Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

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Mona
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par Mona »

Wandarnok a écrit :
Je suis un adulte débutant absolu (10 mois de piano, vacances incluses lol), j'ai 50 ans (mais je ne fais pas mon âge 8) ), et je ne suis pas malheureux!! :mrgreen:
Je ne veux pas de devenir concertiste ni pro, juste aborder par exemple les sonates de Beethoven que je préfère d'ici disons 10 ans =D> :roll: :wink: 8)
Je suis dans le même cas de figure. J'ai commencé le piano à zero il y a 4 ans 1/2 (oui, le 1/2 compte, comme les enfants quand on leur demande leur âge ! :D ) et ça ne me pose aucun problème de me dire que je ne deviendrai pas une pianiste virtuose, et que je ne serai jamais capable d'aborder toutes les oeuvres pianistiques. Je trouve ça déjà tellement extraordinaire d'avoir osé commencé le piano, et de me faire plaisir aujourd'hui avec des pièces modestes, mais que j'adore, et qui me procurent un bien être infini quand je les joue. Mon but est bien sûr de progresser, autant qu'il le sera possible, mais justement, l'avantage de commencer à zero, c'est que la marge de progression est quand même très importante, même adulte ! Je souhaite pouvoir jouer des morceaux qui me font rêver, et qui ne me sont pas encore accessibles. Mais par chance, aucun de ces morceaux n'est hors de portée, je pense que ce sera possible d'ici quelques années. En attendant, j'aime énormément toutes les pièces que je travaille, et je suis déjà très heureuse d'en être là. Mon objectif, c'est d'avoir la technique et la maturité pianistique suffisantes pour interpréter aussi finement que possible les oeuvres que je souhaite aborder, pour arriver à transmettre ce que je ressens aujourd'hui quand je les écoute jouées par d'autres. La virtuosité m'importe beaucoup moins. Commencer adulte présente également l'intérêt d'avoir conscience du processus d'apprentissage, et de réaliser les progrès réalisés de mois en mois. Bon bien sûr, il y a aussi les moments de découragement les phases de stagnation, c'est inévitable. Mais c'est très exaltant de se dire : "il y a 6 mois je n'aurais pas pu jouer ça !" ou "ça y est, enfin, mon premier Chopin !". Ca c'est réellement magique ! :D
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Arabesque44
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par Arabesque44 »

"Fausse " débutante, je mesure la chance que j'ai eu de débuter jeune, ce qui me donne un peu plus d'aisance que les "vrais" débutants adultes, et un accès plus facile au répertoire classique, mais je me fais peu d' illusion, je me rends compte que j'aurai la même lenteur de progression que les autres.
Lenteur, mais progression tout de même, ça c'est certain! 8)
Par exemple, j'ai repris ces jours si le Moment Musical n3 de Schubert que j'avais laissé tomber il y a 2 ou 3 mois car je ne parvenais pas à jouer correctement certaines tierces et sixtes au tempo ( manque d'indépendance des doigts sans doute...) et je crois que maintenant ça va marcher ( travail sur Bach qui porte ses fruits? )
appassionata
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par appassionata »

Il faudrait qu'on s'entende sur ce que recoupe ce terme de virtuosité.
Si par virtuosité, on entend jouer des morceau très difficiles avec peu de fausse note, alors je pense qu'un adulte débutant qui travaille de manière très soutenu pendant au moins plus d'une dizaine d'année, finira par y arriver, sauf handicap particulier (arthrose...). Et je ne parle pas là de jouer une 1/2 heure tous les soirs, bien entendu....

Maintenant, si par virtuosité, on recoupe la notion de jouer des morceau très difficiles avec les mêmes critères si avant mais en plus avec beaucoup de musicalité (nuances parfaites, légato parfait, beau son) alors là, je suis d'accord avec nox : cela est quasiment impossible pour une personne démarrant adulte, sauf bien sûr les 2,3 exceptions citées dans ce fil mais on se rend compte que même en cherchant bien, on n'en trouve pas beaucoup de ces cas là.

