Question IMPRO

Théorie, jeu, répertoire, enseignement, partitions
pianoheal
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Question IMPRO

Message par pianoheal »

Bonjour,

j'avais une question concernant l'improvisation svp:

jusqu'à présent quand j'improvisais je choisissais une tonalité et des accords pour me donner un "cadre" et ensuite je m'amusais avec ça mais l'autre jour je regardais des vidéos de thomas enhco et il y a un point que je n'ai pas compris, apparemment il expliquait qu'on pouvait changer de gamme/mode dès qu'on change d'accord au cours de l'improvisation, alors que moi imaginons si j'ai commencé avec les notes de la gamme de Do mineur, je reste sur cette gamme là pendant toute l'impro (à moins de moduler avec les accords pour changer de tonalité comme en classique)

je sais pas si c'est clair haha quelqu'un pourrait m'expliquer svp? :)
Géphil
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Re: Question IMPRO

Message par Géphil »

Sur une suite d'accords (grille) on peut improviser de plusieurs façons :

- repérer les différentes tonalités et improviser avec les notes de ces tonalités (par exemple do majeur puis sol majeur etc..). Pour identifier les tonalités s'appuyer sur les cadences ou les demi-cadences.

- improviser sur les modes induits par chaque accord. Sur un accord mineur on peut utiliser le mode mineur naturel, mineur harmonique, mineur mélodique, dorien, phrygien, blues mineur etc…

- improviser dans un mode plus ou moins distant de l'accord, par exemple sur un accord de dominante utiliser la tonalité de cette dominante ou le mode lydien (le plus proche de cet accord selon Georges Russel), une gamme be bop ou un mode altéré, une gamme par ton etc..

Pour ma part, je travaille, dans la même improvisation, depuis le mode le plus proche de la grille (la tonalité : in) vers des modes plus étrangers (out) jusqu'à parfois utiliser une gamme chromatique puis revenir vers la tonalité.

Le mode de blues à une particularité comme le mode mineur harmonique ou le mode phrygien, c'est que ces modes sont très reconnaissables à l'oreille et peuvent faire "oublier" un temps la grille harmonique. A ce titre on peut les utiliser n'importe quand ou presque.

Mais l'important dans tout cela est de construire des phrases qui maintiennent une variété dans l'improvisation. Rien n'est plus ennuyeux que d'enfiler une monotonie de clichés.
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Christof
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Re: Question IMPRO

Message par Christof »

Géphil a écrit : lun. 19 août, 2019 8:11 Mais l'important dans tout cela est de construire des phrases qui maintiennent une variété dans l'improvisation. Rien n'est plus ennuyeux que d'enfiler une monotonie de clichés.
Oh que oui ! Finalement, tout passe par le chant, par une mélodie, pouvoir chanter de "belles phrases" sur n'importe quel accord.
Ce qui suppose aussi de bien entendre les notes pivots de l'accord, ce que j'appelle les fondations "les piliers de l'accord", et aussi ce qui fait leur coloration, les notes qui constitue ce qu'on appelle la superstructure. Pouvoir aussi repérer dans une suite d'accord quelles vont être les notes communes à ces accords, sachant que si on suit une note commune, celle-ci aura alors une fonction différente dans l'accord et on peut jouer avec cela.
Savoir aussi tourner autour d'une note (approche chromatique) : j'en avais donné un exemple ici (mais là, lire paragraphe en dessous, c'est un peu "mécanique").

Oui, c'est important de connaître les modes pour chaque accord, les couleurs qu'on peut y mettre, de travailler ces gammes sur l'accord en question. Mais comme l'explique Géphil, il faut faire attention car cela peut devenir très vite mécanique, loin de la musique. C'est pour cela que je conseille toujours de revenir au chant. Aucune phrase en musique est gratuite, et c'est là toute la difficulté dans l'improvisation...
jazzy
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Re: Question IMPRO

Message par jazzy »

L'essentiel est dit dans les posts précédents.
Il existe également la possibilité d'improviser sur des notes hors de toute gamme de la grille, "improviser out", pour sortir des conventions et des habitudes. Mais c'est sans doute à utiliser avec précaution, parcimonie et dans le but de revenir aux notes de la tonalité. En fait c'est à l'oreille de décider si ça convient ou pas.
Je pense que ça dépend aussi du style de jazz que l'on joue. Je pense que l'on n'improvise pas de la même manière sur une balade de type Thomas Encho que sur un style funk jazz par exemple, style qui "supportera" beaucoup mieux les notes "hors harmonie".
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Jacques Béziat
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Re: Question IMPRO

Message par Jacques Béziat »

Il est clair que le style de musique influera fortement sur le déroulement musical et la technique utilisée.

