Programme d'écoute pour faire accepter la dissonance

[Lee]

Bonjour,

Je profite du fait que nous avons quelques nouveaux qui aiment proposer des listes des oeuvres pour lancer un challenge à tous : un programme d'écoute pour habituer l'oreille à faire accepter progressivement la dissonance.

Pour expliquer, en regardant cette vidéo sur la dissonance je me rendais compte être complètement bloquée par certaines oeuvres et compositeurs plus contemporains. Stravinski passe parce que je connais, bien sûr ce qu'il cite de Bach, Schumann et le jazz passe, mais pas Copeland, pas Schoenberg. Il me semble avoir fait un peu de progrès mais pas assez. Les tardives de Scriabine, j'ai encore beaucoup de mal, et je me demande si c'est mon vrai problème de Prokofiev aussi.

Maintenant je me demande si pendant mes vacances forcés sans piano, je me mets à un programme d'écoute avec des oeuvres selectives, peu à peu plus challenging, pourrais-j' arriver à ne pas être heurtée par la dissonance de ces oeuvres ? Je me permets ce fil parce que cet exercice pourrait aussi être intéressant pour les profs avec les élèves recalcitrants ou les autres qui veulent "travailler" l'oreille. L'idée c'est de prendre toutes vos propositions des beaux oeuvres, et les ranger en niveau de plus accessible jusqu'au difficile, mais en très petit pas à pas...

Merci !
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Programme

Bach (inevitable#-o): fugues XXII ou XIV du CBT 1er livre
Beethoven : Grande Fugue pour quatuor à cordes opus 133 quatuor en ut de Mozart, surnommé "Les dissonances" (K465)
Chopin : préludes 2 et 14, et bien sur le finale de la 2e sonate, 1er scherzo op 20
Liszt : Nuages Gris, l'essentiel de la 3e année de pèlerinage (sans les jeux d'eau à la villa d'Este), les 2 Czardas, la lugubre gondole https://www.youtube.com/watch?v=dDEBfJxsJZ8
Unstern, la bagatelle sans tonalité, Au bord d'un source https://www.youtube.com/watch?v=ddiVEnWReYQ
Poulenc : sonate pour 2 pianos
Milhaud
Albeniz : Iberia, Lavapies et Malaga
Debussy : Etudes, Pour les Degrés Chromatiques ou Pour les Notes Répétées
préludes, Brouillards
Ravel : la Forlane du Tombeau de Couperin.
le dernier Scriabine
Alberto Ginastera : concerto pour violon
Heitor Villa-Lobos : les quatuors à cordes
Ligeti : études lentes Arc-en-Ciel et Cordes à Vide.
Messiaen : le baiser de l'enfant Jésus : https://youtu.be/hgcoozH5Frk
8 préludes
Visions de l'Amen (Amen de la création) pour deux pianos https://youtu.be/-nIuA7Ir19k
Dutilleux : sonate
Ravel : https://youtu.be/OaiUtwYU9S8
Schönberg :
2ème symphonie de chambre de Schoenberg
2e pièce de l'opus 11...
Shostakovitch : https://youtu.be/JlMHjo7Jwhk
quatuors, en particulier le 8ème
Scriabine : 9ème sonate pour piano
Bartok : https://youtu.be/fkfXJzFciNk
Prokofiev : 8ème sonate de piano, 2ème concerto de piano
Prokofiev : Ivan le Terrible et Alexander Nevsky).
The Shining de Stanley Kubrick (musiques de Penderecki, Ligeti et Bartók)
(en option) Boulez : sonate

[Stavroguine]

Ce n'est pas du piano, mais la Grande Fugue pour quatuor à cordes opus 133 de Beethoven, ça décape bien les oreilles !