Personnellement, j'ai débuté à 14 ans, donc pas comme adulte mais pas comme enfant non plus. Pendant longtemps, j'ai cru que certains morceaux très véloces me seraient toujours interdits. Arriver à jouer vite était mon obsession comme disait mon prof de l'époque, je me fichais alors de la musicalité, je l'avoue avec honte aujourd'hui...
Puis, au bout de 15 ans de pratique assidues, et après avoir augmenté mon temps de travail les dernières années (2 heure/jour), j'arrive enfin maintenant à aborder certaines montagnes, je veux dire par là à les amener au tempo sans trop de pains.
Cependant, quand je compare mes prestations à celles par exemples des concertistes de youtube, je comprend l'avance gigantesque qu'ils ont encore sur moi en terme de musicalité.
Mon morceau est au tempo, certes, mais il est fade, il manque de couleur, il ne chante pas.

Car ne nous y trompons pas, c'est la musicalité qui est la plus difficile à obtenir dans ces pièces de haut niveau, pas la rapidité....
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Doubidoudom
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par Doubidoudom »

=D>
très bien dit
Je suis aveugle mais on trouve toujours plus malheureux: j'aurais pu être noir. Ray Charles
bigrounours
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par bigrounours »

Val a écrit :À ce propos, je ne comprends pas pourquoi Bigrounours réfute entièrement les estimations de Nox. Elles ne me paraissent pas aussi personnelles et aberrantes que ce qu'il semble croire. Quelqu'un ayant commencé le piano à l'âge adulte [À partir de quand peut-on en parler ?] n'a que des chances très faibles, peut-être même nulles de devenir concertiste
Ne déforme pas mes propos. Je n'ai jamais dit que l'affirmation suivante est fausse "quelqu'un ayant commencé le piano à l'âge adulte n'a que des chances très faibles, peut-être même nulles de devenir concertiste".
J'ai dis, et je redis, qu'on ne peut pas affirmer la phrase suivante "quelqu'un ayant commencé le piano à l'âge adulte ne peut pas arriver à un niveau pianistique de très haut niveau, comme un concertiste".

Il y a une énorme différence entre ces 2 phrases, et j'y tiens.

Et je réitère : pour l'instant nous ne pouvons pas apporter la preuve, ni scientifiquement ni statistiquement, qu'un adulte ne peut pas atteindre un niveau comparable à un concertiste.

Nox estime par lui même, et pose comme une vérité scientifique ses propres statistiques. Aujourd'hui il n'y a pas d'étude statistique sur le niveau atteint au piano en fonction de l'âge des étudiants. Donc on ne peut affirmer ni l'un ni l'autre. On peut simplement dire "je pense que ... blablabla...".

Pour ma part, ma position est la suivante : "Tout élève commençant le piano, quel que soit son âge, à peu de chance d'arriver à un très haut niveau au piano". Ceux qui atteigne un haut niveau, c'est à dire par exemple ceux qui arriveront à jouer de très belle façon une étude de Chopin, sont des exceptions, TOUS, qu'ils aient commencé le piano jeune ou à l'age adulte.

Et j'aimerai (mais elle n'existent pas) avoir des études statistiques qui montreraient que la proportion d'élève ayant commencé jeune et ayant atteint un très haut niveau au piano est (par exemple) de l'ordre de 1%.
Partant de ce constant j'aimerai une autre étude statistique qui montreraient que la proportion d'élève ayant commencé adulte et ayant atteint un très haut niveau au piano est (par exemple) de l'ordre de 1%.
Si la proportion est de 1% dans les 2 cas, cela corroborerait le fait que l'âge n'est pas un facteur déterminant dans la progression au piano. C'est ce que je pense au fond de moi, mais je n'affirme pas cela comme une vérité scientifique.
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Oupsi
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par Oupsi »

Pour le coup, si l'on veut s'intéresser aux statistiques, ce n'est pas tellement cette proportion là qu'il m'intéresserait de connaître mais plutôt:

