Comment positiver une prestation public insatisfaisante ?

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pianojar
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Re: Comment positiver une prestation public insatisfaisante

Message par pianojar »

Prendre des crevettes sauce piquante en étant vétu d'un sweatshirt blanc était une très mauvais idée avant la réunion.......... :mrgreen:
mieuvotar

Re: Comment positiver une prestation public insatisfaisante

Message par mieuvotar »

Si tu es dans la situation que tu décris, Okay, tu vas je pense t'abstenir de choisir des spaghettis bolognaise....
Tout comme, si tu dois jouer devant un auditoire averti, tu vas t'abstenir de jouer un morceau que tu n'aurais pas ou peu travaillé.
Non ?
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Okay
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Re: Comment positiver une prestation public insatisfaisante

Message par Okay »

Ce n'est pas si évident, car je suis gourmand a table et plutot casse-cou devant un clavier... je peux me dire "je vais faire gaffe en mangeant" si j'ai tres envie de ce plat meme si c'est risqué, et tenter en public des choses un peu délirantes au piano en comptant sur l'envie, l'élan, l'audace...
Je joue dans 4 jours Griffes par coeur qui n'est pas encore parfaitement su, 30 pages et 20 minutes de musique, j'ai la partition depuis que 3 mois et bien d'autres choses sur le feu... et me trouve en ce moment a l'étranger avec 3 jours sans toucher au piano... Si c'etait le vrai concert je ferai de meme car la partition en public me bride vraiment trop, je prefere inventer quelques accords en cas de trou de memoire que d'etre esclave de ce truc plein de signes qui me pollue la vue sur le pupitre...
Modifié en dernier par Okay le mer. 15 juin, 2016 12:57, modifié 3 fois.
sylvie piano
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Re: Comment positiver une prestation public insatisfaisante

Message par sylvie piano »

Autrement dit en fonction de l'enjeu....
L'enjeu représenté par une prestation publique est tellement variable...
Si je parle un peu de moi encore....
Épreuve de piano du CA, préparé presque seule ( 70% du programme). Candidats tous stressés évidemment.... Moi de même mais... La où une faiblesse devient force....Les jeunes femmes parlent entre elles, nulle n'a d'enfants.... L'enfant, c'est pour après le CA. Logique.. Je suis à l'écart silencieuse, l'une d'elle a un doute :" tu as un enfant ?". Je me contente d'indiquer mon pouce et mon index.... Les yeux s' écarquillent. Nous avons le même âge.
Qui mieux qu'une jeune mère de famille pouvait jouer l'opus 110 à... 8h du matin ? Enfants à l'école.... Vite piano !
Et surtout.... Lorsque ce jour-là j'ai posé mes mains sur le piano, je me le rappelle encore, je savais l'importance de ce concours absolument déterminant dans une carrière de pianiste enseignant, mais sur la balance de l'autre côté, une petite fille et un petit garçon m'ont soufflé: Maman, tu es la meilleure quoiqu'il arrive.

L'enjeu. Que mettons nous derrière cette vitrine publique ? Quelle Fragilité ? Trouver la force en soi, dans la musique. C'est essentiel.
pianojar
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Re: Comment positiver une prestation public insatisfaisante

Message par pianojar »

sylvie piano a écrit :Autrement dit en fonction de l'enjeu....
L'enjeu. Que mettons nous derrière cette vitrine publique ? Quelle Fragilité ? Trouver la force en soi, dans la musique. C'est essentiel.
Justement cela devrait être beaucoup plus simple pour des pianistes très moyens (comme moi, je ne catégorise pas [-X :D) de jouer en public car quel es l'enjeu ? Il est quasi-nul à part le petit sentiment d'"humiliation" que l'on pourrait avoir en cas de catastrophe majeure et pourtant savoir celà ne résoud rien. Du reste l'enjeu va être pour d'autres ce qui va leur permettre de se transcender et je crois qu'on en a vu un bon exemple assez récemment....
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jean-séb
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Re: Comment positiver une prestation public insatisfaisante

