Fausse facilité
Fausse facilité
Désolé, je ne cherche pas à parodier l'autre topic (que son auteur me pardonne ), mais le hasard le plus absolu fait que je ressens en ce moment le besoin d'aborder ce sujet.
J'utilise un recueil de petits préludes de Bach pour m'exercer au déchiffrage. A priori, les pièces sont assez faciles, donc c'est adapté. Mais la musique de Bach étant ce qu'elle est, je me suis pris d'intérêt pour ce recueil jusqu'à étudier sérieusement ces pièces après les avoir déchiffrées, histoire de pouvoir les jouer vraiment. Bien entendu, l'idée est d'y passer très peu de temps, mais d'en faire un prélude à mon programme "sérieux". Je me suis dit, elles seront vite terminées, puisqu'elles sont faciles.
Oui, mais... non, en fait. Elles ne sont pas si faciles (en tout cas pour un pianiste de niveau moyen comme moi). Et donc j'y passe beaucoup de temps. Notamment, l'une de ces pièces qui semblait pourtant ultra fastoche - du moins c'est l'impression que j'en avais en la déchiffrant - me donne beaucoup de fil à retordre (je veux dire : pour la jouer à un tempo intéressant, bien entendu). Si bien que je suis en train de me demander si je ne serais pas très nul, en fait.
Est-ce que vous aussi, il vous arrive de buter sur des morceaux "faciles", ou des passages qui ont l'air faciles, et qui pourtant ne marchent pas tout seul. Vous avez beau les relire de jour en jour : non, ça ne rentre pas. Et à un moment donné, il faut se coller à une étude très appliquée (avec beaucoup de concentration) pour enfin en venir à bout (chose que je croyais éviter avec les petits préludes).
Et c'est souvent pour des histoires de doigtés pas du tout naturels. D'ailleurs, j'ai remarqué que chez Bach, on tombe souvent sur des formules alambiquées qui exigent des doigtés compliqués. Je ne sais plus qui, ici, a dit un jour que Bach ne présentait aucune difficulté technique : soit il n'en a jamais joué, soit il est très fort, soit c'est moi qui suis d'un très faible niveau.
Est-ce que mon interrogation rencontre quelque écho chez certains ? Rassurez-moi.
J'utilise un recueil de petits préludes de Bach pour m'exercer au déchiffrage. A priori, les pièces sont assez faciles, donc c'est adapté. Mais la musique de Bach étant ce qu'elle est, je me suis pris d'intérêt pour ce recueil jusqu'à étudier sérieusement ces pièces après les avoir déchiffrées, histoire de pouvoir les jouer vraiment. Bien entendu, l'idée est d'y passer très peu de temps, mais d'en faire un prélude à mon programme "sérieux". Je me suis dit, elles seront vite terminées, puisqu'elles sont faciles.
Oui, mais... non, en fait. Elles ne sont pas si faciles (en tout cas pour un pianiste de niveau moyen comme moi). Et donc j'y passe beaucoup de temps. Notamment, l'une de ces pièces qui semblait pourtant ultra fastoche - du moins c'est l'impression que j'en avais en la déchiffrant - me donne beaucoup de fil à retordre (je veux dire : pour la jouer à un tempo intéressant, bien entendu). Si bien que je suis en train de me demander si je ne serais pas très nul, en fait.
Est-ce que vous aussi, il vous arrive de buter sur des morceaux "faciles", ou des passages qui ont l'air faciles, et qui pourtant ne marchent pas tout seul. Vous avez beau les relire de jour en jour : non, ça ne rentre pas. Et à un moment donné, il faut se coller à une étude très appliquée (avec beaucoup de concentration) pour enfin en venir à bout (chose que je croyais éviter avec les petits préludes).
Et c'est souvent pour des histoires de doigtés pas du tout naturels. D'ailleurs, j'ai remarqué que chez Bach, on tombe souvent sur des formules alambiquées qui exigent des doigtés compliqués. Je ne sais plus qui, ici, a dit un jour que Bach ne présentait aucune difficulté technique : soit il n'en a jamais joué, soit il est très fort, soit c'est moi qui suis d'un très faible niveau.