Parmi les pianistes qui ont vingt ans de pratique amateur assidue après une formation initiale complète, quelle est la proportion de ceux qui sont persuadés, et qui en auraient reçu confirmation de la part de tierces personnes, qu'ils ne peuvent plus du tout progresser, pour cause de limite atteinte?
Dans cette proportion, combien ont fait leur formation initiale étant enfants? Combien en étant adultes?
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Okay
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par Okay »

Si dans la question tu dis "ne peuvent plus du tout progresser", la proportion va nécessairement être de zéro. On progresse toujours, quelque soit le niveau, le nombre d'années de pratique, etc.
C'est juste qu'en général plus on progresse, plus les progrès sont lents. Mais ils peuvent toujours voir des accélérations soudaines si par exemple on change de prof, ou plus généralement si on comprend enfin quelque chose qui nous échappait.

La question des limites c'est encore autre chose. D'après moi, la progression se fait toujours mais à l'intérieur de certaines limites, qu'on peut en certaines occasions repousser. Mais l'illusion c'est de croire que puisqu'on peut bel en bien repousser ses limites en certaines circonstances, alors on n'a pas de limite du tout (il suffit de réitérer le "repoussage" de la nouvelle limite).
Les limites existent, c'est juste qu'on tend souvent à voir ses propres limites plus bas qu'elles ne sont réellement (croyance limitante), mais il ne faut pas non plus croire que les arbres montent au ciel.
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Lee
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par Lee »

Je ne pouvais pas résister. Plus les arbres vieillissent, plus ils poussent vite :
http://www.gazettetimes.com/news/local/ ... 963f4.html

Voilà, une idée reçu abattu, encore une autre... :wink:
“Wrong doesn't become right just because it's accepted by a majority.” - Booker Washington
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Oupsi
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par Oupsi »

Je suis d'accord. ma question visait, en fait, à déplacer un peu le curseur, en quelque sorte. Mine de rien, le "formation initiale complète" des prémisses compte beaucoup, à mon avis, pour justement allonger et intensifier cette longue, longue phase où l'on progresse qualitativement en tant que pianiste et qu'artiste. Ceux qui débutent adultes, à moins de se mettre sérieusement en position d'étudiant, ne se rendent pas forcément compte des diverses disciplines qui composent cette formation; l'instrument seul n'est pas tout. Toujours dans cette optique, avoir débuté enfant permet à l'"artiste en jeune homme" d'avoir déjà une sacrée palette expressive à sa disposition, qu'il va passer sa vie à affiner. Et, comme cela a été souvent dit, demeure la question mystérieuse de savoir d'où vient la qualité intrinsèquement "artiste" de celui qui l'est authentiquement, qualité qui bien sûr est là depuis l'enfance et persiste jusqu'à la mort...
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Okay
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par Okay »

Lee a écrit :Je ne pouvais pas résister. Plus les arbres vieillissent, plus ils poussent vite :
http://www.gazettetimes.com/news/local/ ... 963f4.html
Amazing.

D'où vient la qualité intrinsèque d'artiste ? Oupsi, voilà une question quasiment métaphysique.
Florestan
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par Florestan »

La remarque d'Oupsi me donne l'idée poser la question de la façon suivante, pour changer un peu:
Imaginons que la petite Martha Argerich, à cause d'un stupide accident d'avion, se soit retrouvée sur un ile déserte jusqu'à l'age de vingt ans, avec sa famille, menant une vie oisive de baignade et de bronzette, nourrie de fruits mûrs et de poissons délicieux. Quand enfin repérée par un cargo la famille est rapatriée chez elle, Martha fait la rencontre du piano. Pourra-t-elle encore devenir une pianiste extraordinaire?
Je parie que oui.
Tout le monde et même quasiment personne n'a le potentiel de Martha Argerich (qui je le rappelle jouait déjà de façon écoeurante en un paire d'années, entre deux marelles ) mais je ne crois pas que l'âge influe tant que ça sur la possibilité de concrétiser ce potentiel. Le fait que la vie puisse nous abimer de bien des façons, mentales et physiques, oui. Mais pour ça l'âge importe peu aussi.
mieuvotar

Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par mieuvotar »

