Oeuvres trop difficiles

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pianojar
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Oeuvres trop difficiles

Message par pianojar »

Je souhaiterais savoir si le fait de travailler des extraits d'oeuvres que l'on sait parfaitement ne pas pouvoir réussir à jouer correctement est
- une perte de temps ?
- pire l'acquisition de défauts qui seront ensuite très difficiles à corriger ?
ou apportent elles quelque chose et font elles progresser

Je prend dans mon cas l'exemple de l'opus 83 de Prokofiev, j'avais récemment imprimé les 1ères pages du dernier mouvement que j'adore mais une fois la partition sur le piano...... :(
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Okay
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Re: Oeuvres trop difficiles

Message par Okay »

Je pense que non seulement ce n'est pas une perte de temps mais que c'est essentiel.

Après tout dépend comment c'est fait. Ce qui est essentiel à mes yeux, c'est de faire des incursions un peu partout dans le répertoire, car on y apprend toujours quelque chose et que quelque part ça doit nous tirer vers le haut (parole de boulimique). Le problème, c'est lorsqu'on commence à énormément insister sur un texte évidemment beaucoup trop difficile, et qu'on le fait de travers. Là en effet, on perd du temps et on risque de chopper des mauvais plis (en particulier pour le jour où le texte en question devient plus accessible et qu'on le reprend, pas forcément des mauvais plis en général). Généralement, je pense qu'il est bon d'avoir toujours sur le feu quelque chose d'un peu trop difficile, mais a priori ta question ne porte pas là dessus. Là il s'agit d’œuvres plus qu'un peu trop difficiles.

Il ne faut pas négliger l'effet motivant et galvanisant d'une musique qui nous parle et qu'on adore. La sur-motivation pour arriver à la faire vivre sous nos doigts peut nous rendre incroyablement persévérant et créatif dans la recherche de solutions, nous pousser à nous dépasser de manière surprenante. Après c'est sûr que c'est beaucoup mieux si un prof peut éviter de persister dans d'éventuels écueils. En fait le risque n'est pas si grand si on ne persiste pas dans une direction qui n'améliore pas le rendu, ou ne rend pas les choses plus simples.
pianojar
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Re: Oeuvres trop difficiles

Message par pianojar »

Okay a écrit : Il ne faut pas négliger l'effet motivant et galvanisant d'une musique qui nous parle et qu'on adore. La sur-motivation pour arriver à la faire vivre sous nos doigts peut nous rendre incroyablement persévérant et créatif dans la recherche de solutions, nous pousser à nous dépasser de manière surprenante.
Il est vrai que c'est exactement ce que j'avais ressenti mais il y a de celà très longtemps) alors que je prenais des cours. J'avais entendu le Mephisto valse de Liszt par Yuri Boukoff à l'époque et cela avait été un vrai choc
J'avais dit à mon prof je veux jouer cà. Il a ouvert des grands yeux en pensant que je ne devais pas bien réaliser ou je mettais les pieds, enfin les mains plutôt. A ce moment les morceaux les plus difficiles que j'avais travaillé etaient le 2ème nocturne de Chopin et le dernier mvt de la Tempête de Beethoven.
Alors c'est vrai que lorsque je jouais ou rejoues ce morceau j'en mets comme on dit beaucoup à côté mais cela reste un plaisir incommensurable et je pense que cela m'a fait effectivement beaucoup progresser je pense
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Okay
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Re: Oeuvres trop difficiles

Message par Okay »

Si tu assumes d'en mettre plein à côté, contre-intuitivement c'est peut-être encore mieux. Ca a un effet très désinhibant et familiarise avec les sensations de prise de risque, souvent indissociables du répertoire très difficile.
Il faut juste être conscient qu'on ne "joue" pas vraiment le morceau, et qu'à un moment donné, on ne peut pas échapper à un travail en profondeur.
Ensuite chacun son mode de fonctionnement. Pour ma part, je partage complètement ce plaisir en débutant un texte très difficile, de le prendre à bras le corps, de m'y ébattre comme un gamin avec son nouveau jouet, et d’assumer d'en mettre initialement une tonne à côté. J'ai même l'impression qu'au départ c'est la seule prise en main possible... pour réaliser ensuite dans ce genre d'oeuvre, que je n'aurais pas pu parvenir à mettre en place les prises de risque si j'avais débuté par le travail soigneux dans le détail (même si ce dernier occupe in fine 90% du temps).
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Lee
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Re: Oeuvres trop difficiles

