Enregistrements Steinway - suite en fin
Enregistrements Steinway - suite en fin
Comme annoncé sur le fil Prokofiev, j'ai pu enregistrer hier des oeuvres que j'ai en ce moment sur le feu.
Scriabine - Sonate n°4
Je pense que ça commence à prendre vraiment forme. Après coup, je crois que le début est trop statique, ça devrait peut-être avancer plus. Je pensais qu'il y aurait beaucoup de casse dans le Prestissimo Volando mais ça ne s'est pas trop mal passé, je craignais surtout les horribles mesures (horribles à jouer) autour de 5e minute, car les passer se joue encore un peu trop à pile ou face.
Chopin - Barcarolle
On reste dans les lumières de fa# majeur. Tout est loin d'être parfait, et en particulier je n'ai pas encore la clé pour contrôler ce balancement à la main gauche (encore loin d'être bien égal), mais j'ai de nouvelles pistes qui font que je ne désespère pas. Cette version est quand même globalement plus aboutie et solide que celle que j'avais mis dans le fil Chopin par les PMistes. Et surtout, ce n'est pas un enregistrement sur Silent.
Liszt - Rhapsodie Espagnole
Ca a été l'aventure. J'ai hésité avant de la mettre en ligne, mais l'écoute n'est pas aussi terrible que mon état de nerfs en jouant, seules les 3 dernières minutes sont vraiment à mettre aux ordures, il en reste donc 9'30 de présentables.
J'ai fait un truc simplement idiot, ou plutôt puéril. A partir de 4'20 je me suis senti comme en haut de 2 pentes enneigées, et j'avais le choix entre la piste bleue (que je prends d'habitude) et tenter la noire. Je ne sais pas ce qui m'a pris, sûrement de savoir que ça enregistrait et que le piano autorisait cette prise de risque, et je me suis jeté sur la piste noire. J'arrive tout en bas peu après 5', après cette folie sur ces 2 pages d'octaves. Alors certes, j'arrive en bas avec rien de cassé et à peine quelques bleus, mais alors tremblant au sens propre. Or à ce stade de la pièce, il reste encore beaucoup de péripéties (ce n'est pas peu dire), et je n'ai jamais réussi à me calmer jusqu'à la dernière mesure.
Le bon côté c'est que je n'ai jamais été aussi créatif dans la Jota Aragonesa (2e partie), et que ça m'a essentiellement coûté de savonner un trait de tierces plutôt facile à 6'15. Puis à partir de 9'30, je n'avais plus de lucidité du tout, et il fallait bien finir (je déteste cette sensation). J'ai raté plein de choses que je ne rate presque jamais, la octaves de la à côté dans le passage menaçant qui suit, puis mes mains qui refusent d'alterner les octaves, la fin de la grande gamme chromatique il faudra repasser, je décide sans raison de me passer de pédale ensuite. Bref, plutôt que de me prendre pour Cziffra à la fin de la première partie (à nouveau, témérité stupide de ma part), j'aurais mieux fait de garder mon sang-froid, et de tenir la pièce jusqu'à la fin.
Scriabine - Sonate n°4
Je pense que ça commence à prendre vraiment forme. Après coup, je crois que le début est trop statique, ça devrait peut-être avancer plus. Je pensais qu'il y aurait beaucoup de casse dans le Prestissimo Volando mais ça ne s'est pas trop mal passé, je craignais surtout les horribles mesures (horribles à jouer) autour de 5e minute, car les passer se joue encore un peu trop à pile ou face.
Chopin - Barcarolle
On reste dans les lumières de fa# majeur. Tout est loin d'être parfait, et en particulier je n'ai pas encore la clé pour contrôler ce balancement à la main gauche (encore loin d'être bien égal), mais j'ai de nouvelles pistes qui font que je ne désespère pas. Cette version est quand même globalement plus aboutie et solide que celle que j'avais mis dans le fil Chopin par les PMistes. Et surtout, ce n'est pas un enregistrement sur Silent.
Liszt - Rhapsodie Espagnole
Ca a été l'aventure. J'ai hésité avant de la mettre en ligne, mais l'écoute n'est pas aussi terrible que mon état de nerfs en jouant, seules les 3 dernières minutes sont vraiment à mettre aux ordures, il en reste donc 9'30 de présentables.
J'ai fait un truc simplement idiot, ou plutôt puéril. A partir de 4'20 je me suis senti comme en haut de 2 pentes enneigées, et j'avais le choix entre la piste bleue (que je prends d'habitude) et tenter la noire. Je ne sais pas ce qui m'a pris, sûrement de savoir que ça enregistrait et que le piano autorisait cette prise de risque, et je me suis jeté sur la piste noire. J'arrive tout en bas peu après 5', après cette folie sur ces 2 pages d'octaves. Alors certes, j'arrive en bas avec rien de cassé et à peine quelques bleus, mais alors tremblant au sens propre. Or à ce stade de la pièce, il reste encore beaucoup de péripéties (ce n'est pas peu dire), et je n'ai jamais réussi à me calmer jusqu'à la dernière mesure.
Le bon côté c'est que je n'ai jamais été aussi créatif dans la Jota Aragonesa (2e partie), et que ça m'a essentiellement coûté de savonner un trait de tierces plutôt facile à 6'15. Puis à partir de 9'30, je n'avais plus de lucidité du tout, et il fallait bien finir (je déteste cette sensation). J'ai raté plein de choses que je ne rate presque jamais, la octaves de la à côté dans le passage menaçant qui suit, puis mes mains qui refusent d'alterner les octaves, la fin de la grande gamme chromatique il faudra repasser, je décide sans raison de me passer de pédale ensuite. Bref, plutôt que de me prendre pour Cziffra à la fin de la première partie (à nouveau, témérité stupide de ma part), j'aurais mieux fait de garder mon sang-froid, et de tenir la pièce jusqu'à la fin.