Florestan a écrit :Je parie que oui.
Exercice intellectuel intéressant que propose Florestan, mais pour ma part, je parierais complètement le contraire.
Non pas pour des questions de capacités techniques et musicales intrinsèques, mais parce que l'exposition très précoce qu'elle a eu auprès de grands maîtres, et d'un parcours pédagogique pour le moins intense - notamment du fait des fortes exigences et attentes de sa mère - ont pesé lourd dans ce qu'elle est devenue. Ce même parcours, 20 ans plus tard, n'aurait pas porté les mêmes fruits, tout simplement parce qu'il n'aurait pas été ingéré et métabolisé de la même façon, j'en suis intimement convaincu.
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JPS1827
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par JPS1827 »

Je n'ai aucun avis sur la question que pose Florestan. Le problème c'est qu'on ne peut répondre que par des convictions sans arguments réellement valides sur un plan scientifique. 20 ans c'est peut-être un peu tard pour devenir Martha mais… jusqu'à quel âge est-ce possible. D'autres répondront que si elle avait commencé le piano 2 mois plus tôt ou 2 mois plus tard son destin eut été tout différent…
mieuvotar

Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par mieuvotar »

JPS1827 a écrit :Le problème c'est qu'on ne peut répondre que par des convictions sans arguments réellement valides sur un plan scientifique.
Oui, c'est clair. C'est pour ça qu'on ne peut se placer que dans un pari, qui au fond n'a pas beaucoup de sens si ce n'est juste de pouvoir partager des convictions - aussi indémontrables soient-elles.
D'ailleurs, l'ensemble de ce fil se confronte à cette absence de validité objective, comme l'a déjà souligné à juste titre Bigrounours. Ca n'empêche pas que tous ces échanges restent très intéressants.
Florestan
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par Florestan »

Est-ce qu'elle aurait été présentée a un professeur si jeune si elle n'avait pas manifesté des dons quasi surnaturels dès l'âge de deux ans? Est-ce que sa mère aurait été si exigeante si elle n'avait pas conscience de la rareté du talent de son enfant?
Je soutiens juste que le temps qui passe ne suffit pas à anéantir ce genre de potentiel, et qu'il aurait pu se révéler plus tard et d'une façon différente, peut-être pas avec des résultats aussi éclatants mais tous de même exceptionnels.

