La folle journée de Nantes chapitre 1

[sylvie piano]

J'aimerais tellement tenter de vous conter par page ces folles journées . Les miennes puisqu'il va de soi qu'un tel événement peut être appréhender de mille manières. A chacun sa folle journée!
Les professionnels, les amateurs, les rigoureux, les passionnés, les curieux, les "première fois, premier concert classique", les jeunes , les moins jeunes....
Ce sont les artistes, la conception elle-même de ce festival et surtout le public particulier qui créent cette extraordinaire énergie.
(Je laisserai de côté les alléas légers et ne parlerai pas des deux ou trois déceptions vite oubliées...)
Le concept déjà, cette année une dizaine de salles dont trois un peu extérieures au palais des congrès ( à 100m). En même temps, du matin au soir tardif, des concerts de toutes sortes, ceci pendant cinq jours. Dans le centre du palais, en libre écoute des ensembles se succèdent , locaux ou artistes de la folle journée. Des conférences gratuites s'égrènent dans des petites salles. Ainsi chacun peut concocter son menu. Pour moi c'est "menu gastronomique"....Les cinq jours ,( 25 concerts) avec mes adaptations personnelles: pas de concerts le matin ,( les musiciens sont rarement au top le matin...Enfin bien-sûr ça dépend..).Mais mon émotion musicale à moi n'est pas prête à 9h! J'établis avec grand soin mes choix de concerts, notamment comment ils s’enchaînent. Je vais écouter les interprètes que j'aime, les jeunes que je ne connais pas, les œuvres incontournables rarement jouées ,je repère les "très grands" jamais venus comme Gidon Kremer cette année. Il faut vraiment fouiller le programme dans ses moindres recoins pour dénicher les pépites , concert dans une petite salle donné une seule fois par exemple. Je tiens compte aussi du nombre de concerts donnés par le même interprète dans trop de répertoires différents , à éviter, ça risque de ne pas être très "prêt". Je privilégie celui qui joue le programme qu'il vient d'enregistrer ( rencontre inoubliable avec Fazil Say et Bach qu'il venait de graver)!
Les concerts sont courts, environ 45 mn exceptés les œuvres longues , les oratorios par exemple, et je fais le choix de juxtaposer les concerts , préférant un "concert repos" que de rester au milieu des gens . (J'ai aussi la grande chance de ne pas avoir besoin de manger à heures fixes .)Et je ne m'attarde pas sur les bémols liés au concept lui-même. J'accepte. J'adapte.

L’expérience est absolument hallucinante. L'émotion ressentie décuple à chaque nouveau concert , vous arrivez déjà réceptif au concert suivant, vous êtes aux aguets , totalement ouvert, libre de recevoir encore....Parfois , repos..Parfois vous êtes saisi dès les premières notes et c'est un peu un état de grâce....Vous accédez directement au cœur de l'émotion ....
Et puis ce chapitre pour parler du public. Vous ne pouvez absolument pas imaginer la joie du public, le bonheur qui irradie les visages qui applaudissent des yeux bien avant de frapper des mains.
Les regards se cherchent pour partager.On se parle sans se connaître ! Ce public n'hésite pas à se lever pour encore mieux manifester son admiration et les visages des musiciens ne sont jamais aussi irradiés à la fin d'un concert que durant ces folles journées.
Le bonheur du public génère une folle énergie communicative.Pourtant si une partie est mélomane, une partie est novice,et pourtant la magie se crée. Le public peut être extrêmement concentré , recueilli ( La nuit transfigurée de Schoenberg ou l'art de la fugue de Bach......)
Et moi, je ressens avec un bonheur inégalé tous ces cœurs qui ont vibré ensemble en partageant la passion de ma vie : la musique!
Oui cette folle journée , c'est la véritable fête de la musique

[Oupsi]

J'avais ressenti une joie du public de cet ordre à Gaveau la seule année à laquelle j'ai pu être à Paris durant les folles journées, mais aussi à des festivals de musique de chambre près de chez moi. Ça m'a confortée dans l'idée que la musique classique n'est pas morte, loin de là, et qu'il reste bien des cadres à inventer pour la rendre encore plus présente dans la vie des gens.

Merci pour cette belle page 1 du chapitre 1!

[arg]

Beaucoup plus modestement, quelques brefs passages ce week-end (4 concerts), Anne Queffelec magnifique d'intériorité et de méditation (et de pédagogie, et de modestie etc.....) et quelques autres, plutôt célèbres, mais spontanés, communicants, partageant un beau plaisir musical.....
Un regret quand même, ben oui, je vais jouer les rabats-joie: la moyenne d'âge du public, je pensais le voir plus jeune, plus mélangé, plus métissé au sens propre et figuré. Or il y a surtout des blancs de peau et de cheveux...... la Folle Journée est un moment magique mais n'a peut-être pas tout à fait réussi le tournant "musique classique pour tous". Et pourtant les salles sont combles quelle que soit l'heure, le public est enthousiaste, participant, impliqué... paradoxes.

[Line-Marie]

Passionnant à lire, merci pour le partage !

[Loopy]

Un très bon moment de piano avec Adam Laloum dans une petite salle (120 places) au Lieu Unique
http://youtu.be/LD2Ht9PRrMI (j'aurais du filmer plus longtemps !)

[sylvie piano]

J'ai aussi assisté à un concert de Adam Laloum dans cette salle. très beau moment bien que le piano soit un peu près n'est ce pas?
Nous avons entendu à nouveau quelques heures plus tard le même Adam Laloum dans le même programme mais dans la salle 450 places.
Encore plus expressif par l’acoustique meilleure.

[Loopy]

bien que le piano soit un peu près n'est ce pas?

En effet, même si le Steinway était excellent, ce n'est vraiment pas une salle de concert.

[Loopy]

Rémi Geniet, un autre bon moment de piano
https://www.youtube.com/watch?v=oF3qu9ndZYg