Merci Wlad pour cette contribution essentielle....Wladyslaw a écrit :La paille ca gratte.
Je reviens dans le sujet:
Samedi expérience étrange: j'avais rendez-vous avec Albeniz, première vraie sortie publique d'El Albaicin - je veux dire avec un vrai public prévenu, venu exprès pour écouter etc.. Pas un concert improvisé.
Avant ça j'avais joué du Cimarosa et du Haydn sans aucun trac, j'étais extrêmement content de ma prestation. Puis pause, puis reprise. Et là, un voile étrange s'est installé sur mon cerveau. J'ai très très mal joué Albeniz. A tel point que j'aurais du tout simplement arrêter et recommencer. Pourquoi? Sachant que la veille je jouais cette même oeuvre au même endroit devant un public plus restreint sans aucune fausse note et avec un début de véritable interprétation que je cherche depuis des mois? Du pur stress à l'état brut. Celui qui abolit la conscience, qui fait de vous un innocent, vous ravale au rang de déchiffreur. Ce trac qui ne paralyse pas les mains, mais les font aller une note au dessus, ce trac qui rectracte l'esprit pendant 7mn, rend le temps trop court, fait perdre les pédales, diminue l'ampleur des bras. Puis disparaît comme il était arrivé, en ricanant, vous laissant avec un sentiment terrible d'immense gâchis.
Je ne suis pas sûr que la prise de BB aie changé quoique ce soit: dans la première partie je me suis senti magistral, ne tremblant sur aucune note du mouvement lent de Haydn (xvi 49, un monument) alors que j'étais très angoissé à l'idée de devoir remplir la salle de son avec 2.5 notes à jouer... Ou est le problème? La mémoire? Le rendez-vous manqué? La barre trop haute? Le manque d'habitude? Le fait qu'Albeniz, ce n'est pas 150% mais 300% avant de le jouer en public? Comment lutter contre ce trac non pas physique mais mental. Le sentiment d'être sur un tapis roulant qui va trop vite. Peut-être que c'est juste comme dit nox: manque de travail..
La seule chose positive, c'est qu'El Albaicin est tellement joli que même avec des fausses notes partout, des oublis, des raccourcis, des passages en boucles, des toreros à paillettes ou on ne les attendait pas et des escaliers de Grenade dévalés sur le cul...le public est content