancer mon jeu sur un numérique, d'avoir probablement eu l'air d'un clown, les quelques fois où je m'y suis essayé. Je me dis que je n'ai simplement pas l'habitude d'utiliser ce moyen de viser la beauté.
Ma petite expérience de la transition entre les deux types d'instruments me fait donc douter qu'on puisse anticiper les ajustements.
Désolé si je suis hors-sujet, mais je ne vois pas de solution plus simple pour apprendre à jouer des bonnes nuances sur un acoustique, que de jouer sur un acoustique.
Kurt a écrit : ven. 23 août, 2019 1:45...
Je suspecte deux idées d'être à la source des doutes de ce fil :
- être un "pianiste à part entière" implique d'être capable de sortir des nuances sur un acoustique, le faire sur un numérique est accessoire
- cette capacité s'obtiendrait par un contrôle physique ("doser physiquement") indépendamment du résultat sonore.

L'idée d'un pianiste à part entière me paraît chargée de jugements de valeur. On pourrait la délester en disant qu'il suffit de jouer du piano pour être un pianiste à part entière. Et que sur les deux sortes d'instruments il y a de la beauté à produire.
L'idée d'un travail sur les nuances sans l'écoute de l'oreille me paraît vraiment bizarre. Seule la musique importe en fin de compte. Que m'importe qu'un pianiste ait eu l'impression d'y aller plus fort avec ses bras si ce que j'entends me parait plus faible ?
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Re: Travailler les nuances de ppp à fff sur piano numérique (vs acoustique), encore une galère pour le novice.

Message par BM607 »

quazart a écrit : jeu. 22 août, 2019 22:50 La question est moins de savoir quelle intensité tu produis, que ce que tu veux produire.
L'oreille ne fait que constater (et pas toujours fidèlement), ce n'est pas elle qui dirige ! C'est toi qui dirige, tes bras, tes mains et tes doigts exécutent, l'oreille constate.
C'est le geste qu'il faut maitriser, apprendre à le mesurer en fonction de l'intensité voulue. Le même geste ne produira pas le même nombre de décibels selon l'instrument, il ne faut pas trop s'attacher à cette mesure.
Je n'aurais pas dit ça comme ça pour ma part.
Je trouve que l'oreille attend un son, qu'on a anticipé de produire, d'aller chercher, et qu'ensuite seconde difficulté elle doit vérifier qu'il y a adéquation entre ce qu'elle attendait et ce qui sort.
C'est une différence quand on avance dans le piano, on veut d'abord un son de manière précise et non plus la bonne touche, ou plutôt les bonnes touches parce qu'on veut en fait plusieurs sons, à savoir une musique. Et quand on n'a pas par avance d'idée de ce qu'on cherche, ben l'oreille ne fait que constater et ça ne fait pas de la musique.
Là je suis revenu quelques jours sur mon P120, mon oreille maintenant n'attend plus ce qu'elle attend de mon S4. Plus la peine de chercher un beau LA grave bien soutenu à gauche, bien marqué et qui doit ressortir de la mélodie comme un coup de gong (je cite un exemple précis sur ce que je joue en ce moment), juste un vague ff non tenu.
Et donc après un peu d'adaptation je peux de nouveau jouer et rechercher des sons, de la musique.

Mes2CentimesDeFranc, c'était juste pour m'éclaircir les idées sur ce sujet fondamental pour moi.

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Re: Travailler les nuances de ppp à fff sur piano numérique (vs acoustique), encore une galère pour le novice.

Message par leLama »

Salut Kurt et bon vendredi ;)

Je sens pour ma part qu'il est difficile d'objectiver le dosage de la musique. Si on cherche un referentiel pour les p,pp,ff, un geste qu'il faudrait faire pour sortir une belle musique et de jolies nuances, on court le risque me semble-t-il de patiner a coté de l'activité. Je trouve preferable de fermer les yeux, écouter la musique, ressentir et jouer les nuances comme elles nous viennent naturellement. Les gestes s'adaptent a l'objectif musical plutot que l'inverse.