Est-ce que mon interrogation rencontre quelque écho chez certains ? Rassurez-moi.
Modifié en dernier par Durtal le lun. 15 avr., 2024 15:26, modifié 1 fois.
Re: Fausse facilité
Oui. J'ai plusieurs fois réussi à bluffer mon monde en jouant des passages ardus de manière potable, et j'ai pu me croire bon suite à ça et aux quelques compliments reçus, sauf que quand il s'est agi (et s'agit toujours) de jouer correctement des passages "faciles" (par exemple jouer de manière égale un arpège lent, par exemple en maintenant une nuance pp tout le long sans faire de faux accent), hé bien on commence à comprendre qu'en fait aucune pièce n'est facile
Chopin - Rachmaninoff. Répéter.
Re: Fausse facilité
On devrait toujours travailler de façon très appliquée/concentrée, quelle que soit la difficulté du travail en question. Pas par dogmatisme mais parce que c'est comme ça que fonctionne le cerveau, ça ne sert pas à grand chose d'enchaîner 20 minutes de gamme en regardant Netflix, mieux vaut n'en jouer que cinq minutes en étant pleinement à ce qu'on fait. Et c'est compliqué de bien jouer un truc simple souvent parce que le moindre accroc s'entend beaucoup plus que si il est caché au milieu d'un trait rapide ou noyé dans une harmonie très riche
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Re: Fausse facilité
Bach n'est pas facile. Il est intéressant à déchiffrer mais après il est important de maîtriser les doigtés et il est conseillé d'avoir les 2 mains indépendantes et en plus il faut se familiariser avec les harmoniques. Donc après déchiffrage il faut travailler le morceau car cela permet de maîtriser tout cela. Mais déchiffrer du Bach est un très bon exercice car cela aide à mon avis à déchiffrer d'autres compositeurs. Il faut savoir que le clavier bien tempéré est une série d'exercices. Certains pianistes jouent les 48 préludes et fugues entièrement en guise d'échauffement avant d'attaquer leur programme de travail.
Travailler Bach exige malgré tout beaucoup de temps pour le maîtriser parfaitement. Donc il n'y a aucun complexe à avoir si l'on est hésitant. Il faut persévérer mais après ce n'est que du plaisir surtout si après on passe à l'orgue. Mais c' est une autre histoire.
Salutations musicales.
Travailler Bach exige malgré tout beaucoup de temps pour le maîtriser parfaitement. Donc il n'y a aucun complexe à avoir si l'on est hésitant. Il faut persévérer mais après ce n'est que du plaisir surtout si après on passe à l'orgue. Mais c' est une autre histoire.
Salutations musicales.
Re: Fausse facilité
Alors en ce qui concerne Bach: il a composé la majorité de ses oeuvres pour clavier à l'époque où le clavecin était très populaire.
Je ne sais pas si tu as déjà joué sur un clavecin mais j'en ai déjà eu l'occasion; beaucoup de choses s'expliquent, en particulier les doigtés qui, au piano, sont beaucoup plus difficiles (pour plusieurs raisons: non seulement la largeur des touches mais en plus le fait qu'il soit très difficile de jouer "égal" au niveau de la sonorité; ce qui n'est pas un problème au clavecin).
Je ne sais pas si tu as déjà joué sur un clavecin mais j'en ai déjà eu l'occasion; beaucoup de choses s'expliquent, en particulier les doigtés qui, au piano, sont beaucoup plus difficiles (pour plusieurs raisons: non seulement la largeur des touches mais en plus le fait qu'il soit très difficile de jouer "égal" au niveau de la sonorité; ce qui n'est pas un problème au clavecin).
