J'ai envie de te dire... certaines fugues de Bach sont plus attachantes que d'autres...
Pour moi ça reste du vin quoi... il m'arrive d'en boire de temps à autres, j'ai des amis qui ont de belles caves, et je suis toujours interloqué par le fait qu'on puisse vraiment apprécier le vin. Ca reste un mystère, certes hautement répandu, mais un mystère
Tu n'as pas encore bu le bon vin. Si tu aimes jus d'orange, il faut essayer un Sauternes, tu l'as essayé avec du foie gras ?
A vrai dire je supporte les préludes mieux que les fugues, qui me donne envie de fuguer.
C'est bizarre, je n'ai pas imaginé aimer une fugue de Chostakovitch, mais voilà, si. Bach, non.
“Wrong doesn't become right just because it's accepted by a majority.” - Booker Washington
Demandez aux concertistes : en bis, ou pour finir, qu'est ce qu'ils ajoutent ?
Souvent du Bach. Il faudra leur expliquer que Bach, ce n'est pas fait pour le clavier.
J'ai joué peu de Bach.
J'attaque ma 2ème petite invention.
2 pages de magnificence, et de découverte (les voix); je pourrais y passer la nuit.
Okay a écrit :et tant qu'on y est, j'ai horreur du foie gras.
Le goût ou comment c'est fait ? Si c'est le dernier (ou même pour savoir l'histoire naturel du foie gras) il faut regarder cela : https://www.youtube.com/watch?v=gvrgD0mAFoU
“Wrong doesn't become right just because it's accepted by a majority.” - Booker Washington
Athos a écrit :Demandez aux concertistes : en bis, ou pour finir, qu'est ce qu'ils ajoutent ?
Souvent du Bach. Il faudra leur expliquer que Bach, ce n'est pas fait pour le clavier.
J'ai joué peu de Bach.
J'attaque ma 2ème petite invention.
2 pages de magnificence, et de découverte (les voix); je pourrais y passer la nuit.
quazart a écrit : lun. 02 oct., 2017 15:22
C'est mon cas ! Avoir abordé très jeune ces inventions en tant que purs exercices ne réussit pas à tout le monde, ça m'a donné une mauvaise image de Bach qui est restée longtemps.
Moi qui suis un admirateur inconditionnel de Bach, je m'aperçois à la réflexion que je n'ai jamais appris de Bach quand j'étais jeune. Ceci explique peut-être cela ; mes seuls contacts avec Bach, quand j'étais jeune, ont été par le disque Bach raconté aux enfants que ma prof de piano m'avait offert, par les Concertos Brandebourgeois, l'un des rares disques de musique classique de mes parents, mais surtout par un disque que des amis de mes parents m'ont offert, vers mes 14-15 ans, de Bach à l'orgue par Jean Guillou, avec plusieurs chorals fameux. Ce fut une révélation extraordinaire, ce premier sentiment de transcendance musicale.
Ton cas, quazart, semble assez courant. Il me semble que Lee a eu la même mauvaise expérience de Bach. Une amie me disait exactement la même chose hier, elle est resté fâchée avec Bach depuis qu'on lui a fait travailler quand elle était petite, alors que Mozart qu'elle a aussi travaillé au même âge ne lui a pas laissé de mauvais souvenirs, au contraire.
Alors, faut-il conclure que l'austérité, la rigueur de Bach font mauvais ménage avec les jeunes enfants ; je ne suis pas loin de le croire, même s'il y a sûrement de nombreuses exceptions.
Lee a écrit : lun. 02 oct., 2017 22:47
C'est difficile à dire...je crois que ça dépend aussi des profs et comment ils présentent les oeuvres, s'ils mesurent un peu ce que l'élève est intéressé faire. Mon tout premier prof Romain m'a bien présenté Bach d'une façon sympa, il a comparé Bach avec des plantes qui partent sur leur propres chemins, les branches qui "fuguent". Mon dernier prof quand j'étais ado m'a collé Bach comme une chaîne et un boulet et j'étais particulièrement racunière comme elle m'a privée de quasiment toute romantique. Elle était bon prof quand même, mais elle a peut-être tué Bach pour moi !
alex2612 a écrit : mar. 03 oct., 2017 12:19
Jean seb et Lee. Pour ma part j'ai fuit Bach et le conservatoire car les sempiternelles inventions et preludes et fugues m'étaientt insupportables . Je ne revais que de Beethoven chopin couperin ravel et rameau. ah quoi revent les jeunes filles(? (ou les jeunes ados...)Merveilleux album de feu Aldo Ciccolini.