[pianojar]

En remontant dans le temps et pour rester dans la fugue et le piano je crois que pour beaucoup d'oreilles par le fait de la complexité d'écriture quelques fugues de Bach pourraient trouver leur place ici comme par exemple les fugues XXII ou XIV du CBT 1er livre
Pour ma part j'ai beaucoup de mal avec l'école de Vienne en général

[Presto]

la sonate pour 2 pianos de Poulenc ?
mais je crois que ton problème avec Proko n'est pas seulement de l'ordre des dissonances.

[Okay]

Pour commencer gentiment et rester dans la même formation que le Beethoven, il y a le fameux quatuor en ut de Mozart, surnommé "Les dissonances" (K465).

Si on revient au piano, on peut explorer la musique romantique qui explore les dissonances voire teste les limites de la tonalité. Commençons chez Chopin, où il y a des fameux exemples comme les préludes 2 et 14, et bien sur le finale de la 2e sonate. Les dernières oeuvres de Liszt sont peut-être moins incontournables dans cette écoute, car leur côté minimaliste déroute plus que les dissonances je trouve. Il y a entre autres les Nuages Gris, l'essentiel de la 3e année de pèlerinage (sans les jeux d'eau à la villa d'Este), les 2 Czardas, la lugubre gondole, Unstern, la bagatelle sans tonalité...

Iberia regorge de dissonances via les acciaturas qui produisent ces grincements typiques, mais qui restent inscrites dans un univers tonal parfaitement ancré. Lavapies et Malaga par exemple, en sont particulièrement chargées.

La musique tardive de Debussy, en particulier ses Etudes, sont vraiment à écouter dans ce sens car il y explore un langage un peu plus abstrait et intellectuel, d'un extrême raffinement (je dirigerais l'écoute vers Pour les Degrés Chromatiques ou Pour les Notes Répétées). Dans les préludes, une pièce très évocatrice comme Brouillards (qui se repose bien peu sur la tonalité) est un merveilleux exemple d'effets descriptifs qui sont impossibles à créer sans dissonances.
Ravel sonne malgré tout moins dissonant, et si je devais recommander une seule pièce dans ce but, ce serait la Forlane du Tombeau de Couperin.
Dans le prolongement, et pour aller plus loin dans la dissonance (mais toujours gentille), il y a les 8 préludes de Messiaen, une oeuvre de jeunesse encore très debussyste.
Ensuite on peut revenir dans le passé chronologique, vers le dernier Scriabine par exemple. Jusque là on n'a toujours pas vraiment quitté l'univers tonal.

Pour sauter le pas, il faut aller voir chez Schönberg. Là je recommanderais pour une entrée en douceur (mais réelle) la 2e pièce de l'opus 11... dans les contemporains qui s'écoutent encore bien (et bien mieux que l'école de Vienne), on peut sauter directement à Ligeti. Pour commencer tout doux, il y a les études lentes Arc-en-Ciel et Cordes à Vide.

[Presto]

Les dissonances ne sont pas gentilles, c'est tout leur charme

[jean-séb]

Il y a dissonance et dissonance ! Comme l'explique bien la vidéo indiquée par Lee, il y a déjà plein de dissonances dans Bach ou Mozart, même dans les œuvres qui nous paraissent les plus agréables à l'oreille. Mais ce sont généralement des dissonances de passage, de transition, qui participent au mouvement de la musique et non des dissonances installées.

[Presto]

Ben oui, comme disait une prof : recherche la dissonance, c'est la note la plus expressive.
Il m'a toujours semblé que l'hérésie commise par Ravel n'était pas vraiment d'avoir pêché par les dissonances mais d'avoir aligné les quintes comme ce n'était pas permis ! Génialissime Ravel !