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Re: Fausse facilité
+ 1, tout a fait d'accord, toutes les pièces de Bach sont exigeantes pour le cerveau et les doigts. J'ai toujours eu tendance à penser que celui qui sait jouer les 48 Préludes et Fugues du Clavier peut potentiellement jouer n'importe quelle oeuvre du répertoire.Solfège a écrit : ↑lun. 15 avr., 2024 17:15 Bach n'est pas facile. Il est intéressant à déchiffrer mais après il est important de maîtriser les doigtés et il est conseillé d'avoir les 2 mains indépendantes et en plus il faut se familiariser avec les harmoniques. Donc après déchiffrage il faut travailler le morceau car cela permet de maîtriser tout cela. Mais déchiffrer du Bach est un très bon exercice car cela aide à mon avis à déchiffrer d'autres compositeurs. Il faut savoir que le clavier bien tempéré est une série d'exercices. Certains pianistes jouent les 48 préludes et fugues entièrement en guise d'échauffement avant d'attaquer leur programme de travail.
Travailler Bach exige malgré tout beaucoup de temps pour le maîtriser parfaitement. Donc il n'y a aucun complexe à avoir si l'on est hésitant. Il faut persévérer mais après ce n'est que du plaisir surtout si après on passe à l'orgue. Mais c' est une autre histoire.
Salutations musicales.
C'est sympa de parler mais jouons maintenant...
http://www.youtube.com/user/andante5133
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Re: Fausse facilité
Bach sollicite aussi bien la MG que la MD, ce qui n’est pas forcément le cas des autres compositeurs (Beethoven est assez exigeant sur ce plan également).
Ensuite, mémoriser une fugue demande beaucoup de discipline et d’effort.
Ceux qui disaient que G Gould ne jouait que du Bach parce que c’est plus facile me font bien rire :
-Jouer Bach comme Gould exige une virtuosité exceptionnelle (précision, clarté, sonorité).
-Il suffit d’écouter Gould dans d’autres répertoires pour être convaincu de sa maîtrise de l’instrument (transcriptions de Wagner, symphonies de Beethoven transcrites par Liszt, 3ieme sonate de Chopin,…).
Ensuite, mémoriser une fugue demande beaucoup de discipline et d’effort.
Ceux qui disaient que G Gould ne jouait que du Bach parce que c’est plus facile me font bien rire :
-Jouer Bach comme Gould exige une virtuosité exceptionnelle (précision, clarté, sonorité).
-Il suffit d’écouter Gould dans d’autres répertoires pour être convaincu de sa maîtrise de l’instrument (transcriptions de Wagner, symphonies de Beethoven transcrites par Liszt, 3ieme sonate de Chopin,…).
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Re: Fausse facilité
Je crois que faire rire est bien le but de cette boutade...
Je serais plutôt d'avis qu'il a été plus attiré par ces constructions intellectuelles que par la sensualité romantique. Simple question d'affinité...
C'est peut-être aussi une solution de facilité pour se démarquer des autres interprètes...
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Re: Fausse facilité
Il faut préciser que ceux qui arrivent à jouer les 48 préludes et fugues d'un coup sont des pianistes d'un certain niveau.. C'est vrai que celui qui maîtrise parfaitement le clavier bien tempéré peut tout jouer mais il ne faut pas oublier le répertoire d'orgue de Bach qui est lui aussi très exigeant notamment au niveau de la technique du pédalier et de l'indépendance totale des mains et des pieds.Par contre chez bach il n'y a aucune indication de doigtés autant pour le piano que pour l'orgue ce qui rend le travail un peu plus délicat. Seules quelques éditions les rajoutent. Il n'y a également aucune nuance indiquée et c'est au libre choix de celui qui interprété. De même que pour l'orgue il n'y a aucune indication sur les jeux à utiliser. C' était une volonté de Bach qui estimait que l'interprétation restait au libre choix de l'organiste. Et là encore ce n'est pas toujours évident de faire les bons choix et cela nécessite un certain travail en fonction de l'orgue utilisé mais ce n'est pas fastidieux car cela permet de maîtriser les jeux dans n'importe quelle circonstance.
Donc rien n'est facile. Seule l'expérience le travail la persévérance et la passion permettront d'accéder à une certaine facilité d'appréhender les choses.
Salutations musicales.