Modifié en dernier par Okay le dim. 13 avr., 2014 9:53, modifié 2 fois.
Re: Enregistrements Steinway - suite en fin
Bravo
PS: Il y une section "débutants" sur ce forum, ou bien ils sont tous comme Okay?...
PS: Il y une section "débutants" sur ce forum, ou bien ils sont tous comme Okay?...
- jean-séb
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Re: Enregistrements Steinway - suite en fin
Non, Okay est seulement moyen, mais considérant qu'il n'a commencé le piano qu'il y a 21 mois, c'est acceptable. Dans l'ensemble, nous sommes bien meilleurs que lui, mais nous ne mettons pas forcément nos vidéos pour éviter de mettre trop la pression sur les autres.
Okay, j'ai écouté ta Rhapsodie espagnole, c'est assez époustouflant et, comment dire, un peu décourageant. Je crois que je vais me contenter de lire cet après-midi, je renonce au piano.
Okay, j'ai écouté ta Rhapsodie espagnole, c'est assez époustouflant et, comment dire, un peu décourageant. Je crois que je vais me contenter de lire cet après-midi, je renonce au piano.
Re: Enregistrements Steinway - suite en fin
Tu sais j'en ai passé des après-midi (et des soirées, et des matinées...), ça fait pratiquement 6 mois que j'ai mis cette oeuvre en chantier, à osciller entre espoirs et découragements, à me dire très souvent "il me semble que Liszt n'a jamais rien écrit d'aussi difficilement varié, alors j'abandonne ou pas ?".
Puis j'écoutais Lazar Berman, et là je me disais que ce morceau aussi splendide qu'acrobatique n'était pas pour moi, qu'il y avait plein d'autres choses à jouer, et tombais fatalement dans le découragement absolu. Après ce moment je traverse toujours un passage quand j'aime tellement une oeuvre, que peu importe ce que d'autres ont à y dire, là on a soi-même besoin d'y dire quelque chose. C'est de loin le plus important.
Alors certes, même avec une envie incroyable, il y a toujours un gouffre impossible à combler entre ce que je peux faire un jour où je suis à 110% et Lazar Berman même dans un jour affreux, mais la délectation que procure une oeuvre qu'on aime sincèrement redonne une combativité insoupçonnée.
Puis j'écoutais Lazar Berman, et là je me disais que ce morceau aussi splendide qu'acrobatique n'était pas pour moi, qu'il y avait plein d'autres choses à jouer, et tombais fatalement dans le découragement absolu. Après ce moment je traverse toujours un passage quand j'aime tellement une oeuvre, que peu importe ce que d'autres ont à y dire, là on a soi-même besoin d'y dire quelque chose. C'est de loin le plus important.
Alors certes, même avec une envie incroyable, il y a toujours un gouffre impossible à combler entre ce que je peux faire un jour où je suis à 110% et Lazar Berman même dans un jour affreux, mais la délectation que procure une oeuvre qu'on aime sincèrement redonne une combativité insoupçonnée.
Re: Enregistrements Steinway - suite en fin
jean-séb a écrit :Non, Okay est seulement moyen, mais considérant qu'il n'a commencé le piano qu'il y a 21 mois, c'est acceptable. Dans l'ensemble, nous sommes bien meilleurs que lui, mais nous ne mettons pas forcément nos vidéos pour éviter de mettre trop la pression sur les autres.
Okay, j'ai écouté ta Rhapsodie espagnole, c'est assez époustouflant et, comment dire, un peu décourageant. Je crois que je vais me contenter de lire cet après-midi, je renonce au piano.
Re: Enregistrements Steinway - suite en fin
Remplace "mois" par "ans", et le compte sera bon (c'est vraiment ça en plus).
Re: Enregistrements Steinway - suite en fin
Je comprends meiux...lol Mais cela ne retire rien au mérite.Okay a écrit :Remplace "mois" par "ans", et le compte sera bon (c'est vraiment ça en plus).
- jean-séb
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Re: Enregistrements Steinway - suite en fin
Wandarnok, excuse ma petite plaisanterie ; Okay fait partie des quelques pianistes d'élite de ce forum mais il est évident que le forum accueille des pianistes de tous niveaux et de tous âges, c'est ce qui fait sa richesse.
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Re: Enregistrements Steinway - suite en fin
Salut Okay,
Je viens juste d'écouter la Barcarolle (deux fois!). J'adore ce morceau, et je ne désespère pas de l'apprendre un jour, lorsque j'aurai "terminé" le Sonnet de Pétrarque 104 de Liszt (faudrait déjà que je le commence!).
Ton interprétation est bien, mais à la première écoute, il y a quelque chose qui m'a gêné que j'ai su identifier à la deuxième écoute. En fait, c'est plusieurs choses : effectivement, on ne sent pas le balancement d'une barcarolle, c'est un peu trop droit si je puis dire. Ensuite, je trouve que c'est constamment trop agité; je ne sais pas si c'est lié à ce balancement qui manque, peut-être que oui?? En fait, cela manque un peu de tranquillité, et j'oserais dire que je trouve cela presque trop joyeux. Sans pour autant faire dans le pathos complet (qui pour moi est le pire ), il y a quand même un certain "esprit" dans cette barcarolle qui, de mon point de vue, tend plutôt vers une sérénité. Il y a pourtant de jolies intentions, on voit où yu veux en venir, mais ce n'est pas assez sans doute...