Message par jean-séb »

pianojar a écrit :Justement cela devrait être beaucoup plus simple pour des pianistes très moyens (comme moi, je ne catégorise pas [-X :D) de jouer en public car quel es l'enjeu ? Il est quasi-nul à part le petit sentiment d'"humiliation" que l'on pourrait avoir en cas de catastrophe majeure et pourtant savoir celà ne résoud rien.
Oui, mais je crois que c'est bien précisément la crainte de ce sentiment si négatif d'humiliation qui nous (me) paralyse. C'est terrible car j'ai beau me dire qu'il n'y a pas de quoi se sentir humilié, dans la même mesure où je ne juge pas que les prestations des autres, même émaillées de petits accrocs, soient humiliantes, je ressens malgré tout ce sentiment, peut-être le reste d'un parcours (lointain) scolaire truffé d'examens passés dans le culte familial de "il te faut absolument être le meilleur". Il me faut apprendre l'humilité, l'acceptation de ses limites et faiblesses, et c'est un peu tard. :oops:
pianojar
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Re: Comment positiver une prestation public insatisfaisante

Message par pianojar »

Accepter ce que l'on est avec ses forces et ses faiblesses et non pas ce que l'on aurait voulu (voudrait) être
Le culte de l'examen et du concours oui.......
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sanne
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Re: Comment positiver une prestation public insatisfaisante

Message par sanne »

Christof a écrit :
Quel est l'enjeu que tu mets derrière le fait de jouer en public ?

Je crois que l'une des premières choses pour positiver, c'est d'accepter tout ce qui veut bien sortir. Ce qui est bon et mauvais avec la même ferveur, avec la même douceur. Trouver le plaisir de jouer. Même si on se plante.

Et pour moi, cela a été le plus important. Il a pu me dire "tu as un beau son, et tu as du talent".
Alors n'en doute jamais Sanne : tu as un beau son, et tu as du talent. Fortifie toi tous les jours de cela.
Ils ont raison, il faut qu'on te paie pour tes messages positives! :D

Je n'ai garde que quelques phrases de ton long message, mais j'essaie de te répondre:

L'enjeu: je joue en public, parce que j'aime bien participer aux rencontres pianistiques, pour rencontrer les PMistes, pour les écouter. Des fois je viens en simple auditrice, mais on se sent un peu à l'écart de l’événement. Donc je préfère jouer aussi.
Une autre raison est que jouer un morceau en public est une façon d'en "finir avec", pour ensuite passer à autre chose.

Je prends plaisir à jouer à la maison, et des fois cela ne sonne pas trop mal (à mes oreilles. Je ne pense pas que c'est très objectif. :wink: ).

Par contre, de dire "tu as un beau son" (en précisant qu'on ne se connait pas pour que je sache, et que tu ne m'as jamais entendu jouer), me va trop loin.
Tout le monde ne joue pas bien, et pas tout le monde n'a un beau son.
Et dans mon cas, en réalité, je n'ai pas de beau son, ni de talent. :mrgreen:

Mais, ce n'est pas grave, et je ne me plains pas; on ne peut pas tout avoir... 8)
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Oupsi
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Re: Comment positiver une prestation public insatisfaisante

Message par Oupsi »

Le présupposé de la démarche, si j'ai bien compris, c'est que si, tout le monde peut générer un beau son.

Un bon son, ce n'est pas de l'ordre de l'avoir, mais du faire, et tout le monde peut sortir un beau son d'un piano. Alors oui il y a des sons plus envoûtants que d'autres, des gens qui ont trouvé plus tôt dans leur parcours comment le faire et qui le font donc depuis longtemps, il y a aussi des gens qui ont trouvé "leur" piano (relation unique et transcendée avec l'instrument) (tout ça aide), et il y a surtout des choix de répertoire plus pertinents que d'autres (c'est très important à cet égard, je crois).
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Christof
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Re: Comment positiver une prestation public insatisfaisante

