Vous êtes-vous jamais dégonflé à la dernière minute ?

[Lee]

Bonjour,

Tout est dans le titre. Pour moi, pas tout à fait...encore...

Merci.

[Mona]

C'est une question qui prête à confusion..... tu évoques le trac du pianiste face à une prestation en public ou celui des Messieurs face à..... une prestation en privée ????

[Yapluka]

C'est une question qui prête à confusion..... tu évoques le trac du pianiste face à une prestation en public ou celui des Messieurs face à..... une prestation en privée ????

Mona !!

[Mona]

Trop tentant !! Je pouvais pas la laisser passer !

[mieuvotar]

Rhôôô, Mona !!! On est censé être nus, pardon, mûs par des considérations autrement plus célestes et ethérées sur ce forum qui nous rassemble, nous autres artistes détachés des bassesses charnelles de ce monde impur...

Lee: doit-on comprendre que l'échéance du 17 commence à peser ? Rappelle-toi, comme tous les participants le répètent à l'envi, que l'audience devrait être des plus bienveillantes. C'est la marque de fabrique des réunions PM !

[Lee]

Merci Mona, j'apprends beaucoup par toi en piano et en...éducation française.

Alors pour te répondre, plutôt concernant piano en public...mais si le privé touche le public, allez-y, racontez-nous ce qui est pertinent ou ce que vous voulez.

Mieuvotar, oui, mais mon morceau est tout simplement trop difficile, je me rends compte de plus en plus...

[Kât]

Le printemps dernier j'ai passé mon examen de fin de cycle en contrebasse. Prévenue de la date plus de trois mois à l'avance et dans un stress total, je me voyais déjà me dégonfler au dernier moment et ne même pas arriver à passer la porte de la salle....
J'ai essayé d'y croire, et à l'audition qui a précédé l'examen (un mois avant) ça a été un vrai carnage, archet qui tremble, bras gauche qui tremble =démanchés pourris = faux comme un cochon, pas de phrasé, bref pas de musique

Ecumant internet sur les forums d'instrumentistes à cordes, j'ai trouvé souvent cité le livre de Michel Ricquier 'Vaincre le trac'. Ce bouquin m'a aidé, même si en fait j'avais déjà commencé à mettre en oeuvre certaines techniques pour éviter ce vent de panique et le 'dégonflage de dernière minute'.

L'une d'elle est la prévisualisation. Concrètement, à chaque fois que tu vas travailler ta pièce, tu t'imagines en situation. Par exemple, dans le cas de mon exam, je m'imaginais dans la salle, j'imaginais les tables alignées du jury devant moi, je m'imaginais annoncer ma pièce, me retourner pour faire signe à la pianiste...Plus il y a de détails, mieux c'est. Même le bruit des feuilles de papier du jury, la lumière sur les vitres, etc. Chaque détail qui peut te perturber, et ce, même si tu ne connais pas la géographie de la salle dans laquelle tu vas jouer, imagine.

J'ai ainsi virtuellement joué au moins 300 fois devant mon jury , avec au départ un stade de suggestion si efficace que j'en arrivais à me générer toute seule la tachycardie, les tremblements et tout le pataquès. Si la vue de ton chez toi détourne ton attention, ferme les yeux. Aggrave les détails stressants (j'ai ainsi imaginé la salle de concert du conservatoire deux fois plus grande qu'elle n'était en réalité - les examens étant ouverts au public, j'ai imaginé la salle remplie, alors qu'il n'y avait que 3 ou 4 parents d'élèves sur leur smartphone....)

Le jour de l'examen, j'ai joué devant eux comme si c'était...la 301e fois j'ai eu mon exam avec mention tb et c'est la seule fois jusqu'ici où j'ai réussi à phraser/jouer exactement comme je voulais le faire

Maintenant, c'est pour moi un travail qu'il faut refaire à chaque fois, ce n'est pas acquis, et suivant l'instrument, le stress et la façon de l'envisager est différent, mais à chaque fois je mets en place la prévisualisation. Il va sans dire qu'il faut aussi connaître parfaitement sa pièce, et que si possible, il ne doit pas y rester de point faible (enfin, là c'est surtout pour l'examen, pour le gentil public tolérant encore, ça va, mais une pièce qui n'est pas maîtrisée est un facteur de stress aggravant)
J'ai travaillé en essayant de 'conscientiser' chaque note, et en étant capable de jouer dans ma tête tout mon morceau, sans bouger les doigts, mais en m'imaginant le faire, et en imaginant les coups d'archets (ça, c'était vraiment difficile mais il y a tout un passage dans le bouquin là dessus) .

