Le contexte de l'extrait est une discussion sur les tonalités, le "sens" des tonalités, la difficulté que ça pose ou pas de changer la tonalité (trahison?) lors d'une transposition. C'est un compositeur qui s'exprime, James Conlon. Il dit pour commencer que Mozart et Beethoven seraient certainement surpris en écoutant la musique jouée aujourd'hui, puisque le diapason a changé. Sur ce il parle de Busoni, "peut-être pas le plus grand des compositeurs, mais un musicien extraordinaire".
- "Busoni nous dit que, pour un compositeur, la distance qui sépare la substance de son inspiration de sa transcription en notes, en accords, est immense. Il la compare à celle qui sépare le soleil de ses planètes. Mais ensuite, le choix que représente, toujours pour le compositeur, la décision de faire jouer ces notes par un orgue, un piano ou un orchestre est secondaire. Imaginez l'ordre de grandeur de cette distance: la substance de la musique est le soleil; sa réalisation en notes, l'Ile de France ou l'Angleterre; et le choix de l'instrumentation pour l'exécuter, Neuilly ou un quartier de Paris.
Cela a révolutionné ma pensée, quand j'ai compris que pour le compositeur, la distance était si grande entre sa conception de la musique et sa traduction en notes. On dit souvent: "les notes, c'est tout!" Non, pour Busoni ce n'était pas vrai. Les notes représentent déjà une réduction considérable de la pensée du compositeur."
Ça m'a fait penser aussi à une phrase de György Sebök dans un documentaire, il disait si je me souviens bien quelque chose comme: "aller au-delà du papier", to go beyond the paper, vraiment considérer que la chose écrite n'est qu'un reflet.
Qu'est-ce que ça évoque pour vous, en tant qu'interprètes? Ou dans vos idées sur la musique?