J'aii redecouvert Bach tout seul 10 ans plus tard avec les suites pour piano orchestre violons,et depuis il ne me quitte plus et je ne peux m'en passer.Maintenant je le joue .
Pour moi il est au dessus des autres a tous les niveaux. Je ne sais pas comment l'expliquer .
PS Je n'aime pas non plus le Chopin "guimauve" non pas que listisa le joue guimauve mais je suis rarement ému par un pianiste et les pianos contemporains . Prefere l'opera donc j'ai deux places a donner. Si il y a des amateurs? en MP....
Arabesque44 a écrit : mar. 03 oct., 2017 13:12
Tant pis. Je continue dans le HS...Mon histoire rejoint les vôtres.
Entre 10 et 15 ans j'aimais le Bach des Concertos Brandebourgeois et du Magnificat, celui du Concerto pour 2 violons, j'aimais la toccata en ré min pour orgue, j 'écoutais moi aussi sans ennui le disque pour enfants ( mais pas autant que ceux consacrés à Beethoven, Chopin ou Liszt, quand même!) mais alors, l'œuvre pour clavier seul ...bof !
Une ou deux inventions apprises sans passion avec ma 1ere prof à 15 ans, puis un essai de prélude et fugue en ut min, mais quand j'ai compris que ce n'était pas aussi facile que le 1er prélude je me suis découragée Et je n'ai pas été "forcée" à continuer, si bien que le rejouer 40 ans après, ce n'est que du bonheur , et même pas de mauvais souvenirs.
Il m'a fallu très longtemps pour comprendre que le génie de Bach, on le trouvait aussi dans les pièces pour clavier. Redécouverte d'abord comme simple auditrice "non pianiste" ( les Goldberg, les Partitas ) et depuis ma reprise il y a 4 ans j'ai toujours au moins un Bach sur le feu.
chantal313 a écrit : mar. 03 oct., 2017 13:57
(Suite du HS…)
jean-séb a écrit : lun. 02 oct., 2017 18:22
Alors, faut-il conclure que l'austérité, la rigueur de Bach font mauvais ménage avec les jeunes enfants ; je ne suis pas loin de le croire, même s'il y a sûrement de nombreuses exceptions.
Je crois que je suis de ces exceptions-là : à 11 ans, jouer du Bach, c'était le bonheur absolu. Entre 11 et 12 ans, j'ai travaillé presque toutes les Inventions à 2 voix (sauf la 15ème, je ne sais pas pourquoi), à raison d'un chaque mois. Quant à l'austérité et la rigueur de Bach, ce n'était pas un problème, bien au contraire. Il est vrai que j'étais "matheuse", ceci expliquant sans doute cela.
alex2612 a écrit : mar. 03 oct., 2017 12:19
Pour moi il est au dessus des autres a tous les niveaux. Je ne sais pas comment l'expliquer .
Pour moi aussi. Si je devais emporter les oeuvres d'un seul compositeur sur une ile déserte, ce serait sûrement celles de Bach
alex2612 a écrit : mer. 04 oct., 2017 0:51
mais Lee ne résiste pas. Nous allons te convertir....Je te fais marcher.... On a le droit de ne pas aimer Bach. Je n'aime pas fauré et je deteste peleas et mellisandre de debussy et ce sont des grands compositeurs. Savait tu que Bach marchait 25 km chaque jours tout en composant?
A mon humble avis vu son immense production et sa vie bien remplie il devait composer pas loin de 24 h sur 24 quoiqu'il fasse !