Message par Lee »

:) Il me parait que c'est une bonne chose pour un boulemique mais peut-être impossible pour un perfectionniste...étant ni des deux, je pose quand même une question : c'est plutôt pour travailler lecture à vue seulement, non ? Parce que sinon s'il y a beaucoup qui passe à la trappe, et on cerne rien précise comme objectif, qu'est-ce qu'on apprend en fin compte ? Comment attaquer un morceau ?
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pianojar
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Re: Oeuvres trop difficiles

Message par pianojar »

Lee a écrit ::) Il me parait que c'est une bonne chose pour un boulemique mais peut-être impossible pour un perfectionniste...étant ni des deux, je pose quand même une question : c'est plutôt pour travailler lecture à vue seulement, non ? Parce que sinon s'il y a beaucoup qui passe à la trappe, et on cerne rien précise comme objectif, qu'est-ce qu'on apprend en fin compte ? Comment attaquer un morceau ?
Au niveau de l'oeuvre on apprend rien puisque par définition on sait dès le départ (sans grande chance de se tromper) que ces oeuvres sont inaccessibles techniquement quel que soit le travail fourni mais il reste le PLAISIR de sentir sous les doigts un peu de la magie de ces oeuvres
On apprend l'humilité et le fossé qui nous sépare des vrais interprètes (cela étant pour ce dernier point c'est vrai aussi pour des oeuvres plus abordables)
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Lee
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Re: Oeuvres trop difficiles

Message par Lee »

Je suis pour le PLAISIR autant que une autre personne, mais pour être honnête, je ne vois toujours pas trop comment ça fait progresser, sauf en lecture à vue...
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Midas
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Re: Oeuvres trop difficiles

Message par Midas »

Si, ça peut faire progresser si le travail lent, voire très lent, est très sérieusement effectué. Ensuite, on en met plein à côté parce lorsqu'on a fini par mémoriser le morceau, il faut se faire plaisir, c'est le but (il ne faut pas rester trop longtemps sur le même morceau, on s'en lasse et on le finit par le jouer mécaniquement et sans plaisir). Par contre, la catastrophe, ce serait en suite de s'acharner à ne le jouer que dans la vitesse avec toutes les lacunes: doigts qui ne suivent pas, mains désynchronisées, précision approximative... C'est là qu'on risque d'installer des défauts durables, et lorsqu'on reprend la pièce beaucoup plus tard, à un moment où elle devient abordable, le risque est de passer trop de temps à défaire ce qui a été mal fait. Sinon, si le travail de fond a été bien posé, au moment où on reprend, on a du plaisir à s'apercevoir qu'on retrouve rapidement le point de maîtrise qu'on avait quitté et qu'en plus, les étapes suivantes semblent plus abordables et sont une motivation pour aller de l'avant.
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Wladyslaw
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Re: Oeuvres trop difficiles

Message par Wladyslaw »

Je suis d'accord avec le petit cuicui flamboyant
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Arabesque44
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Re: Oeuvres trop difficiles

Message par Arabesque44 »

