Arrangement/orchestration : les cours d'Ivan Jullien

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Christof
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Re: Arrangement/orchestration : les cours d'Ivan Jullien

Message par Christof »

dilettante a écrit :J'avoue faire l'impasse sur les 9ème.
Et sur tout ce qui dépasse 7...
Dans les morceaux du commerce les accords je trouve que ça sonne bien avec la 7 si elle est demandée dans l'accord. Et la 9 c'est souvent dans la mélodie.
Bon les truc genre 5b on peut pas y échapper.
Je raisonne au clavier. Évidemment pour un orchestre...
Nan, nan, tu ne peux pas y échapper : par exemple un II -V - I (le I étant un accord mineur 7), tu devras faire ton II avec un 5b...
Donc ce n'est pas une question d'orchestre... Au clavier, faire un II (donc accord mineur 7 sans la 5b, quand on va vers un V qui conduit lui-même à un I mineur), cela sonne moins bien que si on met la 5b.
L'accord de dominante devra aussi être travaillé...
dilettante
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Re: Arrangement/orchestration : les cours d'Ivan Jullien

Message par dilettante »

Là je suis perdu, il faut que je (ré)vise...
Je ne sais pas trop raisonner sur les I II III IV V etc..

Je voulais dire que quand il y a une indication 5b, je la fait toujours, c'est très audible, et assez évident en fait.

En revanche sur un accord de 7ème si on a en plus une 9ème, je ne la fait pas, ça fait trop, trop compliqué et je ne sais pas ce qu'il faut enlever en bas. Mais je vois (un peu) ce que tu veux dire.
Évidemment j'ai tort, et je vais travailler pour mieux comprendre. Mais il faut que je relise les deux cours...
Je suis un peu fatigué...
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Christof
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Re: Arrangement/orchestration : les cours d'Ivan Jullien

Message par Christof »

dilettante a écrit :Là je suis perdu, il faut que je (ré)vise...
Je ne sais pas trop raisonner sur les I II III IV V etc..
Je voulais dire que quand il y a une indication 5b, je la fait toujours, c'est très audible, et assez évident en fait.

En revanche sur un accord de 7ème si on a en plus une 9ème, je ne la fait pas, ça fait trop, trop compliqué et je ne sais pas ce qu'il faut enlever en bas. Mais je vois (un peu) ce que tu veux dire.
Évidemment j'ai tort, et je vais travailler pour mieux comprendre. Mais il faut que je relise les deux cours...
Je suis un peu fatigué...
Ce que tu peux enlever, c'est la quinte.. Elle sonne de toute façon en harmonique de la fondamentale de l'accord.
Debussy adorait faire des accords 9e (non résolus).
En fait, ce qui fait la saveur de l'harmonie, ce sont justement toutes ces notes de coloration.
Par exemple dans un II, V, I - où le I est mineur 7 - , le II est toujours mineur, le V forcement 7e (7e mineure)
Et dans ce cas où on a un I mineur7, le II comme je le disais au dessus sera plutôt b5 (donc -7b5) et l'accord de dominante (le V) aura des notes de coloration et dans ce cas présent, il sonnera bien mieux avec une 13 b (et on peut rajouter aussi une 9eb, voir autre chose).

Bill evans adorait par exemple finir sur un C-6... sur le V il mettait à la main gauche (sachant que le contrebassiste jouait la basse sol, puis la basse do :
fa lab sib si bécarre mib pour le G7
mib sol la ré (pour le C-)

Ce qui montre tout l'intérêt de ces notes de coloration.
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Christof
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Re: Arrangement/orchestration : les cours d'Ivan Jullien

Message par Christof »

Le 2ème cours - suite et fin
(Rappel de l'épisode précédent : "Vous allez réécrire l’arrangement, mais cette fois-ci j’espère beaucoup plus rapidement (en une heure si possible")...

Donc , dans un bel ensemble, nous voilà tous à sortir nos feuilles de scores vierges et, stylo à encre de couleur à la main, de recopier la mélodie du conducteur...
Zut, j'ai oublié d'amener mon stylo rouge. Je me rabats donc - un peu piteux - sur le bic bleu, me jurant d'aller trouver des recharge pour stylo quatre couleurs après le cours. Je ne voudrais pas retomber dans ce genre d'imper la prochaine fois, même si finalement, le bleu au simple bic, ça en jette un peu quand même. :)

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Intermède : le stylo quatre couleurs

A propos du quatre couleurs, il faut que je vous dise - comme quoi la vie apporte toujours tellement d'imprévu : peut-être six mois avant de m'inscrire au cours d'Ivan, j'ai retrouvé dans une boîte le quatre couleurs de mon enfance, que mon père m'avait offert quand j'avais douze ans.
bic4couleurs.jpg
bic4couleurs.jpg (10.47 Kio) Vu 761 fois
Je n’étais pas fâché de retrouver pareil stylo, ayant besoin parfois de souligner en rouge ou d’encadrer un mot en vert (mais une fois l'an). Le cas s’était d’ailleurs déjà présenté l’année d'avant lorsque j’avais dû dessiner un schéma en couleurs (sauf qu'alors j'avais juste un stylo violet à disposition).

Je démontais mon quatre couleurs, âgé de 17 ans déjà. Depuis ce temps là,tout avait évolué, sauf la chicorée. C’est chaud, mais c’est bon ! Marc et Dominique sont super fiers !
https://www.youtube.com/watch?v=r21DFx63DIU
eclatebic.jpg
eclatebic.jpg (8.78 Kio) Vu 761 fois
Mon pauvre stylo avait déjà bien travaillé. Ses recharges étaient vides sauf celle du « vert » évidemment. Quelqu’un a-t-il déjà usé complètement un stylo vert dans sa vie ? C’est impensable.
Ainsi, cet authentique quatre-couleurs, ce modèle mythique apparu sur Terre en 1969, se retrouvait soudain à l’avant-garde d'une nostalgie, de cette envie de le remettre en état de marche. Sauf qu'alors je n'étais pas allé plus loin dans la réparation, pensant que les recharges n'existaient plus dans le commerce. Je jouissais cependant de l’épingler à la poche supérieure de mon veston et de me promener comme ça rue du Jourdain. Plus aucune poche de veston n’en était garnie depuis la disparition des instituteurs à blouse grise ou des anciens releveurs de compteur à gaz.
Ce modèle, créé dans les années Gagarine, enfin juste un peu après, coiffé d’une petite boule, permettait de composer les numéros de téléphone sur les cadrans circulaires sans s’user le bout des doigts. Il avait toute sa place dans mon cœur. Une fois j’avais vu ça quand ma mère m’avait emmené avec elle à son travail. Les secrétaires d’alors pouvaient composer les numéros du bout du stylo, protégeant ainsi leurs grands ongles rouges et pointus que je portais aux nues. Je n’étais pas bien vieux quand j’ai eu mon premier quatre couleurs…
Dans ces années d’affrontement entre ceux qui étaient pour les Beatles et ceux qui étaient pour les Stones, mes amis d’école et puis moi nous amusions avec ces stylos à composer des numéros, sans décrocher bien entendu (quoique).

Bref, si ce stylo avait atterri de nouveau dans mes mains, c’était pour que je m’en occupe. Je l’avais accueilli et il fallait que je l’assume. Je n’allais pas l’abandonner, pour acheter un succédané ou, pire, quatre neufs d’une couleur. C’est idiot! Peut-être qu'en ces temps, un besoin de couleurs se faisait sentir dans ma vie.
Ma décision était prise : j'allais remuer ciel et terre pour trouver ces recharges, prêt à braver tous les dangers que celait pourrait peut-être comporter...

Hors de question pour moi au départ d’aller dans les rayons papeterie des supermarchés car on y trouve tout ce qu’on ne veut pas. Je demandai à mon marchand de journaux, qui vend des enveloppes, s’il ne vendait pas aussi des recharges. Savait-il où l’on pouvait encore trouver celles-ci ? Il se souvenait très bien de cet article, il en avait fait… mais ne savait plus rien… J’essayai de le convaincre que cela se faisait encore de nos jours... « Ah bon, tu crois ? », mais il n’en faisait plus. Car il était d’abord marchand de journaux… Simplement pour dépanner ses clients, il avait un petit rayon papeterie… Ce n’était pas son métier et ce n’était surtout pas avec ça qu’il faisait tourner la boutique, me dit-il en riant jaune pour me montrer que ce n’était pas moi qui était dans ce métier de forçat de marchand de journaux… Pour lui, c’était le bazar ! Partout et en tout lieu… Les gens ne lisaient plus de journaux… On se leurrait en vantant la profusion des titres. A part deux ou trois succès, la plupart repartaient au pilon. On n’y pouvait rien…

Selon lui, je n’avais qu’à laisser tomber cette tocade de recharges de stylo. Je n’avais qu’à acheter un stylo neuf. Je ne lui en voulais pas. Je comprenais son point de vue. A sa place, levé à 5 heures tous les jours, les mains noircies par l’encre des quotidiens, le visage rougi par la bise dans sa boutique grande ouverte aux vents, avec comme perspective une toute petite retraite, j’aurais fait une tentative de suicide pour signifier mon manque d’amour (pourtant, a priori, je trouve ça hautement bien de vendre la presse).

Après avoir tenté trois ou quatre librairies-papeteries, stop affaires et boutiques, j'avais laissé tomber pour un temps. Et puis j'avais oublié... Mais finalement, il y avait des deuxièmes chances, des rappels à l'ordre... Le cours d'Ivan en était la preuve...
fin de l'intermède
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Mais retournons à nos moutons : "Vous allez réécrire l’arrangement, mais cette fois-ci j’espère beaucoup plus rapidement, en une heure si possible"

Si vous avez bien suivi les cours précédents, vous savez déjà ce que je vais faire :

1) tout d'abord, écrire en haut du score le conducteur, ce qui consiste à recopier dans une des portées du haut la mélodie et porter au dessus de celle-ci, au crayon de papier, les accords et leurs placements rythmiques, et tout en haut, les notes "interdites" (nb : sur l'image on a l'impression que tout cet ensemble est écrit au stylo noir... nan, nan, c'est bien du crayon à papier, mais j'ai noirci l'image parce que sinon, cela n'aurait pas été très lisible...)

