Les pianistes que vous aimez regarder jouer

[oiseau.prophète]

Alors toutes mes excuses je n'avais pas compris

Mais qui critique Brendel ou Kempff ?

Sur ce forum ou ailleurs

Alors que Gould...

En tout cas à voir jouer, Kempff aussi c'est quelque chose

Je regrette de n'avoir pas pu voir ces immenses interprètes avant, j'ai quand même l'impression que c'est plus "standardisé" à présent (à part Debargue un génie)

[quazart]

Celle-ci est quand même assez emblématique et dans l'esthétique sonore se rapproche je trouve de sa mémorable interprétation de la 6ème symphonie transcrite par Liszt.

Mémorable... je l'ai trouvée sur YouTube voici un an ou deux, quelle purge !
Des tempi à mourir d'ennui, et toujours cette façon de disséquer l'œuvre comme s'il s'adressait à une salle de classe...
Désolé, je ne veux froisser personne, mais ça ne passe pas. Surtout dans une œuvre aussi foisonnante de vie que la Pastorale, une séance d'analyse n'a pas sa place à mon sens.

[jean-séb]

Je dois dire que je n'ai jamais trouvé passionnantes les transcriptions des symphonies de Beethoven par Liszt. Deux génies qui semblent incompatibles.

[Lee]

C'était juste une blague Presto, Brendel qui critique Gould? J'ai trouvé sur Internet des propos de Brendel "anti-Gould" on dirait, je ne sais pas si c'est une traduction fidèle :

Alfred Brendel says in a book of collected interviews /w Martin Meyer:

"To me Gould was the prime example of what an interpreting artist must not be; he was an eccentric doing everything possible to counteract the wishes or the character of the composer. There is innumerable evidence for this. Sometimes he did this by exposing one or two aspects of the piece while ignoring others."

"Glenn Gould made up his own rules - the word rules is not correct here I find. Obsessions were the guidelines along which he performed and which make his recordings seem so uniform in the way Gould treats the composers. I have attended concerts, I have listened to recordings."

"I have always asked myself: This man is so gifted, why does he mistreat composers so terribly? It seems to me that quite many people love this kind of sadism (...) You can play pieces in many different ways, but - if you please - within the limits, within the character and the structure of the piece itself. Gould crosses these limits voluntarily, or he does not notice them. Something inside him is at cross angles to the pieces he plays. Apparently this seems very attractive to many people. It makes me mad sometimes."

Taken from "Alfred Brendel - Ausgerechnet ich" [translates as: I of all people ] Carl Hanser Verlag, München Wien ISBN 3-446-20001-0
Translation by me

http://www.glenngould.org/f_minor/msg06080.html

Quant à l'enregistrement de Beethoven fourni par Pianojar, j'ai écouté sans regarder et ça ne me dérangeait pas, il y avait des moments émouvants, il fait sonner le piano comme une orgue après plus tard, après que ça part en fugue (la fugue n'est pas trop mon truc mais j'aimais bien cette sonorité qu'il a crée au piano). Mais il a vraiment tiré le tempo à tout allure vers la fin, je n'étais plus avec lui, ça partait trop en avant. Puis l'émpéreur de Beethoven enchaîné automatiquement et je me suis dit pourquoi pas juste écouter ah non, les arpèges dès le début accenté comme ça, je ne pouvais pas, je l'ai coupé de suite.

Il y a bien eu un enregistrement de Gould que j'aimais bien quand je cherchais un exemple à suivre pour une bagatelle de Beethoven.
Actuellement en réécoute c'est toujours émouvant mais je me rends compte seulement maintenant que c'est vraiment joué à sa façon, ce n'est pas Brendel la seule personne de dire que Gould joue Gould avant de jouer tel compositeur. Je crois que c'est ce qui fait que son public soit admirative ou émerveillé ou au contraire repoussé ou scandalisé.

[Virgule]

Je dois dire que je n'ai jamais trouvé passionnantes les transcriptions des symphonies de Beethoven par Liszt. Deux génies qui semblent incompatibles.