On en revient toujours à ce travail lent...
Mais je me demande si on va vraiment progresser en vélocité en ne jouant que lentement.
Et puis à quoi ça rime de jouer sans faute, mais de façon scolaire, poussive, une oeuvre faite pour être jouée vite? Ca peut donner un résultat avec certains Préludes de Bach par exemple, mais franchement, imaginez-vous le "presto agitato" de la sonate Clair de Lune au ralenti?
Il me semble que pour arriver à jouer vite, il faut aussi s'exercer à jouer vite (lapalissade) , au besoin par petits fragments, et essayer avant tout de retrouver un peu l'esprit, le caractère de l'oeuvre ( et tant pis si on en met un peu à côté ou si la régularité n'est pas parfaite)
Je préfère essayer d'acquérir de la vélocité avec les Etudes de Chopin ou les sonates de Beethoven qu'avec Hanon (et hop, admirez le "trolling" appuyé... :mrgreen: )
Et puis ça dépend des morceaux. En ce moment je suis sur le 1er mvt de la Pathétique, et je ne trouve pas le travail lent très "payant" une fois le déchiffrage bien acquis et le morceau connu presque par coeur.
Les passages avec trémolos à G et notes doubles à droite, j'ai plutôt l'impression qu'il faut les jouer vite, mais par petits fragments "en boucle" jusqu'à ne plus tomber à côté. Au ralenti, et d'un, ça ne ressemble plus à rien, et de deux ce n'est pas du tout les mêmes gestes!
Mais le Rondo par contre, je l'ai beaucoup travaillé lentement d'abord, et surtout mains séparées.
leLama
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Re: Oeuvres trop difficiles

Message par leLama »

Je pense que le plaisir est un bon indicateur de l'interet du travail. Si vraiment la piece est trop difficile et que ca ne ressemble a rien, je ne crois pas qu'on y tire un grand plaisir.

@arabesque44
Pour la vitesse, voici ce qu'on fait en general dans les groupes de sprint en athletisme:
- un peu de travail lent en debut de seance, ou on soigne surtout la qualite' du geste
- du travail assez intense, mais fluide et controle', pendant la majeure partie de la seance
- on finit la seance par un courte periode, ou on "lache les chevaux" et on court plein pot sans se preocupper de technique.
- retour au calme (petit footing de recup, etirement avant de partir).

Je crois que c'est bien transposable au piano. Les sensations sont les memes ( vitesse dans le relachement, qualite' des appuis, minimisation des gestes parasites, feedback sonore sur la regularite'...).
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Midas
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Re: Oeuvres trop difficiles

Message par Midas »

C'est exactement ça. Il faut effectivement "lâcher les chevaux" de temps en temps, mais pour une exécution rapide, il en faut deux lentes pour empêcher les défauts de s'installer.

Pour Wlad, si tu es d'accord avec moi, je suis sauvé. 8)

Tiens, voici un joli cui-cui-cui pour toi (pour ceux qui ont connu les Compagnons de la Chanson):

https://www.youtube.com/watch?v=SF2_V95UL-0
leLama
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Re: Oeuvres trop difficiles

Message par leLama »

Pour le piano, je ne sais pas quel est le bon dosage. Mais pour la course, le nombre de repetitions plein pot est beaucoup plus faible que 1 pour 3. En gros, pour developper la vitesse, c'est 3*4*40metres pour la seance de la semaine qui vise a developper la vitesse. Donc moins de 60 secondes de course plein pot sur la semaine... C'est evidemment pas transposable directement. Mais c'est interessant de reflechir a la demarche : un tres long travail de preparation dans la semaine pour permettre un travail tres qualitatif pendant une courte periode. L'objectif est d'eviter de tomber dans la repetition mecanique, de conserver des intentions motrices a pleine vitesse. C'est un objectif qu'on a aussi au piano je crois. Si on fait trop de repetitions rapides, les gestes deviennent mecaniques et on se heurte au "mur de la vitesse": incapacite' a accelerer parce que les gestes mecaniques ne permettent plus d'inserer dans le mouvement de nouvelles impulsions d'acceleration.
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Hizu
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Re: Oeuvres trop difficiles

Message par Hizu »

pianojar a écrit :A ce moment les morceaux les plus difficiles que j'avais travaillé etaient le 2ème nocturne de Chopin et le dernier mvt de la Tempête de Beethoven.
Le dernier mouvement de cette sonate est beaucoup plus dur que le deuxième nocturne de Chopin, non ?