Par exemple :
- l'introduction : il y a quand même de sacrées transitions harmoniques, on dirait que tu ne les savoures pas assez. Pourtant, je suis sûr que tu le sais, certain même !
- le début du passage en la majeur est trop... je ne sais pas... mécannique n'est pas le bon terme, mais il manque quelque chose. Cela dit, je ne l'aurais pas pris aussi vite tout de suite (le poco piu mosso s'applique t-il ici aussi, ou juste avant?). C'est peut-être juste le fait que tu démarres trop vite, car le tempo est parfait quelques mesures plus loin
- le passage Meno mosso (avec les accords staccato) me paraît aussi trop "expédié" : tu ne penses pas qu'un peu de mystère ajouterait beaucoup dans ce passage? En faisant les accords moins secs, mais plutôt lourés par exemple, et peut-être moins fort. Ce passage est très particulier, on se demande où Chopin veut aller. Finalement, ce passage de transition se résout sur une belle envolée lyrique dolce sfogato suivi du passage en doubles croches. Là encore, pourquoi tant d'agitation?
- pareil pour l'avant dernier trait en petites notes : je trouve que c'est beaucoup trop rapide, trop brillant.
Je suis désolé de paraître si sévère, parceque je sais que tu travailles cette Barcarolle depuis longtemps (je ne me souviens pas de ton travail précédent), mais je dois dire que j'ai sans doute moi-même une vision de cette oeuvre très précise (peut-être trop d'ailleurs ). Je n'ai jamais entendu une version qui me convienne tout le long du morceau.
Mais tu as quand même fait du très bon travail, on sent que tu es sur la bonne voie, il ne te reste pas grand-chose pour faire de ce morceau une pièce très maîtrisée dans ton large répertoire.
Je viens juste d'écouter la Barcarolle (deux fois!). J'adore ce morceau, et je ne désespère pas de l'apprendre un jour, lorsque j'aurai "terminé" le Sonnet de Pétrarque 104 de Liszt (faudrait déjà que je le commence!).
Ton interprétation est bien, mais à la première écoute, il y a quelque chose qui m'a gêné que j'ai su identifier à la deuxième écoute. En fait, c'est plusieurs choses : effectivement, on ne sent pas le balancement d'une barcarolle, c'est un peu trop droit si je puis dire. Ensuite, je trouve que c'est constamment trop agité; je ne sais pas si c'est lié à ce balancement qui manque, peut-être que oui?? En fait, cela manque un peu de tranquillité, et j'oserais dire que je trouve cela presque trop joyeux. Sans pour autant faire dans le pathos complet (qui pour moi est le pire ), il y a quand même un certain "esprit" dans cette barcarolle qui, de mon point de vue, tend plutôt vers une sérénité. Il y a pourtant de jolies intentions, on voit où yu veux en venir, mais ce n'est pas assez sans doute...
Par exemple :
- l'introduction : il y a quand même de sacrées transitions harmoniques, on dirait que tu ne les savoures pas assez. Pourtant, je suis sûr que tu le sais, certain même !
- le début du passage en la majeur est trop... je ne sais pas... mécannique n'est pas le bon terme, mais il manque quelque chose. Cela dit, je ne l'aurais pas pris aussi vite tout de suite (le poco piu mosso s'applique t-il ici aussi, ou juste avant?). C'est peut-être juste le fait que tu démarres trop vite, car le tempo est parfait quelques mesures plus loin
- le passage Meno mosso (avec les accords staccato) me paraît aussi trop "expédié" : tu ne penses pas qu'un peu de mystère ajouterait beaucoup dans ce passage? En faisant les accords moins secs, mais plutôt lourés par exemple, et peut-être moins fort. Ce passage est très particulier, on se demande où Chopin veut aller. Finalement, ce passage de transition se résout sur une belle envolée lyrique dolce sfogato suivi du passage en doubles croches. Là encore, pourquoi tant d'agitation?
- pareil pour l'avant dernier trait en petites notes : je trouve que c'est beaucoup trop rapide, trop brillant.
Je suis désolé de paraître si sévère, parceque je sais que tu travailles cette Barcarolle depuis longtemps (je ne me souviens pas de ton travail précédent), mais je dois dire que j'ai sans doute moi-même une vision de cette oeuvre très précise (peut-être trop d'ailleurs ). Je n'ai jamais entendu une version qui me convienne tout le long du morceau.
Mais tu as quand même fait du très bon travail, on sent que tu es sur la bonne voie, il ne te reste pas grand-chose pour faire de ce morceau une pièce très maîtrisée dans ton large répertoire.
- Yapluka
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Re: Enregistrements Steinway - suite en fin
Okay, je te l'ai déjà dit plusieurs fois, mais je vais me répéter ... Tu as un niveau et un talent exceptionnels, qui te permettent d'aborder avec bonheur, à peu près n'importe quelle pièce du répertoire ... Ici, je trouve ton Scriabine magnifique et ton Liszt impressionnant ... Seul ton Chopin me laisse un peu sur ma faim car je trouve ton jeu un peu froid ... à mon sens, il faut plus de chaleur dans Chopin, pour vraiment nous mettre le feu ! Je pense par exemple aux versions de Zimerman , Barenboim , Martha , ...
Re: Enregistrements Steinway - suite en fin
Ne sois surtout pas désolé Jean-Luc, c'est exactement pour ce genre de retour que je poste des vidéos. C'est infiniment utile car tu as exprimé les choses avec beaucoup d'acuité. En plus Yapluka, notre responsable en chef du fil Chopin semble exactement sur la même longueur d'ondes. Je suis fan de la version Zimermann de la Barcarolle, je trouve que c'est vraiment la plus belle, celle qui sonne le plus juste.