Le style n'est qu'une forme de langage musical spécifique, un code culturel obéissant à des gammes et des rythmes spécifiques.

L'improvisation s'est perpétuée en classique à l'orgue, puisqu'on improvise depuis la Renaissance : à l'époque de Bach tous les organistes improvisaient déjà, ce qui est devenu à la fois une tradition et une obligation à cause des offices, plus tard le fameux style symphonique français des XIXème et XXème siècles a été magnifié par des compositeurs comme Franck, Gigout, Widor, Dupré, et par tous les interprètes de l'époque (Cochereau).
Ensuite un style vigoureusement plus moderne a été introduit par Messiaen, Guillou, etc...
Au Conservatoire l'improvisation à l'orgue constitue même un enseignement spécifique : improvisation de la fugue, exercice très ardu, et à côté celle dite libre mais obéissant encore à des règles d'harmonie et de contrepoint, de style, etc...

Les guitaristes ont très vite introduit l'improvisation, qui est même devenu un élément incontournable dans le rock'n roll, le rock ou le hard rock, jusque dans la variété.

Au piano l'improvisation en classique s'est perdue, alors que Liszt et Chopin la pratiquaient encore.

Hors classique, le blues, le jazz, ont permis de relancer l'improvisation au piano, selon des codes correspondant à leurs styles respectifs.

Et l'improvisation au jazz est même devenu la norme : un thème et tout le reste est impro, avec en prime des styles de jazz différents (bebop, hard bebop, etc...), mais en suivant le même fil conducteur, et en se servant (normalement), tout le long, des accords et des mesures du thème.
Dans ce dernier cas, on est encore dans une norme, et dans un langage spécifique (le jazz et ses gammes).

Il ne faut pas non plus perdre de vue le rythme qui fait partie intégrante d'un style musical, l'improvisation doit en tenir compte si elle veut mieux s'intégrer au morceau initial, ou si l'improvisation est le morceau lui-même.

Keith Jarrett ou Thomas Encho and co mélangent quelques styles : jazz, classique (?), des éléments de musique répétitive, ça donne ce que ça donne, à chacun d'apprécier ou non (moi non. 8) ).

Il y a de nombreuses façons d'improviser, en effet, comme l'a souligné Géphil !

Déjà, entre l'improvisation normative, celle d'une fugue par exemple, une intervention au sein d'un morceau, un morceau de jazz inspiré par un thème, et un morceau entièrement improvisé à la Jarrett, il y a des mondes très différents.
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jazzy
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Re: Question IMPRO

Message par jazzy »

Jacques Béziat a écrit : lun. 19 août, 2019 13:26
Il ne faut pas non plus perdre de vue le rythme qui fait partie intégrante d'un style musical, l'improvisation doit en tenir compte si elle veut mieux s'intégrer au morceau initial, ou si l'improvisation est le morceau lui-même.

Tout à fait d'accord, le rythme et le phrasé du rythme sont je pense très importants dans les différents styles de jazz...
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Jacques Béziat
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Re: Question IMPRO

Message par Jacques Béziat »

jazzy a écrit : lun. 19 août, 2019 14:26
Tout à fait d'accord, le rythme et le phrasé du rythme sont je pense très importants dans les différents styles de jazz...
Et je ne puis m'empêcher de penser, en jazz classique dirons-nous, aux fabuleux développements improvisés (et si magnifiquement construits !) d'Oscar Peterson, éblouissant personnage, qui est resté pour moi un modèle, une référence, indépendamment de Bill Evans ou autres Herbie Hancock et Chick Corea bien entendu. :)
Fin de l'a parte. 8)
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Géphil
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Re: Question IMPRO

Message par Géphil »

Jacques Béziat a écrit : lun. 19 août, 2019 13:26
Au piano l'improvisation en classique s'est perdue, alors que Liszt et Chopin la pratiquaient encore.
On en trouve encore de rares :

Karol Beffa : https://www.youtube.com/watch?v=bWq73Fw8VAk
Dan Tepfer https://www.youtube.com/watch?v=V8WGcjB6ryI

Mais c'est vrai que ce n'est pas la majorité !
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Jacques Béziat
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Re: Question IMPRO

Message par Jacques Béziat »

Géphil a écrit : lun. 19 août, 2019 14:54 On en trouve encore de rares :

