Je voyais le fil sur le même sujet par notre ami chanteur et je me suis dit que ça avait tout à fait sa place dans la discussion autour du piano.
En effet, mon prof me parle souvent de l'importance de la respiration, et je me souviens particulièrement de deux de ses commentaires à ce sujet lors de notre dernier cours :
«On dirait que tu ne le fais que parce que je te le demande» - donc sans la compréhension de à quoi ça sert.
«Tu te coupes toi-même» - je respire pendant un silence, mais je démarre ensuite précipitamment, ce qui va à l'inverse de l'idée de respirer, et ce qui donnerait un bien mauvais «cue» si j'avais à jouer avec d'autres. Ça revient un peu au point 1 en même temps.
Je ne suis sûrement pas la seule qui a un prof qui me rabâche les oreilles avec cette notion .
Et c'est totalement vrai que je le fais parce qu'il me le demande. Il faut croire qu'à certains égards, ça porte néanmoins certains fruits, puisqu'il me mentionne parfois que mes attaques sont mieux lorsque je prends le temps de respirer.
Les questions que je me pose, puisqu'il semblerait que je ne saisisse pas bien ce concept :
Pourquoi doit-on respirer au piano?
Comment travaillez-vous cet aspect?
Modifié en dernier par Cadenza le lun. 25 mars, 2019 19:19, modifié 1 fois.
La respiration est essentielle à mon avis. Au piano comme en chant, en danse, en poésie /déclamation etc...
Sauf qu'au piano, on a tendance à oublier.
Respirer est bien évidemment une fonction vitale mais c'est aussi ce qui va donner du relief à la musique: une partition comporte des signes de ponctuation qu'il faut savoir nuancer (comme tout texte) et pour ça, savoir placer sa respiration influence tout le corps.
Donc meilleure décontraction, meilleure oxygénation pour le plan physique qui va permettre de nous libérer. (Qui n'a jamais bloquer sa respiration sur un passage redouté ?)
Lorsqu'on a le trac (le mauvais, qui nous donne trou de mémoire et fébrilité ), la respiration nous aide à le gérer.
Ensuite sur un plan plus artistique, ça nous permet aussi de faire passer nos ressentis dans nos doigts et ....dans les oreilles des spectateurs et auditeurs.
Je trouve que la respiration est le trait d'union entre la technique et l'artistique.
H.S. Toujours a propos de respiration : Une petite remarque : je voulais poster un petit encouragement, et quelques remarques a notre ami chanteur mais j' ai l' impression qu' il a disparu des écrans radars...
Cadenza / «Tu te coupes toi-même» - je respire pendant un silence, mais je démarre ensuite précipitamment
Bah, on t' a déjà vu jouer, franchement, j' ai rien perçu de tel...
Je présume qu'il y a une énorme différence de relâchement et du coup, de facilité de respiration entre jouer dans notre séjour feutré havre de paix, et tranquillisant au possible et une salle bondée ou tu dois te produire en public....Je n'ose même pas y penser.
Je vois parfois des pianistes sur YT qui vivent leur musique, en grimaçant, et en faisant des gestes qu'on pourrait qualifier de démesurés, au delà de ça, je pense que leur respiration est moins visible, mais fait aussi partie du "pack" de la gestuelle.
Mon prof me parle assez souvent de respiration au piano, précisément pendant un ou plusieurs silences " le silence est déjà de la musique"
Il m' a déjà fait la remarque sur ma crispation : "respire un bon coup !" Je cite...
Mon prof se fiche de moi régulièrement : comment ! Une prof de yoga qui ne sait même pas respirer en jouant au piano !?!
Eh oui, j'ai le transfert de compétence paresseux...
Et encore, il ne sait pas que j'ai joué du saxophone dans le passé, heureusement que je respirais alors !
Sinon dans le programme de conférences et masterclass de Maria Joao Pires "creative journey", elle insiste au début sur l'importance de la respiration. Elle conseille à ses élèves pianistes d'apprendre le chant pour en prendre mieux conscience.
Ah oui, mh, je me fais la même réflexion : j'ai déjà joué de la clarinette. Et là, je respirais normalement (enfin, il m'arrivait de ne pas respirer au bon moment, mais assurément, je respirais de façon minimalement logique avec les phrases musicales). Mais au piano, juste le fait que ce ne soit pas requis pour l'instrument fait en sorte que ça devient quelque chose auquel on doit penser. Je n'ose pas dire «que l'on doit travailler», car c'est à travailler aussi en jouant des instruments à vent, donc ce n'est pas exclusif.
Ça me rend d'ailleurs légèrement dubitative sur les bienfaits du chant. Encore une fois, on est dans une situation où, en chant, il est nécessaire d'utiliser sa respiration de façon cohérente avec la musique. Au piano, c'est... nécessaire, mais pas aussi directement. Et le fait que l'on n'arrive pas, ni l'une, ni l'autre, à transposer cette connaissance d'un instrument à vent au piano est pour moi le signe que ce n'est pas instantané et que, finalement, il faut faire cet apprentissage sur le piano même.
roulroul : c'était dans un contexte très précis. Ce n'est probablement pas applicable en tout temps. On travaillait le début de mon nocturne, et il me disait de respirer entre les mesures 4 et 5. Il m'expliquait que la pause (demi-pause en fait) entre ces deux mesures n'a pas à être comptée comme telle. Qu'en respirant, on allait intuitivement commencer à jouer au bon moment. Que sans respirer, on pourrait métronomiquement recommencer au bon moment, mais quand ça ne sonnerait pas bien, qu'on aurait une impression de surprise que l'on ne veut pas avoir.
Donc je m'efforçais de respirer à ce moment-là, mais il semblerait que je jouais trop vite dans cette respiration, ce qui, au contraire, accentuait l'effet de surprise que l'on cherche à enlever.
Bref, pas facile à expliquer par écrit.
Ça porte à réfléchir ce que tu dis, Terpsichore. Il y a une grosse notion de ressenti dans la respiration, qui me semble difficile à expliquer, donc à transmettre, et aussi donc à travailler.
La multiplicité des témoignages et explications est certainement un moyen de graduellement mieux comprendre de quoi il en retourne.
Merci.
Tout le monde sera d'accord pour dire qu'à l'écoute on doit entendre "respirer" la musique.
Mais est-ce que ça signifie que la respiration de l'interprète doit être forcément impliquée ern parallèle, comme avec le chant ou un instrument à vent?
Ne serait-ce pas plutôt une image?
Possible, probable, mais je ne me suis jamais posé la question et je me sers plutôt de mes oreilles! ( alors que je suis toujours très concentrée sur la respiration - enfin surtout l'expiration!- quand je fais du sport)
Enfin en y réfléchissant, possible que comme en sport j'expire de façon active dans les traits difficiles ou les gros accords ff, pour ensuite inspirer et marquer en même temps cette "respiration" de la musique juste après.
.