Je pense d'ailleurs qu'il n'existe pas de mesure objective d'un pp ou d'un ff. Un mf d'un accord dissonnant sonne parfois plus fort qu'un ff dans un contexte tres harmonique. Un mf apres un ppp sonne comme un ff.

Et le materiel joue aussi : les marteaux lourds coté grave impliquent une gestuelle differente que les marteaux légers des aigus et une gestuelle encore differente avec les touches a ressort des numeriques et leur absence de resonnance physique quand on les bouscule.
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quazart
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Re: Travailler les nuances de ppp à fff sur piano numérique (vs acoustique), encore une galère pour le novice.

Message par quazart »

BM607 a écrit : ven. 23 août, 2019 5:43 Je n'aurais pas dit ça comme ça pour ma part.
Je trouve que l'oreille attend un son, qu'on a anticipé de produire, d'aller chercher, et qu'ensuite seconde difficulté elle doit vérifier qu'il y a adéquation entre ce qu'elle attendait et ce qui sort.
C'est une différence quand on avance dans le piano, on veut d'abord un son de manière précise et non plus la bonne touche, ou plutôt les bonnes touches parce qu'on veut en fait plusieurs sons, à savoir une musique. Et quand on n'a pas par avance d'idée de ce qu'on cherche, ben l'oreille ne fait que constater et ça ne fait pas de la musique.
Ma réponse est adaptée au cas de Kurt : il ne connait pas l'intensité sonore de son jeu, il n'en a idée que via un séquenceur !
Ses oreilles n'ont donc pas d'attente particulière a priori, ce qu'il recherche est de se constituer une échelle d'intensités pour s'y retrouver.
Il lui faut des repères simples comme ceux que j'ai indiqués pour pourvoir graduer son échelle.

Pour l'anecdote, et sans vouloir tout ramener à moi, l'attente d'un son en particulier ne sert pas à grand chose quand on change d'instrument comme je l'ai fait cet été, il faut construire une nouvelle échelle à partir des caractéristiques de l'instrument et son jeu. C'est à rapprocher de ce que dit Jacques au sujet de ceux de ses élèves qui ne travaillent que sur numérique. C'est ce qui est déroutant quand on change d'instrument.

L'oreille n'a pas une échelle absolue s'appliquant à tout type d'instrument, elle doit s'adapter à l'instrument. Un "FF" sur mon C1X et un autre sur mon CA67 ne donnent absolument pas le même résultat. Mais je produis les deux de la même manière.
arg

Re: Travailler les nuances de ppp à fff sur piano numérique (vs acoustique), encore une galère pour le novice.

Message par arg »

Oui je résumerai (c'est un peu caricatural mais je pense que c'est juste): on crée son jeu et ses nuances et ses repères, on s'échantillonne en quelque sorte, à partir de l'instrument qu'on joue. Si on change régulièrement d'instrument on apprend à s'adapter. Si on ne joue que sur un seul instrument, qu'(il soit numérique ou acoustique, c'est l'instrument qui façonne peu à peu notre jeu, notre oreille et notre geste va s'adapter à ce qu'on entend et ce qu'on veut faire. Je ne pense pas qu'on puisse vraiment répondre à Kurt puisque le séquenceur est là... et de toute façon même sur piano acoustique, il y a de telles différences d'un piano à l''autre qu'un même geste va produire des effets extrêmement différents, ne permettant pas en soi de savoir où est le curseur pour soi...
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Jacques Béziat
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Re: Travailler les nuances de ppp à fff sur piano numérique (vs acoustique), encore une galère pour le novice.

Message par Jacques Béziat »

Il est clair que quelqu'un qui passe d'un piano droit à un queue aura déjà une sacrée surprise, et qu'il devra adapter son jeu.
Il est important de jouer sur des instruments différents afin de conserver une bonne capacité d'adaptation, et cela reste une expérience cumulative enrichissante.