Jean-Seb, il faut les écouter jouées au pianoforte par Yury Martynov (publiées chez Alpha), c'est phénoménal. Commence par la neuvième, c'est de loin sa plus réussie, je t'assure, c'est juste ahurissant.

En avant-goût, je te suggère de lire ce qu'on en dit dans le livret, consultable ici (en toute légalité): http://i-classical.com/pdf.php?id=000085220.pdf . On y trouve entre autres un texte de Liszt lui-même, datant de 1865 justifiant sa décision de publier ces transcriptions pour piano, et un superbe texte de Bruno Moysan qui permet de prendre la mesure du phénoménal travail accompli par Liszt. Passionnant.

[Presto]

C'était juste une blague Presto, Brendel qui critique Gould?

à vrai dire, je n'en sais rien et ne ferais aucun pronostic en la matière, j'ai juste pioché dans les pianistes plus "classiques" et dont le jeu est fort différent. J'aurais pu prendre Badura-Skoda

[Praeludium]

Je dois dire que je n'ai jamais trouvé passionnantes les transcriptions des symphonies de Beethoven par Liszt. Deux génies qui semblent incompatibles.

Jean-Seb, il faut les écouter jouées au pianoforte par Yury Martynov (publiées chez Alpha), c'est phénoménal. Commence par la neuvième, c'est de loin sa plus réussie, je t'assure, c'est juste ahurissant.

En avant-goût, je te suggère de lire ce qu'on en dit dans le livret, consultable ici (en toute légalité): http://i-classical.com/pdf.php?id=000085220.pdf . On y trouve entre autres un texte de Liszt lui-même, datant de 1865 justifiant sa décision de publier ces transcriptions pour piano, et un superbe texte de Bruno Moysan qui permet de prendre la mesure du phénoménal travail accompli par Liszt. Passionnant.

Merci beaucoup pour cette découverte ! Quel boulot aussi de la part du pianiste (que je ne connaissais pas, et qui semble être quelqu'un de très intéressant).

[Jacques Béziat]

Pour répondre à la question du sujet, les pianistes que j'aime regarder jouer sont ceux qui savent rester sobres en gestes et mimiques/postures/grimaces.

L'interprétation, c'est autre chose.

Par conséquent, j'aime regarder jouer (et écouter jouer !!) Michelangeli, Rubinstein, Horowitz, Brendel, Gilels, Pollini, Sokolov, Zimmerman..., même si parmi ces génies certains laissent passer de l'émotion, pas de souci quand elle reste en grande partie intérieure.

Sans être dogmatique dans la sobriété, je ne nommerai pas les autres, grimaçants, aux postures quelques fois ridicules et qui me gênent.
Concernant ces derniers, est-ce un besoin personnel d'expression, ou bien sont-ce des habitudes prises auprès de chapelles d'apprentissage de Maîtres prônant au contraire l'expressivité gestuelle ?
Je pencherais pour la seconde raison.

À l'orgue, au clavecin, comme autrefois chez les pianistes, on apprend à rester sobre à la première minute où on pose ses fesses sur le banc, même dans les pièces romantiques.

Juste mon point de vue tout personnel !

[jean-séb]

Oui, merci Virgule d'avoir attiré mon attention sur cet enregistrement. Je ne connais pas non plus tellement le pianiste Yury Martinov.
J'ai écouté la bande de présentation de l'album des transcriptions, qui montre le Blüthner utilisé dans l'enregistrement.
J'essaierai d'écouter le disque de la 9e, dont je viens de lire des critiques enthousiastes :
https://www.gramophone.co.uk/review/bee ... nscription

[Virgule]

Intéressant ton lien Jean-Seb, je ne savais pas qu'il parlait français (et bien) !

Je connais ce pianiste depuis ses enregistrements avec Alexei Lubimov et son très beau disque Prokofiev (2014), ce dernier sur Steinway moderne. C'est ce qui a éveillé ma curiosité pour ses Beethoven/Liszt. Quel choc ! Bon, je pollue un peu ce fil (mais j'aime aussi le regarder jouer sur YT), mais en fouillant je suis tombée sur cette entrevue parue dans Pianiste début 2013, alors qu'il n'avait encore sorti que deux cds des transcriptions Beethoven/Liszt: http://www.pianiste.fr/011-1473-YURY-MA ... OIGTS.html

A l'époque, il n'envisageait même pas pouvoir enregistrer la 9e symphonie tout seul. Je cite:

• Q. Est-ce que cette « adaptation » demeure encore possible avec la Neuvième Symphonie ?