Image

Image
Voir les deux image manquantes ici

Explication des notes rayées (les fameuses notes "interdites") au dessus du conducteur :
nb : le forum ne permettant pas d'afficher des images de belle dimension, les notes rayées ne sont pas très lisibles. Je commente donc presque tout (mesures 1 à 5, à vous de faire le reste).

1ère mesure :
- 2ème croche du 1er temps : la note 9e est rayée (donc ne pas utiliser en même temps que la note de mélodie). En effet, la mélodie fait un sib. La 9e serait un la (l'accord est un G -7 à cet endroit) et l'écart la-sib (sachant que la 9e sera obligatoirement sous la mélodie [sinon, ce serait cette 9e la mélodie :)]) est en écart de 9e bémol, qui ne va pas sonner...

- croche en l'air du deuxième temps, j'ai rayé la 11+. En effet, la 11+ dans un accord de G-7 est un do#. Si je la rajoutais dans l'accompagnement, pendant que la mélodie doit jouer à ce moment un ré, cela fait un écart de 9eb et cela va pas sonner
- 1ère croche du 4ème temps : j'ai rayé la 9e : en effet, la mélodie est un sib en même temps que l'accord A-7b5. Si je jouais la 9e (qui serait un si) il y aurait conflit de gamme
- 2ème croche du 4ème temps : idem, on raye la9e car cela va frotter grave avec la mélodie qui fait un do à cet instant

2ème mesure :
- 1ère croche 4ème temps : j'ai rayé la 11+, qui serait un ré dans l'accord de Ab9, qui frotterait avec le mib de la mélodie
- 2ème croche 4ème temps : j'ai rayé la 11+, qui serait un do# dans l'accord de G-7, qui frotterait avec le ré de la mélodie

3ème mesure
- 1ere croche du deuxième temps : explication = idem 2ème croche du 1er temps de la 1ere mesure
- 2ème croche du deuxième temps : 11+ est rayée au moment où la mélodie fait le ré : en effet, la 11+ d'un G-7 est un do#, qui va frotter grave
1ère croche du troisième temps : 11+ est rayée au moment où la mélodie fait le do : 11+ dans l'accord F9 est un si bécarre (ça frotte avec le do)

4ème mesure
- 2ème croche du troisième temps : j'ai rayé la 11+ sur le C-7, sachant que la 11+ est un fa#, qui va frotter avec le sol de la mélodie

5ème mesure
- 1er croche du 3e temps : j'ai rayé la 13 (qui est le fa# dans un accord de A9b, qui va frotter avec le sol de la mélodie
- dernière croche du 4ème temps : j'ai rayé la 9e (qui est la note mi dans un accord de D-7), parce que cela va frotter avec le fa de la mélodie

etc. etc (je ne détaille pas pour les mesures 6 à 10, je pense que vous avez compris ?...).

2) Construire ensuite les accords, en fonction de ce que joue la trompette (qui fait la mélodie), en considérant les 4 instruments : trompette, sax alto, trombone et contrebasse).
.... Bon et là, j'imagine qu'il y aura sûrement une question : oui mais comment on fait, avec 3 instruments, pour construire un accord complexe, genre un A7 9b 13 (mais ce n'était pas le cas ici, car c'était juste A 9b 13 ), qui suppose, outre la basse la, d'avoir ces 4 notes suivantes : réb (la tierce), sol (7ème), sib (9b), fa# (13) avec 3 instruments ? .... Eh bien, il faut penser que comme on joue en tutti (ce qu'on appelle "phrasé de masse"), et que la mélodie se balade sur l'accord, on y retrouvera forcément ses petits. Même si on n'a pu installer que 3 notes, à un moment, cela va bien passer par la note manquante...

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A savoir : normalement, la disposition la plus logique sur le score, en fonction des instruments, serait de mettre les instruments dans l'ordre suivant sous le conducteur : trompette en haut, puis sax, puis trombone, puis rythmique. Mais en fait, on a coutume de ne pas dissocier les cuivres (trompettes-trombones) les uns des autres. Les Américains mettent les saxes en haut et les cuivres en dessous, ce qui n'est pas plus logique que l'inverse du point de vue de la tessiture (tessiture dont je parlerai un peu plus tard). Cela vient peut-être du fait que dans les orchestrations classiques, les bois sont en haut du score et les cuivres en dessous. Les Américains assimilent donc les "anches" (dont beaucoup d'entre eux d'ailleurs jouent également des "vrais" bois comme la clarinette ou la flûte) aux bois, ce qui peut se justifier. Quand à nous, nous disposerons sous le conducteur les trompettes, puis les trombones, puis les saxes, puis la rythmique.
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Voilà, finalement, je finis l'arrangement en moins d'une heure, un peu étonné de ma prouesse. Mais il faut dire que cet arrangement on l'avait déjà fait précédemment (c'était l'examen pour entrer dans la classe -j'en ai parlé dans un autre fil)... Et j'ai bien écrit les différents instruments dans leur transposition (trompette écrite un ton au dessus de la note de mélodie en ut, 1ere trombone écrit en clé d'ut 4, et sax alto écrit une tierce mineure au dessous de la note en ut).
Une fois qu'on a tous fini, Ivan nous distribue son arrangement. Parce que, nous explique-t-il, "il va nous servir de base pour les prochaines étapes qui va consister à écrire un arrangement sur le même canevas, mais cette fois pour un orchestre bien plus conséquent : 4 trompettes, 4 trombones, 5 saxes (2 altos, 2 tenors et 1 baryton), qui joueront comme ici en phrasé de masse, auxquels s'ajouteront un piano, une contrebasse et une batterie."

Et c'est pour cela qu'il nous a distribué son propre arrangement : pour être sûr que la voix du sax alto et celle du trombone sont bien situées à la bonne hauteur (sachant qu'on aura à rajouter toute la partie des autres trombones sous celle du 1er trombone, toute celle des saxes sous le 1er alto, et idem pour les trompettes (les 3 trompettes sous la 1ère trompette). Mais là, question trompette, il n'y avait pas de lézard, sachant que la 1ere trompette faisait la mélodie et là, on avait toute les notes déjà mâchées...

Je compare la voix écrite pour le trombone et celle pour le sax alto sur mon arrangement par rapport à celui d'Ivan... Grand sourire : c'est pile poil la même chose (remarquez, c'est un peu normal parce que c'était logique, par rapport à la distribution des tessitures du sax alto et du trombone (dont Ivan nous avait un tout petit peu parlé avant de commencer le devoir.)..
Par exemple, 1ère croche, 1ère mesure, sur le G-7, sachant que la trompette joue un sol, il est logique de mettre un fa (là je parle en ut) au sax alto et un sib au trombone. Et puis, vu le dessin de la mélodie, on fera sonner la note 7 (dans le G-7), à la deuxième croche (sur la mélodie qui fait le sib) au sax alto. Et on mettra un ré au trombone.
J'espère que ce que j'écris est clair pour vous... Sinon, n'hésitez pas à me poser des questions.

Mon arrangement, mesures 1 à 5 (je vous raconte pas la galère pour faire apparaître les images ci-dessous : en fait, ce sont pleins de petites images collées les unes sous les autres)
page1_trompette_2emecours.jpg
page1_trompette_2emecours.jpg (46.02 Kio) Vu 760 fois
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Image
Voir les images manquantes ci-dessus ici



Image ci-dessous : mon arrangement, mesures 6 à 11
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Voir les images manquantes ci dessus en cliquant sur ce lien

Donc vous avez compris la logique qui préside pour écrire un arrangement en phrasé de masse (c'est à dire que tous les instruments vont jouer tout le temps, et tout le temps sur le même dessin rythmique que celui de la mélodie [sauf pour la contrebasse]) pour un big band conséquent (ici ce sera plus tard l'exemple de 4 trompettes, 5 saxes, 4 trombones, auxquels on adjoint contrebasse, piano et batterie (qui eux, feront plutôt des tenues ) : on écrit au départ un arrangement qui tient la route avec 1 trompette (qui fait la mélodie), le sax aigu (c'est à dire l'alto) (si cela avait été un soprano, c'est lui qu'on aurait pris en compte), et le 1er trombone. Et la contrebasse qui fait les basses.
Ensuite, une fois ces voix écrites, on pourra compléter avec les 3 trompettes en dessous de la 1ère trompette (en faisant des voix différentes ou pas, ou faire jouer à la 1ere et 2ème trompettes la même chose, et une voix différente au 3ème et 4ème trompette), les 4 saxes sous ce que fait le plus aigu (pareil avec des voix toutes différentes ou pas pour tous.. ), et les 3 trombones (pareil, avec des voix toutes différentes).

Et là, si j'ai tout compris, la suite des cours devient pour moi très claire :
aujourd'hui Ivan va nous parler de l'écriture des trompettes...
Le cours suivant, sûrement de celle des saxophones
et le cours suivant de celle des trombones...

Et Pan ! Dans le mille... J'entends Ivan nous dire :
"bon, comme maintenant le but du jeu va être d'étoffer l'arrangement avec beaucoup plus d'instruments que vous ne venez de le faire, commençons par ce qu'on doit savoir sur les trompettes"...

