Les pianos de l'été - 16 juillet 2017 à Chaligny

Concerts, interprètes, émissions, sortie CD
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Okay
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Les pianos de l'été - 16 juillet 2017 à Chaligny

Message par Okay »

Bonjour,

Sylvie l'avait évoqué, voilà un peu plus d'informations sur le nouveau festival Les pianos de l'été !

Cela se passera en Vendée sur la journée du dimanche 16 juillet 2017, dans le merveilleux cadre des jardins remarquables de Chaligny.

Il y aura huit récitals de 45 minutes et quatre pianistes, chaque pianiste donnant son récital dans deux lieux différents.
Le programme est en ligne sur le site du festival (menu Programme).

Nous serons très heureux de vous croiser lors de cette escapade estivale !
Fichiers joints
Chaligny.jpg
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Christof
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Re: Les pianos de l'été - 16 juillet 2017 à Chaligny

Message par Christof »

Merveilleux !
Quatre concerts superbes, dans un endroit superbe ! Le rêve quoi... Alors forcément, j'y fonce...

J'ai appelé pour savoir comment réserver.

Voici la réponse :
Envoyer un courrier avec un chèque à :
Les Amis de Chaligny
Logis de Chaligny
85320 Sainte Pexine

et libeller le chèque à : Les amis de Chaligny

(je viens de mettre tout à l'heure le courrier à la boîte aux lettres).

Les places seront à retirer sur place le jour du concert.
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Christof
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Re: Les pianos de l'été - 16 juillet 2017 à Chaligny

Message par Christof »

En avant première :

Promenade dans les jardins du Logis de ChalignyImageVoir la vidéo



Sylvie Stéphanidès : "Ah! Vous Dirais-je Maman" (Mozart). Extrait
Image
Voir la vidéo
sylvie piano
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Re: Les pianos de l'été - 16 juillet 2017 à Chaligny

Message par sylvie piano »

Merci beaucoup Christof de promouvoir ainsi cet événement et merci aux Pmistes qui ont d'ores et déjà réservé ! Je vous rencontrerai avec grand plaisir ! C'est bientôt...... !!!
Spianissimo
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Re: Les pianos de l'été - 16 juillet 2017 à Chaligny

Message par Spianissimo »

Il y a des fois ou je m'en veux de vivre sous les tropiques....ces vidéos, ce lieu et les personnes qui vont l'animer donnent envie de plonger dans cette parenthèse enchantée...malheureusement, en Juillet, je n'y serai pas.
C'est sympa de parler mais jouons maintenant...
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Arabesque44
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Re: Les pianos de l'été - 16 juillet 2017 à Chaligny

Message par Arabesque44 »

Réservation sous enveloppe, à poster!
Il est précisé qu'on peut apporter son pique-nique, ça va donner un petit côté "Festival de Glyndebourne"
( la tenue de soirée n'est pas exigée...)
Image
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Arabesque44
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Re: Les pianos de l'été - 16 juillet 2017 à Chaligny

Message par Arabesque44 »

C'est demain! J'y serai pour 11 h
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Moderato Cantabile
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Re: Les pianos de l'été - 16 juillet 2017 à Chaligny

Message par Moderato Cantabile »

Génial , Arabesque ! J'espère que tu nous pourras nous faire quelques belles photos .
Et bien sûr je souhaite un merveilleux concert à Sylvie et à Olivier !! :D
"Il faut que cela soit si gai , si gai , que l'on ait envie de fondre en larmes ."
Line-Marie

Re: Les pianos de l'été - 16 juillet 2017 à Chaligny

Message par Line-Marie »