“Wrong doesn't become right just because it's accepted by a majority.” - Booker Washington
alex2612 a écrit :
mais Lee ne résiste pas. Nous allons te convertir....Je te fais marcher.... On a le droit de ne pas aimer Bach. Je n'aime pas fauré et je deteste peleas et mellisandre de debussy et ce sont des grands compositeurs. Savait tu que Bach marchait 25 km chaque jours tout en composant?
Tiens ça explique comment et pourquoi ça musique est souvent allant et très fugueuse comme je trouve hyper ennuyant. J'aime marcher, je n'aime pas l'entendre dans la musique. Plutôt mourir que jouer au clavier. Le seul espoir avec moi et Bach ça serait que j'apprends le violon en commençant avec la Chaconne. Donc aucune chance !
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C'est quand même triste de lire ça...
Je comprends qu'on puisse dire "je n'aime pas", mais pas "je refuse d'aimer !"..
Le problème de fond est plus psychologique que musical. De toute façon tant que tu travailleras du Bach en partant déjà de la conclusion "c'est moche ça ne me plait pas" avant même d'avoir cherché, effectivement, ça ne risque pas de changer.
Si l'objectif de cette discussion était de chercher à te convaincre de quoique ce soit contre ton gré, elle n'a vraiment aucun intérêt.
C'est simplement que je n'aime pas, ce n'est pas que je refuse d'aimer...
Les admirateurs de Bach refusent d'accepter que les autres peuvent simplement ne pas aimer, ils sont trop convaincus qu'on ne fait pas assez d'effort, qu'on a un problème psychologique, qu'on ne connait pas suffisamment, etc. Les Bachistes pensent qu'ils sont les fruits et les légumes, qu'il en faut et il faut apprendre aimer. Bref, ça me dépasse, je vous laisse faire vos éloges et vos hallelujahs.
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Lee a écrit : mer. 04 oct., 2017 10:29
C'est simplement que je n'aime pas, ce n'est pas que je refuse d'aimer...
Ce n'est pas ce que tu laisses entendre quand tu dis :
Lee a écrit : mer. 04 oct., 2017 10:08Plutôt mourir que jouer au clavier. Le seul espoir avec moi et Bach ça serait que j'apprends le violon en commençant avec la Chaconne. Donc aucune chance !
A partir du moment où ta conviction est faite, et semble ferme et définitive, effectivement aucune chance....Mais ça, ce n'est pas la faute de Bach ni celle de ceux qui veulent t'aider à l'aimer.
Lee a écrit : mer. 04 oct., 2017 10:29
Les admirateurs de Bach refusent d'accepter que les autres peuvent simplement ne pas aimer, ils sont trop convaincus qu'on ne fait pas assez d'effort, qu'on a un problème psychologique, qu'on ne connait pas suffisamment, etc. Bref, ça me dépasse, je vous laisse faire vos éloges.
Oui, je suis convaincu que quand un compositeur est quasi-unanimement reconnu comme un des "grands" (il n'y en a pas tant que ça), entré au panthéon de la musique, ne pas l'aimer revient à mal le connaître.
C'est typiquement mon cas avec Prokofiev (mais j'en ai déjà parlé 10 fois je crois). Je n'aime pas, je n'y arrive pas. Mais c'est une perte que je n'accepte pas, je dois trouver le courage de l'étudier, le jouer, et je suis sûr que l'aimer est tout à fait à ma portée.
Ne pas aimer, on a le droit bien sûr, mais pour moi il FAUT comprendre pourquoi c'est génial, pourquoi ce compositeur est reconnu. Parce que tant qu'on n'a pas compris ça, il y a quelque chose de fondamental qui nous échappe.