Écriture des trompettes dans un big band

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"Avant l'invention des pistons, on n'employait que les "trompettes simples" qui ne donnait donc que les harmoniques. D'ailleurs, certaines notes de ces harmoniques n'étaient pas très justes. Cela explique que, pour pouvoir jouer toutes les notes de la gamme diatonique, il y ait eu des trompettes dans pratiquement tous les tons.
Avec l'apparition des pistons, on peut maintenant jouer toutes les notes entre ces harmoniques et plus justes. Mais pour obtenir seulement ces harmoniques, il faut faire agir de façon concomitante la "colonne d'air" (diaphragme) et la langue (qui se rapproche du palais au fur et à mesure que l'on monte dans l'aigu) ; et non pas comme on l'a cru - et enseigné ! - longtemps, en appuyant l'embouchure de plus en plus fort sur les lèvres pour atteindre les notes aiguës. Les lèvres ne servent en fait qu'à vibrer et cette vibration est transmise à l'instrument par l'intermédiaire d'une embouchure. Ceci est aussi valable pour les cors et les trombones (instruments à embouchures).
Nous n'étudierons donc pas toutes les trompettes existantes, mais seulement les plus courante (C, Bb, D, Bb aigu ou trompette piccolo) et leurs derniers perfectionnements technique de construction."


Les tessitures

Et là, Ivan de nous donner, pour chaque trompette, leur étendue (limite de la note la plus grave qu'on peut jouer, à la plus aiguë)

Trompette en ut :
C'est la plus souvent utilisée en classique, rarement en jazz. L'étendue par du fa# grave (celui à une 11e sous le sol de la cl de sol) pour aller jusqu'au fa (au dessus du contre ut. Mais ce qu'il faut savoir, c'est que du fa# grave au ré, c'est très peu sonore. Par ailleurs, les notes graves do# et ré grave sonnent un peu trop hautes et sont fausses...(ce qui est valable pour toutes les trompettes, qu'elles soient en ut, Bb ou D) donc en gros, pour ne pas prendre de risque, il faut considérer que l'étendue va du mi (celui sous le sol de la clé de sol), jusqu'au contre ut (c'est à dire le do 1 octave au dessus du do qui est au dessus de la clé de sol) et que les virtuoses pourront même monter jusqu'au fa au dessus du contre-ut.

Trompette en Bb :
si je parle en ut, l'étendue "tranquille" va du ré (sous le sol de la clé de sol) jusqu'au sib (une dixième mineure au dessus du sol de la clé de sol)

Trompette en D :
Presque exclusivement utilisée en classique. Si je parle en ut, l'étendue va du fa# juste sous le sol de la clé de sol, au ré (au dessus du ré qui est au dessus de la clé de sol), voire jusqu'au sol au dessus.

Trompette en Bb aigu ou trompette piccolo
Presque exclusivement utilisée en classique. Elle sonne une septième plus haut que son écriture. C'est une toute petite trompette, dont les extrêmes, aigus ou graves, sont faux ou délicats, comme d'ailleurs tous les petites instruments, tel que le sax sopranino en Eb, la flûte piccolo, la clarinette piccolo en Eb..
L'étendue (je parle en ut) va du ré au dessus de la clé de sol, au mi, deux octaves au dessus du mi au dessus de la clé de sol.

Bugle en Bb
A savoir : il existe aussi le bugle en Eb, un peu faux et presque complètement disparu. Il a existé aussi le bugle sopranino en Eb, à peu peu près complètement disparu.
Le bugle fait partie de la famille des saxhorns et se présente un peu comme un clairon sur lequel on aurait adapté des pistons. Le son est en général plus généreux que celui de la trompette, mais un peu moins sonore. Les pédales se préparent car elles sont difficiles à obtenir : donc ici ne ou deux mesures avant ou une ou deux mesures après, il ne faut rien leur écrire d'autre.
Le bugle possède un grave bien meilleure que celui de la trompette. L'étendue (si je parle en ut) va du mi (celui juste au dessous du mi de la clé de fa) jusqu'au sol (1 octave au dessus du sol de la clé de sol). Attention, le si et le do (au dessus du fa de la clé de fa) sonnent un peu faux.
IL est possible de faire des pédales graves, mais uniquement avec préparation, sur les notes sib (le sib sous le fa de la clé de fa), la (juste en dessous du sib), lab, sol.

Le cornet :
De son moins brillant que la trompette, il en est le prédécesseur. Il relie bien le cor à la trompette. Il permet une grande vélocité. Il ne joue pas les pédales, mais a, à peu près à une note près, la même tessiture que le bugle.

A propos, voilà à quoi ressemble mon cahier pour les tessitures (j'ai noté à part sur un bloc toutes les autres informations). Je remettrai tout cela plus tard au propre dans mon "beau" cahier (voir épisode précédent). Y'a du rouge..., c'est parce que mon voisin a bien voulu me prêter son stylo...

ImageImage
Voir les images manquantes en cliquant ici

Les sourdines
Ivan est venu avec une petite valise et dispose sur la table 5 sourdines différentes

"Il faut savoir que les sourdines faussent le diapason de la trompette (presque un demi ton pour certaines d'entre elles) et que l'instrumentiste doit donc réaccorder son instrument lorsqu'il les utilise ou au contraire les enlève. L'arrangeur doit donc prévoir un temps (au moins 6 secondes). Par ailleurs, en dessous du C grave et au-dessus du contre-ut, il devient très difficile de jouer avec une sourdine : les notes deviennent fausses ou indéfinies et le son a du mal à sortir

Il existe un grand nombre de sourdines, mais nous allons regarder juste les cinq principales, qui sont surtout prévues pour la trompette en Bb*".

De gauche à droite :
en haut : sourdine straight ; sourdine cup ; sourdine harmon (voir ces images ici)
en dessous : sourdine velvet ; sourdine plunger
: voir ces images ici


"Bon, parlons de la "straight mute" (ou sourdine sèche ou sourdine droite)
Des bandes en lièges maintiennent la sourdine en place dans le pavillon. C'est la plus commune car utilisée aussi bien en classique qu'en jazz. Le son est aigre, pincé ; on peut le rapprocher (avec beaucoup de restrictions) du son du hautbois (tout de même très différent). Stravinsky s'en sert dans le "Sacre du printemps" (danse Sacrale : éd. Boosey and Hawkes, trompette en D, chiffre 151).
Elle est très sonore, le réaccordage est minime."


Et Ivan de nous sortir sa trompette, installer la sourdine, et nous faire entendre comment ça sonne...

"La cup mute (ou Robinson, du nom de son inventeur) ou bol
Parfois employée en classique, c'est une straight mute au bout de laquelle on a rajouté une sorte de coupelle (d'où le nom de "cup"), souvent utilisée en jazz, plus qu'en classique. Le son est beaucoup moins aigre que la straight, plus doux et se marie assez bien avec le son de la clarinette. La coupe peut être réglable pour moduler l'effet de sourdine.
Elle est moins sonore que la straight. Le réaccordage est minime.
"
Et là, Ivan nous entame le début d'un blues

"La Harmon mute (ou sourdine à harmoniques)
Inemployée en musique classique. C'est une espèce de vase en fer qui, enfoncé dans le pavillon de la trompette, ne laisserait pas sortir le son s'il n'y avait, au bout de ce vase, un trou pour le laisser passer. Dans ce trou, on peut introduire un tube qui, au fur et à mesure qu'on l'enfonce, laisse filtrer un son de plus en plus aigre. L'harmon sans le tube produit un son avec beaucoup d'harmoniques : d'où son nom.
Peu sonore. Sans le tube : réaccordage indispensable.
"
Ivan place la sourdine et nous joue le début de "My Funny Valentine". Je reconnais immédiatement ce son caractéristique : sans le tube, cela sonne comme Miles Davis

"La Velvet mut (ou sourdine velours)
Inemployée en classique. C'est une sorte de boîte de conserve de 1kg dans le fond de laquelle il y a du coton et qui vient s'adapter au pavillon de la trompette au moyen de broches. Le son qu'elle produit est un son de trompette, mais beaucoup plus doux, proche du son du bugle, son de "velours", d'où son nm.
Pas très sonore. Réaccordage obligatoire."

Et Ivan de nous faire une démonstration...

"La plunger mute (ou sourdine wah- wah ou sourdine plongeur)"
Inemployée en classique. Au départ, c'est l'instrument en caoutchouc (sans le manche)mmm dont on se sert pour déboucher les éviers, d'où son nom. En le mettant sur le pavillon de la trompette, elle ferme presque complètement le son ; et en l'enlevant brusquement, le son produit est "ouah" d'où également le nom de wah-whah
Fermée : presque insonore et fausse."

Et là, encore, Ivan nous joue quelque chose. Sur une partition, on met le signe + lorsqu'on veut que cela soit fermé, le signe 0 quand il faut ouvrir (on peut fermer d'ailleurs et ouvrir sur la même note, dans ce cas on mettra les deux signes au dessus de la note écrite).

* Toutes ces sourdines sont surtout prévues pour la trompette en Bb. On peut utiliser la straight mute et la Robinson sur la trompette en D, en rappant les lièges (mais la velvet, harmon et plunger sont trop grandes pour le pavillon et ne sont donc pas employées). Pour la trompette piccolo en Bb aigu, on ne peut se servir des sourdines (sauf éventuellement la petite straight mute). Il n'existe pas de sourdine pour le bugle. Le cornet peut utiliser la straight

"Conseil quand on écrit pour les trompettes : N'oubliez pas de les faire respirer !!
Toutes les 10 secondes environ pour une nuance piano
Toutes les 8 secondes environ pour une nuance mezzo-forte
Toutes les 6 secondes pour une nuance forte"


Et voilà, le cours se termine. Tout m'a paru très clair.
"Devoir pour la semaine prochaine : à partir de l'arrangement simple, vous allez commencer à faire l'arrangement pour un orchestre plus conséquent ... et donc vous allez déjà m'écrire cela avec 4 trompettes au lieu d'une... A vous de jouer.

A savoir : en général les trompettes ont les superstructures de l'accord (13e, 13eb, 11e, 11+, 9e, 9b, 9#). Les saxes ont plutôt les 9e... Les trombones ont plutôt la fondamentale, la quinte, la septième. Mais attention, il ne s'agit pas forcément de ne mettre toutes les superstructures qu'aux trompettes. Mais on en reparlera..."


