Le répertoire contemporain/d'avant-garde

[Merlin]

Invitation à discuter des oeuvres écrites disons......après 1920 ? Merci d'éviter tout lieu commun du style "c'est moche", "c'est pas naturel", "il doit y avoir une clé, mais je n'en suis pas la serrure", "y'a pu d'valeurs mon pôv monsieur" ....

[nox]

Ah ! Sujet épineux s'il en est, qui a déjà donné lieu par le passé à quelques échanges assez virulents.

[Merlin]

Les épines ne me gênent pas, la redondance, si. Dites moi si ce fil est inutile. Je vais faire un tour sur ton lien nox, en attendant.

Amitiés.
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Merlin

[Oupsi]

Pour éventuellement nourrir la discussion:

http://www.pianobleu.com/jerome_ducros.html

Surtout le dernier tiers de la page.

[Merlin]

OMG, nox, je ne savais pas que c'était à ce point !

Amitiés.
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Merlin

[nox]

A ce point oui et non, disons que cette ancienne discussion a été ouverte tambour battant, par un membre qui n'a pas l'habitude de faire dans la demi-mesure. Il est tout à fait possible d'avoir une discussion plus civilisée sur le sujet, mais je pense qu'il faut nuancer la question pour éviter les démarrages trop abruptes.
Autre fil très instructif en lien avec ce sujet : c'est ici

[Merlin]

hmmm oui, cet autre fil est un peu démago, mais intéressant aussi. Mais toi, ai-je envie de dire, te réfugies-tu derrière ces archives, ou as-tu l'occasion de jouer un répertoire plus contemporain que celui du XIX (dans lequel, à en juger par tes posts sur Chopinou et Herr Schumann, ksss ksss honte et jalousie, je dois reconnaitre que tu excelles)?
Amitiés.
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Merlin

[nox]

Je joue et j'aime beaucoup, contrairement à l'impression que je peux donner, plusieurs auteurs du XXème siècle. J'ai dit que c'était "dissonant", et "moins naturel", mais ces termes n'ont pour moi rien de négatif. Par contre c'est vrai que, comme je l'ai dit par ailleurs, j'ai du mal dès qu'il s'agit de faire dans l'original, de taper sur le piano avec les bras ou d'utiliser des ustensiles.

J'aime beaucoup, entre autres
- les clairs de lune de Decaux, qui annoncent déjà Schönberg
- les Gargoyles de Liebermann
- Messiaen
- Ligeti (mais je n'en ai pas joué)

Dans un autre style, j'ai aussi joué les variations jazz de Fazil Say sur le caprice n°24 J'aime d'ailleurs aussi m'essayer au ragtime et au boogie.

Hors piano, j'aime le requiem de Schnittke, l'oeuvre de Vierne, ou encore Ives
A l'orgue, j'ai travaillé du Litaize, du Florentz, du Hakim, ainsi que la très intéressante oeuvre de Jehan Alain, dont les magnifiques "Trois danses".

[Merlin]

Très bien Decaux, effectivement. Je connais très peu, mais je vais de ce pas explorer. Merci.Amitiés.
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Merlin

[JPS1827]

Et si tu ne connais pas, écoute donc le concerto pour piano et orchestre à cordes de Schnittke (2ème concerto pour piano)

http://www.youtube.com/watch?v=5vyCc_jFidw

[Merlin]

Connaissez-vous Morton Feldman ? Compositeur américain, que l'on range (trop hâtivement à mon sens) dans la mouvance des 'minimalistes'. Sa musique est très caractéristique, faite d'une succession "d'assemblages" de notes (on ne peut pas à proprement parler d'accords, ni même de clusters), plus ou moins brefs, qui apparaissent, résonnent, vivent et meurent, et sont remplacés par "l'assemblage" suivant. Le sentiment qui en résulte est assez étrange, une sorte de tristesse, mais sans pathos. Il attache beaucoup d'importance au silence. Il s'agit d'une interprétation personnelle, mais je pense qu'elle constitue une sorte de refuge intime que Feldmann, qui vivait à New-York et faisait pas mal de petits boulots lorsqu'il était jeune, s'était construit contre le vacarme de la mégalopole.

Voici une pièce pour piano solo:
http://www.youtube.com/watch?v=ewD6bSQR ... ata_player

Il était très lié au peintre Rothko, dont les oeuvres lui ont inspiré 'Rothko Chapel', pour petit ensemble:
http://www.youtube.com/watch?v=qxSt_w2ODaQ

[Gracou]

D'une manière générale, il faut laisser une chance à ces musiques en revenant de temps en temps dessus. Ce qui ne nous plaît pas maintenant pourrait bien nous plaire dans cinq ans.

Prétendre qu'il faudrait accrocher dès la première écoute ou presque reviendrait à adopter l'attitude du jeune américain moyen dont l'unique commandement pourrait se résumer à la quête d'un seul mot propulsé par toute l'industrie de l'entertainement comme une maxime devant guider toute son existence: le "fun".

Sans en arriver à ces extrémités où chaque chose doit être lissée, la musique comme les films, la nourriture comme la pensée, je fais partie de ceux qui croient qu'il faut persévérer, même quant à l'évolution de ses propres goûts.

Il ne s'agit pas d'aller contre sa nature, il s'agit juste d'accepter qu'on puisse changer, que la vie est une évolution. Le changement, y compris de ses goûts, ne s'interrompant qu'avec le décès du sujet.