Après une recette qui marche pour quelqu'un ne marchera pas forcément pour tout le monde, mais au cas où....
L'idée, c'est de ne pas en arriver au point où tu considères la possibilité de te dégonfler à la dernière minute.

[Presto]

Bonjour,

Tout est dans le titre. Pour moi, pas tout à fait...encore...

Merci.

Moi non mais Richter ou Michelangeli très souvent, cherchez l'erreur

[sylvie piano]

J'entends encore Yonne Loriod me dire un jour :
" La veille d'un concert, on voudrait mourir.... "

[Mona]

Rhôôô, Mona !!! On est censé être nus, pardon, mûs par des considérations autrement plus célestes et ethérées sur ce forum qui nous rassemble, nous autres artistes détachés des bassesses charnelles de ce monde impur...

Cornegidouille !!! Je ne suis donc point une artiste !!!!

Lee, je suis ravie de contribuer à l'enrichissement de ta culture concernant les finesses de l'éducation française !!
Sinon, concernant le fait de se dégonfler pianistiquement parlant, ça m'est arrivé 1 ou 2 fois, et je m'en suis voulu..... Sur le moment, certes j'ai échappé à l'angoisse, mais après coup, j'ai vraiment eu le sentiment en effet de m'être dégonflée comme un ballon de baudruche, et je me suis déçue toute seule... C'est différent quand on décide à l'avance de ne pas jouer, mais quand on a travaillé dur pour préparer un concert, et qu'on s'est engagé à jouer, je trouve ça dommage de ne pas aller jusqu'au bout.... Mais je comprends bien ton inquiétude à l'approche du moment fatidique !! Je suis sûre que tu seras contente d'avoir eu le courage de jouer après coup !

[Arabesque44]

Très intéressant ton témoignage Kât!
C'est un peu ce que j'essaie de faire en vue de l'échéance du 17 octobre. J'ai déjà participé à 5 ou 6 réunions du même genre en me disant " on verra bien, je me jette à l'eau" ... et même si ce n'était pas la catastrophe totale, je n'étais pas au mieux, et c'était un peu décevant. Surtout lorsque le piano est très différent du mien.
Alors maintenant je sais que je dois me préparer un peu plus .
- morceau su par cœur et si possible depuis plusieurs semaines (pas de "par cœur " tout frais) et un vrai par cœur en profondeur ( au point d'être capable d'écrire la partition, pas seulement la mémoire kinesthésique). Si le morceau est lent et très polyphonique ce n'est pas du gâteau même s'il ne fait que 2 pages
-jouer le morceau de A à Z comme si on était le jour "J" et si possible dans des conditions variées: par exemple au lever (je ne joue jamais à ce moment là) ou avec des mains froides.
-jouer si possible devant du monde: je n'ai pas souvent l'occasion, mais il y a le piano chez Carrefour! Ou ceux des gares!
- un petit coup de pouce médicamenteux, ça peut aider lorsque les tremblements et les palpitations sont très prononcés.
Bon, pour Samedi il y a une autre source d'inquiétude et d'inconnu, le fait de jouer avec Okay à deux pianos, mais je n'ai pas l'intention de me dégonfler!

Maintenant, c'est pour moi un travail qu'il faut refaire à chaque fois, ce n'est pas acquis, et suivant l'instrument, le stress et la façon de l'envisager est différent, mais à chaque fois je mets en place la prévisualisation. Il va sans dire qu'il faut aussi connaître parfaitement sa pièce, et que si possible, il ne doit pas y rester de point faible (enfin, là c'est surtout pour l'examen, pour le gentil public tolérant encore, ça va, mais une pièce qui n'est pas maîtrisée est un facteur de stress aggravant

Tout est dit!

[BluePhoenix05]

Je ne suis pas sûr que dramatiser le fait de renoncer à une prestation devant un public ou le voir comme un échec soit une bonne chose, ni de faire de la peur de l'échec une source de motivation pour se lancer, c'est créer les conditions de sa propre dévalorisation.