Je me sens moins hagard (de l'est) que la semaine dernière. Finalement, ce cours m'a paru "assez facile", du moins j'ai eu l'impression de tout comprendre.
Une seule chose me turlupine... Trouver les fameuses recharges pour mon quatre couleurs. Mes futurs conducteurs, arrangements, orchestrations le méritent bien ! Mais où les trouver ces fameuses recharges ?

Je descendis la rue Doudeauville jusqu'au boulevard et pris le bus spécialement pour me rendre dans un grand magasin du centre, un vrai Bazar, où il y avait un étage entier consacré aux stylos.
Et là, coeur battant, je découvre qu"’on y vendait encore le modèle (mais un peu amélioré)", à ce que me dit le vendeur. Sauf qu'il y avait rupture de stock.
-« Alors, quand est-ce que vous en aurez ? » demandai-je. « La semaine prochaine », répondit-il. J’en étais sur le derrière. L’homme du rayon me dit ces trois mots comme il aurait dit : « bon week-end ». Par cette réponse, il prouvait qu’il ignorait tout de la prochaine commande. Il s’en foutait. Sinon, il aurait répondu par exemple :
« Nous en recevrons en fin de semaine prochaine, disons jeudi, mais ne repassez pas avant vendredi, comme ça ce sera plus sûr. » Cette phrase est crédible ! C’est comme quand je demande en vacances si un lieu est loin et qu’on me répond simplement : « Oui ». Eh bien non. Moi, je veux savoir de combien c’est loin. Je demande donc : « A combien de kilomètres à pied se trouve cet endroit ? ». C’est clair. Concernant les recharges, avait-on pensé à oublier d’en commander ?
Mais aucune réponse. Je compris que le vendeur me baladait. Ahhh, l'affaire était mal partie...

Voilà, j’étais maintenant complètement turlupiné par cette histoire.

A suivre...
Modifié en dernier par Christof le mer. 21 juin, 2023 16:58, modifié 26 fois.
dilettante
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Re: Arrangement/orchestration : les cours d'Ivan Jullien

Message par dilettante »

Toujours excellent, mais, là, tu as de quoi écrire un bon livre.
Pourquoi pas ?

Moi, j'en ai pour un moment à tout assimiler. :shock:
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Lee
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Re: Arrangement/orchestration : les cours d'Ivan Jullien

Message par Lee »

Mais c'est mieux comme ça, on le lit dans les installations (comme on écrivait les chapitres des romans dans les magazines avant) quand on a le temps et en plus c'est gratuit et dispo à tous. Tu ne trouves pas mieux ainsi comme Christof fait ?
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Christof
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Re: Arrangement/orchestration : les cours d'Ivan Jullien

Message par Christof »

dilettante a écrit :Toujours excellent, mais, là, tu as de quoi écrire un bon livre.
Pourquoi pas ?

Moi, j'en ai pour un moment à tout assimiler. :shock:
Merci pour ta lecture. Non, pas écrire un livre... C'est juste ici pour vous.
Dis-moi quand tu veux la suite. Je sais qu'il faut un certain temps pour l'aborder dans de bonnes conditions.
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Christof
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Re: Arrangement/orchestration : les cours d'Ivan Jullien

Message par Christof »

Lee a écrit :Mais c'est mieux comme ça, on le lit dans les installations (comme on écrivait les chapitres des romans dans les magazines avant) quand on a le temps et en plus c'est gratuit et dispo à tous. Tu ne trouves pas mieux ainsi comme Christof fait ?
Oui, j'adorais aussi les feuilletons... Attendre une semaine la suite des aventures de Tintin, ou de Blake et Mortimer dans le journal Tintin, ou "La rubrique à brac" dans l'Echo des savanes. Et puis les romans photos...
pianojar
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Re: Arrangement/orchestration : les cours d'Ivan Jullien

Message par pianojar »

et les saisons de Tchaikowsky......... :D
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Re: Arrangement/orchestration : les cours d'Ivan Jullien

Message par Nenuphar »

@ pianojar : :D :wink:

Mes excuses à Christof : je suis déjà en retard sur tes 2 premiers cours ...
Je suis en train d'aborder la lecture de ton 1er cours et comme Mieuvotar, j'avoue que je suis complètement, complètement larguée ... :oops: Mission impossible pour moi de faire l'exercice que tu nous proposes.
Bon, pas de défaitisme ! Je vais attendre ma semaine de vacances mi novembre pour étudier tout cela bien tranquillement et te soumettrai ma copie vers la fin novembre, sans tricher :wink: (enfin, je vais essayer en tout cas ...).
Je vais déjà aller m'acheter un bic quatre-couleurs. C'est un premier pas ! :D
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Christof
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Re: Arrangement/orchestration : les cours d'Ivan Jullien

Message par Christof »

Nenuphar a écrit : Je suis en train d'aborder la lecture de ton 1er cours et comme Mieuvotar, j'avoue que je suis complètement, complètement larguée ... :oops: Mission impossible pour moi de faire l'exercice que tu nous proposes.
Oui, je comprends que ce n'est pas très simple comme exercice, si tu n'es pas familiarisée avec le chiffrage des accords.
En fait, c'est assez simple cet exercice : tu regardes la note de mélodie et tu prends la note qui sera à un écart d'une 9eb sous cette mélodie. Et tu regardes quelle est cette note et comment elle se chiffrerait dans l'accord.
Imagine que tu as à la mélodie un sib pendant un accord de G-7. Si tu prends la note une 9eb au dessous de ce sib de mélodie, tu arrives sur un la (en fait, une 9eb en dessous de la mélodie c'est juste la note 1/2 ton sous cette note, mais avec en plus un écart d'une octave). Et tu regardes comment se chiffre ce la dans un accord de G-7. Mais bon, il faut aussi savoir que les notes de coloration dans un accord s'appellent plutôt 9e (ou 9b, ou 9#) 11e (ou 11+), 13e (ou 13b)... ). Ici en fait, le la, par rapport à un accord de G-7, serait la seconde (mais en jazz, on préfèrera dire "9e"). Donc c'est pour ça qu'on raye, au dessus du sib de la mélodie le chiffre 9.
Autre exemple : imagine que tu aies un mi à la mélodie, pendant un accord de C7. Si tu regardes la note 1/2 ton sous le mi, tu vas obtenir un mib, note qui, dans un accord de C7 s'appelle 9+. Donc au dessus du mi, tu vas rayer 9+.
etc.etc.
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Re: Arrangement/orchestration : les cours d'Ivan Jullien

Message par bigrounours »

J'arrive sur ce fil qui a l'air très très riche d'enseignements.
Si je trouve un peu de temps, je vais m'y atteler. EN plus s'il y a des devoirs à la maison, ça peut être marrant.
Cela semble également bien compléter mon initiation en piano-jazz que j'ai commencée cette année.
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Christof
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Re: Arrangement/orchestration : les cours d'Ivan Jullien

Message par Christof »

Le 3ème cours

Rappel de l’épisode précédent : Voilà, j’étais maintenant complètement turlupiné par cette histoire...


Rentré chez-moi, je révisais un peu en mettant au propre sur mon deuxième cahier tout ce que j'avais noté durant le cours. Une bonne façon de réorganiser, d'engranger et de mieux me fixer les choses.
Sauf qu'il y avait toujours ce problème de recharge de stylo qui m'empêchait d'être totalement serein. Bon, d'accord, pour le devoir, je pouvais m'en passer du quatre couleurs puisque j'allais écrire la partie des trompettes au crayon à papier (vous vous rappelez pour l'importance du crayon à papier, c'est expliqué dans les cours précédents). Cependant, tant que cela ne serait pas réglé, je sentais bien que je ne pourrais avoir l'esprit totalement libre. Utiliser plusieurs couleurs pour reporter mes cours dans mon beau cahier serait forcément un plus.


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Ainsi, le coeur de nouveau léger, je me mis à l'écriture des trompettes dès le lendemain matin à l'aube, ce qui nous donne:

Score, mesures 1 à 5 (avec les 4 trompettes)
page1_trompettes_2emecours.jpg
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partiesaxettrombonesimple_page1.jpg
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Image ci-dessous : score, mesures 6 à 11 : Voir les images manquantes ici
Image
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Discussion sur l'écriture de mes trompettes
Rappel sur la tessiture :
si je parle en ut, l'étendue "tranquille" du jeu de trompette va du ré (sous le sol de la clé de sol) jusqu'au sib (une dixième mineure au-dessus du sol de la clé de sol).

Sachant cela, j'ai décidé que pour la première mesure, j'écrirai seulement à deux voix (trompettes 1 et 2 jouant la même chose; idem pour trompettes 3 et 4).
En effet, 1er temps 1ère croche, si j'avais dû faire un accord de G-7 à 4 voix aux trompettes, sachant que la trompette lead ne joue pas dans le haut de sa tessiture mais bien en dessous du fait de la note de mélodie qu'elle a à faire, je me serais retrouvé avec la trompette 3 et 4 bien en dessous de leur tessiture... Si j'avais écris à cet endroit à 4 voix, j'aurais dû écrire (si je parle en ut), en partant de la 4e trompette, les notes : sib, ré, fa sol... ce qui fait que la 4e trompette aurait été en dessous de sa tessiture (la 3e trompette étant juste au début de la tessiture).

J'aurais pu alors faire jouer le ré par la 3e et 4e trompette, donc la même note, mais cela aurait fait un son mal équilibré par rapport aux trompettes 1 et 2 qui elles, auraient joué deux notes différentes (le fa et le sol)... C'est pour cela que j'ai adopté le jeu seulement à deux voix : 1ere et 2ème trompette jouent un sol (écrit la sur le score puisque la trompette doit être écrite transposée) et les 3e et 4e trompette un fa (écrit sol sur le score).

Et j'adopte aussi cela plus loin dans l'arrangement (écrire seulement à deux voix pour 4 trompettes), lorsque la mélodie de la trompette lead n'est pas très haute.

