Travail mvt lent concerto italien Bach

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pianojar
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Travail mvt lent concerto italien Bach

Message par pianojar »

Ce la fait maintenant quelque temps que je travaille sur ce mouvement et j'ai l'impression de stagner sans trop savoir pourquoi.
Des conseils ou des pistes de travail seraient les bienvenues
L'enregistrement concerne la moitié du mouvement, la problématique est la même de toute manière sur l'ensemble de l'oeuvre.
https://soundcloud.com/pianojar/zoom0012
Merci
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Athos
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Re: Travail mvt lent concerto italien Bach

Message par Athos »

Après un écoute comme ça, ce qui me vient c'est : je préfère la main gauche à la main droite.
Je ne sais pas trop l'expliquer, peut être la sensation que la main droite veut aller plus vite que la musique....
Main gauche plus "musicale" que la droite.

Je vais réécouter je crois ! :)
arg

Re: Travail mvt lent concerto italien Bach

Message par arg »

Tu as un joli son.
Pour l'avoir travaillé et avoir trouvé l'interprétation beaucoup plus difficile que prévu... plusieurs pistes.
Je crois que tu perds la main gauche: au début on l'entend parfaitement bien et ensuite on se demande où elle est. Il faudrait que tu puisses jouer la main droite en chantant la main gauche. Et toujours l'entendre, c'est elle qui guide et le reste n'est que développement.

Ensuite c'est peut-être la structure: c'est un concerto, donc il y a plusieurs instruments. A toi de les imaginer, j'entends plutôt des cordes dans la main G, violons en haut et contrebasse (ou orgue ?) en bas et un chant (broderies, vocalises ?) d'instrument à vent, ou de violon solo, ou de chanteur, à droite . Mais c'est peut-être différent pour toi.
En différenciant les timbres tu vas trouver une autre architecture.

Et encore, peut-être que tu peux changer complètement le tempo: le jouer encore plus lent ? plus vite ? et choisir ensuite celui qui te permet de te sentir à l'équilibre.

Bon travail... tu me donnes envie de le reprendre !
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JPS1827
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Re: Travail mvt lent concerto italien Bach

Message par JPS1827 »

Bonjour pianojar
Je pense que ta façon de le jouer est très influencée par ce qu'on entend au clavecin.
Tu as un parti pris pour les basses, qui consiste à les lourer invariablement, qui pourrait marcher, mais là elles sont un peu trop "plombées", c'est cependant facile à arranger.
Ta main droite n 'est pas si mal mais me paraît très handicapée par la façon dont tu joues les tierces de la main gauche ; actuellement elle sont "scandées", jouées note à note sans phrasé d'un groupe à l'autre. Rien que les 3 première mesures doivent être phrasées : inspiration sur la première montée et expiration sur la descente avant l'entrée de la main droite. Il faut pas mal les travailler pour obtenir un legato qui ne soit pas "insistant". Personnellement, bien que je sois habituellement plutôt adroit pour glisser le pouce, pour ce morceau je n'aime pas les doigtés à base de 12 13 pour les tierces enchaînées en descendant ou 13 12 en montant, j'essaie d'avoir un vrai legato en n'hésitant pas à faire des substitutions (aux quelles on ne pense plus au bout d'un moment) parce que glisser les pouces rend les levers de pédale trop dangereux, ce qui nous amène au deuxième problème que je vais illustrer en commentant la mesure 5 qui fournit un exemple assez typique d'une possible façon de l'employer :

A la mesure 4 tu dois avoir joué le dernier temps (4 doubles croches) sans pédale ; arrivant sur la tierce sol sib à gauche tu es obligé de mettre un peu de pédale pour qu'elle ne sonne pas sec en la quittant pour aller chercher la basse, seulement il est hors de question de conserver à droite fa-mi-ré dans la même pédale ; il faut donc jouer fa-mi-ré sans pédale tout en tenant la tierce de main gauche, enfoncer la pédale en jouant le ré de la main droite et ne lâcher la tierce de main gauche qu'à ce moment-là, la pédale aura été mise de façon retardée sur la tierce sol-sib sans mélanger les trois notes de main droite. Même chose pour le la-sol-fa de la mesure suivante, et ainsi de suite avec la mesure 7 par exemple où il faut mettre la pédale très brièvement sur la double croche qui suit chaque ornement et où on ne peut mettre de pédale sur la montée du dernier temps (il faut donc se débrouiller pour avoir un vrai legato à gauche).