• R. Question à laquelle je n’ai pas encore trouvé de réponse ! Je doute pouvoir relever le défi avec un seul instrument. Nous savons que Liszt a joué toutes les symphonies de Beethoven en concert à l’exception de la Neuvième car il estimait qu’il devait créer un espace sonore particulier. Je ne rivaliserai pas avec Liszt ! En revanche, je ne sais pas encore avec quel pianiste j’enregistrerai l’œuvre.

Eh bien, il l'a relevé ce défi, et avec quel brio ! Il faut lire cette entrevue, c'est passionnant et très riche, ça nous en apprend beaucoup sur le travail de Liszt, mais aussi sur les qualités particulières de ces pianos d'époque, qui font toute la différence dans ce répertoire. Ce qu'il dit de ce type de piano ([Sa clarté est si particulière que l’on entend par transparence les lignes de la partition originelle. La richesse polyphonique qu’il nous offre compense l’absence relative de puissance du piano moderne. Et puis, sur un piano moderne, le son devient bruyant, cachant tant de choses que l’on devrait percevoir) correspond absolument à ce que j'entends dans sa 9e (et dans les autres d'ailleurs).

[quazart]

Je dois dire que je n'ai jamais trouvé passionnantes les transcriptions des symphonies de Beethoven par Liszt. Deux génies qui semblent incompatibles.

Passionnantes... si, un peu quand même. Pas dans l'idée de retrouver l'original bien sûr, mais dans celle d'admirer une double performance : celle du transcripteur qui arrive à confier à un seul piano le rôle de tout l'orchestre, et celle de l'interprète qui affronte de tels monuments.
Il y a aussi le fait, d'une certaine façon, de se plonger dans le passé où ces transcription étaient le seul moyen, en dehors des salles de concert, d'appréhender ces œuvres.
Par contre Liszt semble plus à l'aise avec Berlioz, ses transcriptions de la symphonie fantastique et de Harold en Italie (piano et alto) sont vraiment époustouflantes.
Et puis Wagner bien sûr...

[jean-séb]

Une bonne partie de mon répertoire pianistique est constitué de transcriptions (d'un niveau plus abordable que les Wagner-Liszt), tu prêches donc un convaincu et, à titre personnel, j'ai déjà pris beaucoup de plaisir à déchiffrer en 4 mains des symphonies de Haydn, Mozart et Beethoven. Mais je n'ai pas pris beaucoup de plaisir à entendre (il y a longtemps) plusieurs symphonies Beethoven-Liszt-Gould. Je suis conscient de la prouesse technique, mais en tant qu'auditeur, je reste insatisfait. La version de Yury Martinov pourrait fort bien me faire changer d'avis et de toute façon, mon oreille et mes goûts ont eux aussi évolué depuis ma première confrontation.

[Lee]

Beethoven a écrit beaucoup pour piano. S'il a choisi écrire pour les cordes ou les voix ou autre que piano, il avait sûrement ses raisons. Je ne comprends pas cette obstination d'apprécier les transcriptions pour piano ! Non, notre instrument n'est pas toujours le meilleur !

[Virgule]

Beethoven a écrit beaucoup pour piano. S'il a choisi écrire pour les cordes ou les voix ou autre que piano, il avait sûrement ses raisons. Je ne comprends pas cette obstination d'apprécier les transcriptions pour piano ! Non, notre instrument n'est pas toujours le meilleur !