Evidemment qu'on parle ici d'intuitions et que la science ne peut apporter de réponses à ce genre d'hypothèses. A moins d'inventer la machine à remonter dans le temps et d'avoir un beau-frère complaisant qui travaille dans l'aviation civile...
Mais une intuition ne se base pas uniquement sur une idée abstraite. Elle est aussi liée à des choses que j'ai éprouvées, à mon petit niveau. J'ai toujours été attiré par les pianos quand j'étais petit, je pianotais dès que je pouvais, sur des petits jouets, sur le piano désaccordé de mon oncle quand j'allais chez lui. Mes parents n'ont fait aucun cas de cet intérêt et mon père m'a acheté une guitare pour mes 11 ou 12 ans...parce qu'il aimait bien en jouer.
Je me suis retrouvé à 20 ans en allemagne où j'ai vécu pendant presque un an avec une jeune femme dont la mère était professeur de piano. Mon amie jouait aussi et avait un piano, et je me suis mis à travailler tout seul. Et j'ai vraiment eu ce sentiment de révélation, comme si je retirais un voile sur quelque chose qui était là depuis toujours. Je me suis mis à écouter énormément de musique classique alors que je n'en avais jamais écouté avant et je me souvenais de tout, y compris des choses saugrenues comme les dates ou les numéros d'opus, les tonalités, les anecdotes liées aux morceaux. J'ai dévoré énormément de biographie de compositeurs. J'ai fait des progrès très rapides et sans beaucoup d'efforts et au bout de six mois je jouais entre autres, et correctement (j'ai des enregistrements sur cassette) deux pièces du Carnaval dont Chiarina, une scène d'enfant (la douzième) , deux préludes de Chopin lents, un peu de Bach (prélude en ré mineur du CBT). La mère de mon amie m'avait donné la sonate en fa majeur k332 de Mozart à travailler et encouragé à intégrer un conservatoire mais je voulais rentrer en France, et le conservatoire français (Avignon) m'a présenté un concours d'entrée vraiment abusé (Une étude de Chopin, les variations sérieuses de Mendelsohn, un prélude de Debussy, vraiment raide pour 8 ou 9 mois de piano...) et j'ai laissé tomber, je suis passé à autre chose. Et je ne me cherche pas d'excuse, même si j'avais été admis dans un conservatoire, je ne suis vraiment pas sûr d'avoir la vocation et la constance nécessaire pour acquérir le niveau demandé dans ce genre d'institution. Parce que se rapprocher de ses limites, ça demande de l'ambition, de la lucidité et du travail, énormément de travail, et qu'à cet âge là encore plus que maintenant, et comme l'avait très finement deviné nox, j'étais un gros branleur, pas très sûr de lui de surcroit, et quelque part presque heureux de s'entendre dire par un pisse-froid qu'il était trop vieux pour débuter...
Ce que je veux dire par ce long pensum impudique, c'est qu'en moi il y a un pianiste, surement pas extraordinaire, probablement pas professionnel, que j'aurais pu accomplir sur cette lancée quand j'ai eu vingt ans, avec des circonstances différentes (peut-être en restant en Allemagne, ou en faisant une rencontre pédagogique importante, ce qui ne m'est jamais arrivé). Et je ne crois pas qu'il aurait été foncièrement différent du pianiste que je serais devenu en commençant plus jeune. Je ne suis pas sûr que certains problèmes liés à la crispation auraient été plus faciles à dépasser enfant, je n'étais pas un enfant particulièrement habile, avec pas mal de problèmes de posture et de tensions qui se sont arrangés plus tard, et même bien après 20 ans.
Et ce pianiste est toujours là, embryonnaire, en compagnie d'autres figures plus ou moins épanouies. Il attend patiemment mes (petites) vagues de motivations pour devenir plus net, comme un polaroid interminable.
Le fait de tomber sur des pédagogues adéquats, qui vous comprennent et peuvent vous aider à comprendre votre fonctionnement et vos blocages physiques et expressifs, la confiance en soi, l 'envie, et même la chance sont à mon avis bien plus déterminants que l'âge dans l'apprentissage. Et on peut n'importe quand avoir ce sentiment de révélation, cette découverte passionnée qui fait faire des bonds de géants.
nox
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par nox »

bigrounours a écrit : Nox estime par lui même, et pose comme une vérité scientifique ses propres statistiques.
Mais c'est faux ! Je n'affirme rien comme une vérité scientifique ! Ca me va très bien moi la formulation "quelqu'un ayant commencé le piano à l'âge adulte n'a que des chances très faibles, peut-être même nulles de devenir concertiste". Je ne dis pas autre chose.
Par contre, je vois notre point de désaccord, en relisant nos échanges :
Je dis "ceux qui ont débuté adultes et ont un niveau de concertiste sont pour ainsi dire inexistants, alors que ceux qui ont commencé enfant sont légion".
La conclusion logique est : "les débutants adultes concertistes sont infiniment plus rares que les débutants enfants".
Mon erreur est en fait de tirer des conclusions à partir de là, ou de n'avoir pas su les formuler correctement.

Quant à toi ce que tu dis en fait c'est je crois la chose suivante :
La proportion est peut-être la même pour les enfants et les adultes, disons 1 sur 1000. Comme il y a des dizaines de milliers d'enfants débutants, ça fait beaucoup de concertistes.
Mais il n'y a que quelques centaines d'adultes débutants, du coup ça fait pour ainsi dire zéro concertistes.
En fait l'échantillon de base est trop différent pour en tirer la moindre conclusion.

