Confiance en soi

[Lee]

Bonjour,

Tout est dans le titre, et tellement en piano y est lié mais c'est tellement difficile d'acquérir.

Pour ceux qui ont gagné en confiance, comment avez-vous fait ? Pour ceux qui ont encore à acquérir, quels blocages avez-vous ? Comment travaillez-vous ? Bref, ce fil est pour partager et échanger sur le sujet, je crois que c'est important pour tous.

Qu'on trouve tous les moyens d'en développer. Merci.

[worov]

Un grand musicien a dit un jour : "J'ai beaucoup travaillé. Quiconque travaillera comme moi pourra faire ce que j'ai fait." Il disait en parlant de ses compositions, mais je pense que cela peut s'étendre à n'importe quelle partie de la pratique musicale.

Ça me donne confiance en moi. Ça veut dire qu'on peut tous devenir des grands artistes.

[Okay]

De mémoire cette citation est de Bach

[worov]

Exact.

[Mathieu79]

"Un grand musicien" = Subtilité !

Math

[Lee]

Je l'ai reconnu, oui...bon, on arrête les préludes et fugues et on attaque au sujet, non ?

[sylvie piano]

C'est un vaste programme...
Le manque de confiance en soi qui se révèle au piano a bien souvent sa cause profonde ailleurs, bien cachée.
Et ce travail a souvent besoin d'être initié en profondeur en parallèle du piano.
Lorsque le piano représente notre être le plus sensible, il est logique qu'à cet endroit précis le moindre traumatisme extérieur se vienne loger, voire s'enraciner.

Sinon, Lee, on peut imaginer certaines thérapies BBB....
(Bach et betablocants !)

[worov]

Je ne saurai pas vraiment te répondre. Dans mon parcours, j'ai jamais vraiment perdu confiance en moi. J'ai eu des blocages techniques (tierces, polyrythmie, trémolos et autres), mais j'ai toujours gardé la confiance que je pouvais arriver au but que je m'étais fixé.

C'est en contemplant les œuvres des artistes que je trouve la confiance. Quand j'écoute des musiciens (et pas seulement des musiciens, des artistes en général), je vois qu'ils font tous des choses différentes, chacun a son esthétique, son individualité, sa personnalité. Chacun a crée son propre monde, un univers qui lui est propre qui n'appartient qu'à lui, reconnaissable entre tous. Ça me renforce dans l'idée que nous sommes tous uniques, nous avons tous des capacités, on est tous capable de créer quelque chose qui sera forcément unique, il faut juste trouver les moyens de le faire (dans mon cas, maîtriser ces satanées tierces).

Après, si tu perds la confiance, peut-être que tu t'es attaquée à un morceau trop difficile ? Ça crée souvent une frustration quand on se rend compte qu'on arrive pas à le jouer comme on voudrait.

[mieuvotar]

Le manque de confiance en soi qui se révèle au piano a bien souvent sa cause profonde ailleurs, bien cachée. Et ce travail a souvent besoin d'être initié en profondeur en parallèle du piano.

Je suis parfaitement en phase avec ça...

[Lee]

Après, si tu perds la confiance, peut-être que tu t'es attaquée à un morceau trop difficile ? Ça crée souvent une frustration quand on se rend compte qu'on arrive pas à le jouer comme on voudrait.

Merci Worov pour cette réponse attentive. Non, en fait même si ma confiance fluctue, la tendance générale est que je suis en train de gagner en confiance, et quelques amis aussi, alors je me suis dit qu'on pouvait dans ce fil mutualiser les moyens pour tous...

Le manque de confiance en soi qui se révèle au piano a bien souvent sa cause profonde ailleurs, bien cachée. Et ce travail a souvent besoin d'être initié en profondeur en parallèle du piano.

Je suis parfaitement en phase avec ça...

Oui, ça pourrait être une cause profonde ailleurs...en ce cas là, c'est tellement individuel ou privée qu'on ne peut/veut pas vraiment partager pour le bien des autres. Mais je parle un peu de ce qui m'a donné plus de confiance qui est moins profond :
1) mes amis piano qui parlaient de mes capacités
2) ma prof pour le(s) morceau(x) en question
3) la pratique de jouer devant des autres et les occasions qui se multiplient
4) les astuces comme des gestes qui changent notre chimie interne pour nous donner confiance (cf. ce vidéo)
5) Piano Majeur : de pouvoir en parler et discuter, et je me rends compte que toute les actions pour poster les enregistrements et en lisant les retours, ça aide aussi énormément

Je dois en oublier, je reviendrai quand je me souviens alors.

[zende]

parfois le manque de confiance se cache et nous surprend ; cf. mon "cassage de gueule" à Beuvray. Je me suis laissée surprendre par le doute, et j'ai vu un grand trou noir devant mes doigts. Il n'y avait plus de clavier mais un vide, un précipice.
J'avais cru bien commencer mon morceau, mais en même temps je ne l'entendais pas ; le son m'échappait, les notes sortaient du piano et s'évanouissaient, et tout s'est écroulé.