Dès que la mélodie va plus dans les notes aiguës, voir 2ème mesure deuxième temps, j'écris à quatre voix.
Ainsi, 2ème mesure deuxième temps, il faut un accord de D9+ : en ut, en partant de la quatrième trompette, j'ai écrit les notes : fa# (tierce de l'accord) sib (c'est la 7e) do (tonique) et fa bécarre (c'est la 9+, jouée à la trompette lead).
A noter qu'à cet endroit, dans le conducteur, j'ai rajouté 13b dans l'accord. Ne faisant pas cette note aux trompettes, je la rajouterai dans l'une des voix (ou plusieurs) des saxes... (j'aurais très bien pu la mettre dans l'écriture des trompettes : à ce moment-là j'aurais écrit (en ut) : fa# lab sib fa. Mais j'ai fait autrement).

Si vous regardez l'ensemble, vous verrez que pour chaque voix de trompette, j'ai essayé le plus possible de faire une mélodie chantante et la plus conjointe possible (c'est à dire qu'il n'y a jamais de grands sauts. Jouer une voix en "dents de scie" est à bannir dans un arrangement car ce n'est pas du tout musical).

Je suis très content de moi, parce qu'on est juste le lendemain matin du cours et j'ai fini mon devoir... Une bonne habitude à prendre, d'autant plus que j'ai quand même pas mal d'autres choses à faire dans la semaine à l'école de jazz.
-----------

Et donc la semaine suivante nous voici tous de nouveaux dans la salle, pour ce 3ème cours...
"Merci de me donner vos devoirs. Je vous en rendrai la correction la semaine prochaine"...

Et puis Ivan va s'installer devant le piano :
"dictée musicale d'accords, histoire de vous mettre en jambes". (nb : On utilisera cette dictée ensuite bien plus tard dans un autre cours).

"Bon, ceci étant fait, passons maintenant à l'écriture des saxophones...

Écriture des saxes dans un big band

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"Le saxophone est un instrument à anche que l'on fixe sur un bec. Bien qu'il soit en cuivre, il est classé dans les bois. Cela est dû au fait que, justement, le son produit l'est au moyen du bec et de l'anche, tout comme la clarinette.
Il faut d'ailleurs savoir que beaucoup de saxophonistes ont commencé par apprendre la clarinette, excellente école pour jouer du saxophone.
Inventé au XIXe siècle (vers 1840) par le Français d'origine belge Adolphe Sax, cet instrument a connu des fortunes diverses. Puis vers 1920, nombre de jeunes compositeurs écrivent des concertos pour lui. Cependant il n'est pas encore la panacée des orchestres classiques, mais on y vient petit à petit.
C'est surtout le jazz qui l'a fait connaître, aux environs de 1930. Ceci explique peut-être qu'avec la vogue grandissante que commence à connaître cette musique, le saxophone apparaisse de plus en plus souvent dans les orchestres classiques, à l'occasion d’œuvres originales.

Dans un grand orchestre de jazz, le pupitre des saxes occupe un peu la même place que le quatuor dans un orchestre symphonique, dans un style différent bien entendu. La plupart du temps, c'est lui qui - en dehors des soli - représente avec la rythmique la base, le "coussin" harmonique et même souvent rythmique sur lequel viennent s'articuler les ponctuations de cuivres. Ces derniers peuvent également tenir ce rôle de "coussin" sur lequel évolue le pupitre des saxes, mais ce sont tout de même les saxes qui, le plus souvent, occupent ce poste.

Le pupitre de saxes le plus courant se compose de deux altos, deux ténors et un baryton (orchestres de Duke Ellington, Count Basie...). Mais il peut aussi se présenter sous d'autres formes. Par exemple, les "Four Brothers" de Woody Herman ne comprenaient que quatre ténors. On peut encore trouver un alto, trois ténors et un baryton ; un soprano, un alto, deux ténors et un baryton ou pas de baryton du tout, etc.

Mais le saxophone est également un magnifique instrument soliste : de grandes figures du jazz lui ont donné ses lettres de noblesse. C'est par exemple Charlie Parker à l'alto, Coleman Hawkins au ténor, John Coltrane au ténor et au soprano, Gerry Mulligan au baryton (pour ne citer qu'eux parce qu'ils sont légion).

Il existe 6 principaux saxs :
Sopranino en Eb, soprano en Bb, alto en Eb, ténor en Bb, baryton en Eb, basse en Bb (il existe même un sax contrebasse qu'no ne trouve plus guère que dans les musées. Tous les saxes s'écrivent en clé de sol (mais doivent être écrits dans leur transposition). Quelles que soient leurs tonalités propres, il ont la même étendue et les mêmes doigtés, qui va (je parle en ut) du sib sous le sol de la clé de sol) au fa (voire fa#) au dessus du sol un octave au dessus de la clé de sol. Mais on va voir que, suivant les saxes, des étendues sonnent mieux que d'autres.
Au baryton a été rajouté une clé supplémentaire, qui ainsi peut descendre jusqu'au la grave.
Sur tous les saxes, les do# sont un peu faux s'ils ne sont pas redressés aux lèvres, il faut donc y faire attention : évitez par exemple un unisson de trois ténors sur un do# aigu.
Il faut savoir aussi que les saxophonistes préfèrent la plupart du temps lire en dièses plutôt qu'en bémols. Si on a le choix entre la tonalité de Gb ou de F#, on choisira plutôt F#.

Les tessitures

Saxophone sopranino :
Il est en Eb. Il est très rare, très peu fabriqué, faux dans les extrêmes donc peu usité.
Pour simplifier, disons que la bonne tessiture (je parle en ut) part du lab (au dessus du sol de la clé de sol) jusqu'au do (un octave au dessus du do au dessus du sol de la clé de sol).
Comme on le voit, l'étendue exploitable est d'une dixième à peine, ce qui explique que le sopranino est rarement utilisé.

Saxophone soprano
Il est Bb. Beaucoup moins que le sopranino, il est tout de même faux dans les extrêmes graves et aigus, mais ce défaut peut être redressé aux lèvres pour un bon musicien. Il n'est pas de forme recourbée - comme les autres saxes - mais droite, comme la clarinette.
Disons que le bon registre (je parle ici en ut) va du do (au dessous du sol de la clé de sol) jusqu'au do (un octave au dessus de do au dessus de la clé de sol). Mais en fait, il peut monter jusqu'au mi et démarrer dans le grave depuis le lab (sous le sol de la clé de sol).

Saxophone alto

Il est en Eb. Sa bonne tessiture (je parle en ut) va du fa (le fa de la clé de fa) jusqu'au lab (au dessus du sol un octave de la clé de sol). Mais on peut descendre aussi jusqu'au réb (au dessous de la clé de fa), mais l'étendue du réb au fa est peu véloce à jouer. On peut monter aussi dans les notes aiguës jusqu'au mib (voire la bécarre) mais c'est délicat.
Écriture sur la partition : il s'écrit une sixte majeure au dessus du son réel, exclusivement en clé de sol.


Saxophone ténor
Il est en Bb. Sa bonne tessiture (je parle en ut) va du si (sous le fa de la clé de fa) au mib (au dessus du sol de la clé de sol). On peut descendre jusqu'au lab une octave au dessous du, mais l'étendue du lab au si n'est pas très véloce à jouer. On peut monter aussi dans les notes aiguës jusqu'au mib (voir mi bécarre) mais c'est délicat.
Écriture sur la partition il s'écrit une neuvième majeure au dessus du son réel, exclusivement en clé de sol.

Saxophone baryton
Il est en Eb. Sa bonne tessiture (je parle en ut) va du fa (un octave sous le fa de la clé de fa) jusqu'au lab (au dessus du sol de la clé de sol).
Contrairement aux autres saxes, le baryton est assez véloce dans les notes les plus graves. Ce qui fait qu'on peut étendre la tessiture vers le grave jusqu'au do (mais ne pas en abuser).
Écriture sur la partition : il s'écrit une treizième majeure au dessus du son réel, exclusivement en clé de sol.

Saxophone basse
Il est en Bb. Son bon registre (je parle ici en ut) va du do (1 octave sous le do sous le fa de la clé de fa) au do (celui aussi du fa de la clé de fa).
Plus fréquent que le saxo sopranino, le saxe basse est tout de même assez rare dans les orchestres.
Sauf peut-être le sopranino et le basse, la plupart des saxes montent plus haut que le contre fa. Mais ces harmoniques ne servent guère qu'aux solistes, très rarement en pupitre.
Écriture sur la partition : il s'écrit une seizième majeure au dessus du son réel, exclusivement en clé de sol.

Sourdines ?
Il n'y a pas de sourdines pour les saxes.

Temps de respiration

Les temps de respirations pour les sopranino, soprano, alto et ténor (dans l'aigu) sont les mêmes que ceux des trompettes :
Toutes les 10 secondes environ pour une nuance piano
Toutes les 8 secondes environ pour une nuance mezzo-forte
Toutes les 6 secondes pour une nuance forte"

Ceux des ténors (dans le grave), baryton et basse sont les mêmes que celui du trombone basse, à savoir
Toutes les 8 secondes environ pour une nuance piano
Toutes les 6 secondes environ pour une nuance mezzo-forte
Toutes les 5 secondes environ pour une nuance pédale ou une nuance forte

Nuances

Pour les nuances, ni le pp, ni le p ne sont possibles dans le grave ; du mib de la serrure (1ere ligne) aux notes plus graves. Il ne faut pas espérer mieux que mp, mais sur tout le reste de la tessiture à partir du mi bécarre (serrure E3), la palette va de pp à ff.
Le son des saxes peut être enflé ou diminué de manière très ample et il peut ainsi permettre des effets sonores intéressants.
Dans l'orchestre symphonique, on préférera utiliser le ténor et l'alto.