[Kât]

- morceau su par cœur et si possible depuis plusieurs semaines (pas de "par cœur " tout frais) et un vrai par cœur en profondeur ( au point d'être capable d'écrire la partition, pas seulement la mémoire kinesthésique). Si le morceau est lent et très polyphonique ce n'est pas du gâteau même s'il ne fait que 2 pages

Alors ça je veux bien te croire, quand je vois le travail que ça a représenté d'apprendre par coeur / "conscientiser" chaque note, chaque démanché, chaque coup d'archet alors que mon instrument n'est pas polyphonique, au piano je peux même pas imaginer!! j'en serai tout simplement incapable je pense. Pour le moment je n'apprends "par coeur" les morceaux de piano qu'avec la mémoire kinesthésique, incapable de faire mieux...

Oui tout à fait, jouer devant le plus de gens possibles (même si ce n'est qu'une seule personne de la famille, genre l'installer, lui mettre une chaise, lui présenter sa pièce, etc ... vraiment, on ne croit pas mais ça entraîne...)

[Lee]

Merci beaucoup pour vos réponses, ça aide de vous lire...et ça me confirme que je ne suis pas prête.

[Wandarnok]

C'est une question qui prête à confusion..... tu évoques le trac du pianiste face à une prestation en public ou celui des Messieurs face à..... une prestation en privée ????

Mona !!

On ne la retient plus...

[Wandarnok]

Merci beaucoup pour vos réponses, ça aide de vous lire...et ça me confirme que je ne suis pas prête.

Lee, c'est vrai que le niveau du morceau par rapport à notre propre niveau, c'est un gros paramètre.
J'ai donc choisi cette fois ci le morceau le plus "simple" et l'un des plus court de tous ceux que j'ai commencé (et pas fini , de toute façon ce n'est jamais fini). Les deux dernières fois avec vous, donc j'avais encore moins de pratique que maintenant, je me suis lancé dans une Mazurka et l'autre fois dans la Sarabande de Haendel, complète, dont la première variation est un vrai piège à mémoire des doigts, sans compter la polyphonie.
De l’inconscience totale par rapport à mon degré de préparation, et par rapport à mon niveau en général
100% pour soi, 200% avec le prof, 300% en public ou audition, c'est ma norme maintenant, et ce n'est pas moi qui l'ai inventée!
Si tu es à la limite avec le morceau que tu as choisi pour samedi, c'est normal que tu stresses.
A toi de voir si tu veux vraiment jouer celui là, où un autre.
Et il faut se faire plaisir, mer.d. de mer.d. !

[sylvie piano]

Une question: qu'est-ce qui pousse ainsi le pianiste à se "mettre en danger "?
Combien ont du plaisir à jouer " pendant "?
C'est en général plutôt la sensation d'avoir réussi une épreuve qui donne une sensation positive " après ".
Nul n'est contraint, et pourtant il se place dans une situation périlleuse. Plus ou moins périlleuse en fonction de sa préparation, de son vécu.
Partager cette épreuve est certainement un moteur, et le bien-être ensemble en dehors du clavier également.
Qui a réellement du plaisir au moment où il joue ?
Vraiment du plaisir, pas du non-stress.
Sur une classe d'une vingtaine d'élèves, il peut y en avoir un. Et pas toujours.
Le plaisir est souvent simplement de " ne pas se dégonfler ".
Dur dur.....

[Juanito]

Une question: qu'est-ce qui pousse ainsi le pianiste à se "mettre en danger "?
Combien ont du plaisir à jouer " pendant "?
C'est en général plutôt la sensation d'avoir réussi une épreuve qui donne une sensation positive " après ".
Nul n'est contraint, et pourtant il se place dans une situation périlleuse. Plus ou moins périlleuse en fonction de sa préparation, de son vécu.
Partager cette épreuve est certainement un moteur, et le bien-être ensemble en dehors du clavier également.
Qui a réellement du plaisir au moment où il joue ?
Vraiment du plaisir, pas du non-stress.
Sur une classe d'une vingtaine d'élèves, il peut y en avoir un. Et pas toujours.
Le plaisir est souvent simplement de " ne pas se dégonfler ".
Dur dur.....

Excellentes questions!
Ca ressemble à des problématiques d'alpinistes ou de marin ce que tu dis. Pourquoi se mettre en danger, quel plaisir y a t'il? Adrénaline?
Une chose troublante que je n'arrive pas trop à résoudre, c'est aussi après un concert, de faire la part entre "j'ai été catastrophique dans tel et tel passage, ch'suis nul" et "c'est quand même génial de jouer devant des autres, quand-est-ce-qu'on recommence".

