Je ne sais si tu as la place chez-toi... tu sais, je crois que si c'est possible, songe à t'offrir un piano à queue.
De mon côté, cela me paraissait juste un rêve. Mais grâce à certaines personnes du forum (en fait Sylvie Piano que je ne remercierai jamais assez), je suis passé à l'acte. J'ai dégoté un magnifique G3 d'occasion, pour un prix défiant toute concurrence (sachant que j'ai revendu alors mon ancien piano droit). Et cela a été le jour et la nuit.
Si c'est possible, songes-y. Tu verras alors tout ce que tu savais, mais ne pouvais mettre vraiment en valeur avec un numérique.
Et tu sais, lorsqu'on se sent découragé(e) devant un morceau, c'est qu'en fait, on est en train de franchir justement un cap très important face au morceau, et aussi à sa façon d'envisager la musique.
Une chose que tu peux faire aussi, c'est te dire : si c'était écrit pour plusieurs instruments, combien seraient-ils, et quels seraient-ils ? Et donner ainsi telle voix a tel instrument, et suivre cette voix. Et tu verras, quelquefois ce n'est pas évident de savoir quel instrument fait quoi, ou est passée telle voix, et c'est justement là que cela fait aussi avancer.
Ce que je fais aussi quelquefois, c'est d'essayer d'écrire un texte correspondant à chaque grande partie du morceau. Raconter une histoire. Et si le morceau est un A B A, le A de la fin sera forcement un peu différent que le premier A, car transformé aussi parce qu'il a eu en B.
D'autres fois, c'est mettre des couleurs au crayons de couleurs sur des phrases... Mais avoir toujours une justification de telle ou telle couleur, qui change ou pas, mais si elle ne change pas, par exemple c'est du bleu, mais il peut aussi y avoir du bleu outremer, du bleu majorelle, du bleu pastel.. La cohérence de tout cela vient aussi de l'analyse harmonique. Certaines couleurs, à certains moments sont impossibles, car seraient illogiques. Mais si elles sont dans la logique de l'oeuvre, elles peuvent avoir très une grande palette de tonalités et c'est ce qui fait l'originalité de chacun. J'aime bien l'article pdf (en deux fichiers) qu'a mis pianojar dans le fil consacré à Lucas Debargue, ou il parle de son travail avec sa prof, sa façon de le conduire, de l'obliger à lui rendre des tas de choses à chaque cours, pour qu'il ait ensuite la plus grande des libertés et qu'il puisse faire ses choix, en toute connaissance profonde de l'oeuvre, gage ensuite d'une grande originalité et d'une musicalité sans pareille.
Ce que je fais aussi, très souvent, mais sur un numérique bonjour... c'est de prendre une partie et de la jouer tout un octave plus bas, en essayant de conserver les dynamiques sonores de chaque voix (mais là, il faut aussi un autre toucher), pareil un octave plus haut... Puis retravailler dans la bonne tessiture. Tu verras, c'est magique.
Ne te décourage plus jamais. En fait, ce n'est pas ça : disons que le découragement, ce sont des prises de conscience, simple constat qu'on n'a pas encore trouvé la clé qui permet de franchir encore une marche. Or, les clés sont partout. Il suffit d'une douce ténacité, et de savoir aussi que les choses se construisent et avancent dans le temps.
Aller écouter un concert (à chaque fois que j'y vais, je fais des progrès, en tous cas, je prends conscience de nombre de choses, cela me modifie) ; essayer de faire des critiques constructives sur les morceaux publiés par les autres dans pianomajeur (au départ, on se dit qu'on ne saura pas faire, qu'on n'aura pas grand chose de très intéressant à dire, mais finalement c'est pas vrai. Et cela oblige aussi à aller chercher en soi les choses que l'on sent, celles qu'on connaît aussi, et que l'on veut transmettre, et finalement les redécouvrir. Trouver les conseils à donner c'est aussi faire remonter à la surface des choses pour nous-même.
Et tu vois, ce n'est pas par hasard que nous sommes nombreux à te dire que c'est vachement bien ce que tu joues...
Finalement, on n'est jamais mieux desservi(e) que par soi-même
. Le doute est une bonne chose.. Il nous oblige à creuser.
Le découragement, pour sa part, est à bannir, parce qu'il est ici à mon avis sans objet.