Sinon j'ai plutôt tendance à être d'accord avec Arabesque44, même si du coup le sujet initial s'est un peu déplacé il me semble. Pour être tout à fait franc, j'ai rarement travaillé lentement le dernier mouvement de la sonate au clair de lune en l'apprenant. Pour certains passages, en revanche, je reconnais la nécessité d'un travail lent - et c'est pour cette raison que je dois encore les revoir aujourd'hui, même si je suis censé avoir "terminé" cette sonate depuis plus d'un an.
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Re: Oeuvres trop difficiles

Message par pianojar »

Hizu a écrit :
pianojar a écrit :A ce moment les morceaux les plus difficiles que j'avais travaillé etaient le 2ème nocturne de Chopin et le dernier mvt de la Tempête de Beethoven.
Le dernier mouvement de cette sonate est beaucoup plus dur que le deuxième nocturne de Chopin, non ?
En tout cas c'était mon impression oui d'autant que le mouvement de sonate avait été choisi par mon professeur et ce n'est pas forcément (voire pas du tout) un morceau que j'aurais joué de moi-même d'où pour rebondir sur un autre fil de l'utilité d'un professeur pour ce qui est du choix du répertoire à aborder.
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Wladyslaw
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Re: Oeuvres trop difficiles

Message par Wladyslaw »

Midas, c'est sympa de nous faire découvrir des trucs de ta génération aux plus jeunes. Belle découverte ce petit oiseau joli.
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Re: Oeuvres trop difficiles

Message par Spianissimo »

Je pense qu'il ne faut rien s'interdire, c'est comme ça qu'on avance, et tant pis si c'est une catastrophe au début. On déchiffre, on travaille jusqu'à atteindre ses limites, on laisse mijoter quelques jours, semaines, mois ou années, et on y revient plus motivé que jamais, c'est pas encore ça ? on laisse à nouveau tomber, non sans avoir un peu progressé à chaque étape, on y reviendra plus tard. Il est vrai que ce qu'il faut éviter, c'est de prendre des mauvais plis, mais tout peut toujours se corriger avec de la méthode et du temps.
C'est sympa de parler mais jouons maintenant...
http://www.youtube.com/user/andante5133
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Re: Oeuvres trop difficiles

Message par Kreisler »

Spianissimo a écrit :Je pense qu'il ne faut rien s'interdire, c'est comme ça qu'on avance, et tant pis si c'est une catastrophe au début. On déchiffre, on travaille jusqu'à atteindre ses limites, on laisse mijoter quelques jours, semaines, mois ou années, et on y revient plus motivé que jamais, c'est pas encore ça ? on laisse à nouveau tomber, non sans avoir un peu progressé à chaque étape, on y reviendra plus tard. Il est vrai que ce qu'il faut éviter, c'est de prendre des mauvais plis, mais tout peut toujours se corriger avec de la méthode et du temps.
C'est exactement mon mode de fonctionnement au piano. Si on doit attendre d'avoir le niveau pour jouer un morceau parce qu'on le sait/croit "difficile", c'est la meilleure excuse pour ne jamais le travailler.
-"ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait." Mark Twain
-"Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles." Sénèque

Il y a des morceaux que j'ai joués peut-être trop tôt, cela s'entend, je n'avais pas encore le geste et l'aisance pianistique mais quel bonheur de le reprendre des années plus tard et constater son amélioration, quasiment comme le cd! Constater les progrès, quelle satisfaction de voir qu'on n'œuvre pas pour rien, qu'on avance petit à petit et mine de rien, cela met du grain à moudre dans le moulin de la motivation :wink:
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Re: Oeuvres trop difficiles

Message par pianojar »

[quote

C'est exactement mon mode de fonctionnement au piano. Si on doit attendre d'avoir le niveau pour jouer un morceau parce qu'on le sait/croit "difficile", c'est la meilleure excuse pour ne jamais le travailler.
quote]