Sans s'égarer trop loin, je pense qu'il faut que tu travailles en priorité les tierces de main gauche et que tu les recules d'un plan par rapport à la main droite tout en les phrasant, ça ira déjà beaucoup mieux.
pianojar
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Re: Travail mvt lent concerto italien Bach

Message par pianojar »

arg a écrit : Et encore, peut-être que tu peux changer complètement le tempo: le jouer encore plus lent ? plus vite ? et choisir ensuite celui qui te permet de te sentir à l'équilibre.
Le souci est que je crois est que j'ai expérimenté pas mal de pistes et qu'en fait j'en suis arrivé à un point ou je ne sais plus
- j'écoute Tharaud je trouve celà superbe
- j'écoute Gould je trouve celà magnifique
et pourtant il y a un monde entre ces deux interprétations .........
Ce qui est peut être plus grave c'est que par moments j'ai envie de jouer sans pédale du tout et piquer les basses et le lendemain j'ai envie de lier le tout avec un son beaucoup plus chaleureux :(
pianojar
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Re: Travail mvt lent concerto italien Bach

Message par pianojar »

JPS1827 a écrit : Ta main droite n 'est pas si mal mais me paraît très handicapée par la façon dont tu joues les tierces de la main gauche ; actuellement elle sont "scandées", jouées note à note sans phrasé d'un groupe à l'autre. Rien que les 3 première mesures doivent être phrasées : inspiration sur la première montée et expiration sur la descente avant l'entrée de la main droite. Il faut pas mal les travailler pour obtenir un legato qui ne soit pas "insistant".

Sans s'égarer trop loin, je pense qu'il faut que tu travailles en priorité les tierces de main gauche et que tu les recules d'un plan par rapport à la main droite tout en les phrasant, ça ira déjà beaucoup mieux.
Merci pour ton analyse. Pour ces histoires de pédale j'en suis absolument conscient mais je n'y arrive tout simplement pas pour l'instant (je n'arrive pas à être assez précis)
Pare contre pour les tierces c'est plus grave que ce que je pensais docteur car j'ai passé énormement de temps à modifier tous les doigtés que j'utilisais au tout début en faisant un maximum de substitutions et j'avais l'impression que c'était plus ou moins fluide mais apparemment c'est beaucoup moins que plus ! :D (ceci est un rire jaune )
sylvie piano
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Re: Travail mvt lent concerto italien Bach

Message par sylvie piano »

Il ne manque pas grand chose Pianojar... J'ai l'impression que l'essentiel est là, caché sous des " trop ", de pédale,(!!!!) de main gauche, de vouloir contrôler. L'émotion est vraiment palpable. Clarté de jazzman. J'aime beaucoup. Il me faudrait une écoute en direct pour détailler je pense. Les conseils de JPS sont évidemment à suivre sans hésitation. J'ajouterai la perception rythmique élargie pour davantage conduire les phrases qui chanteront différemment. Vous êtes si stable que vous pouvez utiliser cette force de penser à la noire tout en gardant la croche comme unité.
Mais c'est beau derrière cet excès de pédale, il va être très beau ce mouvement. La pensée est là, les couleurs, la régularité.
pianojar
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Re: Travail mvt lent concerto italien Bach

Message par pianojar »