Message par Christof »

mieuvotar a écrit :
Christof a écrit :Je ne suis pas sûr de bien comprendre l'analogie, les deux situations n'ont pas grand chose à voir l'une avec l'autre... C'est un peu comme si on disait : comment est-ce possible qu'on ait des difficultés à déchiffrer une partition alors qu'on lit le journal tous les jours sans problèmes ?A la limite, on pourrait comparer les deux contextes par exemple si l'on doit manger un gâteau au cours d'un dîner royal (exemple pas pris au hasard...) où tout d'un coup, l'acte cesse d'être banal et inconscient car il devient un prisme au travers duquel l'on craint d'être jugé. Et soudainement, on devient extrêmement maladroit avec sa cuillère qu'on cherche à manipuler avec une conscience trop aiguisée.
Oui tout est là : la crainte d'être jugé. Je suis sûr que si je te demandais de venir manger devant nous un bout de tarte normande dans la salle à Jourdain où l'on était, tu ne te poserais pas la question de savoir si tu vas être jugé ou pas. Et puis tu ne ferais pas tomber une miette par terre, et si c'était le cas, aucune importance.
Imagine que tu aies joué un morceau vraiment "facile", genre "au clair de la lune", à une seule main. Aurais-tu perdu tes moyens ? Peut-être ?
Mais alors où en est la raison ? Manier la fourchette fait appel à plein de muscles, d'anticipation de l'esprit, il y a aussi une beauté dans le geste. Est-ce que c'est plus dur de jouer 'au clair de la lune" que de savoir manier une fourchette. A mon avis, non.
Quand tu manges avec ta fourchette, te dis-tu, vraiment au plus profond, inconsciemment : ah zut, je risque de planter ma fourchette à côté... ou carrément oublier comment on fait...
Est-ce plus dur de jouer un morceau plus élaboré, s'il n'a pas de secret pour nous, que de tenir une fourchette et de s'en servir pendant un repas ? Je pense que non.
Tu sais, cela m'est aussi arrivé de me planter en beauté. Cela est arrivé à tous. Alors, où est l'humiliation ? Elle est sûrement dans notre façon de percevoir les choses. C'est la peur qui nous a vrillé. Mais c'est quoi cette peur. Je pense qu'elle est différente pour chacun de nous, mais sûrement avec des constantes. C'est comme s'il fallait savoir bien jouer, en toutes occasions pour être quelqu'un de bien. Paralysé alors parce qu'on se dit : "ah, il faut que je joue bien". "C'est à toi maintenant coco, ne déçois pas l'auditoire". Je pense que c'est lorsqu'on s'inquiète trop du résultat qu'on se met en faiblesse. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas exigence au moment où on le fait, mais l'enjeu n'est pas de jouer "bien" ou "mal".
Combien de musiciens sont prêts à jouer "mal" en public ? La façon la "plus simple" de pratiquer un art est de ne plus du tout penser à la réussite ou à l'échec, et de "s'y mettre", tout simplement. Quelqu'un qui n'a pas peur de mourir, sait vivre. Quelqu'un qui n'a pas peur de l'échec, réussit.
Trouver la force de ne pas juger sa valeur à la qualité de son jeu sans se planter. "Bien" ou "mal" jouer prend une importance démesurée, et l'obligation de "bien jouer" en devient plus grande
Excuse-moi, je suis peut-être un peu maladroit dans mes explications. Bien sûr que je comprends la frustration, le mal que cela a dû te faire, ce cercle vicieux. Mais comme j'ai pu te l'écrire par ailleurs, l'important n'était pas là. L'important, c'est ce qu'on a entendu au début où tu as joué, quelque chose de magnifique (et sache que je ne fais jamais de compliments à la légère, sans les penser). Tu sais, c'est ce qui a été dit : le public a raison et sait souvent mieux que nous. Alors arrête de t'inquiéter. Le discours musical était là et il était magnifique. Alors peut-être que c'est cela que tu as appris ce jour-là, qu'il faut que tu apprennes :c'était beau. Et cela a bien plus de valeur que les planteries. Des musiciens, j'en ai écouté des milliers.