Donc rien n'est facile. Seule l'expérience le travail la persévérance et la passion permettront d'accéder à une certaine facilité d'appréhender les choses.
Salutations musicales.
Re: Fausse facilité
Ça, je pense qu'on ne saura jamais qu'elle était l'intention réelle de Bach, à moins que vous ayez des informations que moi je n'ai pas : soit il s'agissait d'un choix délibéré de laisser à l'organiste toute liberté quant au choix des registrations, soit le caractère intrinsèque de chaque œuvre déterminait le type de registration à utiliser, choix probablement conforme aux us et coutumes de l'époque.Solfège a écrit : ↑lun. 15 avr., 2024 23:09 Il n'y a également aucune nuance indiquée et c'est au libre choix de celui qui interprété. De même que pour l'orgue il n'y a aucune indication sur les jeux à utiliser. C' était une volonté de Bach qui estimait que l'interprétation restait au libre choix de l'organiste.
Salutations musicales.
C'est d'ailleurs cette dernière option que les "baroqueux" (désolé pour ce terme qui peut apparaître comme un peu péjoratif) ont peut-être abusivement appliqué à la lettre au risque de rejeter - quelquefois violemment - tout ce qui ne correspondait pas à cette vision présupposée authentique.
En somme, il faut comme vous le dites, s'adapter à l'instrument qu'on a entre les mains (et les pieds) pour servir l'œuvre au mieux, en évitant de reproduire à tout prix des canons interprétatifs d'un autre âge que nous ont de toute façon complètement échappé.
Rares sont les œuvres d'orgue de Bach en effet où le compositeur précise des registrations; je pense notamment à un choral "Eine feste Burg ist unser Gott" (je ne sais plus lequel exactement) où Bach demande une ranquette ou une régale de 16' pour le thème du choral.
Re: Fausse facilité
J'ai rarement joué sur un clavecin, mais instinctivement, je redouterais justement l'étroitesse des touches et la sensibilité du mécanisme. Est-ce que cela ne représenterait pas une autre difficulté ?Angelique a écrit : ↑lun. 15 avr., 2024 17:24 Alors en ce qui concerne Bach: il a composé la majorité de ses oeuvres pour clavier à l'époque où le clavecin était très populaire.
Je ne sais pas si tu as déjà joué sur un clavecin mais j'en ai déjà eu l'occasion; beaucoup de choses s'expliquent, en particulier les doigtés qui, au piano, sont beaucoup plus difficiles (pour plusieurs raisons: non seulement la largeur des touches mais en plus le fait qu'il soit très difficile de jouer "égal" au niveau de la sonorité; ce qui n'est pas un problème au clavecin).
Re: Fausse facilité
Il faudrait voir quel est l'usage de l'époque. L'indication des registrations était une habitude bien ancrée en France, peut-être parce que c'était un répertoire d'église, et plus exactement de messe, où l'orgue alternait avec la schola, ce qui exigeait peut-être un certain canevas. Mais Bach compose dans un contexte luthérien avec des impératifs très différents. Il faudrait voir, par exemple chez Buxtehude, si l'indication des jeux se faisait ou non.Solfège a écrit : ↑lun. 15 avr., 2024 23:09 Il faut préciser que ceux qui arrivent à jouer les 48 préludes et fugues d'un coup sont des pianistes d'un certain niveau.. C'est vrai que celui qui maîtrise parfaitement le clavier bien tempéré peut tout jouer mais il ne faut pas oublier le répertoire d'orgue de Bach qui est lui aussi très exigeant notamment au niveau de la technique du pédalier et de l'indépendance totale des mains et des pieds.Par contre chez bach il n'y a aucune indication de doigtés autant pour le piano que pour l'orgue ce qui rend le travail un peu plus délicat. Seules quelques éditions les rajoutent. Il n'y a également aucune nuance indiquée et c'est au libre choix de celui qui interprété. De même que pour l'orgue il n'y a aucune indication sur les jeux à utiliser. C' était une volonté de Bach qui estimait que l'interprétation restait au libre choix de l'organiste. Et là encore ce n'est pas toujours évident de faire les bons choix et cela nécessite un certain travail en fonction de l'orgue utilisé mais ce n'est pas fastidieux car cela permet de maîtriser les jeux dans n'importe quelle circonstance.
