Le rôle de l'Art dans la société.

Théorie, jeu, répertoire, enseignement, partitions
jazzy
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Re: Le rôle de l'Art dans la société.

Message par jazzy »

leLama a écrit : mar. 16 oct., 2018 22:52
C'est sans doute parce que ce ne sont pas les mêmes mots qui attirent notre attention, nos regards ne voient pas les mêmes choses. Ce que je recherche dans l'art, ce ne sont pas les extremes, ce sont plutôt les équilibres, Et je ne trouve pas cet équilibre dans les mots "flamboyantes,vertigineuses, splendide, nous frappe,inexplicable, forte. sensation unique, rôle central..."

J'aime particulièrement la musique parce qu'on est souvent en recherche de cet équilibre, pas trop fort, pas trop doucement, pas trop vite, pas trop lent, pas trop grave pas trop aigu ... mais pas trop au milieu non plus, il faut des contrastes et de la singularité.

)
Personnellement, je recherche plutôt le déséquilibre dans l'art, quelque chose qui me surprend, qui fait vaciller mes certitudes (émotionnelles, sentimentales,sensorielles ou celles des idées...) et me fait sortir de mon quotidien...
Mais il faudrait sans doute préciser ce que chacun entend par équilibre ou déséquilibre.
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roulroul
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Re: Le rôle de l'Art dans la société.

Message par roulroul »

vagin de la reine.jpg
vagin de la reine.jpg (55.23 Kio) Vu 2366 fois
Exemple d' Art :
Pour rappel, la dite sculpture a été exposée au Château de Versailles, il y a une poignée d' années.(*)
Plusieurs possibilités, dans l' ordre croissant :
1/ On n'est pas obligé de visiter un monument réputé quand un tas de tôle y est exposé, et joue la provoc' a donf.
2/ On visite quand même le monument, en prenant soin de détourner son regard a chaque fois qu'on est a proximité.
3 / On est féministe, ou engagé, on s' équipe en douce d' un aérosol de peinture, et on le tague joyeusement ( c'est d' ailleurs ce qui a fini par arriver, je crois ).
4/ On trouve que ça cadre bien avec l' environnement, que c'est inspiré, on reste de longue minutes devant a s' extasier, en le mitraillant avec son Canon Reflex.
Perso, je pencherai davantage pour la première option.
(*) a l' origine dans la rubrique Piano, mais j' ai considéré l' Art au sens plus que large du terme, faut pas m' en vouloir...
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Re: Le rôle de l'Art dans la société.

Message par leLama »

jazzy a écrit : mar. 16 oct., 2018 23:11 Personnellement, je recherche plutôt le déséquilibre dans l'art, quelque chose qui me surprend, qui fait vaciller mes certitudes (émotionnelles, sentimentales,sensorielles ou celles des idées...) et me fait sortir de mon quotidien...
Mais il faudrait sans doute préciser ce que chacun entend par équilibre ou déséquilibre.
Oui, il peut toujours y avoir un malentendu sur le sens des mots. Mais je suis globalement d'accord qu'il existe deux demarches presque opposées,

Il existe sur ce thème le petit bouquin de Malraux, "la tentation de l'occident" où un lettré chinois et un lettré occidental échangent sur leur conception de l'art. Le chinois trouve l'art occidental profondément déséquilibré, il y voit la recherche de l'excès comme règle de vie, et ses conséquences en termes de souffrances, et de douleurs qu'il lit sur les visages des statues.

Les deux conceptions s'opposent aussi je crois dans le rapport au nouveau et a l'ego. Dans l'art occidental, on emploie le terme "creation" pour parler d'une oeuvre d'art, et de "genie" pour celui qui cree, Il y a le beau livre de Francois Cheng, "Cinq méditations sur la beauté", ou il explique que dans la conception orientale, on ne fait que transmettre ce qui existe, on imite la nature, On est davantage un "messager" qu'un "createur". Les oeuvres nouvelles ne sont qu'un nouveau regard sur ce qui existe dejà indépendamment de nous.
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Re: Le rôle de l'Art dans la société.