J'espère que tu seras là samedi 25. J'aimerais qu'on joue un truc ensemble si tu veux. Un truc où tu n'as besoin de rien apprendre pour savoir le jouer, juste te poser au piano avec moi, et on joue. Sans enjeu. Juste pour le plaisir. Tu verras.
Modifié en dernier par Christof le dim. 28 avr., 2019 16:15, modifié 11 fois.
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Christof
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Re: Comment positiver une prestation public insatisfaisante

Message par Christof »

sanne a écrit :Et dans mon cas, en réalité, je n'ai pas de beau son, ni de talent. :mrgreen:
Mais, ce n'est pas grave, et je ne me plains pas; on ne peut pas tout avoir... 8)
Mais comment peut-on écrire des choses pareilles ?
Bien sûr que si tu as du talent. Cela va peut-être te sembler bizarre que je te dise cela, sans ne t'avoir jamais entendu jouer, mais à moins que tu sois sourde, aie des difficultés monstrueuses musculaires, ou que sais-je..., ou que tu n'aies pas envie de jouer finalement du piano parce que cela ne t'intéresse pas ou ne te touche pas, je pourrais te montrer aisément que tu en as.
C'est dingue ça, comment la façon d'envisager la musique peut générer des a-priori destructeurs.
Bien sûr, il faut savoir ce qu'on met dans le mot "talent", ou le mot "beau son". En fait, on y met la même chose : une espèce de décontraction et de plaisir. Une quête paisible, mais qui ne veut pas dire pour autant qu'on nie l'exigence. Et cela s'apprend.
Et puis, dire qu'on a pas de talent, c'est souvent une fausse modestie.
Avec toute mon amitié
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Re: Comment positiver une prestation public insatisfaisante

Message par Abegg63 »

Je crois que lors d'une prestation en public l'enjeu que l'on se crée soi!même souvent peut freiner; Je me souviens que lorsque j'étais enfant je n'avais pas le trac; On me disait d'aller jouer, il y avait du monde, c'était pas grave, tout ce qui m'importait c'était de poser les mains sur le piano et de jouer. Je me faisais plaisir c'est tout. Je ne m'en rappelle pas très bien mais mon premier prof m'a raconté que je voulais toujours jouer la première et que je réclamais mon tour si jamais ce n'était pas moi qui devait commencer;

Le trac est venu après à l'adolescence je crois. Je me souviens très bien d"énormes plantages.

Ensuite je n'ai plus joué en public pendant des annéées sauf pour de petits accompagnements d'élèves et puis je m'y suis remise avec de nouveaux débuts assez catastrophiques, en tout cas pas d'unité dans mes interprétations, des passages complètements ratés et d'autres plutôt réussis.
J'ai quad même persévéré et ai senti progressivement une amélioration. Je n'ai pas retrouvé les sensations enfantines de pur plaisir sans penser à ce qui pourrait arriver mais j'arrive un peu mieux à oublier les enjeux.

J'ai joué récemment des mazurkas de CHOPIN dans une maison de retraite, juste pour faire plaisir à mon ancienne voisine qui y est pensionnaire. Et là bonne surprise, la qualité du silence avant que je commence était formidable, il m'a semblé que les ggens étaient contents mais moi aussi j'étais contente d'être là. En tout cas j'étais assez contente; Pourtant le piano c'était un numériue de mauvaise qualité mais j'ai pensé la musique comme si je jouais sur un très beau piano de concerrt. Cette expérience m'a beaucoup encouragée.

La leçon que j'aimerais en tirer c'est de me dire la prochaine fois que personne n'est là pour me juger mais juste pour écouter et partager un moment musical ensemble.

Il me semble que plus on joue en public plus on est capable de se concentrer sur la musique qu'en pensez§vous?
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Lee
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Re: Comment positiver une prestation public insatisfaisante

Message par Lee »