Karol Beffa : https://www.youtube.com/watch?v=bWq73Fw8VAk
Dan Tepfer https://www.youtube.com/watch?v=V8WGcjB6ryI

Mais c'est vrai que ce n'est pas la majorité !
Et en tout cas, plus une tradition comme autrefois ! (merci pour les liens)
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nutopia
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Re: Question IMPRO

Message par nutopia »

Les commentaires sur YouTube :roll: :shock: :lol: :


Tous ces prix au conservatoire pour pondre un truc pareil...quelle misère...
Drôle d'époque, drôle de musicien, complètement régressif...
Ecoutez donc les improvisations de Thierry Escaich et vous verrez ce que l'on peut encore faire dans le cadre de la musique tonale qui
soit génialement créatif.


His interpretation is a rip off from Glenn Gould's 1981 recording. Only a very mediocre one, of course, without Gould's depth and phrasing. I wish Columbia/Sony would sue him for interpretation copyrights infringement. He should spend more time practising than looking after his hair.
Soyez vous-même, les autres sont déjà pris !
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Christof
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Re: Question IMPRO

Message par Christof »

nutopia a écrit : lun. 19 août, 2019 22:58 Ecoutez donc les improvisations de Thierry Escaich et vous verrez ce que l'on peut encore faire dans le cadre de la musique tonale qui
soit génialement créatif.
N'oublions pas non plus Paul Goussot, pour moi l'un des plus grands !
https://paulgoussot.com/
pianoheal
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Re: Question IMPRO

Message par pianoheal »

merci pour vos réponses ! :)
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Jacques Béziat
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Re: Question IMPRO

Message par Jacques Béziat »

pianoheal a écrit : jeu. 22 août, 2019 23:15 merci pour vos réponses ! :)
Pour répondre plus précisément à ta question de départ, mais rapidement, il y a plusieurs façons de changer de tonalité.
Grosso modo, changer de tonalité, ce qu'on appelle moduler, c'est prendre un aiguillage pour quitter doucement la voie principale et prendre une voie secondaire, pour plus tard revenir à la voie principale, ou revenir à la maison en somme. Les accords de septième (j'entends accord majeur + septième mineure) sont souvent des aiguillages :wink: .

Une modulation est une balade momentanée dans le jardin d'à côté, ça peut durer une demi-mesure comme une page entière, généralement on utilise des signaux pour avertir qu'on prend un chemin de traverse, ou un aiguillage : une altération, un accord de septième, et hop on glisse à côté ! :wink:
Il faudra un autre, ou plusieurs aiguillages, pour revenir doucement à la voie principale (la tonalité d'origine).
Les styles musicaux peuvent prendre des chemins plus brutaux et se passer d'aiguillage, de manière moins académique.

Les grands compositeurs savent parfaitement moduler, et même en cascade, ce sont les cadences, les marches harmoniques, bien menées elles peuvent devenir des moments d'extase (Bach, Beethoven, Chopin, etc...), en jazz les glissements de tonalité sont souvent recherchés également.
Et en blues, le glissement est perpétuel, puisqu'on passe de septième en septième, à l'intérieur du mouvement des 12 mesures répétées elles-mêmes en boucle !

Il est d'ailleurs souvent plus difficile de revenir à la tonalité d'origine que de la quitter. Il y a des pièges !

Les accords de septième (accord majeur + septième mineure), peuvent être souvent compris comme des accords de dominante de la tonalité qui suit, c'est le signal !
Exemple : tu es en ut majeur, tu fais un accord de do ou C. Tu passes en fa très facilement en utilisant d'abord le même accord de do puis l'accord de fa, tu avais déjà ton accord de dominante ! :wink:
Tu veux accentuer ton aiguillage, mieux expliquer que tu changes de voie, eh bien tu ajoutes le si bémol qui appartient à la tonalité de fa, c'est l'accord de Do7 ou C7, c'est ton aiguillage !
La septième tu peux la faire glisser encore plus en douceur en jouant d'abord ton si naturel, soit un accord de do7M ou C7M (do majeur + septième majeure), puis ton si descend sur le bémol qui crée l'accord de C7 (do majeur + septième mineure), et paf tu poses ton accord de fa, tu as modulé ! :)

En harmonisation je fais faire des marches harmoniques en passant directement d'une dominante à l'autre, on glisse ainsi en cascade et en douceur d'une tonalité à l'autre très facilement, la septième de dominante servant ainsi de signal (du moins l'accentuant) : les élèves sont interloqués avec les marches, et ça leur fait travailler plein de tonalités auxquelles ils ne sont pas habitués.
En impro, c'est super utile de savoir ainsi moduler, sans craindre la tonalité suivante : dièzes, bémols, bécarres, à vos marques ! :mrgreen:

La tonalité la plus proche est le relatif mineur ou majeur : par exemple de do majeur à la mineur, ou inversement.
Ensuite c'est la tonalité à la quinte juste inférieure (ou quarte juste supérieure, cela revient au même) : par exemple de do à fa. Et une fois sur fa, ce sera pareil, tu peux rebondir sur une autre modulation aussi facilement : le relatif ou la quinte inférieure, etc...
Ces tonalités sont proches en écriture mais aussi à l'oreille, ce n'est pas un hasard.
Pour apprendre, il faut commencer avec ces tonalités proches.

Ensuite on peut travailler les montées ou descentes chromatiques, par exemple, et encore d'autres systèmes, c'est difficile mais passionnant !! :)
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jazzy
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Re: Question IMPRO

Message par jazzy »

Jacques Béziat a écrit : jeu. 22 août, 2019 23:37

Les accords de septième (accord majeur + septième mineure), peuvent être souvent compris comme des accords de dominante de la tonalité qui suit, c'est le signal !
Exemple : tu es en ut majeur, tu fais un accord de do ou C. Tu passes en fa très facilement en utilisant d'abord le même accord de do puis l'accord de fa, tu avais déjà ton accord de dominante ! :wink:
Tu veux accentuer ton aiguillage, mieux expliquer que tu changes de voie, eh bien tu ajoutes le si bémol qui appartient à la tonalité de fa, c'est l'accord de Do7 ou C7, c'est ton aiguillage !
La septième tu peux la faire glisser encore plus en douceur en jouant d'abord ton si naturel, soit un accord de do7M ou C7M (do majeur + septième majeure), puis ton si descend sur le bémol qui crée l'accord de C7 (do majeur + septième mineure), et paf tu poses ton accord de fa, tu as modulé ! :)
En jazz, il y a un petit "truc" qui est souvent utilisé pour moduler dans une autre tonalité, ou pour ré-harmoniser une grille d’accords. On utilise un II-V7-I pour arriver sur la nouvelle tonalité .
Par exemple je suis en Do majeur et je veux arriver sur on accord de Lab majeur. Pour amener ce changement, je ferai un Sibm7 suivi d'un Mib7 dans la mesure qui précède le Lab majeur.
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Athos
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Re: Question IMPRO

Message par Athos »

À vrai dire, tout celà est trop complexe pour moi et je crois bien que ça m'ennuie (pour rester poli) et me rebute, mes capacités d'apprentissage étant très limitées.

J'essaie de vagues impros de débutant après des années de cours ... et de travail peu assidu.

Par contre, j'arrive à improviser un peu sans penser aux accords, juste à l'oreille.
Sûrement pas une voie d'avenir, avec des fausses notes, mais j'en resterai là je crois. 8)
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Christof
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Re: Question IMPRO

Message par Christof »

Jacques Béziat a écrit : jeu. 22 août, 2019 23:37
pianoheal a écrit : jeu. 22 août, 2019 23:15 merci pour vos réponses ! :)
''
Pour répondre plus précisément à ta question de départ, mais rapidement, il yu a plusieurs façons de changer de tonalité.
Grosso modo, changer de tonalité, ce qu'on appelle moduler, c'est prendre un aiguillage pour quitter doucement la voie principale et prendre une voie secondaire, pour plus tard revenir à la voie principale, ou revenir à la maison en somme. Les accords de septième (j'entends accord majeur + septième mineure) sont souvent des aiguillages :wink: .
(...)

Les grands compositeurs savent parfaitement moduler, et même en cascade, ce sont les cadences, les marches harmoniques, bien menées elles peuvent devenir des moments d'extase (Bach, Beethoven, Chopin, etc...), en jazz les glissements de tonalité sont souvent recherchés également.

(... et toute la suite de ton message)
Superbe Jacques ton explication imagée.