Avec Monsieur Strumpf et Eliette , nous avons passé une très belle journée dans cette ancienne maison noble vendéenne et ses grands jardins.
Nous sommes arrivés pour le premier concert à 11h et nous avons écouté Olivier dans un programme tout Chopin. Puis pique-nique dans les jardins.
14h, nous écoutons Sylviepiano dans un programme de Bach à Debussy.
Puis à 16h, le pianiste Laurent MARTIN, spécialiste des oeuvres de Mel Bonis (il travaille depuis 18 ans pour redécouvrir les oeuvres de cette compositrice et les diffuser ), après quelques valses de Schubert et deux pièces de Chopin, il nous interprète magistralement 5 pièces de Alkan dont le célèbre Chemin de Fer, puis termine avec poésie par 5 pièces de Mel Bonis.
Un moment musical donc petri d'émotion grâce à tous ces interprètes de talents et aussi amical puisque nous étions avec Oupsi, Arabesque et Anne Laure
Modifié en dernier par Line-Marie le lun. 17 juil., 2017 8:55, modifié 1 fois.
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Stavroguine
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Re: Les pianos de l'été - 16 juillet 2017 à Chaligny

Message par Stavroguine »

Merci pour ce petit CR. Je comptais y aller et j'enrage de finalement n'avoir pas pu.
arg

Re: Les pianos de l'été - 16 juillet 2017 à Chaligny

Message par arg »

Merci pour ce CR qui donne envie de venir l'an prochain si c'est renouvelé ! ce n'est pas très loin de chez nous
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Oupsi
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Re: Les pianos de l'été - 16 juillet 2017 à Chaligny

Message par Oupsi »

Une merveilleuse journée estivale consacrée au piano et aux enchantements de la lumière et du son.
Quatre pianistes, deux lieux, dans l'enceinte d'une belle demeure vendéenne très joliment structurée, avec cour, jardins et bois: une grange aménagée, haute de plafond et très agréable, et un salon, boiseries et plafond en bois, très belle acoustique. Quatre pianistes, donnant chacun un concert dans l'un des lieux, puis dans l'autre. Donc deux concerts simultanés, en tout quatre concerts pour le visiteur, séparés de moments de détente et de plaisantes conversations dans un jardin magnifique aux dessins et reliefs végétaux superbes et aux belles palettes colorées. (très beaux rosiers, toute mon admiration au jardinier!)
Deux pianos, très différents et interagissant chacun avec l'acoustique de la salle et sa magie propre.

L'expérience était fascinante. Quatre pianistes, quatre styles, quatre histoires: Irakly Avaliani, Laurent Martin, Olivier Korber et Sylvie Stéphanidès.
Le premier nom me disait quelque chose et dans la voiture je me suis rappelé pourquoi: il est mentionné dans le livre de Catherine David, Crescendo, où il est dit qu'il a étudié (ou plutôt réétudié, tout repris, pour transformer complètement son jeu) avec une élève de Marie Jaëll.
Quatre styles perçus de très près, c'est la grande joie que procurent ces concerts dans des lieux à dimension humaine. Je me suis passionnée pour les mains, les évocations sonores des uns des autres, les structures, les narrations, la clarté, l'émotion, les images naissantes, les éclosions, les abandons.
Il y avait à la fois liberté et concentration.
Une sorte d'émotion des "premières fois", car c'était la première édition de ce festival, qui était donc une grande et forte expérience pour les organisateurs et les hôtes.
Et tout était à l'avenant; la nécessité de jouer deux fois dans la journée et donc de remobiliser et recréer l'énergie, mais aussi l'expérience étrange de jouer le même programme sur deux pianos aussi différents à quelques heures d'intervalle ont mis les pianistes dans une disponibilité au présent très fine et perceptible, qui est la petite porte par où s'engouffrent les grandes émotions, et nous avons été choyés pour ce qui est de l'émotion!
Pour nous auditeurs c'était également passionnant: l'oreille a besoin de changement, c'est même indispensable à une écoute généreuse. Excellente formule donc que ce festival.
Le programme était riche et varié et a permis de réécouter de grands classiques joués de manière très habitée, mais aussi de découvrir des pièces moins connues, ce qui est aussi l'un des grands plaisirs d'un festival de musique.
Okay a joué avec la ferveur communicative que nous lui connaissons.
J'ai été ravie d'écouter Sylviepiano pour la première fois en vrai (je ne connaissais que les vidéos qu'elle avait partagées ici), merveilleuse pianiste au jeu intense et puissant. Elle est l'organisatrice, initiatrice et inspiratrice de cette journée, donc un grand bravo, et longue vie à ce festival!
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zende
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Re: Les pianos de l'été - 16 juillet 2017 à Chaligny