Et en général une fois qu'on a compris la dimension géniale et extraordinaire, on aime forcément...(mais peut être est-ce là que je me trompe)
Il y a une fois, j'étais dans une rencontre sympa avec plein d'admirateurs de Bach, et plein d'oeuvres de Bach joués. Je suis très réspectueuse à l'écoute des autres quand même ! Et je regardais autour de moi, fascinée par leur appréciation, ils tapaient le pied, leurs têtes et leurs corps bougeaient avec la musique. Ce n'est pas de tout une compréhension cérébrale comme tu décris. C'est quelque chose dans les tripes, comme Babaz qui ne pouvait pas bien conduire et écouter Bach au même temps. Les oeuvres que j'aime beaucoup de Bach (il n'y a pas beaucoup) sont de même, ce n'est pas une compréhension, c'est une réponse émotionnelle.
Je ne vois pas pourquoi tu dois "convertir" en Prokofiev. Si tu n'aimes pas, tu n'aimes pas, tant pis. La vie est tellement courte, la musique est tellement riche, on ne peut pas écouter ou jouer toutes les belles oeuvres qu'on aime déjà. Je ne suis pas d'accord qu'il faut apprendre aimer ou jouer ce que les autres considèrent grands. On doit bien utiliser (et savourer) nos moments pour ce qui compte. Euh, je ne sais pas pourquoi je suis là.
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Lee a écrit : mer. 04 oct., 2017 11:13
Il y a une fois, j'étais dans une rencontre sympa avec plein d'admirateurs de Bach, et plein d'oeuvres de Bach joués. Je suis très réspectueuse à l'écoute des autres quand même ! Et je regardais autour de moi, fascinée par leur appréciation, ils tapaient le pied, leurs têtes et leurs corps bougeaient avec la musique. Ce n'est pas de tout une compréhension cérébrale comme tu décris. C'est quelque chose dans les tripes, comme Babaz qui ne pouvait pas bien conduire et écouter Bach au même temps. Les oeuvres que j'aime beaucoup de Bach (il n'y a pas beaucoup) sont de même, ce n'est pas une compréhension, c'est une réponse émotionnelle.
Ah mais oui, on peut vraiment aimer Bach réellement, émotionnellement.
Je trouve d'ailleurs très touchant de voir Gould jouer Bach notamment pour ça.
Mais c'est autre chose ! Effectivement ça, ça ne se contrôle pas. Comme tu dis on aime ou on n'aime pas. Mais il reste important selon moi de comprendre pourquoi ce compositeur est digne de l'admiration de tant de gens à travers les siècles...
Ca ne te touche vraiment pas de voir ça ?
Les explications :
La fugue complète :
Lee a écrit : mer. 04 oct., 2017 11:13
Je ne vois pas pourquoi tu dois "convertir" en Prokofiev. Si tu n'aimes pas, tu n'aimes pas, tant pis. La vie est tellement courte, la musique est tellement riche, nous ne pouvons pas écouter ou jouer toutes les belles oeuvres qu'on aime déjà. Je ne suis pas d'accord qu'il faut apprendre aimer ou jouer ce que les autres considèrent grands. On doit bien utiliser (et savourer) nos moments pour ce qui compte. Euh, je ne sais pas pourquoi je suis là.
Nous sommes des apprentis-musiciens. On cherche sans cesse à mieux comprendre, mieux jouer, aller plus loin.
Et ça ne doit pas se limiter aux morceaux que nous travaillons. Pour bien apprendre, il faut apprendre largement, écouter l'opéra, la musique de chambre, les autres instruments, et s'intéresser à toutes les époques (oui, oui, même la musique "contemporaine", même si ça ne fait mal de le dire).
Attention hein, je ne veux pas paraître donneur de leçon, j'ai encore beaucoup de progrès à faire dans ce domaine moi-même.
Mais je suis convaincu qu'un bon pianiste est avant tout un bon musicien.
Donc oui, quelques grands noms dans l'histoire de la musique représentent à eux seuls tout une facette d'un courant, d'un style, d'une époque. Les ignorer, c'est maintenir volontairement une part d'ombre, une lacune. Comme un passionné d'histoire qui refuserait d'étudier la révolution. Oui ok, on peut passer sa vie à étudier tout le reste. Mais sans connaître et comprendre la révolution, comment veux-tu comprendre tout ce qui en découle ?