[Spianissimo]

Peut-être que le mieux est de démarrer avec de "gentilles" dissonances qui viennent chatouiller les oreilles sans les agresser...beaucoup de compositeurs considérés aujourd'hui comme des classiques de la musique du XXème siècle ont crée des oeuvres élégiaques quasi romantiques (on parle de dissonances et pas forcément d'atonalité), pour une approche, je te conseille par exemple :
Messiaen : le baiser de l'enfant Jésus : https://youtu.be/hgcoozH5Frk
ou les mouvements lents de ces concertos pour piano, qui, si on les apprécient, peuvent peut-être permettre d'apprécier également les mouvements 1 et 3 qui les entourent :
Ravel : https://youtu.be/OaiUtwYU9S8
Shostakovitch : https://youtu.be/JlMHjo7Jwhk
Bartok : https://youtu.be/fkfXJzFciNk

[pianojar]

dans les contemporains qui s'écoutent encore bien (et bien mieux que l'école de Vienne), on peut sauter directement à Ligeti. Pour commencer tout doux, il y a les études lentes Arc-en-Ciel et Cordes à Vide.

Tout à fait d'accord pour Ligetti qui passe bien mieux et qui me parle alors que l'école de Vienne ....
Quant à Boulez........ pour moi tout au bout de la liste.
J'ai entendu dernièrement je ne sais plus trop dans quelle émission à propos de musique contemporaine que la finalité de certaines compositions actuelles était qu'elles soit lues et non jouées ou entendues .....mais on s'éloigne du sujet

[Okay]

Quant à Boulez........ pour moi tout au bout de la liste.

Je vais être plus radical... après pas mal d'essais, parfois même en suivant la partition, je le déclare lui et ses affiliés hors de ma liste.

[pianojar]

Quant à Boulez........ pour moi tout au bout de la liste.

Je vais être plus radical... après pas mal d'essais, parfois même en suivant la partition, je le déclare lui et ses affiliés hors de ma liste.

A vrai dire quelquefois je m'en veux d'aimer certaines de ces interpretations en tant que chef d'orchestre (le sacre par exemeple.... ) depuis le jour ou dans une interview je l'ai entendu dire simplement "le jazz ce n'est pas de la musique" !

[angelineacord]

There are many listener who accept dissonance but some of them avoid it.

[angelineacord]

Il ya beaucoup auditeur qui accepte la dissonance , mais certains d'entre eux évitent.

[Gracou]

Pour accepter les dissonances (d'ailleurs, ça existe une musique sans dissonances ?), j'ai un remède miracle : rendez-vous dans la classe de violon la plus proche et assistez à un mercredi après-midi de cours de débutants. Tout vous paraîtra consonant après ça.

[Lee]

Merci beaucoup pour vos propositions, avec une mention speciale pour tout un programme par Okay.

Je vais commencer mettre une liste de programme dans mon premier message, vous pouvez ajouter des propositions ou donner plus de précisions sur où ils doivent figurer si vous voulez !

pianojar: Quant à Boulez........ pour moi tout au bout de la liste.
Okay: Je vais être plus radical... après pas mal d'essais, parfois même en suivant la partition, je le déclare lui et ses affiliés hors de ma liste.
pianojar: A vrai dire quelquefois je m'en veux d'aimer certaines de ces interpretations en tant que chef d'orchestre (le sacre par exemeple.... ) depuis le jour ou dans une interview je l'ai entendu dire simplement "le jazz ce n'est pas de la musique" !

La pitié qui se moque de la charité...je crois fortement qu'en 100 ans, nous entendrons ni le nom de Boulez ni Cage, mais ce n'est pas grave, je mettrai ce que vous me donnez sur la liste !

[Presto]

je crois fortement qu'en 100 ans, nous entendrons pas le nom de Boulez

pas sûr
mais c'est écrit pour des pros, j'avais lu que Genevière Joy (grande interprète de la sonate de Dutilleux) avait pleuré en voyant les difficultés pianistiques amoncelées par le manuscrit de la sonate de Boulez

[Okay]

Mais la sonate de Dutilleux c'est une musique magnifique ! A rajouter d'urgence sur la liste d'écoute, bien avant Schönberg.

[Presto]

Te sachant capable de beaucoup de choses, une sonate de Boulez ne te dirait-elle pas ?

[Okay]

NON