Merci pour ces encouragements qui sont plus que bienvenus car cette après-midi (puisque je travaillais cette nuit) je me suis même demandé si je devais continuer (la persévérance n'est pas ma plus grande des qualités !)
Après avoir déchiffré quelques transcriptions de Bach j'ai donc repris la partition et décidé de revenir à ce que j'avais en tête au moment d'aborder l'oeuvre, la jouer sans pédale. C'est peut-être très compliqué pour le lié car on ne peut plus oublier aucune substitution mais au moins cela règle de manière drastique les problèmes de pédale qu' a soulevé JPS et dont j'étais conscient mais sans me rendre compte à quel point cela était un cache-misère dans certains passages. D'où l'importance d'une écoute extérieure objective !
Je vais donc de me réengager dans cette voie (x)
Je crois que si cette oeuvre n'était pas si belle et chargée d'émotions, j'aurais déjà abdiqué...... En l'abordant au tout début, cela parait tellement simple avec cette MG épurée et puis dès qu'on a posé les doigts sur les touches on se rend compte d'une richesse infinie et tellement difficile à maîtriser pour un pianiste moyen et ce malgré la lenteur du tempo.Il y a tellement de choses à contrôler en même temps et un petit détail mal exécuté et tout l'édifice s'écroule.
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Christof
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Re: Travail mvt lent concerto italien Bach

Message par Christof »

Oui Pianojar, tu dois persévérer (tu sais mon avis là-dessus). Comme l'a dit Sylvie, il ne manque pas grand chose et tout est déjà là.
Travailler sans pédale : oui ! oui ! et encore oui ! : on a toujours tendance à vouloir en mettre trop (moi le premier, cela s'entend dans ce que j'ai joué dimanche :) à la réunion Pmistes).
Et comme c'est bien connu - "chassez le naturel, il revient au galop" - un truc existe pour ne pas être tenté, du moins résister à la tentation : se mettre un bottin (si cela existe encore) ou un livre très lourd sur le pied... Et dès que l'on sent que son pied a envie de se coller à la pédale, se dire : "ah non, et puis le son est tellement plus pur sans pédale"...

Et une fois que tout est maîtrisé sans pédale, en mettre si besoin mais alors vraiment si besoin, à dose homéopathique.

On attend tous la suite.
pianojar
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Re: Travail mvt lent concerto italien Bach

Message par pianojar »

La suite pour l'instant c'est ......
Je rentre assez tard ce soir donc très peu de temps pour le piano. Donc je reprend la partition et je commence par ne jouer que la main gauche et noter quelques doigtés sur la partition pour être sûr de les respecter et rejouer certaines mesures plusieurs fois MG uniquement. Ensuite je joue quand même le morceau en entier tout en m'arrêtant lorsqu'il y avait un petit problème pour reprendre le passage.
...... et à la fin du morceau j'ai eu droit à "tu travailles un nouveau morceau... ?"
Je ne sais pas comment je dois prendre çà ! :roll: :shock: :cry: :D :lol:
Sinon il est plus simple de résister en ne mettant pas de pédale du tout que de la doser (en tout cas pour moi)
Après faudra que je passe de homéopathétique (comme dans l'enregistrement) à homéopathique !
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Christof
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Re: Travail mvt lent concerto italien Bach

Message par Christof »

Salut Pianojar

Ce long texte pour te porter dans le travail.
Récemment, dans le fil « Comment attaquer l'apprentissage d'un nouveau morceau», Sylvie disait « prenez une séance entière en première intention. sans jouer, partition sans piano. C 'est ainsi qu'on doit démarrer un travail. Comprendre le texte, l'analyser. Puis les doigts sur le clavier sans jouer comme on murmurerait, simplement intégrer les déplacements, les difficultés et la structure musicale qui doit être absolument et immédiatement intégrée au jeu pianistique."