Dans les modulateurs incroyables, l'extase, je rajouterai Schubert...
Je viens de découvrir le quatre mains Lebensstürme... mon dieu ces modulations extraordinaires... A un moment par exemple, on est sur un accord de sol# (qui fait partie de la tonalité de la mineur et aurait pu se résoudre sur ce la), mais non, ce sol# se transforme en La b et on passe en lab majeur (mesure 87-88) et tout est à l'avenant. Absolument génial.
Modifié en dernier par Christof le ven. 23 août, 2019 13:10, modifié 1 fois.
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Re: Question IMPRO

Message par jazzy »

Athos a écrit : ven. 23 août, 2019 11:39
Par contre, j'arrive à improviser un peu sans penser aux accords, juste à l'oreille.
Sûrement pas une voie d'avenir, avec des fausses notes, mais j'en resterai là je crois. 8)
Ah non! je pense que c'est l'oreille qui est essentielle. En jazz, en théorie, il n'y a pas de fausses notes. Les notes des accords ne sont là que comme support possible.
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Jacques Béziat
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Re: Question IMPRO

Message par Jacques Béziat »

Christof a écrit : ven. 23 août, 2019 12:44 A un moment par exemple, on est sur un accord de sol# (qui fait partie de la tonalité de la mineur et aurait pu se résoudre sur ce la), mais non, ce sol# se transforme en La b et on passe en lab majeur (mesure 87-88) et tout est à l'avenant. Absolument génial.
Peut-être voulais-tu dire un accord de mi majeur, comprenant donc la sensible sol#, cette dernière devenant la tonique de la bémol majeur ?

En effet, tu as raison, on obtient de très belles modulations en se servant simplement d'une note-pivot, comme dans ton exemple. Et du coup on peut atterrir sur une tonalité très éloignée, et même improbable, de façon naturelle. L'effet est plus brutal, mais saisissant !
J'aime bien improviser avec des modulations de ce type, dans un style classique : je vise une note d'un accord qui me sert de pivot pour devenir une tonique, une tierce, ou une quinte de la tonalité où je vais tomber, c'est moins téléphoné qu'avec une modulation classique par la quinte descendante par exemple.
Certes, il ne faut pas en abuser non plus au sein d'un même morceau, et il faut parvenir à revenir à la tonalité d'origine, à la maison, ce qui n'est pas toujours évident.
Les impros à l'orgue dans le style libre symphonique, ou les compositions bien entendu, utilisent souvent ce procédé, et on peut le faire au piano.
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Re: Question IMPRO

Message par Jacques Béziat »

jazzy a écrit : ven. 23 août, 2019 9:12
En jazz, il y a un petit "truc" qui est souvent utilisé pour moduler dans une autre tonalité, ou pour ré-harmoniser une grille d’accords. On utilise un II-V7-I pour arriver sur la nouvelle tonalité .
Par exemple je suis en Do majeur et je veux arriver sur on accord de Lab majeur. Pour amener ce changement, je ferai un Sibm7 suivi d'un Mib7 dans la mesure qui précède le Lab majeur.
Oui, tout à fait, et on retrouve le même procédé en classique.
Et de ce la bémol, il est aisé de revenir à do majeur par une nouvelle petite marche harmonique, ou même en passant directement par l'accord de sol7, la dominante de la tonalité de do.

Et comme tu le sais, en jazz plus moderne il est très intéressant de remplacer les accords de 7ème de dominante par des descentes chromatiques (de basse le plus souvent).

Un exemple : j'ai réharmonisé Bluesette et par ce procédé (descente chromatique de la basse), j'obtiens des accords 11+ du plus bel effet., :) plutôt que de passer par une cascade de dominantes7, trop classique à mes oreilles à présent.

Bach ne manque pas une occasion de faire des montées ou des descentes chromatiques par la basse (et pas seulement par la basse, on peut le faire avec d'autre voix), il était déjà d'une modernité incroyable.
Modifié en dernier par Jacques Béziat le ven. 23 août, 2019 20:17, modifié 1 fois.
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Re: Question IMPRO

Message par Jacques Béziat »

jazzy a écrit : ven. 23 août, 2019 13:03

Ah non! je pense que c'est l'oreille qui est essentielle. En jazz, en théorie, il n'y a pas de fausses notes. Les notes des accords ne sont là que comme support possible.
+ 100 !
C'est l'oreille qui décide, son propre goût aussi !
Il est toujours temps ensuite d'analyser, et comment faire sonner efficacement au piano les frictions provoquées.
Même maintenant, en impro souvent j'évite de trop réfléchir à l'accord, à son type, en impro on cherche une couleur, et c'est à chacun de juger si son accord est bon ou non.

Comme je dis toujours : OK c'est bien d'analyser, de comprendre, toussa, mais le but en musique reste de faire de la musique, et certainement pas de faire des notes !
En jazz, c'est comme avec Debussy ou Messiaen, on cherche des couleurs, des climats, des fulgurances, on ne fait plus de notes ! :wink:
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