Message par jazzy »

Les chinois ont des philosophies anciennes intéressantes, faites sans doute de sagesse entre autre. Le problème est que de nos jours, ils semblent plutôt dans l'excès au niveau politique et économique: excès d'autoritarisme, excès de travail et d'exploitation(en particulier pour les plus pauvres), excès de pollutions,...
Je ne suis pas persuadé qu'au niveau de la souffrance et de la douleur ils s'en sortent beaucoup mieux que les occidentaux?
Personnellement je préfère certains côtés de la philosophie grecque qui dit (d'après ce que j'ai pu lire et entendre en allant en Grèce) qu'une vie riche doit comporter 10 mois de sagesse et 2 mois d'excès sur une année.
Je ne suis pas spécialement pour la recherche de l'excès comme règle de vie (je suis même quelqu'un de plutôt "sage"),mais pour en revenir à l'art, face à une musique, à un tableau d'un peintre, à un paysage, on peut éprouver de forts sentiments, de fortes émotions.Certains trouveront que c'est excessif, mais on ne l'a pas recherché, c'est venu tout seul. Ces moments sont riches et peuvent nous apporter beaucoup, nous ressourcer (c'est une des fonctions de l'art à mon avis). Je crois que c'est une partie de ce que Charles Pépin explique dans son livre
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Lee
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Re: Le rôle de l'Art dans la société.

Message par Lee »

jazzy a écrit : mer. 17 oct., 2018 16:45 Les chinois ont des philosophies anciennes intéressantes, faites sans doute de sagesse entre autre. Le problème est que de nos jours, ils semblent plutôt dans l'excès au niveau politique et économique: excès d'autoritarisme, excès de travail et d'exploitation(en particulier pour les plus pauvres), excès de pollutions,...Je ne suis pas persuadé qu'au niveau de la souffrance et de la douleur ils s'en sortent beaucoup mieux que les occidentaux?
On ne peut pas considérer que les philosophies chinoises sont pratiquées en Chine de nos jours ! Le Communisme détourné n'est pas riche de bons exemples n'est-ce pas...la Russie ressemble bien à la Chine, c'est quand même le pays de Tolstoï et Dostoyevsky.

Quant au bonheur, les études des chercheurs spécialistes disent la même chose : que les personnes les plus heureux sont ceux qui ont des liens forts avec d'autres, les amis proches, la famille. Même si ça semble une formule tellement simple, on parle des personnes isolées et les problèmes de depression et autres liés à la solitude, on semble loin de s'en sortir, et les occidentaux semblent plus frappés. L'autre côté de la médaille, on chérit leur liberté, on est plus libre et moins obligé 10111vis à vis d'autres.

Récemment, j'ai discuté avec une copine chinoise-américaine, et en Chine, ils ne fêtent pas beaucoup la fête des bateaux-dragons, c'est surtout son histoire qu'on ne raconte plus. Ce n'est pas étonnant que la Chine d'aujourd'hui veut que l'histoire soit moins connu, l'origine de cette fête est subversif. Un philosophe poète Qu Yuan (je tire directement de Wiki) "s’est suicidé par noyade après la défaite d’une guerre fatale dans son pays. Il avait fournit beaucoup d’efforts pour le sauver mais le roi ne l’a pas écouté. Après sa mort, les citoyens voulaient protéger son cadavre en jetant des ZhongZis et en faisant de la barque pour effrayer les poissons." Les Zhongzhis sont les paquets enveloppés par des feuilles de bambou en forme de pyramide qui donnent un parfum merveilleux à la nourriture dedans, riz gluant, champignons, et autres délices. Ceux de mon père sont trop bons, je vais en manger en quelques jours je crois, qu'est-ce que j'ai hâte !
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Re: Le rôle de l'Art dans la société.

Message par pfffpfff »

La question vaut la peine d' être posée.

Britney Spears plus forte que l’IA ?

