Sans regarder les touches, pensez ou pas ?

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zorg
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Sans regarder les touches, pensez ou pas ?

Message par zorg »

Bonjour

Quand on essaye d'apprendre à jouer sans regarder les touches, est ce que dans le but à atteindre, on pense les notes ? Je veux dire, on lit la partition est ce qu'on pense «do» et la main va à la touche «do», ou bien on voit le «truc» sur la partition et la main va au bon endroit ?

Si je prends un parallèle avec l'informatique (désolé), les rares fois où je dois «recopier» un texte, je ne pense pas «a» pour appuyer sur la touche «a», je regarde le signe et ma main va au bon endroit (bon on es d'accord, quelque part mon cerveau a bien enrregistré qu'il s'agit de la lettre a)

Qu'est ce qu'il faut faire ? Est ce qu'il faut atteindre un automatisme totale, et on garde le cerveau pour autre chose, ou il vaut mieux penser la note (et acheter un cerveau plus gros :wink: ) ?

Z
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Chtilli
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Re: Sans regarder les touches, pensez ou pas ?

Message par Chtilli »

Tu parles de jouer ou de déchiffrer sans regarder ? Je pense que dans les deux cas, il te faut un repère, par exemple si la note se trouve à 1 ton, 1 demi-ton ou une octave de la précédente, tu peux la jouer sans la regarder sans trop de difficultés, et je me dis que les autres intervalles doivent également devenir automatiques avec le temps.

Sinon les touches noires peuvent servir de repère pour « voir avec la main », sans la regarder, autant en jeu qu'en déchiffrage, une piste à explorer..
Chopin - Rachmaninoff. Répéter.
Pythéas
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Re: Sans regarder les touches, pensez ou pas ?

Message par Pythéas »

zorg a écrit : mar. 30 avr., 2019 22:31 Bonjour

Quand on essaye d'apprendre à jouer sans regarder les touches, est ce que dans le but à atteindre, on pense les notes ? Je veux dire, on lit la partition est ce qu'on pense «do» et la main va à la touche «do», ou bien on voit le «truc» sur la partition et la main va au bon endroit ?

Si je prends un parallèle avec l'informatique (désolé), les rares fois où je dois «recopier» un texte, je ne pense pas «a» pour appuyer sur la touche «a», je regarde le signe et ma main va au bon endroit (bon on es d'accord, quelque part mon cerveau a bien enrregistré qu'il s'agit de la lettre a)

Qu'est ce qu'il faut faire ? Est ce qu'il faut atteindre un automatisme totale, et on garde le cerveau pour autre chose, ou il vaut mieux penser la note (et acheter un cerveau plus gros :wink: ) ?

Z
Plusieurs choses d'abord il y a des automatismes inconscients qui se mettent en place de la même manière que lorsque tu as appris à lire et à écrire qui font ensuite que tes deux propositions : "Je veux dire, on lit la partition est ce qu'on pense «do» et la main va à la touche «do», ou bien on voit le «truc» sur la partition et la main va au bon endroit ?" sont vraies! Oui je sais c'est magique mais c'est comme ça.
6gale13
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Re: Sans regarder les touches, pensez ou pas ?

Message par 6gale13 »

Ce qui va suivre est une tentative de contribution très modeste de ma part car je suis désireux d'apprendre ce que des pianistes plus confirmés vont dire sur le sujet. Cette réserve étant faite, voici ce que je sens :

Les deux ! et même plus.

(1)Je pense qu'il y a une association entre le "truc" dessiné et la touche du clavier : c'est le cas par exemple pour un mouvement conjoint, sans qu'il y ait besoin de détailler chaque note. J'ajouterai aussi, dans la tonalité, ce qui fait qu'on "sent" les dièses et les bémols. Pareil pour les octaves.

(2)Je pense aussi qu'on voit "do" et le doigt va sur "do". Il est à une certaine distance de la note sur laquelle on est déjà. Donc on voit "do" mais aussi - mettons- un intervalle de quinte.

(3)Et aussi, pour compléter ce que tu dis, Pythéas, on entend "do" (ou on entend un intervalle de quinte) dans sa tête et le doigt va vers la note qu'on entend et qui s'appelle "do".

Dans quelle proportion ces 3 mécanismes jouent-ils ? Dans quelle mesure varient-ils au cours d'un apprentissage d'un morceau ? Y en a-t-il d'autres ? C'est ce que j'aimerai bien savoir.
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abernard
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Re: Sans regarder les touches, pensez ou pas ?

Message par abernard »

Je suis d'accord avec ces 3 mecanismes et j'en rajouterais un autre:

(4): les groupes de notes, par exemple accords, gammes, arpeges, qu'on reconnait d'un coup d'oeil et auquels on associe directement doigté, mouvement, position de la main,etc.

De façon générale c'est plus les relations entre les notes qui guident ma main (si je vois un ecart je sais que je vais devoir faire un saut, pour donner un exemple basique), que les notes elles mêmes.

Le point (3) est un super complément, mais je pense que c'est peut-être ce qui demande le plus d'effort et de maîtrise pour parvenir à un stade où cela est utile dans le feu de l'action. Si on veut transposer où jouer à l'oreille c'est la compétence indispensable, mais en déchiffrage c'est plus difficile de savoir. Ce qui est sûr c'est que les points (2) et (3) sont très liés. Voir la note, ou l'intervalle, c'est presque equivalent à l'entendre, lorsque mon cerveau est capable d'interpréter l'information en tant que son suffisamment vite. C'est le cas lorsque je connais bien le morceau ou que les mouvements restent simple. Si il y a plein d'alterations et beaucoup d'intervalles étendus cela devient impossible.
Et du coup l'intérêt principal je pense c'est déjà de ne pas être surpris par le son que l'on va produire, mais d'en avoir un meilleur contrôle. L'entendre à l'avance a comme un effet mechanique sur la main qui fait que je vais justement produire le son que j'entends en général.

Peut-être que l'on peut rajouter:

(5): les connaissances theoriques. Des fois un enchaînement est très previsible, et si on reconnaît quelque chose qu'on a déjà bien travaillé par le passé les notes s'enchaînent sans même avoir besoin d'y penser, mais en fait c'est un peu une extention du point (4) que j'ai dit plus haut...

Pour reprendre l'exemple du clavier informatique, c'est un peu comme si au lieu de taper lettre à lettre, le cerveau enregistrait l'ensemble de mouvements nécessaires pour taper un mot en entier, ce qui permer de reflechir ensuite en terme de mots puis de phrases.

Le but est justement d'avoir à se debarasser du fait de penser à jouer les notes, mais juste de scanner la partition et de la jouer tout simplement, en laissant liberté à son cerveau de penser à autre chose. Si on est capable de tenir une conversation pendant que l'on dechiffre une partition, alors on est au top !
J'avais lu une interview de Zimmerman qui disait que au fur et à mesure de leur progression les musiciens jouaient d'abord en pensant les notes et le rythme, puis une fois plus expérimentés l'intonation, la musicalité, etc. Mais que au stade final il fallait prendre encore plus de recul et se placer au niveau des émotions, du ressenti.
Après c'est une question de maîtrise du morceau, on doit forcément à chaque fois passer par toutes les etapes avant d'arriver à réfléchir de manière globale sur les émotions à partager avec l'auditoire, dans le feu de l'action.
Je ne crois donc pas qu'il faille se focaliser sur ce que l'on doit penser pendant qu'on joue, les choses se font d'elles même au fur et à mesure que l'on progresse !
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