Je crois qu'il y a quelque chose qui n'est pas encore au clair chez moi dans l'image esthétique de cette oeuvre. C'est une oeuvre que j'adore, mais si je ne la conçois pas telle qu'elle est, ça voudrait dire que je ne l'apprécie pas pour ce qu'elle est réellement ? Perspective plutôt troublante.
Les mots clé dans ton commentaire sont pour moi "sérénité" et "tranquillité", ils sont clé pour moi car il ne sont pas vraiment une part de mon image de la pièce. Je vois ce que tu veux dire quand tu dis "presque trop joyeux", car je suis passé par quelque chose de plus posé à un moment, puis j'ai décidé d'opter pour une vision plus animée avec l'espoir que ça se balancerait "tout seul". Sûrement à tort. Il y a quelque chose de très difficile à trouver, un équilibre entre une sorte de contemplation sereine et un balancement. Je sens que je n'y suis pas, mais j'ai quelques idées. Si c'est ce que je crois (une certaine manière de se délecter plus posément de ce voyage musical), ça peut très vite changer, sinon je ne suis pas prêt de me tirer d'affaire. En effet il ne faut pas tomber dans le maniéré, ou l'onirique.
Sur l'introduction, je le sais oui, mais je l'ai "oublié". Mon souci principal ici a été de chanter le haut avec une vraie ligne et de correctement remplir le son de la main gauche (je trouve ça très délicat et ça me mobilise trop), mais ce n'est "pas assez", comme tu dis. Le début du passage en la majeur me semble devoir marquer une césure de tempo, pour moi le piu mosso s'y applique. Mais il manque lui aussi peut-être de mystère, il annonce les choses avec trop d'évidence (je banalise ces lignes ?) d'une certaine façon. Oui pour les accords staccatos, j'ai détesté la sécheresse que j'ai entendue sur le moment dans les tout premiers, et c'est amusant car j'ajuste petit à petit le son dans les suivants, comme si je cherchais encore devant la caméra ce qu'il faudrait faire (je n'ai toujours pas trouvé...).
Je suis ennuyé qu'on sente de l'agitation dans les doubles croches avant la reexposition, là où j'aurais souhaité simplement exprimer de la délicatesse. Dans ces arabesques, je vois quelque chose comme une salve immatérielle de paillettes, une étoile filante qui scintille un instant. Mais certains pianistes (tous ?) jouent ça beaucoup plus paisiblement, ils les égrennent tranquillement. D'ailleurs ça rejoint l'autre fil sur la technique de ne pas jouer dans le clavier, que j'utilise ici dans le but de laisser glisser ces notes ...
Le secret de la Barcarolle ne se laisse pas percer comme ça, c'est sûrement l'oeuvre de Chopin la plus complexe à saisir, avec la Polonaise-Fantaisie ...
Je crois qu'il y a quelque chose qui n'est pas encore au clair chez moi dans l'image esthétique de cette oeuvre. C'est une oeuvre que j'adore, mais si je ne la conçois pas telle qu'elle est, ça voudrait dire que je ne l'apprécie pas pour ce qu'elle est réellement ? Perspective plutôt troublante.
Les mots clé dans ton commentaire sont pour moi "sérénité" et "tranquillité", ils sont clé pour moi car il ne sont pas vraiment une part de mon image de la pièce. Je vois ce que tu veux dire quand tu dis "presque trop joyeux", car je suis passé par quelque chose de plus posé à un moment, puis j'ai décidé d'opter pour une vision plus animée avec l'espoir que ça se balancerait "tout seul". Sûrement à tort. Il y a quelque chose de très difficile à trouver, un équilibre entre une sorte de contemplation sereine et un balancement. Je sens que je n'y suis pas, mais j'ai quelques idées. Si c'est ce que je crois (une certaine manière de se délecter plus posément de ce voyage musical), ça peut très vite changer, sinon je ne suis pas prêt de me tirer d'affaire. En effet il ne faut pas tomber dans le maniéré, ou l'onirique.
Sur l'introduction, je le sais oui, mais je l'ai "oublié". Mon souci principal ici a été de chanter le haut avec une vraie ligne et de correctement remplir le son de la main gauche (je trouve ça très délicat et ça me mobilise trop), mais ce n'est "pas assez", comme tu dis. Le début du passage en la majeur me semble devoir marquer une césure de tempo, pour moi le piu mosso s'y applique. Mais il manque lui aussi peut-être de mystère, il annonce les choses avec trop d'évidence (je banalise ces lignes ?) d'une certaine façon. Oui pour les accords staccatos, j'ai détesté la sécheresse que j'ai entendue sur le moment dans les tout premiers, et c'est amusant car j'ajuste petit à petit le son dans les suivants, comme si je cherchais encore devant la caméra ce qu'il faudrait faire (je n'ai toujours pas trouvé...).
Je suis ennuyé qu'on sente de l'agitation dans les doubles croches avant la reexposition, là où j'aurais souhaité simplement exprimer de la délicatesse. Dans ces arabesques, je vois quelque chose comme une salve immatérielle de paillettes, une étoile filante qui scintille un instant. Mais certains pianistes (tous ?) jouent ça beaucoup plus paisiblement, ils les égrennent tranquillement. D'ailleurs ça rejoint l'autre fil sur la technique de ne pas jouer dans le clavier, que j'utilise ici dans le but de laisser glisser ces notes ...
Le secret de la Barcarolle ne se laisse pas percer comme ça, c'est sûrement l'oeuvre de Chopin la plus complexe à saisir, avec la Polonaise-Fantaisie ...
