Cette sensation de ne jamais y arriver ( suite Chopin op.25)

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Barococo
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Cette sensation de ne jamais y arriver ( suite Chopin op.25)

Message par Barococo »

Bonjour à tous

j'aimerai aborder un sujet plus axée sur la psychologie du pianiste :D , attention hein, ce n'est pas non plus une question philosophique. :shock:

Je ne sais pas si certains d'entre vous ont déjà eu cette impression, mais lorsque j'écoute différents enregistrements de cette étude ( étude op.25 n°2 que je travaille) j'ai l'impression que JAMAIS j arriverai à l'avoir au tempo... :( :( :(

Ca démotive un peu à vrai dire...ça parait si loin, j'ai du mal à m'imaginer la jouer moi même aussi vite. Je ne me vois pas un jour arriver à jouer "vite" d'ailleurs

Quelqu'un aurait-il eu cette impression face à une pièce de répertoire difficile?
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JPS1827
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Re: Cette sensation de ne jamais y arriver ( suite Chopin op

Message par JPS1827 »

J'ai tout le temps eu cette impression, mais j'ai assez vite compris que c'était une impression fausse. C'est souvent par impatience qu'on retarde le moment où on va y arriver, on est trop pressé de jouer au mouvement. Il faut laisser les choses se faire progressivement et se dire que c'est sûr qu'on va y arriver, quelles que soient les difficultés. Mon pire souvenir en la matière est le Scherzo 2 de Balakirev, ça n'a commencé à progresser que le jour où je me suis dit qu'il fallait déjà le jouer proprement dans un mouvement très modéré.
Pour l'étude opus 25 n°2 je pense que la recherche de la souplesse et de l'aisance dans un mouvement comme 60 à la blanche (voire 54 à la blanche d'abord) serait un palier très utile dans le travail (en ne se laissant passer aucune brusquerie et aucune inégalité, il ne faut pas compter sur la vitesse pour "faire passer" les imperfections)
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Arabesque44
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Re: Cette sensation de ne jamais y arriver ( suite Chopin op

Message par Arabesque44 »

Quelqu'un aurait-il eu cette impression face à une pièce de répertoire difficile?
Chacun, à son niveau, éprouve ce sentiment, c'est même quasiment constant!
Et chacun a éprouvé aussi au moins une fois la joie d'y parvenir! ( dans le cas contraire, ils auront probablement arrêté le piano :twisted: )
D'où l'intérêt de choisir aussi des pièces un peu difficiles, voire un peu au dessus de son niveau supposé, car réussir le "challenge" c'est très satisfaisant.
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Okay
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Re: Cette sensation de ne jamais y arriver ( suite Chopin op

Message par Okay »

C'est parfaitement humain cette sensation. Je vais peut être dire quelque chose de trivial, mais le principal problème pour moi c'est de fixer adéquatement les objectifs. Quand on commence un nouveau morceau, on a souvent un enregistrement dans l'oreille, et/ou une idée assez claire de ce qu'on voudrait faire au final.
Or, il fait accepter que la progression se fait par paliers, ce qui n'est pas du tout frustrant si l'on détermine les objectifs intermédiaires et qu'on sait s'auto-féliciter à chaque fois qu'on atteint l'un d'eux. C'est important de mettre l'objectif final en jachère, afin de pouvoir rester stimulé par de nombreuses petites progressions.
Et surtout, cela ne fait rien d'avancer (très) lentement, l'essentiel est de ne jamais s'arrêter.

Depuis plus de 6 mois, j'ai relancé un projet d'adolescent que je n'avais jamais pu mener : monter l'intégrale des transcendantes de Liszt. Bien que je les aies à présent toutes dans les doigts et la tête, je suis toujours assez distant de mes objectifs (en gros pouvoir les jouer en public sans rougir). Je les ressens encore trop difficiles par rapport à du répertoire plus courant, donc il y a une sécurité insuffisante qui se ressent dans mon jeu, parfois je "rame" (pour faire echo au fil sur Brahms), et certaines fois il y a tellement de déchets que je me dis que je perds le peu de temps que je peux consacrer au piano.
Alors dans ces moments, je reprends plutôt Vision ou Eroica que Mazeppa, ou bien comme JPS je travaille à un un tempo très très modéré, en jouant bien dans le clavier et gardant a l'esprit plein de points de repères qui me sécurisent. En rétrogradant vers un travail de plus en plus élémentaire, je reidentifie des défauts isolés en zoomant sur ce qui me décourage, et je les règle un par un comme une fourmi (c'est souvent une ou 2 mesures). C'est à ce moment la que je sais que j'ai repris ma (lente) progression et que la motivation repart.
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zende
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Re: Cette sensation de ne jamais y arriver ( suite Chopin op

Message par zende »

Okay a écrit : Et surtout, cela ne fait rien d'avancer (très) lentement, l'essentiel est de ne jamais s'arrêter.
.
merci pour cette phrase : elle résume bien la problématique de l'apprenant
Barococo
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Re: Cette sensation de ne jamais y arriver ( suite Chopin op

Message par Barococo »

C'est bien résumé...l'impatience! C'est sur, on veut tout tout de suite, c'est pas évident de rester plusieurs mois sur une même pièce, même si l'on sait que cela va nous faire progresser.