En résumé :

- Éviter pour les saxes d'utiliser toute leur étendue, donc de monter trop dans l'aigu et de descendre trop dans le grave (surtout pour le sopranino et soprano)
- Pour tous les sax, sauf le baryton, éviter de tricoter en dessous du ré grave. Eviter de leur faire jouer les notes basses avec la nuance piano
- Les do# médium et aigus ne sont pas trop justes pour tous les saxs
- Les saxes préfèrent jouer en dièses qu'en bémols.

Voilà, le cours est fini. Ivan part à la photocopieuse avec nos arrangements, nous rend, et garde la photocopie.
"Bon, pour la semaine prochaine, vous aller rajouter les saxes sous les trompettes que vous avez déjà écrites. Mais vous vous rappelez, dans le score, on met les saxes en bas, sous les trombones. Le prochain cours, nous verrons l'écriture des trombones.

Pour vous aider un peu, je vous rappelle qu'en général, ce sont les trompettes qui ont le plus de tensions (les notes de coloration, c'est à dire les 13e (ou 13 b), les 11+ (ou 5-), les 9e ou 9#, 9b), mais les saxes en auront peut-être, mais moins". Mais on verra tout cela lors des corrections finales, lorsqu'on aura écrit pour l'ensemble du big band, c'est à dire avec les trombones aussi."


Finalement, je sors assez serein du cours car même si je sais qu'il faut engranger pas mal de choses et que des mois et des mois vont être certainement nécessaire avant de nager là comme un poisson dans l'eau, tout cela ne me paraît pas hors de portée (sans jeu de mots... :) ).

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Même si chronologiquement dans le récit je n'aurai la correction de mon premier devoir (celui de l'écriture des trompettes) que la semaine prochaine, je vous livre d'ores et déjà ici les annotations d'Ivan qu'il me rendra au début du 4ème cours, pour que ce fil soit plus pédagogique.


Trompettes, mesures 1 à 5 (voir les images manquantes ici)
Image
Image



Trompettes, mesures 6 à 11 (voir l'image manquante ici)
Image

Explications :
- Pour le "inverse" dans la première mesure, j'avoue que je n'ai pas compris.. Parce qu'en fait, les 3e et 4e trompettes jouent ici la même chose. Ivan devait être fatigué ? Je reviendrai plus tard sur ce que ce "inverse" veut dire dans les cas où on doit les appliquer.

- Pour le 11+ entouré et point d'interrogation et marqué "impossible sinon tête de mort". En fait, c'est parce que je n'avais pas assez appuyé au crayon quand j'ai fait une croix sur la 11+ pour bien montrer que c'était interdit (et c'est mal ressorti sur la photocopie. Comme cela ne ressortait pas comme rayé, mais comme juste ajouté, Ivan a cru que je voulais rajouter cette note à l'accord...

- Pour le "un peu serré" : oui, si on regarde ce que joue trompette 1 et 2 (je parle en ut), elles jouent un la, les trompettes 3 et 4 jouent un sol (juste ne dessous du la), ce qui n'est pas forcément génial. Ce qui me fit aussi penser (mais cela n'a pas été noté en rouge) que dès la première croche de la première mesure, c'est pareil : trompettes 1 et 2 jouent un sol (je parle en ut) et 3 et 4 un fa juste en dessous. J'aurais peut-être dû écrire autrement cette première croche ? Par exemple trompettes 1 et 2 un sol, et trompettes 3 et 4 un ré (j'ai le droit, le ré est la limite inférieure de la tessiture de la trompette en Bb). Sauf qu'en faisant cela, cela aurait été peut-être pas si évident pour la suite, au moment où j'arrive sur le le deuxième temps de la deuxième mesure (sur le D9+). Parce que là, il aurait fallu faire des sauts (trompette 3 et trompette 4).

- Mesure 6 : trop serré : c'est vrai. Par ailleurs est rajouté quelque chose de très important "sans 7e". J'ai le droit d'écrire les 4 voix sans la 7e, mais j'aurais dû absolument le signaler (qu'il n'y avait pas de 7e) pour être sûr de la rajouter quand j'écrirais les autres pupitres. Et puis finalement, j'aurais dû plutôt mettre la 7ème dans les trompettes.
Idem plus loin.
Et puis mesure 9, 2ème croche du 1er temps, j'ai un accord de do-7 or les trompettes jouent (en partant de la 4e, et en ut) les notes : sol (quinte du do-7) sib (7e de l'accord) ré (9e) fa (11e). J'ai le droit, mais encore faut-il bien marquer quelque part que je n'ai pas mis de tierce, pour être sûr de la rajouter dans les autres pupitres. Cela dit, il est évident que lorsqu'on rajoute des saxes et des trombones, ceux-ci feront souvent les tierces, les 7e (surtout les saxes).

Donc finalement, pour un début, c'est pas si mal....

Mais bon, je n'ai toujours pas trouvé mes recharges de stylo pour mon quatre couleurs. Je vais donc aller traîner dans une papeterie où l'on m'a assuré que "là bas, ils ont beaucoup de choses tu sais"....

A suivre...
Et vous, les Pmistes, avez-vous écrit les trompettes ?
Modifié en dernier par Christof le mer. 21 juin, 2023 17:19, modifié 12 fois.
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Re: Arrangement/orchestration : les cours d'Ivan Jullien

Message par Christof »

Avant le 4ème cours
Rappel : fin du 3ème cours. J'avais rendu mon score avec la partie jouée par les 4 trompettes. Les corrections du devoir n'étaient pas trop catastrophiques, donc je me disais que finalement, pour un début, c'était pas si mal....

Dès le lendemain, je m'attaquais à l'écriture des saxophones. Je m'étonnais moi-même : j'avais pris le pli, n'attendant plus le dernier moment pour commencer à faire les choses, comme cela avait été si souvent le cas...
J'y passais quand même un bon moment. Et voilà ce que cela donna :

Score, mesures 1 à 5 (avec les 4 trompettes, 5 saxes, 1 trombone, contrebasse) Voir les trois premières images ici
page1_trompettes_2emecours.jpg
page1_trompettes_2emecours.jpg (73.16 Kio) Vu 758 fois
partiettrombonesimple_page1.jpg
partiettrombonesimple_page1.jpg (47 Kio) Vu 758 fois
page1_arrangementcomplet_saxes.jpg
page1_arrangementcomplet_saxes.jpg (59.13 Kio) Vu 758 fois
Voir la partie de contrebasse ici
Image


Image ci-dessous : score, mesures 6 à 11 (avec les 4 trompettes, 1 trombone, 5 saxes, contrebasse
Image
Image
Image

Voir la partie de contrebasse ici
Image


J'imagine que, forts du cours précédent (et de la façon dont on s'y est pris pour écrire les trompettes), vous comprenez comment j'ai fait pour les saxes.

Mais avant cela, juste quelques rappels :
le sax alto et baryton sont en Eb : ce sont des instruments transpositeurs. Un do (quand on parle en ut) s'écrit une tierce mineure au dessous pour un instrument transpositeur en Eb : donc on écrit un la. Ces deux saxes s'écrivent en clé de sol. Mais attention :
- Le sax alto, est écrit sur la partition au dessus de ce que cela va sonner (en fait une sixte majeure au dessus du son réel). Pour les écritures des saxes (et de tous les instruments, voir ici)
- Le sax baryton, qui s'écrit aussi en clé de sol, s'écrit sur la partition une treizième majeure au dessus du son réel

- Pour le sax ténor en Bb, c'est comme la trompette : on écrit un ton au dessus de la note (en ut) : ainsi, pour écrire un do, on écrira un ré sur la partition. Attention : il s'écrit sur la partition une neuvième majeure au dessus du son réel

Comment trouver l'armature à écrire sur les partitions de sax ?
Si on regarde le conducteur général pour la mélodie, il y a deux bémols à la clé : sib et mib, ce qui fait que l'on est soit en sib majeur, soit en sol mineur. Le dernier accord est un Bb majeur 7... on est plutôt ici donc en sib majeur.

Partons maintenant d'un sax en Eb : pour lui, une tonalité de sib maj (si on parle en ut) correspond à une tonalité de... sol majeur (vu ce qu'on vient de voir sur le rappel pour le sax alto et baryton. Donc, pour écrire en sol majeur, il faut un fa# à la clé (pour les non connaisseurs de cela, n'hésitez pas à m'écrire).

Pour un sax en Bb, on a vu qu'il fallait écrire un ton au dessus. Comme ici on est en sib majeur, la tonalité sera pour ce sax un ton au dessus, donc do majeur et c'est pour cela qu'il n'y a pas d'armature à la clé.


Bon, ces petits rappels étant faits, je reviens à ce que je disais, le "vous comprenez comment j'ai fait pour les saxes" :

- Si vous regardez le score, pour chaque sax, j'ai essayé d'écrire le plus possible dans sa tessiture(voir cours précédent) ( (sauf que je verrai à la correction que j'ai fait quand même des erreurs)

- J'ai essayé, pour chaque voix, d'être le plus chantant possible (pas de jeux en dent de scie).

- Pour le baryton, j'ai essayé de faire attention aux hors limite, entre lui et la contrebasse (voir cours 2). Je reviendrai plus précisément aux Hors Limite lors de la correction.

Exemple de disposition d'accord, mesure 2, 2e temps (pour le D9+ ) : si je parle en ut, le baryton joue un ré (la fondamentale de l'accord), le 4e ténor un ré (la quinte), le 3e ténor un fa# (la tierce), le 2e alto un mib (en fait j'ai mal écrit sur la partition, on voit pas bien, mais c'est un fa (en ut - et donc fa# vu l'armature, ce qui donne en note transposée un mib) et pas un sol (si j'avais mis un sol, ce qui donne un mi en note transposée, qui est la 9e de l'accord... cela aurait frotté grave avec la 9#), le 1ere alto joue un fa (qui est la 9#).