Avec un numérique, l'ambigüité est réelle : un numérique est conçu pour se rapprocher au plus près de l'acoustique, même si ça reste encore loin, en montant en gamme il devient de moins en moins mauvais (je n'ai pas osé dire de mieux en mieux :mrgreen: ), mais si l'utilisateur ne cherche pas de son côté à restituer au mieux le son et le volume sonore d'un vrai piano, il passe à côté d'éléments très importants, il n'a fait que la moitié du chemin.

Avec mon Clavinova 675, je me mets dans les oreilles (au casque, pas le choix) à peu près le volume d'un queue, toujours le même, et vu que le son est déjà assez élaboré je retrouve quelques caractéristiques du vrai piano, encore heureux me direz-vous, comme certaines résonances, et le son qui change avec les nuances, ce n'est pas Byzance mais bon, il y a pire.
Je verrai plus tard si j'utilise Pianoteq sur le PC et mon Clavinova comme clavier-maître, peut-être y aura-t-il un bénéfice au niveau des dynamiques, j'en avais davantage sur mon droit. :roll:

Mais je peux le faire parce que j'ai une référence de vrai piano dans ma tête.
Sans cette référence, on joue du piano numérique, mais pas du piano, et on ne peut aborder les morceaux, classiques notamment, avec un objectif correspondant à leur esprit, à-travers le phrasé et les nuances que seul peut restituer un vrai piano (ou un super piano modélisé sur gros PC, j'ignore si cela existe mais on doit pouvoir s'en approcher).

Les nuances, ce n'est pas une galère, c'est même tout le plaisir, alliées au phrasé, une fois les notes maîtrisées, et c'est justement ce qui fait l'intérêt d'un morceau. C'est un élément essentiel que j'incorpore très vite dans l'apprentissage, dès les premiers mois, mais les nuances n'ont une raison d'exister que dans le cadre d'un volume sonore suffisant et maîtrisé, avec un instrument qui répond, et un pianiste qui ressent l'envie de les faire, dans la compréhension du morceau qui les exige. :)
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Re: Travailler les nuances de ppp à fff sur piano numérique (vs acoustique), encore une galère pour le novice.

Message par floyer »

Jacques Béziat a écrit : ven. 23 août, 2019 21:00 à-travers le phrasé et les nuances que seul peut restituer un vrai piano (ou un super piano modélisé sur gros PC, j'ignore si cela existe
Les nuances seules... donc un chiffre entre 1 et 127 généralement.

La vidéo - - semble indiquer un impact du timbre par le phrasé qui agirait de façon complémentaire. Les claviers ne peuvent mesurer ce paramètre supplémentaire (il faudrait mesurer plusieurs vitesses pour avoir l’accélération, ce qui n’est pas fait).

Certains pianos virtuels ont des échantillons normaux et des échantillons staccato, mais on ne passe de l’un à l’autre que par changement de paramètres (coup de souris !) ce qui réduit l’intérêt.

NB : Les Yamaha indique prendre en compte le phrasé, mais cela concerne plutôt la mesure de la vitesse du relâchement. Utile, mais différent de ce qui est démontré.
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Re: Travailler les nuances de ppp à fff sur piano numérique (vs acoustique), encore une galère pour le novice.

Message par Jacques Béziat »

Soit je persiste dans mes doutes, dans le cas très hypothétique où un jour je joue sur un piano acoustique, ou juste parce que j'avais envie de me sentir pianiste à part entière et que je voulais bien doser mon jeu "physiquement" même sur mon numérique. C'est un pan important de ma motivation. J'ai cru qu'il m'était possible d'être pianiste, enfin, presque pianiste. Me sentir pianiste.
Il ne faut pas être si négatif, amigo ! :wink:

Moi non plus je n'ai pas (plus) de piano acoustique, mais on peut améliorer certains points :
- à la longue, peut-être économiser et investir dans un numérique plus haut de gamme (avec un très bon casque), les numériques ont malgré tout fait des progrès depuis vingt ans :) ,
- trouver le moyen de dénicher un bon droit ou un queue sur lequel jouer de temps en temps, afin d'en tirer une expérience sensorielle/auditive.