Or Bach est à lui seul une révolution dans l'histoire de la musique.
J'aime regarder Gould encore moins que Nox aime regarder Hiromi. C'est très perso, mais sa personne m'horripile en tout : sa voix fausse qu'on entend tout le temps, ses manies, sa paranoïa, sa manque de générosité, sa fermeture du monde, sa façon de vouloir tout controller artificiellement dans les enregistrements en studio. Je ne sais pas quand je savais ses détails de sa personne et quand/s'ils m'ont influencé, mais vraiment, je le trouve difficile de supporter, il me semblait approprié qu'il aime autant Bach...
Néanmoins j'ai écouté la fugue que Nox a mis, sans regarder, et j'entends ce qui vous plaît, comme beaucoup de Bach, il y a une perfection, une symétrie, comme un monde qui tourne d'une certaine manière presque attendu, comme si tout était écrit en destin mais non c'est lui qui l'a écrit. Mais où vous entendez le grandeur et la beauté de l'univers, je baîlle, je m'ennuie. Et je ne suis pas complètement ignorante, j'ai toujours joué un Bach pendant 8 ans quand j'étais jeune, depuis ma reprise j'ai joué 3 Bach et j'ai écouté tous les oeuvres qu'on m'a proposé sur ce fil et peut-être des autres fils, je ne me souviens plus. Je crois avoir suffisamment essayé, la fugue est bien le dernièr échec de reveiller quoi que ce soit, mais c'était écrit. Et malgré moi, j'écouterai des autres Bach par les pianistes qui l'aiment tellement. Si je ne veux pas écouter Bach, il faut arrêter être ami avec des pianistes !
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De Gilles Cantagrel, Le moulin et la rivière. Air et variations sur Bach, chez Fayard, 600 pp environ, pas hyper facile, mais très intéressant et extrêmement riche en informations de toutes sortes.
(cela dit, ce n'est pas vraiment une biographie; il y est question de la vie de Bach, bien sûr, mais aussi de son œuvre, du monde dans lequel il vivait, et de son monde intérieur pour ainsi dire)
Lee a écrit : mer. 04 oct., 2017 16:42
J'aime regarder Gould encore moins que Nox aime regarder Hiromi. C'est très perso, mais sa personne m'horripile en tout : sa voix fausse qu'on entend tout le temps, ses manies, sa paranoïa, sa manque de générosité, sa fermeture du monde, sa façon de vouloir tout controller artificiellement dans les enregistrements en studio. Je ne sais pas quand je savais ses détails de sa personne et quand/s'ils m'ont influencé, mais vraiment, je le trouve difficile de supporter, il me semblait approprié qu'il aime autant Bach...
Ceci me semble doublement injuste...
D'une part selon toute vraisemblance, Gould était autiste Asperger, ce qui va de pair avec un repli sur soi, des "manies", un comportement à l'écart des codes et attentes sociales (l'empathie est probablement ce qui est le plus compliqué à éprouver pour les cerveaux nés ainsi) et un sens du détail et certaines capacités analytiques tout à fait hors du commun. Ce n'est pas de la suffisance ni des caprices d'artistes, mais plutôt une souffrance liée à l'incompréhension engendrée par un tel mode de fonctionnement.
D'autre part, ce que tu appelles "contrôler artificiellement" un enregistrement est ce qui est fait dans absolument tous les enregistrements, même la plupart de ceux (tous ?) qu'on appelle "live" (qui sont au minimum une combinaison de plusieurs concerts et de patchs de corrections lorsque le public est parti). Un CD de musique classique d'une heure et quelques peut comporter des centaines de points de montage (dans la musique pop, on peut multiplier par 10...), c'est tout à fait la norme... ce n'est pas pour rien qu'on a besoin de plusieurs jours à enregistrer... Je trouve aussi que ce soit une bonne chose que l'artiste participe activement au plan de montage.