Heureusement, avec l'aide et les encouragements de Marie-France, j'ai pu le recommencer quand tout le monde était parti, et je la remercie.

[Okay]

Certes, mais heureusement qu'on peut à la fois ne pas se planter et ne pas atteindre la perfection

[Oupsi]

Je pense que c'est très différent pour chacun. En ce qui me concerne ce qui m'a pris des années au piano c'est de m'habituer physiquement à l'exposition devant autrui; être le centre d'attention, même de deux ou trois personnes et même pour une ou deux minutes, c'est quelque chose qui m'a été longtemps très difficile. C'est l'aspect que j'ai pu apprivoiser en premier, grâce aux nombreuses réunions PM et aussi parce que j'ai commencé à me sentir physiquement plus à l'aise au piano, donc je n'ai plus l'impression d'être un corps inadéquat dans une position inconfortable. Plusieurs conseils purement pianistiques ont joué un grand rôle dans cette évolution, sur la posture, l'appropriation du geste, la respiration, une manière de ressentir la main en tant qu'expressive et un contact vraiment plus agréable avec le clavier.
Le deuxième aspect est plus compliqué, ça concerne le jugement, non seulement l'exposition au jugement d'autrui mais aussi ce verbiage parasite interne si difficile à faire taire, y compris les choses gentilles que l'on se dit à soi-même pour se mettre en confiance. Tout cela m'est nocif ou en tout cas contreproductif. J'essaye donc de ne rien me dire, absolument rien, et d'être simplement active; jusqu'à présent c'est ce qui a le mieux marché. C'est très difficile, c'est une sorte de discipline permanente pour faire taire la petite voix intérieure chaque fois que celle-ci se met à vouloir parler, mais c'est à ce prix que je peux enfin un peu mieux écouter le flux plus puissant mais moins familier, moins verbal et moins psychologique qui s'exprime dans l'amour de la musique.
Le troisième est lié et ça rejoint ce qui vient d'être dit, la musique c'est un mouvement, c'est quelque chose qui ne vit que dans le temps, et accepter le flux en tant que flux est quelque chose de difficile quand on a passé sa vie à présenter des résultats ou à travailler sur des écrits, préparés pour autrui dans un but effectivement de perfection. La musique est vivante, elle passe. Cette dimension, que je trouve merveilleuse intervient avec la confiance dans le sens qu'on prend confiance dans le mouvement en tant que fluctuant, éphémère; c'est donné puis ça passe. D'une certaine manière, c'est léger, même si dans l'instant ou le vit comme la seule chose qui compte vraiment.

[zende]

C'est très difficile, c'est une sorte de discipline permanente pour faire taire la petite voix intérieure chaque fois que celle-ci se met à vouloir parler, .

C'est justement cette petite voix dont tu parles qui est terrible : elle te dit "attention au prochain accord tu vas déraper", et justement tu dérapes

[Oupsi]

le pire, c'est que si elle te dit "ah jusqu'à présent tout va bien", ou "ah très bien ce petit passage", "ou continue comme ça", l'effet est le même, ça dérape pareil. C'est pour ça que j'essaye de ne rien me dire, mais on est tellement habitués à toujours se "coacher" que c'est incroyablement difficile!

[pianojar]

C'est très difficile, c'est une sorte de discipline permanente pour faire taire la petite voix intérieure chaque fois que celle-ci se met à vouloir parler, .

C'est justement cette petite voix dont tu parles qui est terrible : elle te dit "attention au prochain accord tu vas déraper", et justement tu dérapes

Et de plus cette petite voix est très vicieuse, quelquefois elle ne te préviens pas et tu dérapes quand même !

[zende]

[Presto]

Certes, mais heureusement qu'on peut à la fois ne pas se planter et ne pas atteindre la perfection

Encore qu'on puisse atteindre la perfection en en foutant à côté, https://youtu.be/GVWagFAjaVQ?t=4m15s (tout ce que j'ai trouvé sur yt)
Un savonnage d'anthologie !, un bonheur à entendre et non moindre de voir comment il se reprend à la seconde (encore que là, il semble fatigué )
Et ce ne fut pas sa première, l'enregistrement ici est détestable, mais il a souvent buggué Horo sur ce premier arpège (et ça me fait très plaisir ) , faut entendre le Sony, c'est réjouissant devant tant de maîtrise, d'insolence et d'assurance

[worov]

Ben, c'est bien connu que Horowitz a quelques pains parfois. Beaucoup d'entre vous le connaissent, mais je le cite pour ceux qui ne le connaissent pas, il fait une petite fausse note dans le première mesure de ce morceau : https://www.youtube.com/watch?v=ryPDEfdNYxU

(Lee, c'est du Bach-Busoni, cela peut t'intéresser)

Il n'en reste pas moins un grand musicien.

[pianojar]

Ce qui est assez impressionnant surtout c'est la manière dont il gère cet accroc !