Cette dernière expérience peut finir par te servir de référentiel, tu sais vers quoi te diriger, tu prends plus de plaisir parce que tu enrichis tes morceaux, tu vibres davantage avec eux, tu sauras mieux maîtriser les nuances ! :)
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Re: Travailler les nuances de ppp à fff sur piano numérique (vs acoustique), encore une galère pour le novice.

Message par Cadenza »

La question posée et les échanges qui s'ensuivent m'amènent plusieurs pensées un peu éparses :

- la définition des nuances
Je considère avoir grosso modo toujours joué sur acoustique (ma pratique personnelle a été à la maison sur un numérique pendant 3 mois, puis j'ai pris l'habitude de pratiquer au conservatoire. J'ai alors continué à pratiquer sur mon numérique qu'à l'occasion, les fins de semaine, en fin de soirée, et généralement plutôt pour de la lecture à vue ou du déchiffrage que pour bosser l'interprétation). Cela ne change pas grand chose à la question posée, à savoir comment on définit un pianissimo, un mezzo-piano, un forte, ...
Tous les profs avec lesquels cette question a été abordée m'ont toujours reflété que ma définition n'était pas bonne. En effet, parfois, jouant un morceau donné, mon prof m'arrête et me demande à quelle nuance je considère être en train de jouer. Il est arrivé à plusieurs reprises de situation où je réponde «je joue mezzo-forte» et mon prof de dire «non, ça c'est piano!». Et je pense que cela est dû au fait que l'on est limité, lorsque l'on débute, dans la gamme de nuance que l'on est capable de produire. Donc on se construit une échelle du son le plus doux au son le plus fort que l'on est capable de produire, on cale un pianissimo au premier, un fortissimo au second, et une échelle à peu près linéaire entre les deux. Mais il faut un certain temps avant d'apprendre à jouer fort (surtout à bien jouer fort). Et c'est là que l'on arrive à élargir l'échelle et à en arriver avec les «bonne définitions». Je n'y suis toujours pas, mais au moins, je peux entendre la voix de mon prof quand j'hésite à jouer plus fort et me dire que sûrement que je dois pousser un peu plus pour atteindre la vraie nuance souhaitée.

- la production des nuances
C'est déjà très différent d'un acoustique à l'autre, selon la dureté du clavier. Et ce sera aussi très différent (probablement encore plus) d'un numérique à l'autre. On ne peut assurément pas lier un geste à une nuance, sauf à ne jamais changer d'instrument. L'oreille est toujours le meilleur guide. Et pour cela, je pense que l'oreille doit d'abord expérimenter quel est le registre de nuances possibles sur un instrument donné (numérique ou acoustique) pour se faire une idée de l'échelle avec laquelle on peut jouer. Ensuite adapter le geste au volume souhaité.