Faire maintenant pour toi un petit retour en arrière. J’espère que cela apportera quelque chose qui t’encouragera à aller encore plus loin.
Lire d’abord tout le morceau, sans piano, pour qu’il chante en toi. Et s’il ne chante pas assez la première fois, il faut recommencer. Et encore. Et noter au fur de ces premières lectures ce qui apparaît.
D’abord tons et thèmes et en concordance avec ces apparitions, les grandes respirations de la musique, qui vont aussi apparaître par des cadences inspirées par ces respirations, repos partiels ou définitifs qui ponctuent la marche du morceau.
Ici, sans rentrer dans le détail, le premier grand survol général montre, en ré mineur, une basse harmonique à deux plans (basse grave et petits motifs en tierces conjointes qui complètent les accords) et une immense ligne soliste chantante, ornée, comme une vocalise capricieuse, libre, dont l’apparente complication doit s’accorder à son calme soutien. C’est peut-être déjà là le secret de l’expression à trouver.

On est confronté à trois plans sonores. A l’époque, c’était joué au clavecin dont les registres, les pédales et les deux claviers permettaient de préparer et varier les timbres. On pourrait presque dire que le clavecin, sur le plan sonore, est indépendant de l’exécutant. Et c’est bien différent au piano, l’importance de la personnalisation du chant tant à la basse qu’au soprano – et dans les fugues à n’importe quelle partie – demande une très grande maîtrise de la tension et de la détente musculaire, l’attaque, le legato, les notes piquées. C’est un peu une porte ouverte que de dire cela, mais au piano, c’est par l’intelligence conductrice que le relief et la couleur vont apparaître. Et le plus souvent - là, je parle des fugues - , la clarté du discours demande non pas un renforcement sonore de la partie à mettre en valeur mais un "adoucissement" de la ou des parties qui accompagnent.

Ici, le thème, cette longue ligne vocale semble se développer davantage sur elle-même plutôt que de présenter un thème vraiment caractérisé. Tout dans ce morceau est inséparable de la vision même du chant, qu’il faut connaître à fond.
Comment respire-t-il ? Simple virgule à la mesure 8, une autre à la mesure 12, toute deux posée sur une tonique (dans le ton de ré mineur)… Rien ne s’est encore passé tonalement. Une première cadence, dominante->tonique, arrive mesure 11->12, mais elle ne fait que réaffirmer le ton principal.
Arrive la mesure 14 où l’on voit arriver une première altération importante sur le premier temps de la mesure : do bécarre à la basse qui dure. Mis en rapport avec la quinte diminée mi-sib, le do est un signalisateur : il est la dominante du Fa majeur. Le chant prend un nouvel élan jusqu’à un aboutissement mesure 27 et son repos bien gagné dans la tonalité de Fa majeur. Un long trajet qui s’opère sans respiration, mais aussi sans la moindre trace d’essoufflement, soutenu par une basse qui pour le suivre, s’est posée sur une longue pédale de do mineur, annonçant le Fa majeur.
Du coup, on peut dire que cette première étape harmonique (du ré mineur au fa majeur) coïncide avec une évolution de la voix soliste.
A la mesure 27, le rythme harmonique imperturbable (une harmonie par mesure) persiste jusqu’au moment où l’importance de l’événement provoqué par la cadence le modifie. Et après une transition d’une seule mesure, et c’est là qu’on voit le génie de Bach, le do bécarre fait place au do#, et la tonalité de ré mineur revient… et tout recommence !
Une seconde partie s’ouvre alors – équivalente en durée à la première, où les mêmes situations se répètent, mais avec une autre destination tonale, du fait de la conclusion dans le ton principal ré mineur->ré mineur. Mais deux tons modulants apparaissent au passage : do majeur et si bémol majeur (mais c’est très fortuitement) et qu’on ne trouvaient pas dans la première partie.
Et à la mesure 37, on trouve la même quinte diminuée que celle qu’on trouvait à la mesure 14 (là, c’était mi-sib), maintenant c’est do#-sol, en ré cette fois, associé à la dominante la ; et même pédale de sept mesures avec cadence finale qui conclue en ré mineur, mesure 45. A ce moment, tout est dit, et le morceau s’achève par la tonique.
Sauf que cinq mesures suivent encore… Mais où est donc la fin ! En fait elle est là, à la mesure 45, sauf que Bach, toujours génial, qui fait cela d’ailleurs pas mal souvent, rajoute un truc qu’on pourrait appeler une « sur cadence » ? au-delà de la cadence finale déjà faite, comme s’il voulait superposer une fonction de sous-dominante, qui semblerait vouloir moduler, mais en fait qui ne le fait pas… Une sorte de broderie harmonique, ornée d’altérations et qui finit le morceau.