Re: Enregistrements Steinway - suite en fin
bravo pour cette rhapsodie quelle performance et quelle intensité ca doit être pendant ces 12 minutes 44 précisément
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Re: Enregistrements Steinway - suite en fin
Un mot : BRAVO
En sachant que s'enregistrer c'est une horreur, le stress... Enfin pour ma part, je suis en sueur pendant les enregistrements, à la moindre fausse note j'ai envie de tout recommencer. C'est pire que tout les enregistrements lol...
En sachant que s'enregistrer c'est une horreur, le stress... Enfin pour ma part, je suis en sueur pendant les enregistrements, à la moindre fausse note j'ai envie de tout recommencer. C'est pire que tout les enregistrements lol...
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Re: Enregistrements Steinway - suite en fin
Oui Okay, je suis sûr que tu es sur la bonne voie. La façon dont tu t'exprimes par les mots traduisant ainsi ta pensée est en phase avec ma vision de l'oeuvre. Tu as employé le mot paisible qui est juste aussi, mais pour certains passages seulement.
Cette Barcarolle est en effet complexe à saisir, et techniquement parlant elle n'est pas facile du tout. C'est donc d'autant plus difficile. Il faut que ça mature un peu, certains morceaux mettent des mois avant qu'on arrive à produire un résultat satisfaisant.
J'ai eu le même problème avec Mélancolie de Poulenc, je savais que ce n'était pas ça, je savais ce que je voulais produire, mais j'ai mis beaucoup de temps à trouver le chemin. Cette Mélancolie est moins difficile que la Barcarolle ce qui a sans doute facilité les choses, bien qu'à la différence de la Barcarolle, elle ne tombe pas sous les doigts du tout, et les positions sont quasiment tout le temps inconfortables pour arriver à jouer legato et chantant.
Cette Barcarolle n'est pas une oeuvre brillante, elle n'est pas intime non plus. Elle est dans une zone "neutre", apparemment très simple, c'est pourquoi elle est si difficile à jouer. Mais je suis persuadé que tu vas y arriver, tu as tout pour cela!
PS : en écrivant ces lignes, le mot simple est sorti. Voilà de quoi réfléchir aussi là-dessus...
Cette Barcarolle est en effet complexe à saisir, et techniquement parlant elle n'est pas facile du tout. C'est donc d'autant plus difficile. Il faut que ça mature un peu, certains morceaux mettent des mois avant qu'on arrive à produire un résultat satisfaisant.
J'ai eu le même problème avec Mélancolie de Poulenc, je savais que ce n'était pas ça, je savais ce que je voulais produire, mais j'ai mis beaucoup de temps à trouver le chemin. Cette Mélancolie est moins difficile que la Barcarolle ce qui a sans doute facilité les choses, bien qu'à la différence de la Barcarolle, elle ne tombe pas sous les doigts du tout, et les positions sont quasiment tout le temps inconfortables pour arriver à jouer legato et chantant.
Cette Barcarolle n'est pas une oeuvre brillante, elle n'est pas intime non plus. Elle est dans une zone "neutre", apparemment très simple, c'est pourquoi elle est si difficile à jouer. Mais je suis persuadé que tu vas y arriver, tu as tout pour cela!
PS : en écrivant ces lignes, le mot simple est sorti. Voilà de quoi réfléchir aussi là-dessus...
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Re: Enregistrements Steinway - suite en fin
J ai eu des problèmes de connexion aujourd'hui hui et je n ai pu écouter av l instant que la Rhapsodie espagnole sur une tablette ( d ou les nombreuses erreurs de frappe).
D abord : Quel pianiste !!!!!
C est vraiment parfait pour toi, tu montres que tu as, outre tes dons pianistiques ahurissants, la technique complète qui est nécessaire pour jouer ça. La fin n'est pas mal en fait, mais c'est sur que tu la joueras mieux. Dans la première partie je pense que tu peux faire encore mieux que montrer une virtuosité transcendante, en prenant le temps de mettre en relief certaines choses. Par exemple à la fin de l introduction, faire une courte pause puis changer de son pour le thème P marcato molto, et jouer des 1er temps volontaires et directs puis un 2 eme temps posė et long pour donner une "cambrure" au thème des folies d Espagne. Il y a pas mal d autres endroits ou tu peux réfléchir à mlettre plus en relief certains accents.
J écouterai la Barcarolle demain, et je te dirai peut être l histoire que je m étais racontée dessus quand je la jouais, ça m aidait pas mal à la mettre en scène, mais bien sur on ne peut s aider qu avec une histoire qu on ait créée soi même ....
D abord : Quel pianiste !!!!!
C est vraiment parfait pour toi, tu montres que tu as, outre tes dons pianistiques ahurissants, la technique complète qui est nécessaire pour jouer ça. La fin n'est pas mal en fait, mais c'est sur que tu la joueras mieux. Dans la première partie je pense que tu peux faire encore mieux que montrer une virtuosité transcendante, en prenant le temps de mettre en relief certaines choses. Par exemple à la fin de l introduction, faire une courte pause puis changer de son pour le thème P marcato molto, et jouer des 1er temps volontaires et directs puis un 2 eme temps posė et long pour donner une "cambrure" au thème des folies d Espagne. Il y a pas mal d autres endroits ou tu peux réfléchir à mlettre plus en relief certains accents.
J écouterai la Barcarolle demain, et je te dirai peut être l histoire que je m étais racontée dessus quand je la jouais, ça m aidait pas mal à la mettre en scène, mais bien sur on ne peut s aider qu avec une histoire qu on ait créée soi même ....