Je pense que le trac ne prend pas des personnes de la même façon. J'aime penser que ceux qui sont très sensibles musicalement sont plus susceptibles au trac...mais j'ai juste quelques impressions parmi des amis, et toujours dans le sens pour encourager ceux qui luttent contre le trac.
Abegg63 a écrit :Il me semble que plus on joue en public plus on est capable de se concentrer sur la musique qu'en pensez-vous?
Oui, je suis d'accord, mais je crois que c'est encore plus compliqué que ça. Je pense qu'il vaut mieux être dans des conditions assez optimales ET de préférence deux fois à la suite pour que ça se réalise encore plus fiablement, avec un bon piano et un bon ambience global (gens sympas, salle pas trop dépaysant etc.) et pas trop de facteurs inconnus. Et encore...avec le trac, rien est fiable...
Christof a écrit :Excuse-moi, je suis peut-être un peu maladroit dans mes explications. Bien sûr que je comprends la frustration, le mal que cela a dû te faire, ce cercle vicieux. Mais comme j'ai pu te l'écrire par ailleurs, l'important n'était pas là. L'important, c'est ce qu'on a entendu au début où tu as joué, quelque chose de magnifique (et sache que je ne fais jamais de compliments à la légère, sans les penser). Tu sais, c'est ce qui a été dit : le public a raison et sait souvent mieux que nous. Alors arrête de t'inquiéter. Le discours musical était là et il était magnifique (et je peux te dire que mon épouse Edwige, qui ne joue pas de piano mais adore la musique, quand tu as commencé à jouer m'a glissé à l'oreille : c'est beau ! c'est beau !). Alors peut-être que c'est cela que tu as appris ce jour-là, qu'il faut que tu apprennes :c'était beau. Et cela a bien plus de valeur que les planteries. Alors, où est l'échec ? Et je peux te dire qu'Edwige a la feuille. Des musiciens, on en a écouté des milliers.
Je prends la partie de ton message que j'aime beaucoup et que je soutiens...mais le reste je ne trouve pas applicable de tout, le gâteau, la fourchette, etc., rien à voir, et en lisant non seulement toi, Christof, mais quelques d'autres sur les autres fils, je suis absolument convaincue qu'on n'est pas également atteint par le trac, la vie n'est pas equitable.

Alors, je ne parle pas pour Mieuvotar, mais je vais essayer d'expliquer...s'il fallait dire une chose concernant pourquoi cette pression, c'est avant tout la fidelité à soi, donc je crois que c'est toute autre chose dans un autre sens de ce que tu as dit. "Cette musique est la mienne, elle est au fond de moi, comme je respire, comme mon âme, et c'est fidèle à moi." Et puis, ce qui sort quand je suis devant les amis pour lesquels je veux reproduire cela, c'est un trahison, un sabotage, c'est toute autre chose, atteint par le trac contre mon gré. J'ai pu lire, parmi les PMistes, un critique du trac à cause du "villain ego". Mais non, ce n'est pas forcement l'ego. C'est qu'on aime cette musique, ça répresente tellement pour soi, comment accepter que ça sort complètement déformé de notre volonté ?
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Re: Comment positiver une prestation public insatisfaisante

Message par huizinga »

L'enjeu, c'est aussi qu'on a passé souvent beaucoup de temps et d'énergie sur un morceau; il y a un réel investissement dans une construction qui s'effondre tout d'un coup: Ce n'est jamais plaisant. C'est comme voir une maison qu'on a construite soi-même et qui s'écroule au moment où on y invite des gens. Cela remet en cause quand même le sens de notre action. Sur le moment, cela peut paraître absurde mais pas tant que ça puisqu'avec la répétition des "échecs", comme cela a été dit plus haut, on gagne en expérience et on apprend. Et finalement, on se surprend à y arriver parfois.
mieuvotar

Re: Comment positiver une prestation public insatisfaisante

Message par mieuvotar »

Merci beaucoup Christof ! :)
Je reprends volontiers les mots de JPS d’il y a peu de temps « ta parole est d’or » !
Mais je vais aussi garder le « mais.. », en finissant néanmoins la phrase :wink:
… mais en effet d’autres mécanismes sont à l’œuvre, que je trouve en partie décrits dans ce que dit Jean-Séb à propos de ce vague sentiment d’humiliation suite à un revers public (je n’utilise volontairement pas le mot d’échec), dont les racines sont parfois difficiles à cerner dans son histoire personnelle mais qui, déraisonnablement et irrationnellement certainement, est quand même bien là, qu'on le veuille ou pas.
Je me retrouve aussi assez bien dans ce qu’évoque Huizinga, cette impression de gâchis de n’avoir su amener à son terme un travail personnel pourtant approfondi.