C’est cela qui est très important aussi : la lecture préalable pour mieux s’imprégner du morceau car les observations qu’on peut faire vont dessiner l’interprétation : la ponctuacion des phrases en accord avec le ryhtme et «l’état tonal», conforme aux besoins du chant, les étapes harmoniques dont les courbes dynamiques, lié à la courbe mélodique, va indiquer des nuances… qui donne déjà une interprétation naissante et des forces pour mieux conduire sa marche.

Ici se dégage une espèce de plan binaire :
I : ré mineur vers fa majeur
II : ré mineur, vers ré mineur + coda

Ensuite on peut essayer d’aller dans l’étude plus détaillée des deux grandes parties.
Tout d’abord un petit « prélude d’introduction », soit trois mesures d’installation bien attentives de la tonalité, tonique-sous dominante-dominante sur une pédale de tonique.
Donc sécurité tonale, et sécurité rythmique aussi, imposée par le balancement régulier du dessin montant et descendant sur des notes graves de basse égales et tranquille, disposition très stable qui dure tout le long du morceau.
Cette sécurité double doit inspirer aux multiples ornements du chant une sérénité égale, qui semble alors indiquer qu'on doit exclure tout sentiment grandiloquent ou dramatique. Le « personnage » chantant ne doit pas faire bande à part, se désolidariser : la beauté de la ligne suffit à l’expression… La vérité musicale de ce chant, il va donc falloir essayer de la trouver dans la simplification de cette ligne ornementée à foison plutôt que dans l’étalage des détails sous lesquels elle pourrait étouffer. Trouver ici les notes essentielles. Peut être commencer par la jouer sans les ornements ? Ou alors trouver les points forts dans les phrases. Trouver dans ce chant ce qui important, ce qui ne l’est moins pour ne pas avoir non plus la confusion fatale d’une fausse égalité.

A remarquer aussi les sept mesures de pédale de dominante de la mesure 19 à 25. Ici, le rôle de pédale n’est pas celui d’une note simplement prolongée (Beethoven aussi pensait souvent comme cela). En fait ce n’est pas une stagnation, mais au contraire sert à faire avancer l’événement musical. Exactement pareil que dans les pédales dans les morceaux jazz (je pense par exemple aux pédales dans « All the things you are » (j’en avais parlé dans un fil).

En gros, lire avant, sans piano, je pense aide à ce que la première mesure d’un morceau ne nous prenne pas au dépourvu. Elle permet déjà une interprétation mentale (chacun faisant avec ses connaissances), une pensée réfléchie qui peut déjà embrasser l’ensemble, donnant une vision claire de sa structure, de sa progression, des nuances appropriées. Ceci permet l’unité.
Ici, les longues guirlandes d’ornements, posée sur un fond harmonique des plus stables et des plus simples doivent être interprétés en fonction de cette stabilité et simplicité. Et donc, sûrement, toute idée d’ « expression exagérée » doit être exclut. La vision de la véritable mélodie interne, conjointe une fois dépouillée de ses ornements, suffit pour incarner le morceau. Tout le reste est « en plus ».
Et dans les enchevêtrements les plus complexes de la mélodie et de l’harmonie, chercher toujours le sens conjoint du chant, et les fonctions des accords, qui départagent l’essentiel de ce qui l’est moins.
Modifié en dernier par Christof le sam. 04 févr., 2017 23:32, modifié 2 fois.
pianojar
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Re: Travail mvt lent concerto italien Bach

Message par pianojar »

