Pourquoi "laisser reposer" un morceau ?
Pourquoi "laisser reposer" un morceau ?
Nous avons récemment vu les conseils de laisser reposer une pièce pour pouvoir "mieux travailler" après ou "mieux apprendre par coeur" mais pour moi ça me semble complètement contre-intuitive. Vous avez l'expression de battre le fer quand il est chaud, alors pourquoi laisser refroidir, ce n'est pas aussi difficile de le réchauffer et le rebattre ? Quand je pense par exemple de temps qu'il faut pour apprendre par coeur et puis rebelote, je crois que ça finira par la fin de partie...
Comme la reprise de piano - mon piano et les œuvres que j'ai choisis - est un histoire d'amour pour moi, je me permets la métaphore : on tombe amoureux, et on dit, à quelques mois plus tard, il faut qu'on se calme ??
Comme la reprise de piano - mon piano et les œuvres que j'ai choisis - est un histoire d'amour pour moi, je me permets la métaphore : on tombe amoureux, et on dit, à quelques mois plus tard, il faut qu'on se calme ??
Modifié en dernier par Lee le dim. 28 sept., 2014 5:21, modifié 1 fois.
“Wrong doesn't become right just because it's accepted by a majority.” - Booker Washington
- titi_du_34
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Re: Pourquoi "laisser reposer" un morceau ?
Je suis assez partagé sur ce sujet :
Avant les vacances j'avais monté une sonate de Grieg violon piano qu'on avait travaillé tous le pianiste et moi pendant 6 semaines (jusqu'au mois de juillet), on était arrivé à un bon résultat. Puis il y'a eu ces vacances du mois d'Août qui ont tout gâché... A la rentrée On a voulu voir ce qu'il restait du Grieg et apparemment, il va falloir reconstruire beaucoup de choses.
Cependant j'ai constaté que lorsqu'on laisse reposer une oeuvre déjà travaillée, au moment de la reprendre les mécanismes reviennent très vite. Aussi à une époque lorsque j'étais au conservatoire, au Certificat de Fin d'Etude en violon, j'avais voulu travailler la Havanaise de Saint-Saëns pour progresser et améliorer ma virtuosité --> J'ai rapidement compris que je n'étais pas mur pour jouer ce morceau et j'ai donc du le laisser de côté. 3 Ans plus tard je retrouve ce même morceau pour passer le DEM et j'ai pu voir que le fait de l'avoir bosser antérieurement, ça m'a beaucoup aidé.
En somme lorsqu'on a réussi à très bien monter un morceau et qu'on n'y touche plus pendant quelque temps, on se rend compte en le reprenant qu'on a perdu quelques acquis et qu'il faut de nouveau un peu de temps pour se remettre au niveau obtenu auparavant. Mais d'un autre coté, un morceau qui était difficile, qu'on laisse reposer un moment et qu'on y revient dessus un peu plus tard, on arrive plus facilement à progresser en le reprenant par la suite
Avant les vacances j'avais monté une sonate de Grieg violon piano qu'on avait travaillé tous le pianiste et moi pendant 6 semaines (jusqu'au mois de juillet), on était arrivé à un bon résultat. Puis il y'a eu ces vacances du mois d'Août qui ont tout gâché... A la rentrée On a voulu voir ce qu'il restait du Grieg et apparemment, il va falloir reconstruire beaucoup de choses.
Cependant j'ai constaté que lorsqu'on laisse reposer une oeuvre déjà travaillée, au moment de la reprendre les mécanismes reviennent très vite. Aussi à une époque lorsque j'étais au conservatoire, au Certificat de Fin d'Etude en violon, j'avais voulu travailler la Havanaise de Saint-Saëns pour progresser et améliorer ma virtuosité --> J'ai rapidement compris que je n'étais pas mur pour jouer ce morceau et j'ai donc du le laisser de côté. 3 Ans plus tard je retrouve ce même morceau pour passer le DEM et j'ai pu voir que le fait de l'avoir bosser antérieurement, ça m'a beaucoup aidé.
En somme lorsqu'on a réussi à très bien monter un morceau et qu'on n'y touche plus pendant quelque temps, on se rend compte en le reprenant qu'on a perdu quelques acquis et qu'il faut de nouveau un peu de temps pour se remettre au niveau obtenu auparavant. Mais d'un autre coté, un morceau qui était difficile, qu'on laisse reposer un moment et qu'on y revient dessus un peu plus tard, on arrive plus facilement à progresser en le reprenant par la suite
- Kawi
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Re: Pourquoi "laisser reposer" un morceau ?