Je vous laisse le soin de regarder tout cela en détail, de voir si je n'ai pas fait des erreurs (et vous verrez qu'il y en a ...
On peut voir par exemple dénicher de belles têtes de mort, vous savez le bel écart de 9b qui frotte à mort.... (voir cours précédent). Fallait le faire, surtout avec seulement 5 instruments... Et je l'ai fait...
Je ne suis pas encore un as de la transposition quand je me relis.

A suivre....
Modifié en dernier par Christof le mer. 21 juin, 2023 17:35, modifié 7 fois.
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Christof
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Re: Arrangement/orchestration : les cours d'Ivan Jullien

Message par Christof »

Le 4ème cours

Rappel de l'épisode précédent : je m'attaquais à l'écriture des saxophones. Je m'étonnais moi-même : j'avais pris le pli, n'attendant plus le dernier moment pour commencer à faire les choses, comme cela avait été si souvent le cas dans ma vie précédente...
J'y passais quand même un bon moment...


A peine une semaine plus tard, de nouveau dans la salle de cours, fier comme Artaban parce que mon authentique stylo quatre couleurs en état de marche fait désormais partie de ma panoplie. Mon cahier de notes n'a plus qu'à bien se tenir...

Même rituel que la dernière fois, Ivan de nous dire :
"Messieurs, merci de me rendre vos devoirs, mais d'abord passez dans la pièce à côté m'en faire une photocopie".
Nous gardons les originaux. Ivan lui corrigera sur les scores photocopiés.

Il s'assied ensuite au piano pour une bonne petite dictée d'accords, histoire de nous mettre en bonnes dispositions. Je trouve que je m'en sors pas trop mal et puis cette sensation que, depuis le premier cours, je ne cesse d'entendre mieux...

"Bon, vous avez deviné le sujet du cours d'aujourd'hui... : l'écriture des trombones bien sûr"

L'écriture des trombones dans un big band

Image

Le trombone est probablement le plus ancien des cuivres (on l'appelait saquebute au XVIe siècle). Il existe le trombone à piston en Bb : l'avantage de celui-ci est qu'il est plus volubile (par exemple pour les chromatismes) mais moins juste que le trombone à coulisse, qui peut obtenir la justesse absolue (différence entre le F# et le Gb). On l'écrit en ut, en clé de fa et clé d'ut4. Cependant, il faut savoir que le trombone - au départ - un instrument en Bb. Il est capable de la plus grande puissance comme de la plus grande douceur.
Outre le trombone à piston, il existe 4 trombones à coulisse : le basse, le ténor, l'alto et même le soprano.

On examinera ici les deux plus connus : le ténor et le basse. En outre, il existe depuis peu le trombone complet qui fait le lien entre le trombone ténor et le trombone basse au moyen d'un barillet actionné par le pouce, ouvrant ou fermant l'accès à une tubulure allongeant la colonne d'air. L'effet de la coulisse, au fur et à mesure qu'on la tire, est d'allonger le tube, donc la colonne d'air, et donc de baisser les notes. L'intervalle entre la coulisse complètement fermée et complètement tirée est d'une quinte diminuée (complètement fermée : Bb. Complètement tirée, E inférieur).


Le trombone ténor

La tessiture va du mi (sous le fa un octave au dessous du fa de la clé de fa), au do (voire do# situé juste au dessus de la deuxième ligne supérieure en clé d'ut4). Mais il faut savoir que ce do#, le do en dessous et le si en dessous sonnent un peu faux. Par ailleurs, les notes graves partant du mi et montant jusqu'au sib sont peu véloces. On peut aussi descendre plus grave que ce fa en note de pédales, mais celles-ci sont à préparer 2 secondes avant de la jouer et deux secondes pour en sortir. Les notes possibles sont le sib (sous le mi grave), la, lab, et sol. Mais on ne peut juste utiliser une des notes pour une pédale. On ne peut pas faire de traits sur ces notes.

Puis Ivan de nous écrire les positions et leurs notes obtenues avec la colonne d'air (que je ne mets pas ici, cela serait trop long, ceci occupe d'ailleurs une bonne partie du cours). Il faut savoir que, de la coulisse fermée, à la coulisse complètement ouverte (complètement tirée), il y a 7 positions.

Il nous parle aussi de tous les glissandos possibles (mais je ne vous mets pas non plus ici tout cela, ce serait bien trop long). Il faut juste savoir que sont possibles tous les glissandos aboutissant ou commençant sur une note correspondant à la coulisse complètement fermée et commençant ou aboutissant sur une note inférieure contenue dans la quinte diminuée inférieure à la note coulisse fermée (et aussi les inverses de ces glissando).

Le trombone basse

Avec un système de barillet actionné par le pouce (comme pour un trombone complet) on allonge le corps sonore du trombone basse. Donc le son descend, suivant la longueur du tube, d'une 4te, une 5-, une 6te, etc. Il convient donc de ne pas considérer le trombone basse comme un trombone ténor une octave plus bas et d'éviter une trop grande vélocité dans le grave. Par ailleurs, l'embouchure du trombone basse est plus grosse que celle du trombone ténor. Aussi, convient-il de ne pas lui faire jouer des notes trop aiguës, car c'est plutôt un spécialiste du grave.

La tessiture du trombone basse va du sol (un octave au dessous du sol sous le fa de la clé de fa), jusqu'au mi (juste sous le fa un octave au dessus du fa de la clé de fa).
Pour une commodité d'écriture et de lecture, lorsqu'on est dans le très grave, il vaut mieux écrire une octave au dessus en signalant 8inf.
Puis là pareil, Ivan nous donne un tableau des positions (ici, il y en a 6) et les notes obtenues dans chaque position.

Les sourdines
Les sourdines sont les mêmes que celles des trompettes (voir le cours 2) (en plus gros) avec les mêmes astreintes (6 secondes minimum pour mettre ou enlever une sourdine et se réaccorder) mais - hormis le wah wah (plunger), on n'obtient pas tout à fait les mêmes sons. La straight mute rendrait - ainsi que l'harmon avec le tube d'ailleurs - un son voisin du basson. la cup mute rendrait un son voisin de la clarinette basse. La velvet mute produirait un son se rapprochant de celui du cor.
Il est inutile de se servir des sourdines en dessous du A grave (1er interligne clé de fa4) et au-dessus du sol aigu : en dessous et au dessus, c'est faux.
Le temps pendant lequel ils pevuent jouer avant de respirer (surtout pour le trombone basse) est légèrement plus court que celui des trompettes : l'instrument est plus gros et demande plus d'air.

Pour les nuances :
Toutes les 8 à 9 secondes environ pour une nuance piano
Toutes les 6 à 7 secondes environ pour une nuance mezzo-forte
Toutes les 5 secondes environ pour une pédale ou une nuance forte.

Écriture
Comme pour les trompettes, il faut éviter l'écriture en dents de scie (coulisse).
C'est le médium qui donne en général les sons les plus puissants.
Si on dispose de 3 trombones, on peut les faire jouer soit à l'unisson, soit en accords. Dans ce dernier cas, il faut employer des accords complets en disposition serrée ou espacée ; mais il faut équilibrer les voix de manière à éviter les trop grands écarts, qui font sonner l'accord "creux".

"Voilà, j'attends donc pour la semaine prochaine que vous me rendiez le score avec trombones (4 trombones ténors), ce qui nous fera un arrangement alors complet (rajoutez aussi la partie de piano et de batterie). Attention, comme d'habitude pour écrire, puisque nous écrivons en phrasé de masse, si vous avez bien fait le travail pour les trompettes et les saxes, vous n'avez pas à les considérer pour écrire vos trombones. Outre le conducteur, vous vous occuperez essentiellement du baryton et de la contrebasse pour les Hors Limite (HL).
En fait, l'écriture des trombones consiste essentiellement à asseoir les bases harmoniques, en tenant compte du baryton et de la basse.
Et comme je l'ai déjà dit maintes fois, il faut s'efforcer de faire sonner chaque pupitre individuellement, sauf quand c'est impossible avec le baryton parce qu'on a un HL
."

Voilà, le cours est fini. Là encore, cela m'a semblé assez simple finalement. Va falloir que je révise le tableau des HL.

---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Même si chronologiquement dans le récit je n'aurai la correction du devoir sur les saxes que la semaine prochaine, je vous livre d'ores et déjà ici les annotations d'Ivan qu'il me rendra au début du 5ème cours, pour que ce fil soit plus pédagogique.

Correction saxes

Mesures 1 à 5
correctionsax_page1.jpg
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Mesures 6 à 11
correctionsax_page2.jpg
correctionsax_page2.jpg (56.62 Kio) Vu 757 fois

Ouh la la, il y a pas mal d'erreurs que j'aurais pu éviter...
Dernière croche, 3ème mesure, j'ai écris un si# au baryton. En fait, c'est un peu idiot car il aurait été plus cohérent d'écrire un do (ce qui est la même chose). Ceci vient du fait que je ne suis pas encore un as de l'écriture des instruments transposés... Le baryton étant en Eb, et donc s'écrivant une tierce mineure au dessous de sa note en ut, je ne sais pas quel processus j'ai adopté dans mon cerveau pour en arriver à écrire ce si#... Va falloir que j'y réfléchisse

Plus grave, mesure 5, croche sur le deuxième temps, et aussi deuxième croche sur le 3e temps, je me mange une tête de mort (vous savez, le fameux écart interdit de 9eb). Comment n'ai pas pu voir ça ? ... Encore un problème de transposition. Je me console en me disant que cette 9eb n'étais pas évidente à voir car elle a lieu entre un sax en Bb et un en Eb et je n'ai pas encore dans la tête la gymnastique adéquate pour ne pas faire d'erreur. Je me console aussi en me disant que cela ne vient pas du fait d'une méconnaissance des accords, mais simplement de cette fichue lecture en transposition.