En travaillant le morceau j'avais l'impression de devoir gravir le Mont Blanc.......... mais maintenant c'est l'Everest !
Que de pistes de travail et surtout de mots qui sont là pour révéler la structure de la pièce et les intentions du compositeur
A lire........ relire..........méditer............pour enfin essayer de s'approcher de la magnificence de cette page !
Merci

Sinon j'ai réécouté l'enregistrement ce soir et j'ai trouvé cela vraiment "mauvais", des intentions non réalisées et un jeu qui se délite au fur et à mesure. Je remercie du reste les personnes qui par l'indulgence de leurs commentaires ont mis en avant les quelques points positifs (si ténus soient-ils) qui m'ont donné l'envie de persévérer. D'un autre côté le fait de jouer sans pédale du tout modifie totalement la perception que l'on a du morceau et pour me motiver je me dis qu'il y a un peu de celà !
Presto
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Re: Travail mvt lent concerto italien Bach

Message par Presto »

Ne t'écoute pas trop, les prises de travail sont faites pour être effacées :wink: , sinon tu iras jusqu'à prendre en grippe tes qualités et tu manqueras de recul. Franchement j'ai trouvé ça pas mal du tout, alors que ça commençait pas très bien (ta mg au début), mais on t'a dit tout ça.
Je me suis demandé si tu ne surchargeais pas ton morceau d'intentions comme si tu avais voulu mettre tout Bach dans ton mouvement. Je te dis ça parce que ça m'arrive assez souvent...
@ Christoph : je veux bien t'embaucher pour un ou 2 petits préludes du CBT ? :wink:
"Vivi felice" Domenico Scarlatti,
pianojar
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Re: Travail mvt lent concerto italien Bach

Message par pianojar »

Presto a écrit : Je me suis demandé si tu ne surchargeais pas ton morceau d'intentions comme si tu avais voulu mettre tout Bach dans ton mouvement. Je te dis ça parce que ça m'arrive assez souvent...
Mais tout Bach est dans chaque mesure ! :)
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Kreisler
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Re: Travail mvt lent concerto italien Bach

Message par Kreisler »

@pianojar

J'ai travaillé le 1er mouvement du concerto italien fin 2016.... j'avais commencé à déchiffrer le deuxième sur lequel tu es, pianojar.
L'un des forumeurs a parfaitement décrit sa construction: la main gauche conduit tout le mouvement, la main droite n'est que broderies. Concerto dans "le style italien", pense à Vivaldi et ses mouvements lents pour te donner une idée de la conduite à tenir. Les cordes posent ça et là quelques accords sur lesquels un violon solo improviserait à loisir...

Après, tu as cité Tharaud, Gould comme interprètes référents, sans vouloir imposer qui que ce soit, depuis que j'ai écouté Andras Schiff, je ne peux plus écouter quelqu'un d'autre dans Bach... Tout me correspond, c'est exactement ce que j'attends dans Bach: musicalité, vitesse, ornements, son, écoute comment il parvient à faire chanter son piano, à faire durer les notes et sans pédale grâce à un art consommé du doigté. Rien que le début du mouvement lent, regarde bien sa main gauche faire les substitutions dans les tierces introductives.

PS: Je tiens juste à préciser que depuis 6 mois, je travaille le piano SANS pédale. Je ne fais que du Bach, j'essaie de développer ma technique de doigtés, de substitution, de legato, de staccato, de ne plus "noyer" les harmonies... Auparavant, je me trouvais dans l'incapacité de jouer sans pédale, si un piano avait sa pédale de cassée, j'étais coincé. Quel plaisir maintenant de pouvoir jouer du piano sans, je découvre des possibilités que je n'aurai pas imaginées. Donc, pour moi, ce mouvement lent, c'est SANS PÉDALE

https://www.youtube.com/watch?v=ghTitIMtTCM (à 3'45 débute le mouvement lent)
pianojar
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Re: Travail mvt lent concerto italien Bach

Message par pianojar »

