Bach et addiction

[sylvie piano]

Pour les musiciens nombreux ( dont je fais partie) qui ne peuvent pas débuter leur journée au piano sans Bach ,un danger nous guette... L' addiction .
Comment se manifeste-t-elle pour vous ?
Pour ma part ce sont les reprises qui sont la cause de cette pathologie. Soit que la pièce n'est pas dominée et que le besoin de recommencer s'impose sans fin, soit que justement elle est dominée et que l'envie irrépressible de revisiter encore et toujours m' aspire inlassablement.
Le danger de cette addiction ? La difficulté de se plonger dans un autre répertoire, et même dans de nouvelles oeuvres de Bach. Le plaisir sans fin éprouvé en jouant une fugue par exemple, avec des découvertes chaque matin est finalement un frein .
Parce-que le texte est pour moi difficile. Toujours difficile. L' apprentissage demande une méthode rigoureuse et l'entretien également .
Bien-sûr il existe du Bach sans reprises .... Mais ....
Je n'éprouve pas l'envie de me désintoxiquer !
Si vous n'avez pas goûté à ce plaisir licite, si ce breuvage n'est pas votre nectar du matin , respirez votre liberté !
J'ai moi-même enclenché le cadenas qui me lie à cette musique . Et.. .... J'ai jeté la clé !

[Okay]

Même en étant tout à fait libre de celle là, il existe d'autres addictions pianistiques non moins cadenassantes ! (néologisme ? ça se dit ?)

[sylvie piano]

J'en suis certaine.... Simplement on ne peut pas multiplier les attaches.... Enfin, finalement ça dépend.

[Arabesque44]

Soit que la pièce n'est pas dominée et que le besoin de recommencer s'impose sans fin

Mon addiction à Bach relève avant tout de ce mécanisme, hélas...
Comme je le disais l'autre jour, j'aime beaucoup Bach, mais ce n'est pas tellement réciproque.
En ce moment, petite pause, ça doit faire 8 jours que je n'ai pas ouvert mon CBT. Mais j'ai joué du Bach/Busoni , tout de même.

[Midas]

Il y a une recrudescence de sujets Bach, aujourd'hui. Lee, je t'assure que je n'y suis pour rien!

Mais pour répondre à Sylvie, Bach, c'est notre pain quotidien (je songe même à suggérer à François de récrire les paroles du Pater, d'ailleurs). Quand je n'ai plus envie de jouer, que j'en ai marre de m'échiner sur un morceau qui s'obstine à être moche, je reprends une partition de Bach, et même en la lisant à deux à l'heure, c'est un plaisir.

Un coup de blues? Un *BACH*, et ça repart!

[bicilici]

Bonjour Sylvie,

La musique de Bach est intemporelle, contrairement à beaucoup d'autres (?) Intemporelle parce que parfaitement belle. De là que celui qui y goûte, s'il fait preuve de goût, risque l'"addiction". Simone Weil (la philosophe) dit que l’œuvre d'art parfaitement belle est éternelle: le chant grégorien, une église romane dégagent un sentiment de beauté à l'état pur qui séduit et séduira toujours le regard et l'âme. Elle ajoute qu'une œuvre d'art de premier ordre serait celle qu'on pourrait mettre dans la cellule d'un condamné à perpétuité sans que ce malheureux, confronté de force chaque matin à la vue de cette œuvre, finisse par trouver cela atroce.

Ainsi le fait que tu puisses chaque matin jouer une œuvre de Bach atteste en quelque sorte - si besoin était - la beauté de l’œuvre en question.
Je ne joue du piano que depuis bientôt cinq ans (sur le tard) et n'ai à mon actif que deux malheureux morceaux de Bach, mais le plaisir que j'ai à les interpréter ne se dément pas. Et il y en a tant d'autres que j'aimerais aborder, en premier lieu Ich ruf zu dir, Herr Jesu et Nun komm der Heiden Heiland... Patience.

A très bientôt
Bicilici

[Géphil]

Bonjour à tous,

Pour ma part aucune dépendance à ce musicien. Juste un choral en lecture à vue pour commencer chaque session de travail : excellent pour la lecture verticale. Parfois une fugue pour tester mes progrès en lecture horizontale.

Sinon c'est vrai pour échauffer les doigts, une pièce déjà vue qui comporte la difficulté que je suis en train de travailler. Ou alors un morceau qui n'est pas encore maîtrisé ou que je voudrais jouer un jour.

Mais pas plus...

Ah si ! Quand je passe au jazz, je vais parfois (pas plus d'une fois par jour), voler des bouts de thèmes pour travailler des séquences, ou regarder comment il se répand sur des accords diminués. Il faut aussi que je travaille sa façon de présenter un bout de phrase, de le transposer une fois, puis une autre mais en plein milieu de partir ailleurs pour surprendre. Oh ! et il y a ses basses chantantes qui peuvent servir de départ à la main gauche pour improviser (voir la fin de l'invention n° 13). Dans cette invention d'ailleurs sa façon de triturer les arpèges serait à creuser...

La preuve que je ne suis pas intoxiqué comme certains, c'est que quand je joue du blues, je ne pense pas à Bach. Ou si peu. Quoique, il sait se servir des modes lui...