Tribune. Et si l’intelligence artificielle (IA) envahissait aussi la musique ? Aura-t-on droit bientôt à de véritables robots en lieu et place des auteurs-compositeurs ? C’est une des questions que l’historien israélien Yuval Noah Harari évoque dans son dernier livre 21 Leçons pour le XXIe siècle (Albin Michel), où il aborde la question de l’IA face à la production humaine. Et notamment par rapport à la musique et les émotions qu’elles procurent. Après tout, écrit-il, les émotions n’étant pas un phénomène «mystique», mais le résultat «d’un processus biochimique», il ne serait pas étonnant qu’à terme «les algorithmes soient capables de comprendre et de manipuler les émotions humaines» mieux que les plus grands artistes.

.................

On doute qu’un jour un algorithme puisse être aussi génialement bordélique que ça. Et n’en déplaise à Harari, les chansons de Britney Spears tiennent plus de l’art alchimique que d’un processus biochimique. Plus aux qualités naturelles de leur interprète qu’à une quelconque IA. Après tout, il est logique que les augures de l’IA voient le futur dominé par les machines puisqu’ils lisent le présent de façon mécanique.


https://www.liberation.fr/debats/2019/0 ... ia_1704643
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Re: Le rôle de l'Art dans la société.

Message par roulroul »

Je pense que si l' Art ne servait vraiment a rien, en dehors des considérations financières brutes, on aurait laissé les allemands voler les tableaux, les films et les bandes son durant le 2eme guerre mondiale, et ensuite faire ce qu'ils voulaient avec.
Source le Figaro culture :
la création d'un corps d'engagés dédié à la «sauvegarde de l'art, des monuments et des archives» date de juin 1943. C'est un autre George, George L. Stout (qui a inspiré le personnage de Clooney), conservateur et directeur de musée, qui souffla l'idée d'une nouvelle unité à Roosevelt.
Baptisée «Monuments Men», la section fut répartie dans les armées alliées. Dans le film de Georges Clooney, ils sont sept, animés d'une volonté farouche de bien faire. Historiquement, ils furent près de 350, issus de treize nationalités différentes, avec une prédominance des Anglo-Saxons. Conservateurs, historiens, archivistes, ils avaient 40 ans en moyenne et étaient en général inaptes au combat: à cet égard, le film est relativement fidèle.
Très beau film, que j' ai eu plaisir a revoir y a pas très longtemps a la TV.
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Christof
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Re: Le rôle de l'Art dans la société.

Message par Christof »

pfffpfff a écrit : mer. 23 janv., 2019 12:08 La question vaut la peine d' être posée.

Britney Spears plus forte que l’IA ?

Tribune. Et si l’intelligence artificielle (IA) envahissait aussi la musique ? Aura-t-on droit bientôt à de véritables robots en lieu et place des auteurs-compositeurs ? C’est une des questions que l’historien israélien Yuval Noah Harari évoque dans son dernier livre 21 Leçons pour le XXIe siècle (Albin Michel), où il aborde la question de l’IA face à la production humaine. Et notamment par rapport à la musique et les émotions qu’elles procurent. Après tout, écrit-il, les émotions n’étant pas un phénomène «mystique», mais le résultat «d’un processus biochimique», il ne serait pas étonnant qu’à terme «les algorithmes soient capables de comprendre et de manipuler les émotions humaines» mieux que les plus grands artistes.

Pour alimenter le débat, et pour celles et ceux qui ne l'avaient pas encore lu (on en avait parlé dans un autre fil), voir cet article (et depuis, il y a eu nombre d'autres développements mais je n'ai pas pas encore trouvé le temps de compléter).
leLama
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Re: Le rôle de l'Art dans la société.

Message par leLama »

pfffpfff a écrit : mer. 23 janv., 2019 12:08 La question vaut la peine d' être posée.