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Re: Enregistrements Steinway - suite en fin
Je viens d'écouter toutes tes pièces (il suffit quand on est au fin fond de la France de se lever un dimanche à 6h00 du matin et c'est bon on a le débit), c'est bien sûr impressionnant et magnifique (bien sûr, car on te connait un peu maintenant).
Mais ce qui est décourageant pour moi ce n'est pas tant la dextérité et la facilité apparente de tes interprétations (même si on sent un gros boulot derrière, le résultat est ébouriffant au niveau amateur) qui personnellement ne me font plus trop d'effet, mais c'est le nombre de remarques que tu te fais à toi même concernant la musique, alors qu'en écoute sans attention soutenue on ne détecte pas grand chose quand même, et qu'il faut une écoute assez attentive pour détecter un peu de panique à la fin de Liszt, ou une atmosphère qui pourrait être plus "chopinienne" (dansante ?) chez Chopin, ou quelques endroits un peu en-deçà du reste.
Bon je dois dire que ce ne sont pas non plus des pièces que j'ai parfaitement dans l'oreille, il me faudrait me les (ré-)approprier pour entendre plus de choses.
Si un jour tu ponds un BACH un peu musclé je ne manquerais pas d'écouter avec une grande attention et d'y passer un peu de temps, pour détecter les éventuels défauts d'interprétation.
Désolé de ne pouvoir être plus constructif sur tes pièces postées.
BM
Mais ce qui est décourageant pour moi ce n'est pas tant la dextérité et la facilité apparente de tes interprétations (même si on sent un gros boulot derrière, le résultat est ébouriffant au niveau amateur) qui personnellement ne me font plus trop d'effet, mais c'est le nombre de remarques que tu te fais à toi même concernant la musique, alors qu'en écoute sans attention soutenue on ne détecte pas grand chose quand même, et qu'il faut une écoute assez attentive pour détecter un peu de panique à la fin de Liszt, ou une atmosphère qui pourrait être plus "chopinienne" (dansante ?) chez Chopin, ou quelques endroits un peu en-deçà du reste.
Bon je dois dire que ce ne sont pas non plus des pièces que j'ai parfaitement dans l'oreille, il me faudrait me les (ré-)approprier pour entendre plus de choses.
Si un jour tu ponds un BACH un peu musclé je ne manquerais pas d'écouter avec une grande attention et d'y passer un peu de temps, pour détecter les éventuels défauts d'interprétation.
Désolé de ne pouvoir être plus constructif sur tes pièces postées.
BM
Je ne crains pas le suffrage universel, les gens voteront comme on leur dira.
A. de Tocqueville
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Re: Enregistrements Steinway - suite en fin
Je viens d'écouter Scriabine, que tu joues très bien aussi. Tu peux encore améliorer l'intelligibilité de la partition. La première ligne je pense qu'on devrait se borner à exposer le thème pratiquement sans rubato, en faisant clairement le crescendo sur ré-mi-do en prenant le temps d'aller du mi au do mais sans donner l'impression qu'on attend pour jouer le do ; il faut donner l'impression que c'est un thème riche d'avenir et pas une sorte d'introduction ; à la mesure 37 le do joué par le pouce de la main gauche ne culmine pas assez dans la phrase pour moi (mais c'est peut-être l'enregistrement et youtube réunis) ; mesures 52 et 56 je pense qu'il ne faut pas amollir le rythme (c'est une sonate qui part facilement en déliquescence… il faut "tenir" l'auditeur).
Le prestissimo est très bien, plutôt mieux que bien des enregistrements ! Je pense qu'il ne faut pas le jouer plus vite, sous peine de le rendre rythmiquement incompréhensible. Il y'a quelques endroits où tu peux "conduire" un peu mieux. A la fin, on a le problème bien souligné par Neuhaus, le 5ème doigt de la main droite contre tous les autres ! sur ce que j'entends (mais ce n'est pas évident d'en inférer ce qu'il en est réellement) ça manque encore un peu de son ; regarde comment tu peux mettre plus en relief le do# suraigu de la mesure 145 (peut-être jouer plus le do# du pouce et moins le mi du 2ème doigt) et si on peut aménager la pédale autrement (ça c'est dur à entendre avec le N1, tu vas avoir besoin du Steinway) et si tu peux repartir un poil moins vite mesure 144 pour que ça sonne large d'abord avant de devenir surexcité.
Le prestissimo est très bien, plutôt mieux que bien des enregistrements ! Je pense qu'il ne faut pas le jouer plus vite, sous peine de le rendre rythmiquement incompréhensible. Il y'a quelques endroits où tu peux "conduire" un peu mieux. A la fin, on a le problème bien souligné par Neuhaus, le 5ème doigt de la main droite contre tous les autres ! sur ce que j'entends (mais ce n'est pas évident d'en inférer ce qu'il en est réellement) ça manque encore un peu de son ; regarde comment tu peux mettre plus en relief le do# suraigu de la mesure 145 (peut-être jouer plus le do# du pouce et moins le mi du 2ème doigt) et si on peut aménager la pédale autrement (ça c'est dur à entendre avec le N1, tu vas avoir besoin du Steinway) et si tu peux repartir un poil moins vite mesure 144 pour que ça sonne large d'abord avant de devenir surexcité.
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Re: Enregistrements Steinway - suite en fin
Je viens d'écouter la rhapsodie espagnole : c'est finalement très décourageant pour nous, simples mortels, de se dire qu'il y a des amateurs d'un tel niveau (ou alors tu es un crypto-professionnel. Ca doit être ça ).
En tout cas, même si on sent une légère fatigue à la fin (tenir 13 minutes à ce rythme, c'est d'ailleurs proprement incroyable), comme beaucoup d'autres je ne perçois pas tes propres critiques, par manque de connaissance de l'oeuvre, mais aussi probablement parce qu'elle ne sont pas aussi dramatiques que tu as l'air de le penser.