Pour moi l'intérêt est clair : le travail intellectuel quel qu'il soit se fait pour une grande partie de manière inconsciente, i.e. le cerveau joue avec les éléments qu'on lui a apportés, (par exemple pendant la journée), et ce en permanence même la nuit, donc en théorie, sous réserve d'avoir fait un bon travail conscient d'apprentissage et d'effort en premier lieu, celui ci sera "approfondi" de manière involontaire en permanence.
Cela dépend certainement de la qualité du travail et probablement des divers impacts de ce travail sur la personne : par exemple tel morceau me touche vraiment, tel autre est pénible, on peut imaginer que l'empreinte laissée par le morceau agréable va créer plus de connexions neuronales et donc s'ancrer davantage dans la mémoire.
La durée de repos par contre, est peut-être plus difficile a quantifier. J'aurais tendance a dire de l'ordre de quelques jours seulement, j'imagine que ça dépend de l'ampleur des autres stimuli.
Cela dépend certainement de la qualité du travail et probablement des divers impacts de ce travail sur la personne : par exemple tel morceau me touche vraiment, tel autre est pénible, on peut imaginer que l'empreinte laissée par le morceau agréable va créer plus de connexions neuronales et donc s'ancrer davantage dans la mémoire.
La durée de repos par contre, est peut-être plus difficile a quantifier. J'aurais tendance a dire de l'ordre de quelques jours seulement, j'imagine que ça dépend de l'ampleur des autres stimuli.
Re: Pourquoi "laisser reposer" un morceau ?
Je n'ai pas assez d'expérience, mais les rares fois où j'ai eu l'occasion de laisser reposer un morceau (je parle d'un mois ou plus) et de le reprendre, j'ai constaté un changement. C'est un peu comme si les cercles de l'attention se rapprochaient et s'unifiaient: on perçoit mieux la structure organique du morceau, le discours est plus resserré.
Le plaisir de jouer le morceau est magnifié.
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Re: Pourquoi "laisser reposer" un morceau ?
°
Modifié en dernier par chris76 le sam. 01 déc., 2018 20:12, modifié 1 fois.
- Wladyslaw
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Re: Pourquoi "laisser reposer" un morceau ?
C'est comme la pâte à crêpes ... ça prend du corps quand ça repose.
Le boeuf est lent mais la terre est patiente ... (Proverbe Chinois)
"On obtient plus de chose en étant poli et armé qu'en étant juste poli" (Al Capone)
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Re: Pourquoi "laisser reposer" un morceau ?
Je pense qu'il y a reposer et reposer.
Je pense que le problème de Titi, c'est qu'il a fait un pause complète de piano pendant un mois...du coup là oui, ca fait des dégâts. Après, c'est ainsi qu'on s’aperçoit que le morceau était sans doute encore très fragile.
Moi quand je laisse reposer, c'est une semaine ou deux, mais sans interruption de piano.
Vu mon métier, ça serai difficile !
Je pense que le problème de Titi, c'est qu'il a fait un pause complète de piano pendant un mois...du coup là oui, ca fait des dégâts. Après, c'est ainsi qu'on s’aperçoit que le morceau était sans doute encore très fragile.
Moi quand je laisse reposer, c'est une semaine ou deux, mais sans interruption de piano.
Vu mon métier, ça serai difficile !
- titi_du_34
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Re: Pourquoi "laisser reposer" un morceau ?
La je ne parlais pas du piano mais du violon, (depuis bientôt 6 mois que je me suis mis au piano, je me suis rarement arrêté de le travailler )Je pense que le problème de Titi, c'est qu'il a fait un pause complète de piano pendant un mois...du coup là oui, ca fait des dégâts.
Je crois que Menuhin disait que lorsqu'il ne touchait pas son violon pendant 1 jours il s’apercevait de certaines dégradations, pendant 3 jours,c'est son entourage et pendant une semaine, c'est le public qui s'en appercevait
Re: Pourquoi "laisser reposer" un morceau ?
