Je cite son fil:
Jacques Béziat a écrit : ↑dim. 16 déc., 2018 21:39 Je connais depuis mon enfance cette suite pour orgue, mais j'ignorais l'existence d'une transcription pour piano.
Belle et ambitieuse volonté de ta part !
J'avais écrit en 2016 un commentaire à propos de cette oeuvre, à l'occasion de la diffusion radio de son interprétation par Nikolai Lugansky à La Roque d'Anthéron: viewtopic.php?f=8&t=17591&p=295879#p295858
et m'étais aussitôt fait tomber dessus, sans que je comprenne pourquoi, par quelqu'un qui, visiblement, n'aime pas Yann Tiersen. J'avais fouillé la toile pour justifier mon commentaire, mais n'avais finalement pas osé poster le résultat (j'étais encore assez nouvelle sur le forum).
Je mets ici mes réflexions d'alors, en annexe au fil de travail de Capri31, entre autres pour clarifier la question de la version originale. Capri31, peut-être que dans sa vraie version originale (pour piano et harmonium) tu trouveras l'oeuvre aussi intéressante qu'au piano ? De toutes façons mon commentaire ne porte ici ni sur ton interprétation (que j'aime beaucoup déjà) ni sur ta préférence pour la version piano, que j'aime aussi beaucoup.
Je reviens donc à mon commentaire du 11 août 2016. Sur ce vieux fil, il était question de la version pour piano seul du Prélude, fugue et variations interprété par Lugansky. Il jouait probablement la transcription de Bauer, mais moi je n'en connaissais jusqu'alors que la version pour piano et harmonium. Wikipedia et diverses autres sources mentionnent cette version piano/harmonium comme étant une transcription réalisée par le compositeur à partir de sa composition pour orgue -- mais selon Joris Verdin, musicologue et organiste spécialiste de César Franck, c'est en fait la version pour orgue seul qui serait une transcription (par Franck lui-même) de l'original pour piano et harmonium, joué ici par Verdin à l'harmonium et Arthur Schoonderwoord au piano: .
Cette version pour piano et harmonium a entre autres été enregistrée par Bertrand Chamayou avec Oliver Latry à l'harmonium sur le CD César Franck de Chamayou - mais moi, c'est dans la version de Joris Verdin lui-même à l'harmonium, avec Jos Van Immerseel au piano Erard (1850), que j'ai initialement découvert cette oeuvre, dans l'intégrale de l'oeuvre d'orgue de César Franck enregistrée par Verdin pour Ricercar.
On peut écouter cette version ici:
Quant à mon commentaire d'alors à l'effet que le Prélude de Franck me faisait penser à la musique du film 'Amélie Poulain', je vous invite à faire une petite comparaison. Après avoir écouté le début du prélude de Franck à l'harmonium, écoutez ceci, dans une version à l'accordéon: www.youtube.com/watch?v=tsSKuaQrhdI
et dites-moi ensuite si j'étais complètement à l'ouest (comme vous dites en France) le 11 août 2016 . Non ce n'est pas identique et oui, César Franck c'est nettement mieux que Yann Tiersen (surtout dans cette version !), mais si vous n'entendez aucune parenté entre les deux... pour moi elle est évidente.
J'ai découvert le prélude de César Franck avant de voir le Fabuleux destin d'Amélie Poulain. Je n'ai pas fait le lien quand j'ai vu le film, je l'ai fait en entendant Lugansky. Je pense que Yann Tiersen connaissait cette oeuvre de Franck et qu'elle l'a inspiré, peut-être inconsciemment. Ou pas.
Dans ce même fil de 2016 cité plus haut, Katy avait écrit que les Prélude, fugue et variations de Franck au piano lui faisaient penser à de la musique de téléfilm tellement c'était sirupeux. Bien sûr on a le droit de ne pas aimer. Mais j'avais trouvé amusant qu'elle écrive ça sans faire le lien avec la valse d'Amélie - elle faisait peut-être le lien inconsciemment (ou elle n'osait pas l'écrire - sachant, elle, que ça provoquerait un tollé) ?
Perso je n'ai pas été gavée de Yann Tiersen, j'ai adoré le film de Jeunet, j'en ai adoré la musique, qui convenait parfaitement au film et qui avait ce petit côté valse musette à l'orgue de Barbarie que j'associe au Paris gai et dansant des vieux films de ma jeunesse - et je ne l'ai pas ensuite entendue à toutes les sauces de mon côté de l'Atlantique. C'est resté la musique d'un film, à mon avis excellente dans ce contexte. Je n'avais donc aucune raison d'être gênée de l'association que je faisais et ne pensais en aucune façon insulter qui que ce soit, pas plus César Franck que les pémistes, en soulignant cette parenté pour moi soudainement évidente. J'ignorais encore alors que plusieurs pémistes ont Tiersen en horreur (attitude qui pour moi entre dans la même catégorie que le qualificatif de 'scie' qu'on accole à la Lettre à Elise de Beethoven... le fait de les avoir trop entendues n'enlève pas leurs qualités aux oeuvres).
À mon oreille, ce prélude de Franck, tel qu'interprété par Verdin et Van Immersel, ou par Bertrand Chamayou et Olivier Latry, est une oeuvre pleine de nostalgie et de poésie.
Tout comme au piano seul, joué par exemple par Alice Ader, à peine plus vite que toi, Capri31:
Capri31, j'espère que cette association ne va pas gâcher l'amour que tu as pour cette oeuvre, qui reste absolument magnifique, au piano comme en version piano/harmonium.