En résumé, c'est du très beau travail : félicitations . Je vais écouter le reste...
En tout cas, même si on sent une légère fatigue à la fin (tenir 13 minutes à ce rythme, c'est d'ailleurs proprement incroyable), comme beaucoup d'autres je ne perçois pas tes propres critiques, par manque de connaissance de l'oeuvre, mais aussi probablement parce qu'elle ne sont pas aussi dramatiques que tu as l'air de le penser.
En résumé, c'est du très beau travail : félicitations . Je vais écouter le reste...
Re: Enregistrements Steinway - suite en fin
Oui tu décris assez bien l'exercice. J'ai une dizaine de prises de la 1ère ligne de Scriabine car je n'avais pas le son voulu (je l'ai enregistré en premier), puis quand je me suis aperçu à quel point c'était ridicule je me suis apaisé et me suis lancé. J'ai néanmoins trouvé une astuce toute bête, mais assez efficace sur ces aspects psychologiques. Je prépare l'APN dès le début, avant même de toucher au piano, et me dis : "il est là juste au cas où, il est prêt si jamais je veux m'enregistrer, tu n'es pas obligé de t'en servir". Puis je commence tranquillement à travailler devant l'objectif avec l'APN qui reste délibérément allumé, même s'il ne filme pas (c'est ça l'important, il faut savoir qu'il nous regarde, tout est dans la tête). Au début bien sûr il me stresse terriblement, puis au bout de quelques minutes, on s'habitue bizarrement à son oeil de verre, on s'acclimate à sa présence, et les choses sont plus faciles au moment d'appuyer sur REC.mllevinet a écrit :En sachant que s'enregistrer c'est une horreur, le stress... Enfin pour ma part, je suis en sueur pendant les enregistrements, à la moindre fausse note j'ai envie de tout recommencer. C'est pire que tout les enregistrements lol...
Tu sais BM, cette auto-critique ne se forme pas du tout à brûle-pourpoint dès que j'entends les vidéos, à part évidemment l'état dans lequel je suis lorsque je joue, qui n'est pas malheureusement pas quelque chose de prévisible (si seulement c'était le cas ...). C'est plutôt des observations qui sont des formes de réponses à un questionnement pré-existant qui s'est ramifié au cours du travail, des idées, des intentions, des problèmes que j'ai. Donc en fonction de tout ça, il y a des choses auxquelles je pense de manière systématique dès que je m'écoute, en fonction de mon vécu avec les oeuvres. Aussi, même si ce sont tous des morceaux cru 2014 dans mon répertoire (Prokofiev inclus - j'ai commencé la Rhapsodie l'automne dernier, mais elle a reposé 3 bons mois), je les ai dans l'oreille depuis de nombreuses années, donc certaines idées s'étaient quand même formées avant que je m'y mette.
Oui pour Bach (je suis toujours amusé quand tu l'écris en capitales), ça je compte sur toi ! j'ai une relation très houleuse avec ce compositeur, mais je me suis dernièrement accroché à une fugue dont la couleur me plaît beaucoup, et que je veux terminer. C'est une musique qui m'intimide beaucoup plus que tout ce que j'ai l'habitude de jouer. C'est terriblement difficile cette polyphonie, je rame pas mal. En plus, contrairement aux romantiques le résultat reste assez moche jusqu'à que ce soit bien en place, je veux dire, que les différentes voix s'éclairent enfin. Pas vraiment d'encouragements intermédiaires.
Merci JPS pour ces points toujours très utiles. Oui, c'est une bonne idée d'insister sur le côté 2e temps fort du premier thème de la Rhapsodie, ça lui donne une espèce de fierté, ça le rend encore plus caractérisé, typé, régional. Je vais essayer d'intégrer ça.
Pour Scriabine, c'est très bien vu pour le thème. Comme dit plus haut, je suis devenu obsédé par le son, et j'ai attrapé à mon insu ce tic d'attente sur le do# car je prends du temps pour terriblement le timbrer, mais faire ça brise un des motifs clé de l'oeuvre dans son premier énoncé. A corriger donc.
Oui, le do# a plus de son 2 lignes plus loin sous les doubles croches que sous les batteries de quartolets d'accords, je vais faire gaffe.
Je ne compte pas aller plus vite dans le Prestissimo (ça me démange de temps en temps, mais je me retiens sinon ça va faire comme dans la Rhapsodie). Pour le thème aigu à la fin, c'est vrai que Neuhaus cite et utilise ces lignes explicitement (je viens de réaliser qu'il parle de mes 3 morceaux en fait). En lisant, je me suis dit que je n'avais pas besoin de m'y pencher spécialement, mais il se trouve que si (pour ceux qui veulent regarder dans le bouquin, c'est mentionné p82, il dit qu'il y reviendra dans le chapitre sur la technique, je pense qu'il se réfère au paragraphe sur les accords et le 5e doigt p130-131). Je vais commencer par simplement faire plus attention (Neuhaus n'aide pas tant que ça, en relisant), puis tenterais éventuellement cette bonne idée d'utiliser l'octave de do# au détriment du mi#, ça pourrait renforcer le haut indirectement.