Je peine à exprimer ce que je veux dire, mais quelque soit les raisons qui font que ces adultes concertistes sont plus rares (manque de temps, manque de motivation, manque de "compétition", limites d'âge etc...), il faut les prendre en compte !
Autrement dit pour moi la proportion ne peut pas être la même. Il existe entre autres tout un système bien établi pour faire des enfants les plus prometteurs des concertistes, qui n'existe pas pour les adultes. Peut être à tort, peut être pas. Toujours est-il qu'un adulte aura infiniment plus d'obstacles à surmonter, et que ça pèse très lourd dans la balance.
Oupsi a écrit : Parmi les pianistes qui ont vingt ans de pratique amateur assidue après une formation initiale complète, quelle est la proportion de ceux qui sont persuadés, et qui en auraient reçu confirmation de la part de tierces personnes, qu'ils ne peuvent plus du tout progresser, pour cause de limite atteinte?
Dans cette proportion, combien ont fait leur formation initiale étant enfants? Combien en étant adultes?
Je suis dans ce cas, mais je suis en désaccord avec la formulation. Il n'est absolument pas question de ne plus progresser ! On progresse toute sa vie, mais ça ne veut pas dire qu'on peut atteindre n'importe quel niveau si élevé soit-il avec du temps et du travail.
Okay a écrit :Si dans la question tu dis "ne peuvent plus du tout progresser", la proportion va nécessairement être de zéro. On progresse toujours, quelque soit le niveau, le nombre d'années de pratique, etc.
C'est juste qu'en général plus on progresse, plus les progrès sont lents. Mais ils peuvent toujours voir des accélérations soudaines si par exemple on change de prof, ou plus généralement si on comprend enfin quelque chose qui nous échappait.

La question des limites c'est encore autre chose. D'après moi, la progression se fait toujours mais à l'intérieur de certaines limites, qu'on peut en certaines occasions repousser. Mais l'illusion c'est de croire que puisqu'on peut bel en bien repousser ses limites en certaines circonstances, alors on n'a pas de limite du tout (il suffit de réitérer le "repoussage" de la nouvelle limite).
Les limites existent, c'est juste qu'on tend souvent à voir ses propres limites plus bas qu'elles ne sont réellement (croyance limitante), mais il ne faut pas non plus croire que les arbres montent au ciel.
Voilà en somme qui résume mon avis, et j'ajoute que pour moi quelqu'un ayant commencé enfant aura de facto des limites plus hautes.
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Lee
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par Lee »

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bigrounours
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par bigrounours »

nox a écrit :
bigrounours a écrit : Nox estime par lui même, et pose comme une vérité scientifique ses propres statistiques.
Mais c'est faux ! Je n'affirme rien comme une vérité scientifique ! Ca me va très bien moi la formulation "quelqu'un ayant commencé le piano à l'âge adulte n'a que des chances très faibles, peut-être même nulles de devenir concertiste". Je ne dis pas autre chose.
Par contre, je vois notre point de désaccord, en relisant nos échanges :
Je dis "ceux qui ont débuté adultes et ont un niveau de concertiste sont pour ainsi dire inexistants, alors que ceux qui ont commencé enfant sont légion".
La conclusion logique est : "les débutants adultes concertistes sont infiniment plus rares que les débutants enfants".
Mon erreur est en fait de tirer des conclusions à partir de là, ou de n'avoir pas su les formuler correctement.
C'est exactement ce que je te reprochais oui.
nox a écrit :Quant à toi ce que tu dis en fait c'est je crois la chose suivante :
La proportion est peut-être la même pour les enfants et les adultes, disons 1 sur 1000. Comme il y a des dizaines de milliers d'enfants débutants, ça fait beaucoup de concertistes.
Mais il n'y a que quelques centaines d'adultes débutants, du coup ça fait pour ainsi dire zéro concertistes.
En fait l'échantillon de base est trop différent pour en tirer la moindre conclusion.
Voilà, c'est très exatement ce que je pense : l'échantillon de base des adultes ayant commencé le piano tard est trop faible pour émettre des conclusions.
nox a écrit :Je peine à exprimer ce que je veux dire,
Non non tu t'exprimes très bien et nous voilà d'accord (enfin au moins sur l'explication de notre désaccord, bref...)
nox a écrit :mais quelque soit les raisons qui font que ces adultes concertistes sont plus rares (manque de temps, manque de motivation, manque de "compétition", limites d'âge etc...), il faut les prendre en compte !

