Bien sûr, je ne m'attends à recevoir que peu de réponses à cette question "tout à la fois naïve, vaine, évidente, saugrenue, essentielle" ... c'est surtout une envie de partage.
Voici quelques extraits qui me parlent tout particulièrement :
Parce qu’il est beau, multiple et nécessaire. Parce qu’il me transporte dans un monde meilleur et contribue à rendre le nôtre plus fréquentable. Parce qu’il me permet de cultiver mon jardin intérieur et d’en proposer la visite à toute heure.
[…]
Parce que, lorsqu’il est sincère et généreux, il réconcilie la maîtrise du langage et la liberté de parole, la science mathématique et l’expression du cœur, le raffinement et la sauvagerie, la discipline et la désinvolture. Parce qu’il fait jaillir la poésie de l’instant, qu’il consacre le fugace, la surprise, l’irrecommençable.
Parce qu’au sein d’un groupe, il exige tout autant l’affirmation de soi que la compréhension de l’autre.
Parce qu’il incite au cheminement collectif, au bouillonnement des idées dans le respect mutuel. Parce qu’il rend tangible l’utopie démocratique.
Parce qu’il est synonyme de ferveur et d’empathie.
Parce qu’il représente la vie au risque de l’invention.
Guillaume de Chassy, pianiste
Parce que le jazz est né d’un accident collectif et d’un miracle métissé : La Nouvelle-Orléans. Le jazz au moment de naître n’avait aucune raison historique de devenir la musique la plus locale, la plus universelle et bouleversante du monde.
[…]
Et puis le jazz, ce sont surtout des centaines de voix singulières, de combats personnels, gagnés ou perdus, d’aventures imprévisibles. L’ADN du jazz est dans ses musiciens flamboyants ou fragiles.
Gilles Anquetil, rédacteur en chef au Nouvel Observateur
Parce que c’est la démocratie en action. L’écoute de l’autre. Des autres, plus exactement. Et qu’à partir de là, on va chercher des réponses au plus profond de soi. Dans des convictions. Des intimes convictions.
[...]
Parce que le jazz est une histoire d’amour. Pas seulement entre les musiciens qui se font des œillades aux oreilles, mais entre chacun d’eux et la musique. Jusqu’à se laisser déposséder de leur corps, réduit au rôle de passeur d’une grâce qui les dépasse, de « conducteur » d’une inspiration où le savoir-faire n’a plus prise.
Parce qu’il suppose l’humilité du savoir être et partager. Et se rembourse par l’incommensurable bonheur de se sentir de temps en temps en apesanteur de la tragédie de la condition humaine. Il y a pourtant une vraie douleur dans la conscience que cet état, celui de l’improvisation inspirée « collective ou individuelle - est par essence éphémère, volatile. Des baisers volés.
Alex Dutilh, producteur à France Musique, ancien rédacteur en chef de Jazzman
Alors, à vous : pourquoi le jazz ?Etre jazz, c’est avant tout une manière de vivre, de se promener sur le fil du hasard pour attraper une étoile filante, une façon d’aller à la rencontre d’un imaginaire qui contient toujours l’improvisation, la curiosité, qui oblige à écouter les autres, à les voir, à être disponible pour mieux les raconter en manifestant sa propre poésie.
Guy Le Querrec, photographe