J'ai eu il y a 10-15 ans une formation "professionnalisante", qui conditionne pour la vie la manière de travailler. Mon prof disait régulièrement : "dans cette classe, on est tous des professionnels". Mais depuis, j'exerce un métier à des années-lumières de la musique avec des semaines autour de 50h, qui me laisse en moyenne 10h par semaine (souvent moins) pour travailler mon piano. Je pense qu'un professionnel peut difficilement travailler moins de 3-5h/jour, ça me semble le bon rythme. De mon côté, je compense par une réflexion parallèle, j'essaie d'utiliser un maximum de principes directeurs plutôt que des solutions particulières à chaque endroit, je réfléchis beaucoup à ce que je travaille lorsque je suis loin du piano, donc peut-être que je travaille beaucoup plus que 10h/semaine, car ça compte quand même ces réflexions.Jean-Michel Verdier a écrit :ou alors tu es un crypto-professionnel
Et puis pour revenir à la Rhapsodie, j'ai joué énormément de Liszt plus jeune. Je commence à connaître les trucs de ses tours de passe-passe, il n'en a pas non plus une infinité (contrairement à Scriabine, qui ne fait aucun tour, et camoufle plutôt la difficulté).
Jean-Luc, j'ai écouté quelques versions de la Barcarolle. Je voulais savoir comment tu situais celle-ci par rapport à ta vision de l'oeuvre (en te forçant si possible à négliger l'identité du pianiste). Ca me semble très sobre et de goût excellent, le balancement est comme je rêve de le réaliser. Mais je ne trouve pas non plus qu'il prenne tout son temps (il le prend bien sur plus que moi), j'ai du mal à trouver ça "tranquille", par rapport à Zimermann par exemple où on est un peu plus dans la contemplation (c'est merveilleusement fait).
JPS, maintenant que tu en as parlé, je pense que je ne suis plus le seul à désirer connaître ton histoire de la Barcarolle
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Re: Enregistrements Steinway - suite en fin
Oui je me doute que ce n'est pas d'un coup que te viennent ces remarques, à la première écoute de ton enregistrement. Je le vois aussi pour ma part quand je travaille un morceau, nombre de problèmes se dévoilent au fur et à mesure et se résolvent ou pas en avançant, par rapport à l'idée du morceau et ce qu'on veut dire, ou ce qu'on découvre en avançant, et par rapport à ses défauts qu'on connait si on s'est donné la peine de chercher à les découvrir.Okay a écrit :Tu sais BM, cette auto-critique ne se forme pas du tout à brûle-pourpoint dès que j'entends les vidéos, à part évidemment l'état dans lequel je suis lorsque je joue, qui n'est pas malheureusement pas quelque chose de prévisible (si seulement c'était le cas ...). C'est plutôt des observations qui sont des formes de réponses à un questionnement pré-existant qui s'est ramifié au cours du travail, des idées, des intentions, des problèmes que j'ai. Donc en fonction de tout ça, il y a des choses auxquelles je pense de manière systématique dès que je m'écoute, en fonction de mon vécu avec les oeuvres. Aussi, même si ce sont tous des morceaux cru 2014 dans mon répertoire (Prokofiev inclus - j'ai commencé la Rhapsodie l'automne dernier, mais elle a reposé 3 bons mois), je les ai dans l'oreille depuis de nombreuses années, donc certaines idées s'étaient quand même formées avant que je m'y mette.
Mais pour moi je pense qu'un très grand nombre de ce que je vois quand je mets mon interprétation en ligne s'entend distinctement par n'importe quel pianiste amateur avec quelques années de travail de l'instrument, alors que pour toi c'est nettement plus subtil (ce qui est normal) et d'un niveau tellement fin qu'il faut vraiment une grosse écoute et beaucoup d'attention quand on n'a pas joué le morceau.
Par moment je me dis, même si ce n'est pas politiquement correct, qu'il y a un peut-être un seuil, en-dessous on fait du piano, au-dessus on fait de la musique (on peut d'ailleurs être assez rapidement dans la seconde catégorie sur des pièces pas trop compliquées). Si c'est le cas, Je suis clairement dans la première catégorie, et toi clairement dans la seconde.
Oui c'est un intérêt de BACH (ou Bach..) c'est que c'est très riche et très précis, tout doit être calé pour que ça soit écoutable, les à-peu-près sautent facilement aux oreilles je trouve (ou alors c'est parce que je suis plus sensible à sa musique ?)Okay a écrit :Oui pour Bach (je suis toujours amusé quand tu l'écris en capitales), ça je compte sur toi ! j'ai une relation très houleuse avec ce compositeur, mais je me suis dernièrement accroché à une fugue dont la couleur me plaît beaucoup, et que je veux terminer. C'est une musique qui m'intimide beaucoup plus que tout ce que j'ai l'habitude de jouer. C'est terriblement difficile cette polyphonie, je rame pas mal. En plus, contrairement aux romantiques le résultat reste assez moche jusqu'à que ce soit bien en place, je veux dire, que les différentes voix s'éclairent enfin. Pas vraiment d'encouragements intermédiaires.
Pour l’anecdote et puisque c'est une coïncidence qui est en rapport avec ce sujet, sur la pièce que je travaille en ce moment depuis septembre (j'ai beaucoup de mal, elle est très au-dessus de mon niveau), j'ai découvert il y a 3 jours une manière de jouer et d'entendre une voix sur 3 notes, que je n'avais pas encore perçu !! Sur le coup j'ai eu l'impression que mes mains ne m'appartenaient plus, que la musique les attirait vers le clavier pour que ces 3 notes ressortent comme elles le devaient ; j'en suis resté sur le flanc, très curieuse sensation, qui n'a duré que quelques instants, avant de disparaître et me laisser seul devant les touches du clavier.
Bon et bien on verra quand tu posteras une pièce du KANTOR (ou Kantor...)
BM
NB : ça ne te gêne pas les couic-couic de la banquette ?
Je ne crains pas le suffrage universel, les gens voteront comme on leur dira.
A. de Tocqueville
A. de Tocqueville