Curieux commentaire, Lee. Personne ne prétend que les transcriptions de Liszt sont plus intéressantes que les symphonies originales ! Et personne n'écoute aujourd'hui ces transcriptions pour écouter Beethoven. On écoute Liszt ici et on apprécie son incroyable génie, car ces transcriptions sont totalement géniales et sont passionnantes à écouter, lorsqu'interprétées de façon aussi magistrale qu'elles le sont par Martynov. Quant à justifier le choix de Liszt de les transcrire, il l'a très bien fait lui-même, tu peux lire son texte dans le livret (voir le lien que j'ai donné plus haut). Son but était de faire connaître les symphonies de Beethoven à un public qui n'avait pas l'occasion de les entendre jouées à l'orchestre - à l'époque les oeuvres orchestrales ne voyageaient pas comme aujourd'hui !

[Jacques Béziat]

Quant à justifier le choix de Liszt de les transcrire, il l'a très bien fait lui-même, tu peux lire son texte dans le livret (voir le lien que j'ai donné plus haut). Son but était de faire connaître les symphonies de Beethoven à un public qui n'avait pas l'occasion de les entendre jouées à l'orchestre - à l'époque les oeuvres orchestrales ne voyageaient pas comme aujourd'hui !

Tout à fait.
On peut faire le parallèle avec les vieilles partitions de transcriptions d'opéra au piano qui encombrent encore des greniers, que plus personne ne joue, le piano était tellement dans la vie des gens (au moins dans la petite bourgeoisie OK) qu'il était une façon d'aborder des œuvres difficilement écoutables pour le commun des mortels, surtout en l'absence d'enregistrement jusqu'aux débuts du microsillon ou du rouleau.

[Lee]

On écoute Liszt ici et on apprécie son incroyable génie, car ces transcriptions sont totalement géniales et sont passionnantes à écouter

Oui je comprends l'intérêt des transcriptions à l'epoque, mais je reste sur mon faim en écoutant comme je connais les symphonies. Tant mieux que tu peux apprécier son génie comme ça, même si j'aimais beaucoup Liszt (qui n'est pas vraiment le cas) je pense que les transcriptions des symphonies me laisseraient toujours insatisfaite. Tu as la passion d'une musicologue !

[Virgule]

On écoute Liszt ici et on apprécie son incroyable génie, car ces transcriptions sont totalement géniales et sont passionnantes à écouter

Tu as la passion d'une musicologue !

Alors là, pas du tout, vraiment pas ! Je n'ai jamais eu d'enthousiasme particulier pour les transcriptions d'ailleurs. Mon enthousiasme, c'est pour les transcriptions des symphonies de Beethoven par Liszt telles qu'enregistrées par Yury Martynov. Point barre. D'ailleurs elles ne m'enthousiasment pas toutes également. Celle que je trouve vraiment emballante, c'est celle de la neuvième. D'abord, le son du piano Blüthner 1867 est sublime, ensuite c'est incroyable de reconnaître des choses au piano qu'on n'aurait jamais cru possible de pouvoir faire passer sur cet instrument. Ce ne sont pas toutes les notes, c'est le message qui est là, on entend le message de Beethoven et c'est si convaincant qu'on est étonné de lire ensuite dans le livret que Liszt a profondément modifié certains passages pour y arriver. Cette transcription est l'oeuvre d'un génie et son interprétation, l'oeuvre d'un pianiste exceptionnel. Mais ce qui m'emballe, c'est l'écoute, c'est ce que j'entends. L'aspect musicologique m'intéresse, mais a posteriori. Je n'ai lu tous ces détails qu'après avoir écouté, et ré-écouté, avec passion, ce disque sublime.

[Lee]

Merci pour l'explication Virgule. Mais je ne comprends pas pourquoi vous parlez de Blüthner. Le piano dans le lien fourni par Jean-Séb (bande de présentation de l'album) est un Erard, comme le piano préféré de Liszt...

[Oupsi]

Il a joué sur un Bluthner pour l'enregistrement de la neuvième chez Alpha.

[Lee]

Ah oui, d'accord merci, c'était un Bluthner 1867 pour le 9ème et un Erard 1837 pour d'autres symphonies, mais je n'ai pas vu le Bluthner dont parle Jean-Séb dans le vidéo, il voulait peut-être dire l'Erard.

J'ai écouté la bande de présentation de l'album des transcriptions, qui montre le Blüthner utilisé dans l'enregistrement.

Actuellement j'écoute le 9ème par Martynov sur Spotify.