Tribune. Et si l’intelligence artificielle (IA) envahissait aussi la musique ? Aura-t-on droit bientôt à de véritables robots en lieu et place des auteurs-compositeurs ? C’est une des questions que l’historien israélien Yuval Noah Harari évoque dans son dernier livre 21 Leçons pour le XXIe siècle (Albin Michel), où il aborde la question de l’IA face à la production humaine. Et notamment par rapport à la musique et les émotions qu’elles procurent. Après tout, écrit-il, les émotions n’étant pas un phénomène «mystique», mais le résultat «d’un processus biochimique», il ne serait pas étonnant qu’à terme «les algorithmes soient capables de comprendre et de manipuler les émotions humaines» mieux que les plus grands artistes.
Je ne vois pas d'algorithme informatique qui pourrait mesurer si un contenu musical est porteur d'une émotion. Les algorithmes font des choses "codables par les mathematiques" et l'emotion n'est pas codable par une machine de Turing jusqu'a nouvel ordre.

On peut imiter un style, rechercher les structures mathématiques communes a un type de musique, mais c'est une approche de reproduction technique statistique, il n'y a pas de creation de contenu émotionnel. L'emotion me semble l'opposé de cette reproduction statistique. Je suis ému face à quelque chose de nouveau, surprenant, en dehors des options statistiquement previsibles, mais qui pourtant fait sens et s'imbrique avec mes connaissances et mon histoire.
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Re: Le rôle de l'Art dans la société.

Message par pfffpfff »

leLama a écrit : mer. 23 janv., 2019 17:37 Je ne vois pas d'algorithme informatique qui pourrait mesurer si un contenu musical est porteur d'une émotion. Les algorithmes font des choses "codables par les mathématiques" et l’émotion n'est pas codable par une machine de Turing jusqu'a nouvel ordre.
Attention: l IA n a rien a voir l' informatique telle que nous l avons connue jusqu a présent. Ce n est pas l architecture de Von Neumann par exemple. C est base sur du silicium, des transistors donc, mais qui mimiquent des neurones..... et aussi étrange cela puisse t il paraitre, il existe encore du flou sur la façon dont certains systèmes parviennent a résoudre des problèmes.

Personnellement, j ai récemment vu une vidéo de 2 fans de jeu d’échecs français. Ils analysaient un match de 100 parties entre une IA et un programme classique (StockFish), considéré comme le plus au point du moment. Cette IA, AlphaZero, a appris toute seule a jouer aux échecs. On lui avait juste "coder" les règles. Charge a elle d explorer les possibilités offertes par le jeu en jouant toute seule. Arrive le match. 100 parties. 28 victoires. 72 parties nulles. Stockfish se fait démembrer par une IA qui a appris a jouer toute seule en 2 ou 3 jours. Mais ce n est pas tout. L'IA joue comme les humains. Elle en a le style (par exemple, elle privilégie la mobilité des pièces et évite les coups tordus typiques des ordinateurs). Surtout, elle joue de façon super risquée et jouant des coups hyper aiguës (laisser un pion passe a l adversaire et le bloquer avec une pièce, donner du matériel sans aucun retour sur le court terme, c est a dire dont les gains potentiels sur le long terme ne sont pas calculables par une machine ...) Même si un humain trouvait l idée, il y aurait fort a parier qu'il glisserait sur les multiples peaux de bananes rencontrées au cours du jeu (aux échecs, la moindre imprécision se paie cash, et la moindre case ou le moindre tempo perdus peuvent saccager une partie).
Surtout, AlphaZero, joue des débuts de partie hyper théoriques sans jamais avoir eu accès aux livres de théorie. Encore mieux, sur certaines ouvertures vieilles d une centaine d années, Alphazero parvient a placer une nouveauté théorique des le 6 eme coup (un improbable coup de pion 6...a6). Au passage, par effet miroir, on ne peut que féliciter le genre humain d avoir défricher et valider de multiples ouvertures car Alphazero semble les valider :) .
Demandez aux joueurs d échecs s'ils se considèrent comme artiste ou scientifiques... sachez qu on attribue des prix de beauté pour les plus belles parties. Je me garderai bien de dire "Les IA ne feront jamais comme les humains...". Certaines le font déjà, et mieux.

AU passage, les IA prouvent que les humains avaient raison contre les ordinateurs classiques. Mais les humains commettent trop erreur pour réfuter correctement un ordinateur classique.
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Re: Le rôle de l'Art dans la société.