- l'approche factuelle
La façon dont tu abordes la question me rappelle un autre fil où il était question de l'apprentissage à l'âge adulte vs pendant l'enfance. Un des points soulevés qui nuisait à l'apprentissage à l'âge adulte était une trop grande recherche de compréhension, trop de questionnements, par rapport l'expérimentation, l'essai-erreur. L'adulte va plus volontiers demander, par exemple, comment faire pour bien jouer fort. Il cherchera à penser à relâcher la tension dans l'épaule, le bras, les poignets; garder le bout des doigts ferme au moment d'enfoncer la note, puis de relâcher pour laisser seulement assez de force pour tenir la touche enfoncée; de soutenir au minimum le poids du bras afin que le poids serve le plus possible à la production du son; ... bref, de tenter de penser à chaque petit détail pour un geste qui dure une fraction de seconde. Et évidemment, il est impossible de penser à tout cela en même temps. Il est souvent plus efficace de simplement penser au résultat désiré, jouer, écouter, se demander si le résultat produit correspond à ce qui était désiré, et réajuster au besoin.
Dans le cas spécifique des nuances, je serais bien embêtée de donner des conseils précis puisque je considère ne pas maîtriser du tout la question. Toutefois, je pense à d'autres conseils que mon prof peut me donner parfois. Par exemple, plutôt que de penser à faire une note détachée, simplement penser que je dois jouer la note suivante (si cela nécessite un saut, par exemple).
Il est difficile de s'extraire de cette approche. On a l'habitude de vouloir comprendre (moi la première... au travail, qu'on ne vienne pas me demander de faire X plutôt que Y sans m'expliquer en quoi c'est mieux - sauf évidences, évidemment :P ). Mais pour jouer de la musique, l'important n'est pas de comprendre, mais de savoir faire. Et le meilleur moyen est parfois de penser consciemment à autre chose que ce que l'on cherche à produire.
Ce qui n'est pas simple à expliquer en mot, mais j'espère que cela peut contribuer un peu à ta réflexion. :)
Mon parcours musical, du jour 1 (février 2016), avec ses hauts et ses bas. ;)
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Re: Travailler les nuances de ppp à fff sur piano numérique (vs acoustique), encore une galère pour le novice.

Message par Jacques Béziat »

floyer a écrit : ven. 23 août, 2019 21:27
Jacques Béziat a écrit : ven. 23 août, 2019 21:00 à-travers le phrasé et les nuances que seul peut restituer un vrai piano (ou un super piano modélisé sur gros PC, j'ignore si cela existe
Les nuances seules... donc un chiffre entre 1 et 127 généralement.

La vidéo semble indiquer un impact du timbre par le phrasé qui agirait de façon complémentaire. Les claviers ne peuvent mesurer ce paramètre supplémentaire (il faudrait mesurer plusieurs vitesses pour avoir l’accélération, ce qui n’est pas fait).

Certains pianos virtuels ont des échantillons normaux et des échantillons staccato, mais on ne passe de l’un à l’autre que par changement de paramètres (coup de souris !) ce qui réduit l’intérêt.

NB : Les Yamaha indique prendre en compte le phrasé, mais cela concerne plutôt la mesure de la vitesse du relâchement. Utile, mais différent de ce qui est démontré.
Y aurait-il un effet cumulatif sur un vrai piano que la numérisation n'arrive pas (encore) à restituer ?

En tous cas, je trouve qu'il est fort difficile sur un numérique de faire ressortir/chanter un thème au milieu de l'accompagnement, et par rapport à un vrai piano j'ai toujours l'impression qu'il manque de la patate, comme si je ne parvenais pas à dépasser le ff, quand sur un vrai piano on peut faire un fff, ou même un sforzando bien net !
Il semble manquer encore de l'amplitude au numérique.
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Re: Travailler les nuances de ppp à fff sur piano numérique (vs acoustique), encore une galère pour le novice.

Message par floyer »

L’effet cumulatif est simple à produire : ne pas arrêter les échantillons en court de jeux et lancer un nouveau. En considérant le mouvement des cordes linéaires (approximation !), cela marche.

Non, ce qui peut manquer le plus est de mesurer le mouvement de la touche en le résumant à plus d’un paramètre (vitesse finale) en supposant qu’elle est trop réductrice. (Il peut manquer l’oscillations du marteau ou que sais-je).