Lee/Nox. Je ne crois pas qu'il faille absolument aimer Bach. On l'aime ou on ne l'aime pas, comme certains aiment les carottes et d'autres pas. Ce ne sont pas des explications scientifiques, artistiques ou philosophiques qui permettront d'aimer les carottes quand on ne les aime pas ; tout au plus, un beau jour, on découvrira, sans bien savoir pourquoi, qu'on apprécie soudainement leur goût, peut-être grâce à une recette nouvelle, ou peut-être sans même pouvoir dire ce qui a changé. C'est absolument la même chose pour Bach. La seule chose qu'on puisse dire, à mon sens, est qu'il ne faut pas se fermer par principe à la possibilité d'aimer les carottes ou Bach, et, bien sûr, il sera plus facile de changer d'avis si l'on se donne de temps à autre la possibilité de goûter des carottes ou d'écouter du Bach.
Cela dit, ce n'est pas non plus avec une vidéo de Gould que j'entreprendrais de vouloir faire aimer Bach à un ami. Il a trop de tics qui me dérangent visuellement dans son jeu et dont j'ai du mal à faire abstraction, même si j'admire très souvent ce qu'il fait.
amalfi a écrit : mer. 04 oct., 2017 17:48
Alors, que me conseillez-vous de lire ? (autre que Wiki )
https://www.babelio.com/livres/John-Eli ... n-S/649410
Pas tout à fait une biographie, plutôt un portrait, mais par quelqu'un qui le connaît très bien et quand même avec beaucoup d'éléments biographiques.
Lecture ardue, mais passionnante. Je l'avais mentionné dans un autre fil (mais je ne me souviens plus lequel) il y a un peu plus d'un an,
Lee a écrit : mer. 04 oct., 2017 11:13
Il y a une fois, j'étais dans une rencontre sympa avec plein d'admirateurs de Bach, et plein d'oeuvres de Bach joués. Je suis très réspectueuse à l'écoute des autres quand même ! Et je regardais autour de moi, fascinée par leur appréciation, ils tapaient le pied, leurs têtes et leurs corps bougeaient avec la musique. Ce n'est pas de tout une compréhension cérébrale comme tu décris. C'est quelque chose dans les tripes, comme Babaz qui ne pouvait pas bien conduire et écouter Bach au même temps. Les oeuvres que j'aime beaucoup de Bach (il n'y a pas beaucoup) sont de même, ce n'est pas une compréhension, c'est une réponse émotionnelle.
Ah mais oui, on peut vraiment aimer Bach réellement, émotionnellement.
Je trouve d'ailleurs très touchant de voir Gould jouer Bach notamment pour ça.
Mais c'est autre chose ! Effectivement ça, ça ne se contrôle pas. Comme tu dis on aime ou on n'aime pas. Mais il reste important selon moi de comprendre pourquoi ce compositeur est digne de l'admiration de tant de gens à travers les siècles...
Je ne comprends pas bien cette dichotomie entre le corps et l’esprit : si Gould danse et chante en jouant Bach, c’est bien parce qu’il le comprend intimement. Il y a peut-être des musiques qui parlent au corps directement (euh... Village People ? ) il y a surtout des musiques qui dévoilent leurs beautés progressivement, parce qu’on prend le temps de s’y attarder, d’autres qui se refusent et qu’on ne comprend que quand on les joue, d’autres qui séduisent immédiatement puis finalement déçoivent, d’autres qui nous ennuient d’emblée et ne trouvent pas grâce à nos yeux même après qu’on s’est penché dessus... je ne vois pas comment séparer le cœur et la raison et j’ai plutôt l’impression que plus on entre dans une œuvre (par le corps ou l’esprit, peu importe, les deux me paraissent inséparables), plus on la ressent (en bien ou en mal)...
jean-séb a écrit : mer. 04 oct., 2017 18:24
La seule chose qu'on puisse dire, à mon sens, est qu'il ne faut pas se fermer par principe à la possibilité d'aimer les carottes ou Bach, et, bien sûr, il sera plus facile de changer d'avis si l'on se donne de temps à autre la possibilité de goûter des carottes ou d'écouter du Bach.
Ah ben voilà, la métaphore des carottes vient à mon secours : j'adhère totalement