Message par pianojar »

pfffpfff a écrit : mer. 23 janv., 2019 18:26
L'IA joue comme les humains. Elle en a le style (par exemple, elle privilégie la mobilité des pièces et évite les coups tordus typiques des ordinateurs). Surtout, elle joue de façon super risquée et jouant des coups hyper aiguës (laisser un pion passe a l adversaire et le bloquer avec une pièce, donner du matériel sans aucun retour sur le court terme, c est a dire dont les gains potentiels sur le long terme ne sont pas calculables par une machine ...) Même si un humain trouvait l idée, il y aurait fort a parier qu'il glisserait sur les multiples peaux de bananes rencontrées au cours du jeu (aux échecs, la moindre imprécision se paie cash, et la moindre case ou le moindre tempo perdus peuvent saccager une partie).
Je trouve l'IA Leela encore plus impressionnante à ce niveau (j'ai regardé quasiment toutes les parties décortiquées par Kingcrusher sur YT) car ce ne sont pas des pseudo-sacrifices qui sont joués et le gain potentiel est quelquefois à très long terme et purement stratégique comme tu le soulignes
Ces IA jouent à des niveaux stratosphériques par rapport aux humains et influencent maintenant directement le jeu au plus haut niveau chez les humains
Géphil
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Re: Le rôle de l'Art dans la société.

Message par Géphil »

Je comprends l'enthousiasme autour de ces machines mais je me fais quelques remarques :

- Alpha zéro et Leela ont appris les échecs en faisant des millions de parties. En supposant qu'un être humain joue des parties de 15 minutes en moyenne, 12 heures par jour, 365 jours par semaine, il lui faudrait 57 ans pour jouer ne serait-ce qu'un million de partie. Les joueurs humains d'échec ont appris à jouer à un haut niveau avec une économie de moyen et une efficacité considérablement plus grande que ces machines.

- les réseaux de neurones, inventés dans les années cinquante (Perceptron 1957) peuvent être mis en œuvre sur des ordinateurs classiques. Ils sont maintenant directement développés dans des machines spécifiquement conçues pour des raisons d'efficacité. D'ailleurs on peut installer Leela sur son PC. Il n'y a donc pas de différence qualitative sinon la force brute de calcul. Depuis Pascal les machines calculent plus vite et sans erreur par rapport aux êtres humains.

- les échecs et le Go sont des univers formels où l'incertain, les paradoxes et les phénomènes continus sont absents (sans parler des pâquerettes et des petits chats si mignons…). Ce sont donc des univers considérablement plus simples que le monde dans lequel on est immergé.

Le cerveau humain qui nous permet de produire et de ressentir des émotions reste donc un objet organique considérablement plus complexe que ces machines. Je crains moins les avatars de l'IA que le réchauffement climatique. Et je ne pense pas que celle-ci nous épargnera celle-là.

...mais je me trompe peut-être.
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Lee
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Re: Le rôle de l'Art dans la société.

Message par Lee »

J'ai apprécié un Tedtalk sur le sujet par un dans le métier:
https://www.ted.com/talks/anthony_goldb ... anguage=en
Il explique que les humains seront toujours meilleurs aux nouvelles situations ou pour créer des nouveaux liens inattendus que l'IA. Les ordinateurs ont besoin des milliers ou des millions des situations similaires pour pouvoir analyser et apprendre comment faire.

Donc pour créer une nouvelle tube pop qui ressemble à tant d'autres, sans souci. Mais un concerto surprenante avec des caractéristiques nouvelles, non.
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Re: Le rôle de l'Art dans la société.

Message par roulroul »

Donc pour créer une nouvelle tube pop qui ressemble à tant d'autres, sans souci. Mais un concerto surprenante avec des caractéristiques nouvelles, non.
Se servir de machines et d' ordis pour créer de la vraie musique autre chose que pouet pouet n'est pas donné a tout le monde, il faut du talent pour ça. D'autre part je connais des gens brillants qui ont trompé des studios avec des synthés imitant pratiquement a la perfection des instruments acoustiques, avec des effets vibratos, glissandos, super articulations et autres, tout est relatif.
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Re: Le rôle de l'Art dans la société.