Merci Kreisler pour tes conseils. J'avais cité Gould et Tharaud surtout parce qu'ils étaient aux 2 extrêmes pour moi de ce qui peut se faire. J'ai beaucoup regardé la vidéo de Schiff et du reste c'est grâce à cette vidéo que j'ai commencé à faire les nombreuses substitutions dans les tierces MG (j'ai regardé le passage que tu cites de nombreuses fois).
Quant à la pédale, idem jusqu'à très récemment j'étais incapable de jouer sans. Maintenant ce qui est plus dur c'est d'en remettre mais de la doser correctement et de ne plus l'utiliser comme un cache-misère mais comme partie prenante de l'interprétation.
En tour cas l'étude de ce morceau même si jamais il n'aboutit pas à une belle version m'aura permis de découvrir beaucoup de choses au clavier mais également sur ma manière de travailler (finalité et durée entre autres), d'ouvrir des possibilités comme tu l'as dit et d'explorer des possibles même s'ils se révèlent être une impasse.
pianojar
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Re: Travail mvt lent concerto italien Bach

Message par pianojar »

J'ai fait une courte prise ce soir en 1ère intention des 2 premières minutes (jusqu'au trille qui ne va pas du tout)
C'est bien sûr totalement différent, beaucoup plus proche de ce que je voulais au départ mais très compliqué à mettre en place (tempo, absence de pédale......)
Je suis preneur de tout conseil et toute critique bonne ou mauvaise que ce soit sur l'orientation ou la réalisation afin de pouvoir continuer à travailler
Merci
https://soundcloud.com/pianojar/zoom0003-2
arg

Re: Travail mvt lent concerto italien Bach

Message par arg »

Bonjour pianojar,
première, puis 2e écoute d'abord étonnée par la lenteur du tempo (mais ton premier enregistrement que j'ai réécouté est à peu près pareil en fait), puis finalement on se laisse prendre.
Sacré travail... sans pédale je trouve cela extrêmement difficile et je suis assez bluffée par ton suivi.
Je préfère, mais cela n'engage que moi, un peu de pédale, sans pour autant revenir à ta version antérieure, mais peut-être pourrais-tu rajouter quelques touches. Affaire de choix je pense.
Pour le tempo, je crois que tu commences quand même très lentement et que tu rattrapes un tout petit peu plus rapidement ensuite. Là aussi, je trouve plus facile de suivre un tempo légèrement plus rapide (ou plutôt, moins lent).
Quelques remarques qui m'ont aidée à trouver une atmosphère plus baroque: l'arrivée de la main droite est peut-être un peu brutale; mais surtout , les trilles commencent plutôt par la note supérieure (mesure 7: sol-fa-sol-fa plutôt que fa-sol-fa, tu n'auras aucun souci technique à le faire et ça change l'ambiance !).
Idem, les appogiatures commencent sur le temps (tu les fais avant le temps), par exemple mesure 8 le do-sibémol se pense comme le mi-la de la mesure suivante c'est à dire comme le do dièse-ré de la mesure 12, c'est juste l'écriture qui change).
Petite chose aussi dans mon édition, mesure 5, le fa-mi-ré-mi se joue rythmiquement comme le la-sol-fa-sol d la mesure suivante, sauf que le premier fa est tenu.
Beau travail en tous cas, courage pour continuer ! je crois que tu peux te permettre maintenant une certaine détente qui devrait t'aider.
pianojar
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Re: Travail mvt lent concerto italien Bach

Message par pianojar »

Merci pour ton écoute arg et tes précieuses indications qui vont me permettre de rectifier ces imprécisisons de texte.
Quant à l'entrée de la MD elle assez très mauvaise oui dans cette prise mais je voulais enregistrer la première prise avant de travailler
Le tempo est plus facile à garder si on joue plus vite mais j'ai très envie d'étirer le temps dans cet andante.
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Oupsi
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Re: Travail mvt lent concerto italien Bach

Message par Oupsi »

Je pense que tu fais un travail remarquable, je suis impressionnée. Je suis certaine que ça va fructifier merveilleusement. Mais travailler comme ça, avoir la patience, la détermination... c'est beau, chapeau. (et ça me motive)
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