Message par zende »

merci pour le partage
Spianissimo
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Re: Les pianos de l'été - 16 juillet 2017 à Chaligny

Message par Spianissimo »

Merci pour ces comptes rendus.
C'est sympa de parler mais jouons maintenant...
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Christof
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Re: Les pianos de l'été - 16 juillet 2017 à Chaligny

Message par Christof »

Oupsi a écrit :Une merveilleuse journée estivale consacrée au piano et aux enchantements de la lumière et du son....!
Je trouve qu'Oupsi a merveilleusement résumé cette journée de musique et de rêve. Tout y est.
Je viens alors ici agrémenter son commentaire par des images et des sons. Puissent-ils donner l'envie et entraîner les Pmistes à bondir sur la prochaine édition (elle semble déjà se préparer).
Celle-ci sera sûrement différente, ce ne sont pas forcément les mêmes pianistes qui viendront jouer : c'est comme la vie, tout est toujours en mouvement.

En tous cas, avec la première édition de ces "Pianos de l'été", c'était un privilège pour moi de pouvoir entendre Sylvie et Olivier dans une même journée, deux personnes à mon avis irremplaçables. Musicienne et musicien dans l'âme. Un bonheur inimaginable. Être là aussi pour leur rendre hommage, pour la valeur de ce qu'ils apportent (ou ont apporté) dans ce forum.

Quel endroit merveilleux que ce Logis de Chaligny. Lieu habité de la lumière de son propriétaire Alain Durante, véritable esthète, passionné de musique. Il fallait être un peu fous pour mettre sur pieds et réaliser en si peu de temps cette manifestation dont Sylvie a été l'initiatrice, l'inspiratrice.
Ils en ont rêvé, alors ils l'on fait. Et quand on sait ce que cela représente de mener à bien une telle entreprise, notamment en termes d'organisation, de communication, de gestion, on ne peut qu'être admiratif. J'adore les personnes qui construisent.

Ce 16 juillet au matin tôt, je n'avais qu'une peur en prenant la route depuis Royan : voir ma vieille "super5" ne pas tenir pas le coup (cela fait des années que je me dis qu'un jour elle va nous lâcher, mais non, elle semble increvable).
Premier concert prévu, celui d'Olivier, à 11 heure 30. Les dieux sont avec nous puisque nous arrivons avec une heure d'avance. L'occasion de se familiariser avec la beauté des lieux, la sérénité qu'elle procure , pénétrer dans cette belle cour, repérer la grange où se tiendra le premier concert, l'entrée aussi vers le salon et les jardins situés sur le côté et à l'arrière du Logis.

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Le Salon est au premier étage, l'entrée se fait par la porte au fond.
La grange se trouve dans le corps de gauche du bâtiment.


Ayant été souvent occupé par des fermiers, le Logis - qui a été construit au XVIème siècle - n’a subi aucune altération depuis le XVIIIème, le faisant considérer comme l’un des mieux conservés de Vendée. Préservation intacte donc, non seulement de ses bâtiments, mais aussi de son paysage. Ayant mis la main sur les plans d'époque, Alain Durante a fait restaurer certaines parties qui le nécessitaient, mais a aussi ressuscité les jardins exactement dans leur configuration d'époque grâce au talent d'un jardinier hors pair.

Regarder les pianos et déjà rêver
Comme l'a expliqué Oupsi "Quatre pianistes, donnant chacun un concert dans l'un des lieux, puis dans l'autre. Donc deux concerts simultanés, en tout quatre concerts pour le visiteur, séparés de moments de détente. Deux pianos, très différents et interagissant chacun avec l'acoustique de la salle et sa magie propre." (...) la nécessité [pour chaque pianiste] de jouer deux fois dans la journée et donc de remobiliser et recréer l'énergie, mais aussi l'expérience étrange de jouer le même programme sur deux pianos aussi différents à quelques heures d'intervalle".