Pour les nuances, c’est peut-être lié au piano. Avec un piano virtuel échantillonné, si le dernier échantillons est enregistré à 6m/s, on n’aura pas de timbre plus riche. En revanche, Pianoteq a un réglage « Dynamics » qui permet de choisir l’écart entre les notes les plus fortes et les plus faibles. Il permet aussi de régler une courbe de corrélation entre le chiffre fourni par ton piano et ce qu’interprète Pianoteq. (Comme le réglage de dureté du Clavinova, en plus flexible). Dynamics concerne le volume... avec la version Standard (pas Stage) de Pianoteq, tu peux rendre aussi le marteau plus dur aux nuances (velocity) de 32, 64 et 96 pour accentuer la différence de timbre des nuances fortes. (Les VSL comme les Ivory ont aussi un réglage « Dynamic »)
arg

Re: Travailler les nuances de ppp à fff sur piano numérique (vs acoustique), encore une galère pour le novice.

Message par arg »

Il y a quand même une référence pour quelqu'un qui n'a jamais joué sur acoustique, c'est tout simplement d'avoir déjà entendu un acoustique... On ne peut se représenter avec fidélité "comment jouer du piano" que si on a déjà entendu un piano, non ? Donc peut être que c'est très simpliste, mais il me semble que pour les nuances c'est exactement pareil.
On a un système de références de ce qu'est un morceau de piano, avec ses nuances et tout ce qui en fait son identité, par des enregistrements, des concerts, et c'est à ce système qu'on se réfère. Donc je ne vois pas trop quelle est la question des nuances sur numérique, à part celle des limites liées au numérique qui est alors une question technique, mais le ressenti s'obtient par l'expérience davantage que par le questionnement. Il est possible (probable!) que je n'ai pas compris la question de départ...
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Re: Travailler les nuances de ppp à fff sur piano numérique (vs acoustique), encore une galère pour le novice.

Message par Jacques Béziat »

arg a écrit : sam. 24 août, 2019 11:55 Il y a quand même une référence pour quelqu'un qui n'a jamais joué sur acoustique, c'est tout simplement d'avoir déjà entendu un acoustique... On ne peut se représenter avec fidélité "comment jouer du piano" que si on a déjà entendu un piano, non ? Donc peut être que c'est très simpliste, mais il me semble que pour les nuances c'est exactement pareil.
On a un système de références de ce qu'est un morceau de piano, avec ses nuances et tout ce qui en fait son identité, par des enregistrements, des concerts, et c'est à ce système qu'on se réfère. Donc je ne vois pas trop quelle est la question des nuances sur numérique, à part celle des limites liées au numérique qui est alors une question technique, mais le ressenti s'obtient par l'expérience davantage que par le questionnement. Il est possible (probable!) que je n'ai pas compris la question de départ...
En effet, bien vu : personnellement je ne cesse de me dire en jouant que tel ou tel passage serait différent avec un acoustique, je ne peux m'empêcher d'y penser, je n'ai jamais le sentiment d'être serein sur un instrument de musique à part à entière, mais sur un succédanée, sans plus, et c'est vrai concrètement, ça manque de dynamiques, de caractère, par rapport à mon ancien droit.
Finalement, je suis peu satisfait de mon Clavinova, plus le temps passe et plus il me lasse. :roll:
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tblb
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Re: Travailler les nuances de ppp à fff sur piano numérique (vs acoustique), encore une galère pour le novice.

Message par tblb »

Par exemple sur mon Casio, je n’arrive pas tres bien à timbrer les accords, c’est pas évident . J’avais essayé avec pianoteq et bizarrement c’etait Plus simple.
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Jacques Béziat
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Re: Travailler les nuances de ppp à fff sur piano numérique (vs acoustique), encore une galère pour le novice.

Message par Jacques Béziat »

tblb a écrit : sam. 24 août, 2019 19:42 Par exemple sur mon Casio, je n’arrive pas tres bien à timbrer les accords, c’est pas évident . J’avais essayé avec pianoteq et bizarrement c’etait Plus simple.
Je connais ton Celviano, ne le prends pas mal 8) mais franchement il ne me plaît pas des masses.
Je préfère par exemple le Yamaha YDP-164 aussi bien pour le clavier que pour l'amplification.

Quoi qu'il en soit, on est toujours frustré quelque part avec un numérique. :roll:
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