Donc rien n'est facile. Seule l'expérience le travail la persévérance et la passion permettront d'accéder à une certaine facilité d'appréhender les choses.
Salutations musicales.
Pour l'indication des nuances, il me semble que ça commence réellement dans la seconde moitié du XVIIIe s.
En tout cas, concernant Bach, on peut aller voir les sources manuscrites dans la base numérique Bach Digital. Concernant mon prélude, la source faisant foi semble être une copie de Kittel, un élève de Bach (et compositeur) :
https://www.bach-digital.de/receive/Bac ... e_00001916
Manuscrit intitulé partiellement en français :
Six préludes (für Anfänger auf dem Klavier [si je lis bien, donc "Pour les débutants au clavier"]) par J.S. Bach.
Conservé à la Bibliothèque d'État de Berlin, sous la cote Mus Ms Bach P-885.
Chaque prélude est titré "Praeludium" et numéroté.
Aucune nuance, mais indication des ornements.
Les autres sources connues sont plus tardives :
https://www.bach-digital.de/servlets/so ... rigrows=25
Je crois que l'attribution est d'ailleurs discutée.
En tout cas, les débutants avaient déjà une bonne maîtrise du clavier à cette époque.
Le répertoire d'orgue est redoutable. J'ai été organiste moi-même (fin d'études en conservatoire). Les sonates en trio sont magnifiques. En revanche, il faut disposer d'un sens de l'équilibre corporel pour pouvoir les jouer.
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Re: Fausse facilité
J'ai eu cette information sur un livre sur bach dont l'auteur est Roland de Candé. Je suppose qu'il doit être suffisamment documenté pour pouvoir écrire cela. D'ailleurs je vous recommande ce livre car il est très intéressant. Il est aux éditions du seuil.Dufay a écrit : ↑mar. 16 avr., 2024 1:02Ça, je pense qu'on ne saura jamais qu'elle était l'intention réelle de Bach, à moins que vous ayez des informations que moi je n'ai pas : soit il s'agissait d'un choix délibéré de laisser à l'organiste toute liberté quant au choix des registrations, soit le caractère intrinsèque de chaque œuvre déterminait le type de registration à utiliser, choix probablement conforme aux us et coutumes de l'époque.Solfège a écrit : ↑lun. 15 avr., 2024 23:09 Il n'y a également aucune nuance indiquée et c'est au libre choix de celui qui interprété. De même que pour l'orgue il n'y a aucune indication sur les jeux à utiliser. C' était une volonté de Bach qui estimait que l'interprétation restait au libre choix de l'organiste.
Salutations musicales.
C'est d'ailleurs cette dernière option que les "baroqueux" (désolé pour ce terme qui peut apparaître comme un peu péjoratif) ont peut-être abusivement appliqué à la lettre au risque de rejeter - quelquefois violemment - tout ce qui ne correspondait pas à cette vision présupposée authentique.
En somme, il faut comme vous le dites, s'adapter à l'instrument qu'on a entre les mains (et les pieds) pour servir l'œuvre au mieux, en évitant de reproduire à tout prix des canons interprétatifs d'un autre âge que nous ont de toute façon complètement échappé.
Rares sont les œuvres d'orgue de Bach en effet où le compositeur précise des registrations; je pense notamment à un choral "Eine feste Burg ist unser Gott" (je ne sais plus lequel exactement) où Bach demande une ranquette ou une régale de 16' pour le thème du choral.
Par contre il y a les œuvres complètes pour orgue qui ont été annotée et doigtées par Marcel Dupré. Les indications des jeux ne sont pas toujours heureuses à mon goût.
Par contre tous les compositeurs de l'époque baroque indiquaient les registrations bien que certaines soient données différemment selon les éditions.