Mais en fait, tu as raison : il faut ramener le choses à leur juste mesure. Ce sont aussi en partie des questions d’ego et de projection de soi, et il ne faudrait pas non plus leur donner une importance démesurée et disproportionnée.
Dé-dra-ma-ti-sons donc !!

Hélas, je ne pourrai pas me joindre à vous le 25, d’autres contraintes m’empêchent de venir à Paris ce WE-là. Mais au rythme où se développent les rencontres, aucun doute qu’une prochaine opportunité se présentera très vite !
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mrgrizs
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Re: Comment positiver une prestation public insatisfaisante

Message par mrgrizs »

Bonjour, je m'invite vite fait sur ce fil pour insister sur l'ego. :idea: #-o

Il faudrait peut-être mettre en parallèle l'apprentissage du piano et la construction de l'égo.
Si certains établissent un parallèle entre la représentation qu'ils ont d'eux même et la Musique les conflits seront forcement récurent.
Dans ce cas remettre en question une prestation publique revient à se remettre sois-même, ses ""certitudes"espoir"(j'insiste sur les guillemets) en question.
Je vais parler en mon nom pour ne viser personne (je n'ai jamais rencontré de pmiste), j'ai peur(j'affirme) d'avoir une part(<=j'insiste) d'intention "malhonnête" dans mon rapport avec le piano (exemple :champ lexical : objectif complexe, nécessitant adresse, culture général technique dextérité mémoire sens artistique, bref tous les critères flatteurs que l'on attribuerait aux musiciens et que l'ego souhaite s'attribuer) contre-laquelle je lutte, que je déguise peut-être parfois. Mon beau-père, il était pianiste et avait l'égo en roues libres. Il avait cette manière de s'installer au piano pour impressionner son auditoire (rarement dupe). Il écoutait peu de piano, par contre il avait une collection de cd impressionnante. La caricature était tellement visible ces manières si ostensibles que je crois que ça m'a traumatisé, au point que je ne joue absolument jamais en publique. j'aurais trop peur qu'on puisse penser que(encore l'ego)et je ne veux pas salir cette seule activité de mon quotidien qui m'apporte encore satisfaction... alors je garde le piano pour moi, je me dis que si je le garde pour moi, je pourrais en profiter en bonne conscience...
C'est assez pathétique. Mais JE(difficile à semer) suis comme ça.
En ce qui concerne cette rencontre à laquelle vous avez participé, demandez-vous(pour ceux qui l'ont mal vécu) dans quels buts vous y êtes allez. (en dehors de rencontrer d'autres musiciens, Pmistes, partager un joli moment avec des gens intéressants, partager son gout pour la musique, rigoler)
Peut-on ne pas espérer briller en société ? Peut-on comme le disent certains, y aller sans emmener son ego avec sois ?
Je suis convaincu qu'on à les deux en nous (à différent dosage), l'amour profond de la musique, puisque la musique est aimable, le gout du dévouement aussi, mais du dévouement à quoi ? au piano ? ou à soi à travers le piano ? ou un peu des deux ? ou beaucoup de l'un et moins de l'autre?

Je lis l'emphase de vos commentaires, cette confiance que certains essaie de restaurer.

Je trouve ce forum passionnant, pour qui aime le piano c'est une mine d'or.
Il y a comme dans tous forums des familiers, une petite famille qui se rencontre, certains sont probablement devenus amis. Et je vous lis avidement depuis plusieurs années. Je note de nombreuses personnalités souvent typées, souvent chaleureuses et généreuses en conseils encouragements. Je dis ça parce que malgré ce que je dis plus hauts je vous vois tous comme des gens très sympathiques. Et on peut être quelqu'un de très sympathique, de bien même, et avoir des choses à régler avec son ego. Je dirais même qu'on est tous face à son égo. Je ne vise personne, je vise tout le monde(on a tous un ego)) Je peux juste affirmer que Moi, Je reconnais Mon ego que J'en ai conscience et que J'essaie de l'apprivoiser. Peut-être ne suis-je pas seul. [-o<

Chacun amène sa pierre n'est-ce pas ?