Moi je suis clean, vous allez vous faire soigner...

[worov]

Je suis drogué à Bach comme plusieurs d'entres vous. Quand je ne joue pas du Bach, j'écoute du Bach. Récemment, c'était les sonates et partitas pour violon.

[kerry117]

Pour les musiciens nombreux ( dont je fais partie) qui ne peuvent pas débuter leur journée au piano sans Bach ,un danger nous guette... L' addiction .
Comment se manifeste-t-elle pour vous ?

J'aime beaucoup BACH. Je ne pourrai pas m'en passer, mais cela ne m'empêche pas d'aller vers d'autres répertoires. Ma journée ne commence pas forcément avec du BACH mais elle se termine généralement avec du BACH.

Le danger de cette addiction ? La difficulté de se plonger dans un autre répertoire, et même dans de nouvelles oeuvres de Bach.

Ma passion pour BACH a été une des raisons qui m'a incité à pratiquer le violon et le violoncelle. La difficulté est de s'organiser pour gérer la pratique de plusieurs instruments
Dans la journée Bach c'est au piano et parfois au violon, mais le soir, travailler ou jouer un extrait d'une suite de BACH au violoncelle me procure beaucoup de Bonheur.

Quand je ne joue du Bach, j'écoute du Bach. Récemment, c'était les sonates et partitas pour violon.

Elles sont très belles. Quel plaisir de les travailler !

[Midas]

Bonjour à tous,

Pour ma part aucune dépendance à ce musicien. Juste un choral en lecture à vue pour commencer chaque session de travail : excellent pour la lecture verticale. Parfois une fugue pour tester mes progrès en lecture horizontale.

Sinon c'est vrai pour échauffer les doigts, une pièce déjà vue qui comporte la difficulté que je suis en train de travailler. Ou alors un morceau qui n'est pas encore maîtrisé ou que je voudrais jouer un jour.

Mais pas plus...

Ah si ! Quand je passe au jazz, je vais parfois (pas plus d'une fois par jour), voler des bouts de thèmes pour travailler des séquences, ou regarder comment il se répand sur des accords diminués. Il faut aussi que je travaille sa façon de présenter un bout de phrase, de le transposer une fois, puis une autre mais en plein milieu de partir ailleurs pour surprendre. Oh ! et il y a ses basses chantantes qui peuvent servir de départ à la main gauche pour improviser (voir la fin de l'invention n° 13). Dans cette invention d'ailleurs sa façon de triturer les arpèges serait à creuser...

La preuve que je ne suis pas intoxiqué comme certains, c'est que quand je joue du blues, je ne pense pas à Bach. Ou si peu. Quoique, il sait se servir des modes lui...

Moi je suis clean, vous allez vous faire soigner...

Bon, si c'est toi qui dis que tu n'es pas atteint, alors ça va.

[Line-Marie]

extrait du Livre CRESCENDO de Catherine David:
"La musique de Bach nous parait universelle, mais tous ne l'entendent pas de cette oreille. Mon amie Stella Baruk, pourtant fine oreille musicienne et dotée d'une intelligence supérieure, le trouveennuyeux. Ennuyeux ! Oui, ennuyeux, le paradis ! Lassante , la perfection! Monotone, le divin tricotage! et bien oui, on peut aimer les mathématiques et s'endormir pendant Bach ! je suis scandalisée, nous nous disputons, je parle de subtilité, de puissance et de joie, j'évoque les extases du la majeur, les délices de la polyphonie, mais Bach n'a pas besoin de moi pour se défendre, n'est-ce pas ! Bach est un roc, un cap, une péninsule, que dis-je, un continent, une galaxie. Bach un incontournable, heureusement."

[Lee]

Bach un incontournable, heureusement.

Stella Baruk ne doit pas être d'accord avec cette phrase, heureusement.

[Line-Marie]

Il me semble que fin XVIII ,Bach a failli tomber dans l'oubli non ?

[harmonie]

Ici aussi, une droguée de Bach...C'est grave Docteur?
J'en profite pour vous saluer, après quelques semaines voire mois d'absence sur le forum...
Je découvre un nombre impressionnant de fils tous plus intéressants les uns que les autres.

[jean-séb]

Il me semble que fin XVIII ,Bach a failli tomber dans l'oubli non ?

Pas vraiment, mais comme il était jugé souvent ennuyeux, représentant de ce qu'on appelait le "style sévère", il n'était plus beaucoup joué dans les églises. Au début du XIXe, on préférait des airs plus entraînants !

[Lee]

il n'était plus beaucoup joué dans les églises. Au début du XIXe, on préférait des airs plus entraînants !

Ah, ça, c'est intéressant. Qu'est-ce qu'ils ont joué dans les églises à ce moment là alors ? Je suis très curieuse...

[jean-séb]

Au début du XIXe, pas mal d'adaptations à l'orgue d'airs d'opéra à la mode.
Un peu plus tard des choses comme ça :
https://www.youtube.com/watch?v=CnzM-4GTxBo

[Lee]

Merci Jean-Séb. Enfin de l'orgue que j'aime ! (J'ai du mal à imaginer dans une église, ça fait très cirque ou arts forains pour moi.)

[sylvie piano]

Il me semble que certains nouveaux adeptes se réjouissent de leur choix....