De toute façon selon les registrations disponibles sur les différents orgues on est plus ou moins obligé de faire notre salade. D'où la nécessité de bien connaître les tenants et les aboutissants de chaque jeu.
Mais l'orgue est quand même un instrument exigeant mais passionnant. Il y'a toujours quelque chose à découvrir ou à créer.
Salutations musicales.
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Re: Fausse facilité
Il est vrai que bach en tant que luthérienne composait essentiellement pour une assemblée et c'était plutôt il me semble sous la forme du choral.Durtal a écrit : ↑mar. 16 avr., 2024 13:00Il faudrait voir quel est l'usage de l'époque. L'indication des registrations était une habitude bien ancrée en France, peut-être parce que c'était un répertoire d'église, et plus exactement de messe, où l'orgue alternait avec la schola, ce qui exigeait peut-être un certain canevas. Mais Bach compose dans un contexte luthérien avec des impératifs très différents. Il faudrait voir, par exemple chez Buxtehude, si l'indication des jeux se faisait ou non.Solfège a écrit : ↑lun. 15 avr., 2024 23:09 Il faut préciser que ceux qui arrivent à jouer les 48 préludes et fugues d'un coup sont des pianistes d'un certain niveau.. C'est vrai que celui qui maîtrise parfaitement le clavier bien tempéré peut tout jouer mais il ne faut pas oublier le répertoire d'orgue de Bach qui est lui aussi très exigeant notamment au niveau de la technique du pédalier et de l'indépendance totale des mains et des pieds.Par contre chez bach il n'y a aucune indication de doigtés autant pour le piano que pour l'orgue ce qui rend le travail un peu plus délicat. Seules quelques éditions les rajoutent. Il n'y a également aucune nuance indiquée et c'est au libre choix de celui qui interprété. De même que pour l'orgue il n'y a aucune indication sur les jeux à utiliser. C' était une volonté de Bach qui estimait que l'interprétation restait au libre choix de l'organiste. Et là encore ce n'est pas toujours évident de faire les bons choix et cela nécessite un certain travail en fonction de l'orgue utilisé mais ce n'est pas fastidieux car cela permet de maîtriser les jeux dans n'importe quelle circonstance.
Donc rien n'est facile. Seule l'expérience le travail la persévérance et la passion permettront d'accéder à une certaine facilité d'appréhender les choses.
Salutations musicales.
Pour l'indication des nuances, il me semble que ça commence réellement dans la seconde moitié du XVIIIe s.
En tout cas, concernant Bach, on peut aller voir les sources manuscrites dans la base numérique Bach Digital. Concernant mon prélude, la source faisant foi semble être une copie de Kittel, un élève de Bach (et compositeur) :
https://www.bach-digital.de/receive/Bac ... e_00001916
Manuscrit intitulé partiellement en français :
Six préludes (für Anfänger auf dem Klavier [si je lis bien, donc "Pour les débutants au clavier"]) par J.S. Bach.
Conservé à la Bibliothèque d'État de Berlin, sous la cote Mus Ms Bach P-885.
Chaque prélude est titré "Praeludium" et numéroté.
Aucune nuance, mais indication des ornements.
Les autres sources connues sont plus tardives :
https://www.bach-digital.de/servlets/so ... rigrows=25
Je crois que l'attribution est d'ailleurs discutée.
En tout cas, les débutants avaient déjà une bonne maîtrise du clavier à cette époque.
Le répertoire d'orgue est redoutable. J'ai été organiste moi-même (fin d'études en conservatoire). Les sonates en trio sont magnifiques. En revanche, il faut disposer d'un sens de l'équilibre corporel pour pouvoir les jouer.
Frescobaldi couperont de grigny ou corrette ont ecrit des messes en alternance avec la schola. Effectivement on sait que pour accompagner des messes de la psalmodie pour les offices on doit utiliser différentes registrations de même pour les différents temps liturgiques.Il est donc important de bien connaître l'orgue et les registrations possibles.
Je suis d'accord avec vous sur le fait que le répertoire d'orgue est redoutable.
Je ne me suis pas encore attaqué aux sonates en trio. J'ai encore quelques progrès à faire.