Parfois, un morceau nous transporte et nous passionne au point qu'on y pense souvent dans les transports, dans la douche etc. mais bizarrement lorsqu'on est devant le piano, on sent qu'on avance plus, que quelque chose cloche... C'est à ce moment là à mon avis qu'il est bon de faire une pause sur le morceau (et non une pause de piano bien-sûr comme l'a rappelé barococo !) Il faut donc que ca soit un processus volontaire et non pas "je brûle d'envie de travailler ma pièce mais on m'a dis qu'il fallait prendre une pause alors je m'arrête un peu". Tant que tu sens que tu avances, il n'y a aucune raison de t'arrêter !
La pause peut te permettre de prendre du recul sur la pièce, et en écoutant plusieurs versions de différents pianistes, tu peux percevoir de nouvelles choses, et parfois, en y réfléchissant de manière consciente ou inconsciente, ou en travaillant des pièces du même compositeur ou de caractères similaires, un déclic s'opère !
La pause peut te permettre de prendre du recul sur la pièce, et en écoutant plusieurs versions de différents pianistes, tu peux percevoir de nouvelles choses, et parfois, en y réfléchissant de manière consciente ou inconsciente, ou en travaillant des pièces du même compositeur ou de caractères similaires, un déclic s'opère !
Re: Pourquoi "laisser reposer" un morceau ?
En général, quand je laisse reposer un morceau et que je le rejoue quelques mois plus tard, je trouve que j'ai de meilleures sensations, à tout point de vue. Car il y a eu entretemps un travail technique et musical sur d'autres morceaux qui permet de mieux élaborer l'approche de la pièce en question. Au lieu de s'être acharné, on l'a laissée mûrir. En plus, à partir du second travail, on peut se permettre de prendre le temps d'approfondir les points qui sont restés lacunaires ou superficiels la première fois, qu'on n'avait pas eus la patience ni le courage de traiter convenablement, peut-être aussi faute de moyens techniques encore suffisants. Cela permet d'accorder plus de concentration aux détails laissés de côté.
Re: Pourquoi "laisser reposer" un morceau ?
J'ai réglé le problème en ne travaillant QUE des morceaux que j'appécie, et pas de danger d'opérer une antisélection (c'est à dire de ne choisir que ce qui serait trop facile par exemple) car c'est en accord voire sur suggestion de professeurs (dont Guzelya ).chris76 a écrit :Pour moi, c'est l'effet inverse, je l'oublie assez vite, et quand je le reprends, il faut le retravailler, et çà ne m'intéresse plus...
Sur les 10 morceaux que j'ai abordés depuis le 27 avril 2013 (en fait depuis septembre 2013, car j'ai fait environ 5 mois sur une méthode avec ma première prof), je n'en ai laissé tomber aucun.
Et pour une bonne raison d'ailleurs, c'est qu'ils sont pour certains à améliorer et pour d'autres toujours à travailler et retravailler.
Je n'ai jamais compris le concept de morceau "terminé", car à moins d'être concertiste, et à fortiori pour un débutant comme moi, un morceau n'est jamais terminé. Il y a toujours quelque chose à améliorer.
Mais c'est vrai que lorsqu'on laisse reposer (je ne travaille pas les 10 morceaux à fois... ), quand on y revient, j'ai constaté clairement que le travail sur un morceau a indirectement bénéficié aux autres.
Re: Pourquoi "laisser reposer" un morceau ?
Laisser reposer un morceau, c'est un peu comme laisser reposer la pâte dans certaines recettes.
Laisser reposer la pâte : c' est permettre aux fibres de la farine ou semoule de se détendre. La pâte n'en sera que meilleure.
Laisser reposer un morceau, c'est permettre au phalanges des doigts du pianiste (ou du pianoteur) de se détendre. Et par la suite le morceau n'en sera que meilleur.
Laisser reposer la pâte : c' est permettre aux fibres de la farine ou semoule de se détendre. La pâte n'en sera que meilleure.
Laisser reposer un morceau, c'est permettre au phalanges des doigts du pianiste (ou du pianoteur) de se détendre. Et par la suite le morceau n'en sera que meilleur.
Re: Pourquoi "laisser reposer" un morceau ?
Je suis toujours pas convaincue. J'étais obligée d'être sans piano pendant août pendant presque 3 semaines, j'ai rien constaté gagné par cette privation, pour aucun morceau.
Mais bon, je voudrais comprendre : vous ne jouez pas le morceau, et vous ne regardez pas la partition ? Apparemment quelqu'uns entre vous écoutent les enregistrements du morceau des autres, vous bougez les doigts au même temps volontairement ou non quand même ??