Message par zorg »

pfffpfff a écrit : mer. 23 janv., 2019 12:08 La question vaut la peine d' être posée.

Britney Spears plus forte que l’IA ?

https://www.liberation.fr/debats/2019/0 ... ia_1704643
Mouaih, sans vouloir paraitre prétentieux ou sectaire mais bon, la musique de Britney Spears...humm...

Petite vidéo https://www.youtube.com/watch?v=oVME_l4IwII sur la musique moderne.

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Géphil
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Re: Le rôle de l'Art dans la société.

Message par Géphil »

Géphil a écrit : mer. 23 janv., 2019 21:08 Je comprends l'enthousiasme autour de ces machines mais je me fais quelques remarques :

- Alpha zéro et Leela ont appris les échecs en faisant des millions de parties. En supposant qu'un être humain joue des parties de 15 minutes en moyenne, 12 heures par jour, 365 jours par semaine, il lui faudrait 57 ans pour jouer ne serait-ce qu'un million de parties. Les joueurs humains d'échecs ont appris à jouer à un haut niveau avec une économie de moyen et une efficacité considérablement plus grande que ces machines.

- les réseaux de neurones, inventés dans les années cinquante (Perceptron 1957) peuvent être mis en œuvre sur des ordinateurs classiques. Ils sont maintenant directement développés dans des machines spécifiquement conçues pour des raisons d'efficacité. D'ailleurs on peut installer Leela sur son PC. Il n'y a donc pas de différence qualitative sinon la force brute de calcul. Depuis Pascal les machines calculent plus vite et sans erreur par rapport aux êtres humains.

- les échecs et le Go sont des univers formels où l'incertain, les paradoxes et les phénomènes continus sont absents (sans parler des pâquerettes et des petits chats si mignons…). Ce sont donc des univers considérablement plus simples que le monde dans lequel on est immergé.

Le cerveau humain qui nous permet de produire et de ressentir des émotions reste donc un objet organique considérablement plus complexe que ces machines. Je crains moins les avatars de l'IA que le réchauffement climatique. Et je ne pense pas que celle-ci nous épargnera celle-là.

...mais je me trompe peut-être.
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Re: Le rôle de l'Art dans la société.

Message par JPS1827 »

Mais on pourrait envisager de charger de très nombreux paramètres dans de telles machines ainsi que des buts vers lesquels se diriger, disons dans 30 ans, et leur demander un avis sur les meilleures stratégies possibles pour atteindre ces buts ( 30 ans : court terme à l'échelle de la planète, mais une éternité pour nos "décideurs"). On serait peut-être très surpris des idées qu'elles pourraient nous donner.
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Re: Le rôle de l'Art dans la société.

Message par pfffpfff »

Géphil a écrit : mer. 23 janv., 2019 21:08 - Alpha zéro et Leela ont appris les échecs en faisant des millions de parties. En supposant qu'un être humain joue des parties de 15 minutes en moyenne, 12 heures par jour, 365 jours par semaine, il lui faudrait 57 ans pour jouer ne serait-ce qu'un million de partie. Les joueurs humains d'échec ont appris à jouer à un haut niveau avec une économie de moyen et une efficacité considérablement plus grande que ces machines.
Sauf que chaque être humain a beneficie du savoir des autres humains a travers la transmission, l enseignement et l analyse des parties d autrui. Le jeu d échecs contient sa part de théorie qui a été petit a petit défrichée au fil du temps par des joueurs de tous niveaux (même si en général les contributions viennent essentiellement des joueurs de très haut niveau). Ces progrès théoriques sont par exemple figes a travers les ouvertures ou les finales. Le milieu de jeu a aussi ses règles. Le savoir d un joueur d'échecs et le résultat de milliard d expériences analysées et disséquées.Ce résultat est plus ou moins bien intégré par chaque joueur, et plus ou moins bien interprété en temps réel au courts d une partie.

C est selon moi ce qu'il y a de plus éblouissant. Cet IA a aussi fait des milliards d’expérience (qui nécessite des supercalculateurs branches pendant quelques jours...) et est parvenue aux mêmes résultats que le genre humain!! Car non, l IA ne se mesure pas ou plus a un être humain, mais au genre humain tout entier pour ce qui est du jeu d échecs ou de Go.