Salutations musicales.
Re: Fausse facilité
J'ai effectivement entendu parler du livre de Candé sur Bach, paraît-il, contreversé car contenant un certain nombre d'inexactitudes. L'ouvrage de référence sur Bach serait plutôt celui d'Alberto Basso (ed. Fayard, 1984).Solfège a écrit : ↑mar. 16 avr., 2024 17:47
J'ai eu cette information sur un livre sur bach dont l'auteur est Roland de Candé. Je suppose qu'il doit être suffisamment documenté pour pouvoir écrire cela. D'ailleurs je vous recommande ce livre car il est très intéressant. Il est aux éditions du seuil.
Par contre il y a les œuvres complètes pour orgue qui ont été annotée et doigtées par Marcel Dupré. Les indications des jeux ne sont pas toujours heureuses à mon goût... on est plus ou moins obligé de faire notre salade. D'où la nécessité de bien connaître les tenants et les aboutissants de chaque jeu.
Les registrations de Dupré sont effectivement sommaires! En revanche, j'aimais bien les éditions Bornemann avec ses doigtés qui rendaient quand-même bien service, notamment quand on débute l'orgue. Après c'était l'école Dupré, avec les règles du legato absolu un peu hors de propos aujourd'hui.
De toute façon, pour les registrations, tout dépend de l'esthétique de l'orgue qu'on a entre les mains; il serait évidemment absurde de "plaquer" des registrations "baroques" sur un instrument romantique ou moderne, au risque de se planter complètement, d'un point de vue stylistique s'entend.
Re: Fausse facilité
Moi aussi ! Tu joues quels petits préludes ?Durtal a écrit : ↑lun. 15 avr., 2024 15:12 J'utilise un recueil de petits préludes de Bach pour m'exercer au déchiffrage. A priori, les pièces sont assez faciles, donc c'est adapté. Mais la musique de Bach étant ce qu'elle est, je me suis pris d'intérêt pour ce recueil jusqu'à étudier sérieusement ces pièces après les avoir déchiffrées, histoire de pouvoir les jouer vraiment.
Typiquement, Mozart 545, les gammes à la main gauche en doubles croches qu'il faut lisser complètement dans le premier mouvement. Dans le finale, tout le milieu et la péroraison carrément virtuose. Cette sonate sous-titrée "simplice" en italien, a un caractère galant, enfantin, mais la technique pour l'atteindre est largement intermédiaire - catégorie floue et large mais qui exclue les premières années, associées à l'enfance.Est-ce que vous aussi, il vous arrive de buter sur des morceaux "faciles", ou des passages qui ont l'air faciles, et qui pourtant ne marchent pas tout seul. Vous avez beau les relire de jour en jour : non, ça ne rentre pas. Et à un moment donné, il faut se coller à une étude très appliquée (avec beaucoup de concentration) pour enfin en venir à bout (chose que je croyais éviter avec les petits préludes).
Re: Fausse facilité
J'étudie le Klavierbüchlein de Wilhelm Friedrich dans l'édition Henle (la composition réelle de ce recueil est inconnue, je crois, et chaque éditeur en propose une reconstitution) et les 6 préludes "pour débutant".baldr a écrit : ↑mar. 16 avr., 2024 22:52Moi aussi ! Tu joues quels petits préludes ?Durtal a écrit : ↑lun. 15 avr., 2024 15:12 J'utilise un recueil de petits préludes de Bach pour m'exercer au déchiffrage. A priori, les pièces sont assez faciles, donc c'est adapté. Mais la musique de Bach étant ce qu'elle est, je me suis pris d'intérêt pour ce recueil jusqu'à étudier sérieusement ces pièces après les avoir déchiffrées, histoire de pouvoir les jouer vraiment.Typiquement, Mozart 545, les gammes à la main gauche en doubles croches qu'il faut lisser complètement dans le premier mouvement. Dans le finale, tout le milieu et la péroraison carrément virtuose. Cette sonate sous-titrée "simplice" en italien, a un caractère galant, enfantin, mais la technique pour l'atteindre est largement intermédiaire - catégorie floue et large mais qui exclue les premières années, associées à l'enfance.Est-ce que vous aussi, il vous arrive de buter sur des morceaux "faciles", ou des passages qui ont l'air faciles, et qui pourtant ne marchent pas tout seul. Vous avez beau les relire de jour en jour : non, ça ne rentre pas. Et à un moment donné, il faut se coller à une étude très appliquée (avec beaucoup de concentration) pour enfin en venir à bout (chose que je croyais éviter avec les petits préludes).