En l'occurence au début du fil lorsque je parlais de morceaux trop difficiles c'était dans l'absolu, lorsqu'on est dans les premières années de piano on ne connait pas forcémment ses limites mais lorsqu'on on a atteint un "certain âge" on sait que certaines oeuvres resteront injouables et ce quel que soit le travail fourni et ma question concernait ce point précis
Par exemple
https://www.youtube.com/watch?v=Fg9Ryo2N2XA
je sais que je ne pourrais jamais jouer cette pièce mais très honnêtement je préfère me faire mal aux mains sur une partie de ce morceau que sur du Hanon ou du Pischna mais est ce plus efficace en terme de gain technique et non pas de plaisir ? Je ne sais pas ....
Spianissimo
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Re: Oeuvres trop difficiles

Message par Spianissimo »

Kreisler a écrit : C'est exactement mon mode de fonctionnement au piano. Si on doit attendre d'avoir le niveau pour jouer un morceau parce qu'on le sait/croit "difficile", c'est la meilleure excuse pour ne jamais le travailler.
-"ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait." Mark Twain
-"Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles." Sénèque

Il y a des morceaux que j'ai joués peut-être trop tôt, cela s'entend, je n'avais pas encore le geste et l'aisance pianistique mais quel bonheur de le reprendre des années plus tard et constater son amélioration, quasiment comme le cd! Constater les progrès, quelle satisfaction de voir qu'on n'œuvre pas pour rien, qu'on avance petit à petit et mine de rien, cela met du grain à moudre dans le moulin de la motivation :wink:


Tout à fait d'accord avec toi Kreisler
pianojar a écrit : En l'occurence au début du fil lorsque je parlais de morceaux trop difficiles c'était dans l'absolu, lorsqu'on est dans les premières années de piano on ne connait pas forcémment ses limites mais lorsqu'on on a atteint un "certain âge" on sait que certaines oeuvres resteront injouables et ce quel que soit le travail fourni et ma question concernait ce point précis
Par exemple
https://www.youtube.com/watch?v=Fg9Ryo2N2XA
je sais que je ne pourrais jamais jouer cette pièce mais très honnêtement je préfère me faire mal aux mains sur une partie de ce morceau que sur du Hanon ou du Pischna mais est ce plus efficace en terme de gain technique et non pas de plaisir ? Je ne sais pas ....
Justement, quand on avance en âge, je crois qu'on a plus vraiment le temps de jouer du piano "sans plaisir", je ne dis pas qu'on ne peut pas revenir sur des petits exercices très spécifiques pour travailler un point particulier si nécessaire mais, tout morceau peut-être pris comme un exercice en travaillant vraiment les passages difficiles. Ce qui n'a pas été acquis plus tôt, sera plus long à acquérir en travaillant directement le morceau "comme un exercice" mais je crois vraiment que tout est possible si on est très motivé. Quand l'écart est trop important entre le désir de jouer une pièce, le niveau technique qu'elle requiert et notre propre niveau technique, et bien on avance par paliers comme je le disais dans le message précédent. Je n'ai avancé que comme ça, en jouant des morceaux ou après premier déchiffrage, je m'étais dit que c'était impossible. Finalement, tout vient avec le temps, la patience, le travail. Quand on ne peut plus se payer le luxe de travailler gammes et autres exercices 2 heures par jour, faut faire autrement. Dernièrement, je me suis attaqué à l'étude 12 de Liszt (Chasse-Neige), j'aime vraiment ce morceau mais il est monstrueusement virtuose, je l'ai travaillé quelques semaines et me suis un peu découragé, je l'ai donc mis au placard mais je n'abandonnerai pas, j'y reviendrai. Cette première phase m'a permis de bien le déchiffrer, de trouver des doigtés adéquats (enfin, je crois...) et de mesurer le niveau nécessaire pour jouer un truc pareil..., je pense que je ne le jouerais jamais "correctement" mais peu importe, je me suis déjà dit ça pour bien d'autres morceaux sur lesquels j'ai finalement obtenu un petit résultat...alors, pourquoi pas ? De toute façon, on risque juste de ne pas y arriver ...mais ça aura eu l'avantage de nous faire travailler des difficultés qui nous aideront pour d'autres morceaux.
C'est sympa de parler mais jouons maintenant...
http://www.youtube.com/user/andante5133
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