c'est terriblement frustrant! Le pire, c'est quand on a un idée très précise de l’interprétation qu'on voudrait donner, mais techniquement ca coince... :cry: :cry:
AlexisB
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Re: Cette sensation de ne jamais y arriver ( suite Chopin op

Message par AlexisB »

Bonjour, je souhaiterais réagir sur ce sujet.
Les Etudes de Chopin sont très difficile que ce soit la 1ère ou la dernière, elles demandent toutes beaucoup de travail, d´acharnement. Cortot disait bien qu´il fallait 10 ans pour en maîtriser une. Je pense que la 1ère Etude op 10 est l´une des plus difficiles, SI l´on souhaite la jouer au tempo. Forcément, la jouer à un tempo même modéré, ( c-a-d même à 75% du tempo) enlève de grandes grandes difficultés. Mais le but final c´est quand même de la jouer au tempo demandé! Celà viendra avec l´expérience!

Ce que je pourrais vous conseiller c´est de travailler ces pièces par coeur à votre tempo, sans erreurs, sans imprécisions et avec "conscience". c´est à dire savoir ce que vous jouez (vous devez être sûr de chaque note, ne faites pas travailler seulement la mémoire gestuelle). Si vous n´atteignez pas le tempo, c´est pas grave. N´attendez pas de l´atteindre avant d´attaquer une autre Etude, là aussi à votre tempo et tjrs par coeur. Et n´oubliez pas les Etudes que vous venez d´apprendre. Jouez les tous les jours pour ne pas les perdre...

Selon le niveau, Il faut environ 5 à 8 Etudes pour pouvoir acquérir la vélocité et ainsi avoir peu de difficulté pour atteindre le tempo requis pour les Etudes. Il faut travaillez bien sûr d´autres pièces à côté. (sonates de Beethoven, fugues de Bach)
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valeriejouechopin
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Re: Cette sensation de ne jamais y arriver ( suite Chopin op

Message par valeriejouechopin »

Mon avis, issu de ma modeste expérience, est que pour parvenir à s'approcher du tempo d'un morceau, il faut faire abstraction de ce tempo, ne pas y penser et travailler ce morceau de façon à le maîtriser techniquement et musicalement... à un tempo lent! La vitesse vient sans que l'on s'en rende compte. Plus on pense à accélérer, plus on se bloque et ça remet en cause l'apprentissage de l'oeuvre.
"Je suis croyante, ma religion est la musique". Valérie.
Barococo
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Re: Cette sensation de ne jamais y arriver ( suite Chopin op

Message par Barococo »

En fait, si je comprends bien, on a une façon de penser qui est trop "scolaire"?!
On se perd un peu, on vise en premier la vitesse et la virtuosité, au détriment de la musicalité
ondinetard
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Re: Cette sensation de ne jamais y arriver ( suite Chopin op

Message par ondinetard »

J'ai toujours appliqué le conseil de mon tout 1er professeur (que j'ai eu de 11 à 18ans..) resté gravé dans ma mémoire et qui a tjrs fonctionné : ne pas s'acharner sur un morceau, il faut le laisser reposer "à la cave", travailler d'autres oeuvres, et lorsqu'on le reprend après quelques semaines ou mois de mise en veille, il s'est amélioré, ou du moins les difficultés se laissent "apprivoiser". Quant aux pièces de son répertoire, il faut aussi les laisser reposer comme le bon vin pour les retrouver bonifiées un peu plus tard. Ce que l'on a appris ne disparaît jamais ni des doigts ni des neurones. A l'Ecole Normale que j'ai suivie plus tard pour reprendre le piano après une interruption de + 20 ans, j'ai continué cette pratique qui s'est tjrs révélée positive.
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xav
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Re: Cette sensation de ne jamais y arriver ( suite Chopin op

Message par xav »

Tout à fait d'accord ondinetard, c'est pour ça que quand j'ai un coup de coeur pour une oeuvre, je n'hésite pas à commencer à la travailler, sans prof, même si c'est trop dur pour moi (enfin si c'est vraiment trop dur, là peut-être pas quand même...) Quelques années plus tard je la reprendrai, et si c'est encore trop dur pour moi je la laisserai dormir à nouveau, jusqu'à ce qu'un jour je sache la jouer... :) Je crois que c'est le meilleur moyen pour maîtriser une oeuvre
AlexisB a écrit :travailler ces pièces par coeur à votre tempo, sans erreurs, sans imprécisions et avec "conscience". c´est à dire savoir ce que vous jouez (vous devez être sûr de chaque note, ne faites pas travailler seulement la mémoire gestuelle).
Voilà en effet une clé essentielle de l'apprentissage : mieux vaut prendre le temps (jouer plus lentement) plutôt que de laisser les doigts jouer tout seuls au hasard, en espérant qu'ils se souviennent où ils doivent aller. Il faut à tout prix s'interdire les fausses notes !
Quand on joue dans le tempo, c'est pareil : mieux vaut hésiter que de jouer au hasard, c'est-à-dire mieux vaut marquer un léger ralentissement ou une petite respiration que de se jeter sur les notes sans réfléchir. Le temps de ralentissement finira par disparaître à force de répéter ; tandis que les fausses notes nous font désapprendre le morceau, et même régresser dans la technique pianistique en général, parce que souvent on crispe quand on laisse jouer les doigts tout seuls...
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