Ps : Je ne m'exprime pas très bien. On est tous différents et mon opinion n'en concerne peut-être que certains ou aucun. Je sais que vous êtes tous très gentils et des gens très bien et que votre parcours est pur.
Mais je pense qu'humainement on lutte tous plus ou moins contre le coté obscure et que c'est assez sain.

Pourquoi ce soucis de dédramatiser de mettre les miettes sous le tapis ? vous avez pour certains été témoins de la crucifixion de votre égo, prenez en de la graine( :shock: c'est méchant ça non ?).

:mode méchant off:

L'égo n'est pas une tare ou un défaut, c'est juste la représentation que l'on a de sois. Le tout c'est de rester réaliste, pragmatique.
Personne ne vous demande d'être exceptionnelle. ça me fait penser au film "les idiot".
Vous devriez vous rencontrer pour un concert de mauvaises prestations. Comme ces exercices de théâtre ou on joue avec le ridicule et l'abandon.
Bref je m'égare et je file
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Re: Comment positiver une prestation public insatisfaisante

Message par chris76 »

tiens, c'est marrant, je me faisais la même réflexion (reflection... :mrgreen: )
Je... Je... Je...
Les pianistes naviguent souvent entre autisme et narcissisme
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Lee
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Re: Comment positiver une prestation public insatisfaisante

Message par Lee »

Les tournures pour éviter "je" et "moi" ne sont pas évidents, en plus quand on se met aux affirmations sans préciser que c'est personnel, on peut donner l'impression de parler pour tout le monde. Mr Grizs me fait reconnaître que je suis recalcitrante de Freud, je n'ai jamais aimé cette construction qui sépare nos êtres en 3 parties distinctes. Quand je lis le mot "ego" je comprends cette notion, peut-être je me trompe tout simplement du français, en anglais quand on parle d"ego" c'est souvent pejorative, c'est une évaluation de soi surdimensionnée.
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mieuvotar

Re: Comment positiver une prestation public insatisfaisante

Message par mieuvotar »