En tout cas se mettre en danger, c'est une façon de se sentir vivre, sur une paroi, un bateau au milieu de l'océan... ou devant un piano... (l'espérance de vie y gagnant soudain).

[Lee]

Si tu es à la limite avec le morceau que tu as choisi pour samedi, c'est normal que tu stresses.

Merci Wandarnok, oui je suis même hors la limite.

Une question: qu'est-ce qui pousse ainsi le pianiste à se "mettre en danger "?
Combien ont du plaisir à jouer " pendant "?
C'est en général plutôt la sensation d'avoir réussi une épreuve qui donne une sensation positive " après ".
Nul n'est contraint, et pourtant il se place dans une situation périlleuse. Plus ou moins périlleuse en fonction de sa préparation, de son vécu.
Partager cette épreuve est certainement un moteur, et le bien-être ensemble en dehors du clavier également.
Qui a réellement du plaisir au moment où il joue ?
Vraiment du plaisir, pas du non-stress.
Sur une classe d'une vingtaine d'élèves, il peut y en avoir un. Et pas toujours.
Le plaisir est souvent simplement de " ne pas se dégonfler ".
Dur dur.....

J'avais déjà pensé à ces questions pendant un bon moment, parce que avec ma reprise j'ai imaginé jouer pour seulement moi. C'est encore plus compliqué que ce que vous décrivez, ou je suis allée plus loin dans un idéel. Je ne pense pas que je jouerai jamais devant un public des inconnus, à quoi bon pour moi, qui n'ai aucune envie de voir "ce que ça vaut" comme quelques pianistes de concours ont dit ou la réponse de Juanito semble à dire.

Non, pour moi, il s'agit de partager avec les amis qui m'ont aidé avec tout (achat de mon piano, après des doutes, soucis, problèmes, questions pour mes morceaux) en piano, ils ont partagé le travail avec moi, j'avais envie de partager la vraie musique avec eux. C'est aussi simple que ça. Si, si, malgré le trac, il y a ce plaisir de partager : voici ce que j'ai travaillé, voici où je suis arrivée (ou un vraisemblance) grâce à vous, merci infiniment. Et finalement, c'est un vrai plaisir quand le résultat ressemble à la musique. (Dans mon cas actuel, je ne sais pas si ça va ressembler à la musique. J'ai déjà joué le morceau devant des amis et ça ne ressemblait à rien.) Je dirai que le plaisir serait 100% si le trac n'existait pas...ou bon, 87% avec ce qui est à coté. Non, le plaisir n'est pas de "ne pas dégonfler". C'est dommage de laisser le trac détruit ce qui doit être un vrai plaisir, un moment joyeux de partage.

[Juanito]

J'avais déjà pensé à ces questions pendant un bon moment, parce que avec ma reprise j'ai imaginé jouer pour seulement moi. C'est encore plus compliqué que ce que vous décrivez, ou je suis allée plus loin dans un idéel. Je ne pense pas que je jouerai jamais devant un public des inconnus, à quoi bon pour moi, qui n'ai aucune envie de voir "ce que ça vaut" comme quelques pianistes de concours ont dit ou la réponse de Juanito semble à dire.

Héhé: ça c'est peut-etre la situation à l'heure actuelle, mais un jour tu vas jouer et t'apercevoir que ça fait avant tout plaisir aux autres, pas seulement à toi. Pas seulement pour leur montrer où tu en es, ou pour des histoires de justification d'investissement (temporel et affectif). Mais il faut bien se rendre compte que jouer devant les autres, c'est un vrai cadeau qu'on fait! Allez voir un concert même entre amis, c'est quand même mieux que de passer une soirée devant sa télé! Après c'est la spirale infernale, où a la fois tu te fais plaisir, tu progresses très vite car tu étudies des morceaux avec l'optique de le jouer en concert (pas concours, je parle vraiment de concert amateur, qu'on organise chez soi ou dans une MJC grand max!) et en plus tu fais plaisir a tes amis, et en retour tu reçois cette joie et c'est vraiment génial. Après c'est sûr on s'expose, il y aura toujours des critiques, mais rarement de la part d'autres musiciens, qui savent ce que c'est que l'engagement à jouer. Ou alors ces critiques seront très constructives (mais pourquoi as-tu démarré ton concert par du bach, bon sang!! ). Il faut juste sauter le pas une fois!