Mesures 7, 8 et 9 toujours ce problème de si# (alors qu'il aurait mieux valu écrire un do). Mais bon, j'ai été cohérent avec moi-même.
Mais plus grave, la tête de mort dernière mesure, 1ere croche du deuxième temps, impardonnable. Là j'aurais dû la voir tout de suite, parce que cette 9eb a lieu entre deux saxes transpositeurs en Bb et là c'est évident à lire : le baryton joue un fa# (donc un la en ut) et le 2e alto un sol (donc un sib).
Et puis pareil, dernier accord, une belle tête de mort. Là aussi, c'était évident. En plus je ne vois pas ce qui me prend de mettre la 7e majeure de l'accord tout en bas au baryton. Même si j'ai voulu faire un chant bien conjoint.

Diagnostic final :
"Les saxes se cantonnent trop dans les fondamentales et auraient souvent pu être écrits plus haut, surtout le baryton.. Il y a souvent trop d'espace entre le 1er et 2e alto (mesures 4, 5, 6), trop de doublures. Et puis 4 têtes de morts...".

Finalement, cela me rassure toutes ces fautes. Au moins, cela mets l'accent sur ce que je dois bien surveiller.

Alors je jurais qu'on ne m'y reprendrait plus (façon de parler, parce que des erreurs, il y en aura bien sûr encore) : comme dit le poète : "on n'apprend pas à l'ours à tomber de la dernière pluie car il faut forger sur le métier sans cesse pour devenir forgeron qui ne remet jamais au surlendemain l'ouvrage qu'il doit faire le jour même".

A suivre...
Modifié en dernier par Christof le lun. 19 juin, 2023 18:55, modifié 4 fois.
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Re: Arrangement/orchestration : les cours d'Ivan Jullien

Message par Christof »

Prélude au 5ème cours
Rappel de l'épisode précédent : "Finalement, cela me rassurait toutes ces fautes. Au moins, cela mettait l'accent sur ce que je devrais bien surveiller à l'avenir."

Plus tard, assis dans le métro, j'étais plongé dans mes notes de cours. Mais relevant le nez, je remarquai un truc bizarre. Tous les gens portaient un masque de... tête de mort. C'est alors que montèrent, cheveux en bataille, à Stalingrad, deux accordéonistes. Le morceau qu'ils jouaient n'était qu'une suite d'écarts de 9eb... Non pitié, s'il-vous-plaît, pas ça, pas les têtes de morts !

Pour les faire fuir, je sortis mon stylo quatre couleurs...
Mon voisin de banquette
"- Qu’est-ce que vous écrivez ?
- Un nouvel arrangement pour big band sans accordéon
- Et vous en êtes où ?
- Je viens de commencer.
- C’est-à-dire ? Qu’avez-vous écrit ?
- Rien. Je viens juste d’ouvrir mon cahier et je m’apprêtais à commencer à écrire…
- Et ça va être quel style : swing, be bop, hard bop, fusion ?
- Aucune idée.
- Comment ça, aucune idée ? Vous ne savez pas ce que vous allez écrire ?
- Ben, non. Sinon je l’aurais déjà écrit.
- ça commence comment ?
- Puisque je vous dis que je ne le sais pas encore !
- Et vous prétendez que vous allez écrire un morceau ? Permettez-moi de vous dire, Monsieur, que ce n’est pas de cette façon qu’on écrit de la musique. L’écriture musicale répond à des règles très strictes. Il faut faire un plan, connaître les caractères des différents pupitres, avoir en tête le découpage, les variations et modulations, le dénouement, donc,la coda, tout cela demande un long travail préparatoire. Il y a pourtant de nombreux universitaires qui ont écrit des textes sur l’écriture contrapuntique, vous devriez les lire, vous devriez vous renseigner avant de faire n’importe quoi ! "

Comme il s’arrêtait un instant, visiblement satisfait de sa tirade, je pris mon stylo et commençai à écrire.
- « Qu’avez-vous écrit ?
- Je n’ai même pas eu le temps de terminer une phrase.
- Quels notes avez-vous écrites ?
- Écoutez, cela ne vous regarde pas.
- Vous écrivez une musique pour un film ?
- Mais non. Je vous ai déjà dit que j’écris, juste comme ça, pour voir. J’ai toujours procédé ainsi, je ne vois pas pourquoi je ferais autrement. J’ignore où je vais, quelle sera la division des pupitres, si ce sera en phrasé de masse, je n’ai aucun plan, aucune méthode. »

C’est alors qu’il m’arracha mon cahier.
"- ça va pas ! Rendez-moi ça tout de suite !
- Pas question. Vous croyez tout de même pas qu’on va vous laisser écrire n’importe quoi !".


C'est alors que je me réveillais, sortant de ce cauchemar. Ouh là là, cela avait dû drôlement travailler du chapeau cette nuit dans ma petite caboche d'arrangeur débutant. En fait, on était déjà le lendemain du cours.
Fallait-il d'ores et déjà me mettre au travail ? Et puis non... l'écriture de l'arrangement de trombones attendrait bien demain vendredi.

Sauf qu'après le petit déjeuner, je disposais de trois bonnes heures avant de partir au CIM pour mon cours de piano avec Denis Badault. A cette époque (on est fin octobre ou début novembre 1985), je travaillais Confirmation, le fameux morceau be-bop de Charlie Parker... et je commençais à m'en sortir pas trop mal.

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nowthetime.jpg
nowthetime.jpg (13.85 Kio) Vu 737 fois

Petite digression : puisque l'on parle de ce morceau "Confirmation", j'aimerais vous signaler ce CD "Now's the time" [sorti en 2006, donc 11 ans plus tard que mes cours d'arrangement"] dans lequel le son du sax de Charlie Parker a été intégralement remastérisé (la session de base avait été gravée durant l'été 1953). La vache !!!... C'est fou de l'entendre avec un son de super bonne qualité
Écoutez son chorus dans "Confirmation" : on a l'impression qu'il a trente ans d'avance sur les autres musiciens qui jouent avec lui, surtout durant leurs chorus (on peut l'entendre ici, en descendant dans la page et en sélectionnant "Confirmation".

(rajout au 29 octobre) : Ecouter tout le morceau Confirmation. Charlie Parker (sax alto), Hal Haig (piano), Percy Hearth (contrebasse), Max Roach (batterie). Enregistré le 30 juin 1953.
Fin de la digression

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Reprenons la suite de l'histoire...

Et donc, comme je m'en sortais pas mal, plutôt que de retravailler cela avant mon cours de piano, je décidai de me plonger dans la suite du devoir d'arrangement. Et comme, en plus des trombones, il fallait écrire la partie de piano et de batterie, je commençais par le piano. En tant que pianiste, je chiadais à mort la partie piano... De fil en aiguille, j'écrivis les trombones... Et puis la partie batterie (ça c'est facile, il suffit de marquer juste les "pêches" et le batteur se débrouille bien mieux que ce qu'on pourrait écrire. En bas de la portée on écrit la grosse caisse, au milieu la caisse claire, et en haut les cymbales charley (les croix), Si on met un o, cela veut dire charley ouverte. On y reviendra plus loin dans les cours).

Ce qui donna cela au final :

Score, mesures 1 à 5 (avec les 4 trompettes, 4 trombones, 5 saxes + piano, contrebasse, batterie) (voir les images manquantes ici)
Image
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(voir la partie piano contrebasse batterie ici)


Image ci-dessous : score, mesures 6 à 11 (avec les 4 trompettes, 4 trombones, 5saxes + piano, contrebasse, batterie) (voir les images manquantes ici)
Image
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Image
Image
(voir la partie piano contrebasse batterie ici)

Incroyable. J'avais terminé le devoir d'arrangement... et on n'était que le lendemain du cours d'Ivan.
Je partais à mon cours de piano le coeur léger, léger, léger.

(sauf que j'apprendrai par la suite, lorsqu'Ivan me rendra la correction des trombones, que j'ai généré deux belles têtes de mort (si on regarde les trombones par rapport aux trompettes) ! Je vous laisse le soin de les débusquer...
Et puis aussi un hors-limite entre 4ème trombone et sax baryton à un certain moment...


A suivre....
Modifié en dernier par Christof le mer. 21 juin, 2023 18:07, modifié 15 fois.
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Oupsi
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Re: Arrangement/orchestration : les cours d'Ivan Jullien

Message par Oupsi »

J'ai très très bien compris le cauchemar!!

(le reste c'est un peu moins clair dans mon esprit, mais comme on dit, ceci explique cela :mrgreen:)

=D> Merci pour ce magnifique partage.
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Christof
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Re: Arrangement/orchestration : les cours d'Ivan Jullien

Message par Christof »

Oupsi a écrit :(le reste c'est un peu moins clair dans mon esprit, mais comme on dit, ceci explique cela :mrgreen:)

=D> Merci pour ce magnifique partage.
Merci Oupsi

Ah mince, je viens de m'apercevoir que pour ce qui est des mesures 6 à 10, me suis planté en découpant les images...(faut dire que c'est pas simple à faire). Pour ces 4 mesures, j'ai affiché deux fois la partie de trompettes l'une sous l'autre (au lieu de mettre les trombones sous les trompettes)... Et je ne pourrai pas corriger cela avant lundi.
Du coup, y'a sursis jusqu'à lundi pour trouver les têtes de morts ;)
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jean-séb
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Re: Arrangement/orchestration : les cours d'Ivan Jullien

Message par jean-séb »

Je n'ai pas eu le temps de lire de fil en détail. Mais j'en attrape quelques bribes à chaque fois et j'ai l'impression qu'on assiste à la naissance d'un excellent roman !
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Caralire
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Re: Arrangement/orchestration : les cours d'Ivan Jullien

Message par Caralire »

Les amis qui passent l'éponge sur l'obsession de la recharge du quatre couleurs, très bien écrit ! Et le cauchemar !

Bon pour le reste j'avoue que je lis l'histoire en gardant pour plus tard les efforts de comprendre la théorie... ce serait trop long pour moi. Mais c'est un plaisir de te lire.
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