Mais bon, je voudrais comprendre : vous ne jouez pas le morceau, et vous ne regardez pas la partition ? Apparemment quelqu'uns entre vous écoutent les enregistrements du morceau des autres, vous bougez les doigts au même temps volontairement ou non quand même ??
“Wrong doesn't become right just because it's accepted by a majority.” - Booker Washington
Re: Pourquoi "laisser reposer" un morceau ?
C'est pour moi très précisément la raison justifiant tous les effets bénéfiques et indispensables de ce repos.Kawi a écrit :Pour moi l'intérêt est clair : le travail intellectuel quel qu'il soit se fait pour une grande partie de manière inconsciente, i.e. le cerveau joue avec les éléments qu'on lui a apportés, (par exemple pendant la journée), et ce en permanence même la nuit, donc en théorie, sous réserve d'avoir fait un bon travail conscient d'apprentissage et d'effort en premier lieu, celui ci sera "approfondi" de manière involontaire en permanence.Cela dépend certainement de la qualité du travail et probablement des divers impacts de ce travail sur la personne : par exemple tel morceau me touche vraiment, tel autre est pénible, on peut imaginer que l'empreinte laissée par le morceau agréable va créer plus de connexions neuronales et donc s'ancrer davantage dans la mémoire.
La durée de repos par contre, est peut-être plus difficile a quantifier. J'aurais tendance a dire de l'ordre de quelques jours seulement, j'imagine que ça dépend de l'ampleur des autres stimuli.
C'est aussi vrai que la durée du repos est très dure à quantifier, ça dépend aussi de la quantité et de l'intensité du travail (en gros, qu'est ce qu'il y à digérer). J'ai aussi remarqué qu'il y avait des palliers de repos. Quelques jours, c'est pas mal pour fixer les doigtés, mais il faut attendre plus longtemps par exemple pour que les failles d'un premier travail se révèlent vraiment, car pendant un certain un temps les automatismes peuvent les camoufler et faire croire que c'est solide.
Re: Pourquoi "laisser reposer" un morceau ?
Je remonte cet ancien fil pour dire que je suis maintenant convaincue, parce que je l'ai vécu.
Abegg et Strumpf m'ont conseillé 2-3 semaines pour "laisser reposer" mon programme, et c'était parfait. Mais je n'aurais probablement pas écouté ces bons conseils si j'avais choisi, comme c'est contre-intuitive, et jusqu'à maintenant, je n'ai pas vécu la magie que ça fait. Là, c'était simplement imposer par 2 semaines des vacances, heureusement. Le morceau qui m'a tracassé tellement semblait plus posé, j'étais plus joyeux de le jouer, plus confiante, un bien fou, une amélioration nette en faisant rien. C'est bizarre que ça marche...mais ça marche!
Abegg et Strumpf m'ont conseillé 2-3 semaines pour "laisser reposer" mon programme, et c'était parfait. Mais je n'aurais probablement pas écouté ces bons conseils si j'avais choisi, comme c'est contre-intuitive, et jusqu'à maintenant, je n'ai pas vécu la magie que ça fait. Là, c'était simplement imposer par 2 semaines des vacances, heureusement. Le morceau qui m'a tracassé tellement semblait plus posé, j'étais plus joyeux de le jouer, plus confiante, un bien fou, une amélioration nette en faisant rien. C'est bizarre que ça marche...mais ça marche!
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Re: Pourquoi "laisser reposer" un morceau ?
C'est peu comme les rêves, qui nous servent à mieux assimiler ce que l'on a appris durant journée, vers la mémoire profonde. Apprendre un morceau en le laissant reposer plusieurs jours, c'est comme un rêve prolongé. Cependant, s'il n'y a plus de données à recevoir durant un trop long moment, ça peut devenir contre productif à mon sens.
De plus, je tiens à dire que les émotions peuvent commencer à émerger lorsque nous ne pensons plus à la technique, et que le morceau est bel est bien intégré depuis l’inconscient, d'où cet intérêt de savoir se poser.
De plus, je tiens à dire que les émotions peuvent commencer à émerger lorsque nous ne pensons plus à la technique, et que le morceau est bel est bien intégré depuis l’inconscient, d'où cet intérêt de savoir se poser.