Je trouve pour ma part vertigineux que le genre humain voit ses choix valide par une intelligence tierce....

Géphil a écrit : mer. 23 janv., 2019 21:08 - les réseaux de neurones, inventés dans les années cinquante (Perceptron 1957) peuvent être mis en œuvre sur des ordinateurs classiques. Ils sont maintenant directement développés dans des machines spécifiquement conçues pour des raisons d'efficacité. D'ailleurs on peut installer Leela sur son PC. Il n'y a donc pas de différence qualitative sinon la force brute de calcul. Depuis Pascal les machines calculent plus vite et sans erreur par rapport aux êtres humains
Vous pouvez émuler un Playstation sur un téléphone portable. Ça ne fait pas du processeur un e console de jeux. Vous pouvez émuler sur un processeur un traitement de signal analogique. Ça ne fait pas du processeur un réseau de résistances ou de capacitances. Et pourtant on a trouve le moyen de faire appliquer des lois analogiques et acoustiques (filtres passe bas, passe bande...) via un traitement digital. De fait, un réseau de neurones n a pas besoin d être implémenté au niveau hardware. Il peut être émulé au niveau software. Ceci dit, il y a des fermes de calculateurs basées sur des solutions hardwares qui permettent d acquérir des résultats autrement plus rapidement. C est d ailleurs la ruee des constructeurs de processeurs graphiques vers ce nouveau filon.



Géphil a écrit : mer. 23 janv., 2019 21:08 - les échecs et le Go sont des univers formels où l'incertain, les paradoxes et les phénomènes continus sont absents (sans parler des pâquerettes et des petits chats si mignons…). Ce sont donc des univers considérablement plus simples que le monde dans lequel on est immergé.
Oui, tout a fait. Ce sont des univers déterministes. Le prochain challenge est de battre des joueurs au poker. Mais encore une fois, ne sous estimez pas la nouveauté ici. Ce n est pas un ordinateur a qui on a on a programme des évaluations ou des ouvertures toutes faites. C est une intelligence qui n a eu besoin que des règles. Pour le reste, elle e a apprise toute seule. Vous m auriez dit ça il y a 10 ans, je voua aurai ri au nez......


Géphil a écrit : mer. 23 janv., 2019 21:08 Le cerveau humain qui nous permet de produire et de ressentir des émotions reste donc un objet organique considérablement plus complexe que ces machines. Je crains moins les avatars de l'IA que le réchauffement climatique. Et je ne pense pas que celle-ci nous épargnera celle-là. ...mais je me trompe peut-être.
Oui, l art, les émotions. C est un peu comme le "fait main". Ça nous rassure vis a vis des machines. Je voyais récemment des artisans en charge de la fabrication d une cloche pour une cathédrale, vantant leur savoir faire manuel. Ils utilisaient des tas de machine outilles super précises, mais bon c était pas "tout automatise". Donc fait main. On se rassure comme on peut.
La vrai question est tout autre: y a t il lieu de se rassurer? y a t il lieu de s inquiéter? Quand je vois que ces machines prédisent a présent les formes de telle ou telle protéine, savent reconnaitre des patterns malicieux, je me dis que la médecine a de beaux jours devant elle.
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Re: Le rôle de l'Art dans la société.

Message par pfffpfff »

JPS1827 a écrit : jeu. 24 janv., 2019 9:38 Mais on pourrait envisager de charger de très nombreux paramètres dans de telles machines ainsi que des buts vers lesquels se diriger, disons dans 30 ans, et leur demander un avis sur les meilleures stratégies possibles pour atteindre ces buts ( 30 ans : court terme à l'échelle de la planète, mais une éternité pour nos "décideurs"). On serait peut-être très surpris des idées qu'elles pourraient nous donner.
On utilise deja les IA pour les ressources humaines.
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Christof
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Re: Le rôle de l'Art dans la société.