@Mrgrizs

Ton message m’a beaucoup intrigué et j’ai voulu prendre un peu de temps pour laisser décanter mes réactions plutôt que de les donner à chaud. Je voulais aussi tenter de mieux comprendre quelle était l’essence de ce que tu voulais dire. Mais je ne suis pas sûr d’y être arrivé, alors je vais juste faire quelques commentaires sur certains éléments de ton message. (NB : d’ailleurs, j’étais tellement intrigué par ta contribution que je suis allé voir ta présentation sur le fil idoine, mais sans succès, car j’ai vu que tu l’avais édité quelques jours à peine après ton inscription en ne laissant que tes seuls vœux pour une bonne nouvelle année… )
mrgrizs a écrit :alors je garde le piano pour moi, je me dis que si je le garde pour moi, je pourrais en profiter en bonne conscience... C'est assez pathétique. Mais je (...) suis comme ça.
Non, ce n’est pas pathétique. C’est parfaitement respectable/compréhensible/acceptable. Je crois qu’il y a beaucoup de PMistes qui sont comme ça, qui se suffisent à eux-mêmes, et pour qui la musique ne signifie pas automatiquement une obligation de partage avec un auditoire. En cherchant bien, il y a un (peut-être plusieurs) fil(s) sur ce sujet. Il m’arrive fréquemment de me poser la question, d’ailleurs…
mrgrizs a écrit :En ce qui concerne cette rencontre à laquelle vous avez participé, demandez-vous(pour ceux qui l'ont mal vécu) dans quels buts vous y êtes allez. (en dehors de rencontrer d'autres musiciens, PMistes, partager un joli moment avec des gens intéressants, partager son gout pour la musique, rigoler)
C’est une très bonne question, et dont la réponse peut être en effet inconfortable. Cela dit, il n’est pas possible de rayer d’un simple trait tout ce que tu mets dans la parenthèse : la rencontre, le partage, l’écoute, le plaisir, la convivialité ! Ce sont des motivations extrêmement puissantes, sans doute les plus déterminantes. L’envie de "briller en société", si tant que certain(e)s l’ont, n’est qu’un élément parmi d’autres et d’ailleurs n’a rien de répréhensible – pour autant qu’on ait les moyens de son ambition. Et celui ou celle qui ne se joindrait à ces rencontres que dans ce seul but, et dans ce but seulement, serait vite démasqué(e) et n’inspirerait guère, je pense , de sympathie, préalable indispensable et fondamental à cette camaraderie qui caractérise toutes les rencontres (en tout cas toutes celles que j’ai connues).
mrgrizs a écrit :Peut-on comme le disent certains, y aller sans emmener son ego avec sois ?
Bien sûr que non. Tu donnes d’ailleurs en partie la raison :
mrgrizs a écrit : (…) Et on peut être quelqu'un de très sympathique, de bien même, et avoir des choses à régler avec son ego. Je dirais même qu'on est tous face à son égo. Je ne vise personne, je vise tout le monde(on a tous un ego)) Je peux juste affirmer que Moi, Je reconnais Mon ego que J'en ai conscience et que J'essaie de l'apprivoiser. Peut-être ne suis-je pas seul.
Et tu n’es bien évidemment pas le seul !
mrgrizs a écrit :Mais je pense qu'humainement on lutte tous plus ou moins contre le coté obscure et que c'est assez sain.
Complètement d’accord. Plus que le rire, ce sont les paradoxes et les contradictions qui sont le propre de l’être humain !
mrgrizs a écrit : Personne ne vous demande d'être exceptionnelle.
Ce n’est pas tout à fait vrai… Notre « ego » justement nous le demande constamment, et c’est une bonne chose. Peut-être pas d'être "exceptionnel", mais en tout cas de viser l’excellence, et de chercher à toujours être meilleur. Pas meilleur que les autres, ce n’est pas une question de compétition. Mais de chercher à donner le meilleur de soi-même, de progresser en permanence. Sinon, c’est une forme de renoncement, voire une manière de se contenter de la médiocrité. Pas quelque chose de très estimable au fond. Et c’est cette tension qui parfois peut être difficile, voire douloureuse quand on n’a pas atteint l’objectif qu'on s'est s'assigné et que ce qu’on a donné était largement en deçà de ce qu’on espérait faire passer. Rien à voir au bout du compte avec une vision restrictive de l’ego compris dans sa seule dimension narcissique.
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mrgrizs
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Re: Comment positiver une prestation public insatisfaisante

Message par mrgrizs »

J'aurai probablement dû faire plus court, il était tard quand j'ai répondu sur ce fil, c'est vrai qu'en le lisant je m'étais dis que j'avais quelque chose à dire à ce propos, et c'était probablement une erreur.
Cependant, pour te répondre mieuvotar,
Quand je dis que c'est pathétique, c'est à propos du fait de ne pas être dans une sérénité sincère,je trouve triste de devoir ruser avec sa conscience pour se satisfaire.
La rencontre avec les gens, le plaisir social que cela peu procurer, ou l'amour simplement pour aller dans ton sens, c'est quelque chose que j'appréhende tout comme toi avec beaucoup de priorité, mais ailleurs qu'autour de mon piano.
Pour ce qui est de l'ego j'ai voulu le présenter comme ca (en disant que moi je reconnaissais avoir un ego)pour ne pas heurter avec ce terme "ego" ca fait peur à certains. C'est une chose que l'on peut refouler. Mais j'ai bien conscience de ne pas être le seul à avoir identifier ce fauteur de trouble.
Pour ce qui est de l'exceptionnelle je disais ca en conclusion rassurante, pour revenir vers le groupe :) sans grand succès :)
Mais oui(dans la vie) il faudrait que l'on soit exceptionnel, nous n'aurions pas le choix. Simplement des fois être exceptionnel c'est faire confiance à la simplicité.
Sinon on peut aussi faire des gammes, mais ca, c'est seul face au clavier.
Paix et amour.
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