Autrement dit pour moi la proportion ne peut pas être la même. Il existe entre autres tout un système bien établi pour faire des enfants les plus prometteurs des concertistes, qui n'existe pas pour les adultes. Peut être à tort, peut être pas. Toujours est-il qu'un adulte aura infiniment plus d'obstacles à surmonter, et que ça pèse très lourd dans la balance.
Mais oui ! Et je suis tout à fait d'accord avec toi. Un adulte aura infiniment plus d'obstacles à franchir pour arriver au même niveau que les enfants, mais alors pourquoi se mettre des obstacles supplémentaires en ayant le discours suivant "les adultes progressent moins bien que les enfants car leur cerveau est ramolli". Moi ma conviction est la suivante : ce n'est pas un problème de cerveau ou d'apprentissage plus difficile, je réfute cette idée qui est pour moi non fondée jusqu'à preuves scientifiques et/ou statistiques du contraire (preuves que je serais prêt à accepter si elles existaient, mais elles n'existent pas).

Le fait que les adultes progressent moins, c'est aussi parce qu'ils ont plus de contraintes, ce que tu as souligné : les conservatoires n'acceptent pas tous les adultes, moins de temps, le travail, la famille, etc etc ...

Toutes ces contraintes font que pour un adulte ça sera plus compliqué, alors inutile d'en rajouter, et de décourager des adultes, en ayant le discours "un adulte ne peut pas progresser autant qu'un enfant, car son cerveau est ramollit" Ce discours je ne l'accepte pas car selon moi il n'est pas fondé et il participe activement au fait que les adultes ne se lancent pas dans la musique. Il faut voir le nombre de personne qui me disent "ha! la musique, j'aurais aimé, mais maintenant c'est trop tard !". C'est très triste d'entendre cela alors que je pense que c'est totalement faux. J'ai la conviction qu'un adulte qui surmontera les contraintes et qui travaillera sérieusement progressera autant qu'un enfant. Sans en être la preuve vivante, j'estime avoir beaucoup plus progressé au piano ces 3 dernières années que lors de mes 3 premières années d'apprentissage (de 6ans à 9 ans). Partant de mon expérience, fallait-il en tirer la conclusion qu'il n'est pas utile de commencer le piano à 6 ans car le cerveau d'un enfant n'est pas capable d'assimiler certaines choses ? Non personne ne peut dire ça, et d'ailleurs personne le dit. En revanche faire ce genre de raisonnement sur le cerveau des adultes est accepté, admis par tous, et ancré dans le bon sens populaire. C'est cette idée que je réfute et que je combattrai jusqu'à la mort ! (oula je m'emporte :mrgreen: )
Modifié en dernier par bigrounours le ven. 28 févr., 2014 10:48, modifié 2 fois.
nox
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par nox »

bigrounours a écrit : Toutes ces contraintes font que pour un adulte ça sera plus compliqué, alors inutile d'en rajouter, et de décourager des adultes, en ayant le discours "un adulte ne peut pas progresser autant qu'un enfant, car son cerveau est ramollit"
Je suis en phase, et loin de penser que l'adulte réfléchit moins bien. En revanche je reste persuadé que lorsqu'on commence très jeune et qu'on atteint étant jeune un niveau conséquent, des mécanismes inconscients et une certaine perception se mettent en place qu'on ne peut pas retrouver plus tard.
Mais là encore une fois, ce n'est qu'une affaire de conviction personnelle...
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Doubidoudom
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Re: Quelles limites à la progression (hors disponibilité)

Message par Doubidoudom »

Bravo à Nox et Bigrounous.
Ce fil est vraiment super intéressant et est aussi la preuve que ce forum permet une discussion riche, passionnée et qu'en prenant son temps et sans se bloquer on finit par se comprendre.
Je suis aveugle mais on trouve toujours plus malheureux: j'aurais pu être noir. Ray Charles
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