Message par Christof »

Lee a écrit : mer. 23 janv., 2019 21:58 J'ai apprécié un Tedtalk sur le sujet par un dans le métier:
https://www.ted.com/talks/anthony_goldb ... anguage=en
Il explique que les humains seront toujours meilleurs aux nouvelles situations ou pour créer des nouveaux liens inattendus que l'IA. Les ordinateurs ont besoin des milliers ou des millions des situations similaires pour pouvoir analyser et apprendre comment faire.

Donc pour créer une nouvelle tube pop qui ressemble à tant d'autres, sans souci. Mais un concerto surprenante avec des caractéristiques nouvelles, non.
Désolé de ne pas être tout à fait d'accord, il existe déjà suffisamment de big data en musique pour qu'un système d'IA puisse composer des choses très intéressantes et qu'on puisse aussi trouver (dans une certaine mesure.. sans jeux de mot) originales, et ceci en musique classique.
Il faut savoir que ces recherches ne datent pas d'hier... La première (mais qui n'était pas basée sur l'exploitation du Big data, les ordinateurs à l'époque avait une très faible puissance de calcul comparée à maintenant) date de 1956, dans lequel le programme Illiac avait réussi à composer une suite pour quatuor à cordes sous le patronage du compositeur américain Lejaren Hiller.
Un exemple ici de ce que cela donnait, d'abord par une méthode d'écriture en contrepoint strict, avec trois catégories de règles : mélodique (les notes doivent être contenues dans un octave, pas de répétition de notes...) ; harmonique (ne sont autorisés que les intervalles tels que l'unisson, l'octave, la quinte, la sixte et la tierce majeure ou mineure (le triton étant considéré comme dissonant)... ; et les règles mixtes : interdiction des quintes et des octaves parallèles, la façon de passer d'un accord de 4 voix à un autre. La 1ère phase de l'expérience s'est terminée par la création d'une mélodie diatonique, utilisé par la suite comme cantus firmus pour la construction d'une autre polyphonie simple : deux voix dans la deuxième phase de l'expérience, 4 voix dans la troisième phase. Tout ceci menant aux trois sections du premier mouvement. On peut en penser ce qu'on en veut, mais c'est déjà pas mal, ... et c'était en 1956 et il n'y avait pas les big data



Ici, toujours dans le même cadre, un nouveau système de règles étaient imposé dans la programmation, bien plus libre, système s'appuyant sur les chaînes de Markov (où le choix d'un nouvel événement est étroitement lié à celui qui le précède immédiatement). Ce qui suit est le 4ème mouvement de la suite musicale.
Bien sûr, on peut ne pas aimer le résultat, mais ce n'est pas n'importe quoi. Et c'était en 1956



Aujourd'hui, voilà où on en est. Dans cet exemple, tout a été composé par l'IA de la firme AIVA ( (Artificial Intelligence Virtual Artist). Ses algorithmes ont ingéré quelque 30.000 partitions signées des plus grands compositeurs classiques (Mozart, Bach, Beethoven, Brahms, Schubert... mais il faudrait en fait faire la liste ici de tous et il y en aurait des lignes et des lignes). En lisant ces partitions, ce système a appris seul à extraire des informations qui lui servent à élaborer sa propre définition mathématique de ce qu’est la musique. Aujourd’hui, cette IA est reconnue comme une compositrice à part entière par la société de gestion de droits des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique, la Sacem. Plusieurs tests effectués en aveugle (façon test de Turing) auprès de professionnels de la musique ont montré qu'ils étaient incapables de différencier ici l'homme de la machine.
Ci-dessous, une des œuvres, qui a été jouée au Luxembourg à la Philharmonie :


C'est dommage, il existait aussi sur you tube une réalisation faite par une IA développée dans un laboratoire de recherche universitaire (et donc pas par une société commerciale), je crois me rappeler que c'était en Espagne (ou en Italie), et cela date déjà de plus de 15 ans, et c'était vraiment incroyable, d'une très grande originalité...

Ci dessous, une autre composition, cette fois faite par le système IAMUS

Modifié en dernier par Christof le jeu. 24 janv., 2019 12:19, modifié 1 fois.
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