[mieuvotar]

Sans en arriver à ces extrémités où chaque chose doit être lissée, [...], la nourriture comme la pensée, je fais partie de ceux qui croient qu'il faut persévérer, même quant à l'évolution de ses propres goûts.
Il ne s'agit pas d'aller contre sa nature, il s'agit juste d'accepter qu'on puisse changer, que la vie est une évolution. Le changement, y compris de ses goûts, ne s'interrompant qu'avec le décès du sujet.

Mouais.... Mais même avec persévérance, et bien que d'une resepctable cinquantaine, les tripes à la mode de Caen par exemple, c'est toujours pas mon truc.
Et je doute fort que cela change avant mon décès.
Cela dit, l'oreille est sans doute plus malléable que ne le sont nos papilles... Je conviens qu'elle s'éduque sans doute plus facilement - ou moins difficilement, plutôt dit.

[Gracou]

Evoluer, ça ne veut pas dire qu'on aimera tout, sans quoi cela voudrait dire que nous n'avons plus de goût ni de personnalité.

Et puis les tripes, c'est pas bon, tout le monde le sait.

[Merlin]

Allez, c'est parti, ça faisait longtemps que ça me titillait, mais j'ai pris la décision ce matin. Je range Chocho et Schuschu au placard (c'est la faute aux ceusses qui jouent trop bien sur ce forum).

J'ai attaqué par pas trop révolutionnaire non plus: La Sonate de Berg. Le langage reste tonal, mais bon c'est suffisamment éloigné du solfège à mémère pour que (je cite une mienne accointance différente de celle de l'autre jour): "Quand tu te trompes, eh ben, c'est pas facile de savoir que tu t'es trompé, vu que t'as pas trop de point de repère pour savoir comment ça doit sonner". Et il faut bien reconnaitre que c'est assez déroutant de prime abord. La pièce a beau être écrite en si mineur (si, si, avec deux dièses à la clé et un bel accord parfait à la fin), dès les deux premières mesures, il y a un do bécarre (mais un do dièse aussi en même temps, sinon ce serait moins drôle), un sib, mib ... Et cela ne fait que commencer ...
Le problème c'est que j'ai encore cette vieille version de Gould dans les oreilles, dans laquelle il braillait à tue tête tout en jouant. Cela n'aide pas....
Je vous tiens au jus.

[Merlin]

Pour éventuellement nourrir la discussion:

http://www.pianobleu.com/jerome_ducros.html

Surtout le dernier tiers de la page.

Ah merci ! Un musicien honnête qui dit ne pas se contenter d'une musique 'intéressante'.
Amitiés.
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Merlin

[Merlin]

Dans un style tout à fait radical, même si pour ma part l'émotion n'est pas au rendez-vous, j'apprécie l'exploration des possibilité sonores du piano de Stockhausen:
http://www.youtube.com/watch?v=1v7YYvPS ... ata_player

[Merlin]

Morton Feldman (suite)....

Après avoir posté sur Feldman il y a quelques jours (ici), le hasard des clicks, dont je suis très friand, m'a appris l'existence de ce petit livre: Morton Feldman – For Bunita Marcus de G. Belhomme, que je suis en train de lire et que je souhaitais partager avec vous.
Bunita Marcus est une compositrice américaine qui a été l'élève de Feldman et à qui - selon son habitude - il a dédié cette oeuvre pour piano seul, écrite en 1985. Précisons que Mme Marcus n'a jamais joué la pièce et que le livre fait référence au superbe enregistrement de Hildegard Kleeb.

G. Belhomme s'interroge sur l'expérience étrange que constitue l'écoute de cette musique (le morceau, c'est le cas de le dire, dure 1H10, tout de même ...) à nulle autre pareille. Q'est-ce donc qui le touche, dans cette succession de propositions sonores "[...]naviguant lentement entre timidité et persévérance, tempérance et désillusion [...]" ? Car Feldman a retrouvé un langage, qui ne doit rien à une quelconque tradition formelle, peut-être même un langage d'avant toute tradition figée, sans solfège, sans loi, et qui va droit au but. Il a fait son boulot, dit ce qu'il avait à dire. Pour celui qui écoute, pourtant, ce n'est que le début d'un long cheminement.

"On ne découvre pas la musique, on se découvre en musique. Le devoir d'un artiste c'est de se familiariser avec soi même, expulser ce qui est de trop et exposer ce qui est de mieux." A.Weissenberg

[nox]

Tiens, et pour les parisiens, intégrale de Philipp Glass demain au collège des Bernardins à l'occasion de la nuit blanche.

[bach_addict]

Dans un style tout à fait radical, même si pour ma part l'émotion n'est pas au rendez-vous, j'apprécie l'exploration des possibilité sonores du piano de Stockhausen:
http://www.youtube.com/watch?v=1v7YYvPS ... ata_player

il serait intéressant de comparer avec un algorithme qui aurait tiré des notes et des rythmes au hasard et voir combien d'auditeurs remarquent la différence. Je suis prêt à parier que si l'on insère une musique aléatoire au milieu quasiment personne ne s'en aperçoit.

tiens d'ailleurs ce monsieur pense peut être la même chose, il faudrait lui demander : http://www.youtube.com/watch?v=R6hYMN0EoRE