Très joli répertoire, je trouve.
Je veux bien croire que la simplicité mozartienne soit difficile d'accès !
Re: Fausse facilité
Ahah alors pour moi c'était l'inverse, j'ai de toutes petites mains du coup ça me convenait davantage. J'avais même demandé à ma prof si je pouvais prendre clavecin comme 2e instrument il y a très longtemps; elle avait refusé car elle voyait le risque que ça affecte mon jeu au piano.Durtal a écrit : ↑mar. 16 avr., 2024 12:35J'ai rarement joué sur un clavecin, mais instinctivement, je redouterais justement l'étroitesse des touches et la sensibilité du mécanisme. Est-ce que cela ne représenterait pas une autre difficulté ?Angelique a écrit : ↑lun. 15 avr., 2024 17:24 Alors en ce qui concerne Bach: il a composé la majorité de ses oeuvres pour clavier à l'époque où le clavecin était très populaire.
Je ne sais pas si tu as déjà joué sur un clavecin mais j'en ai déjà eu l'occasion; beaucoup de choses s'expliquent, en particulier les doigtés qui, au piano, sont beaucoup plus difficiles (pour plusieurs raisons: non seulement la largeur des touches mais en plus le fait qu'il soit très difficile de jouer "égal" au niveau de la sonorité; ce qui n'est pas un problème au clavecin).
Mais n'ayant pas de grandes mains (et des doigts très fins), je ne peux pas trop répondre à ta question.
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Re: Fausse facilité
C'est certain qu'il y a une différence entre le piano et le clavecin au niveau du toucher et de la façon de jouer. Mais au vu de votre niveau sur les vidéos vous avez un très bon niveau qui peut vous permettre de jouer sur un clavecin. Il suffit de continuer à travailler sur le piano régulièrement et apprivoiser le clavier du clavecin. Au bout d'un certain temps vous pourrez passer d'un à l'autre sans problème.Angelique a écrit : ↑mer. 17 avr., 2024 10:11Ahah alors pour moi c'était l'inverse, j'ai de toutes petites mains du coup ça me convenait davantage. J'avais même demandé à ma prof si je pouvais prendre clavecin comme 2e instrument il y a très longtemps; elle avait refusé car elle voyait le risque que ça affecte mon jeu au piano.
Mais n'ayant pas de grandes mains (et des doigts très fins), je ne peux pas trop répondre à ta question.
Personnellement j'ai eu un nu1 de yamaha et actuellement un kawai nv5s ainsi qu'un orgue johannus et étant organiste en paroisse je joue sur des orgues à tuyaux avec des claviers à l'ancienne. Je me suis bien adapté et j'arrive à passer d'un clavier à l'autre sans problème. Et nous sommes pas mal dans ce cas. Mon prof d'orgue était également prof de piano et il avait des premiers prix de conservatoire autant avec l'un qu'avec l'autre.
Donc si vous avez vraiment l'occasion d'avoir un clavecin n'hésitez pas. Car ce sont encore des fabrications artisanales pour la plupart. Comme les orgues à tuyaux d'ailleurs. C'est un autre monde tout aussi intéressant que le piano. Et la grandeur des mains importe peu.
Vous n'êtes pas obligé de le dire à votre professeur et s'il s'en aperçoit vous pourrez toujours lui dire que c'est votre choix.
Pour ce qui me concerne je suis très content de jouer des deux et je ne regrette rien. En plus cela permet de découvrir des compositeurs et un répertoire différents.
Salutations musicales.