Conseils pour l'étude op8/5 de Scriabin

[Praeludium]

Bonjour à tous,



je suis en train de monter cette étude qui fait partie mon programme de DEM..
Je vois à peu près ce que j'ai à faire (beaucoup de choses) avec les deux premières parties, mais je serais curieux de recevoir vos conseils.
Par exemple, dans la première partie, je crois que le but est d'arriver à dissocier les déplacements physiques et pianistiques de conduites mélodiques qui se répartissent entre les deux mains et qui doivent devenir des fils conducteurs tout à fait horizontaux. Le pianiste de l'enregistrement que j'ai mis le fait remarquablement bien. Ça serait musicalement une étude de polyphonie et de plans sonores tout en étant pianistiquement une étude pleine de déplacements et de changements d'orientation.
Ok, bon...
Mais je ne sais pas quoi faire pour la dernière partie, A', qui reprend la première avec des triolets en octaves répétées.
Ce que je vois c'est que pour le son et le caractère de l'étude c'est impensable de faire passer ça en force ou d'appuyer quoi que ce soit dans la main droite. Mais je ne vois juste pas comment monter le tempo (sur mon édition marqué à 72 à la blanche ce qui me semble vraiment vraiment rapide), quel mouvement utiliser. J'avoue qu'elle me fait un peu peur cette page et demie. C'est aussi là que malgré tout il y a de gros déplacements.
Alors, qu'utiliser comme outil concrètement ? Laisser le poignet se lever un peu, pour lancer la première octave de chaque groupe de trois vers le bas en laissant les deux suivantes rebondir ?

merci

[Spianissimo]

Sur le forum, tu as Juanito qui l'avait enregistrée il y a quelques années mais il n'est plus trop présent sur le forum, tu peux peut-être le contacter en mp si jamais tu n'as pas de réponse ici. Je ne l'ai jamais bossée pour ma part.

[Okay]

Je ne connaissais pas le pianiste de cette version, c’est juste exceptionnel... merci beaucoup pour la découverte. Dans la plus pure tradition russe...

La dernière partie utilise les mêmes gestes que le début, avec un peu moins de temps pour les faire. Donc si ça te paraît vraiment très différent, il y a des chances que tu ne fasses pas les bons gestes au début... C’est une étude pour travailler le poids du bras, certains accords reçoivent ce poids, qui est ensuite littéralement transfére en passant par « en bas » sur le clavier.
En quelque sorte, le bras décrit un cercle horizontal, en ne bloquant pas le poids avant de donner l’impulsion sur les accords. Rebondir, oui, mais ne jamais quitter la rotation horizontale également, donc rester quand même relativement près du clavier (l’idée de se déplacer en bas). Pas évident à expliquer…

[JPS1827]

De plus si tu écoutes bien la partie en triolets de cette vidéo tu entendras qu’il prend un peu de temps pour les plus grands déplacements, ce qui permet à la fois un geste qui n’est pas brusque mais simplement rapide, en respectant la nécessité pour l’oreille d’avoir le temps d’entendre un intervalle aussi important. Aujourd’hui je travaillerais ça en m’arretant Sur la dernière note du triolet avant chaque déplacement, en soignant le son de la dernière note et le geste pour aller à la suivante, puis en raccourcissant peu à peu le temps d’arret, tout en prenant conscience de l’endroit où est ma main gauche pendant les trois notes du triolet (il faut absolument travailler mains ensemble avec la pédale et sans forcer sur le tempo - ça ne sert qu’a travailler une tension malvenue).

[Praeludium]

Merci beaucoup à vous trois pour vos conseils, et content que cette version te plaise Okay (pour être tout à fait honnête je l'ai découverte par un heureux hasard, YouTube peut vraiment être une mine d'or. Que penses tu du Scriabine de Maria Lettberg ?).

Je pense qu'en effet j'avais mal saisi le geste, enfin il me manquait une alternance claire entre les accords qui reçoivent le poids et ceux qui sont le fruit d'un transfert par dessous (ça me fait penser à un espèce de ricochet !).
Du coup dans la pièce ça fait quasiment l'effet d'une levée sur laquelle l'accent a été déplacée, comme on entend parfois chez Sokolov, je crois que ça aussi devrait m'aider à monter le tempo sans que ce soit la jungle !

JPS, merci pour l'observation du lien taille des intervalles/temps pris. C'est quelque chose dont on m'a parlé et que je fais naturellement... en clavecin mais sans doute que voulant trop bien faire enfin surtout trop technique/académique au piano j'étais incapable de faire le rapprochement..
La méthode de travail me semble très intéressante, j'ai appris à travailler en faisant des arrêts calculés cette année mais l'arrêt était plutôt sur le temps d'arrivée. Ta version est différente et j'aime beaucoup l'idée de travailler en raccourcissant tout simplement le vide et en faisant du soin du son une chose volontaire de premier ordre (ça semble évident quand on l'écrit !).

Le rappel de travailler sans forcer sur le tempo est bienvenu... j'ai des vieux restes de mauvais souvenir de mes deux trois premières années de piano où on me donnait des choses dures pour moi (op 22 de Beethoven, op14 de Bartok, Sospiro de Liszt par exemple) sans trop de méthode et très peu d'outils et où je n'arrivais jamais à mon goût à un vrai tempo ou une vrai aisance ! Du coup la peur de ne pas arriver au tempo devient le moteur de ce travail alors que la recherche d'aisance serait sans doute bien plus productif...

Je me suis fixé comme objectif de faire un enregistrement en Janvier sur un piano du conservatoire pour poster ici... ça m'aidera à sortir de ma grotte et assumer ce que je produis au piano !