Image Image
A gauche : le Steinway dans la grange ; à droite : le Steinway dans le salon

Voilà, il est 11h 30, Olivier s'avance. Instant suspendu d'une respiration, d'un recueillement...

Image

puis le son emplit la salle..., vibre...

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Entendre enfin Olivier jouer les études en live [j'avais pu bien sûr les écouter dans la vidéo du concours des grands amateurs de piano, et aussi certaines d'entre elles sur quatre vidéos déposées dans son site], mais là, tout est différent.
Est-ce mon oreille qui a changé ? les conditions exceptionnelles de ce concert (et ce piano magnifique) ? tout le travail poursuivi par Olivier, ainsi que la préparation du disque ? les moins bonnes conditions dans lesquelles j'avais pu entendre Olivier dans d'autres concerts [mais où je ne l'avais encore jamais entendu jouer les études en live] ?
J'entends vraiment dans le son une vibration. C'est très difficile à expliquer, c'est très subjectif, je veux dire par là quelque chose qui vous touche dans vos fibres, rare, qui vous remue et vous colle les frissons. Une musique qui serait devenue pour moi plus "de chair et d'âme", ce que j'avais moins ressenti dans d'autres de ses concerts.

Tout ne me touche pas dans les études de Chopin, parce que [mais encore une fois, mon avis n'est pas forcément celui d'une personne très éclairée] justement, il s'agit d'"Etudes" et ce n'est pas une musique que je peux qualifier de "pure". J'imagine que Chopin a composé chacune d'elles en visant un côté technique particulier à acquérir pour les élèves, ce qui peut être au détriment, pour certaines, de la beauté de la musique, de ce que je considère le "sommet musical". Certaines, pour moi, font cependant partie de ce sommet. Et c'est ce qui fait qu'à chaque fois qu'Olivier arrivait à l'une d'entre elles, les frissons revenaient de plus belles.
Ce qui est merveilleux, c'est qu'il a su me raconter ici une tout autre histoire, parant cette œuvre d'une lumière pour moi inédite, m'invitant à entendre finalement ces études comme un seul et même morceau.
Un écrin, dévoilant chacune des parties comme emboîtement d'un tout, et cela grâce à la pensée de l'interprète qui n'a cessé de jouer "au dessus", avec style et fluidité pour faire de cette œuvre une pure musique.

Avec l'accord d'Olivier, voici un extrait en écoute : Etudes 5, 6, 7 (Chopin Opus 25) + le bis
(nb : le son était bien meilleur que cela, mon enregistrement n'est hélas pas celui d'un professionnel)


Oupsi a écrit :"Concerts séparés de moments de détente..."

Et parmi ces moments de détente et de discussions, à différents endroits dans les jardins, on pouvait aussi écouter au cours de la journée la chanteuse Christiane Lusignan et son pianiste (dont hélas j'ai oublié le nom). Moments très agréables.

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Avant d'aller pique-niquer
Ecouter un extrait


Pique-niquer dans les jardins

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La glacière est bien remplie. Salade à l’italienne (Picard, je vous la conseille), cake aux olives, dessert.... pur moment de bonheur...

Puis encore explorer les lieux...

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Il est 14 h moins une. Dans le salon. concert de Sylvie. A côté du piano, un très beau bouquet

J'ai choisi sur cette journée d'assister aux deux concerts de Sylvie : à 14 h dans le salon, 18 h dans la grange - ce qui fait que je n'ai donc pas pu écouter celui d'Irakly Avaliani. Je voulais vivre cette expérience singulière d'écouter le même jour la même artiste sur "Deux pianos, très différents et interagissant chacun avec l'acoustique de la salle et sa magie propre", comme a pu l'écrire Oupsi.

J'aime particulièrement cette façon vivante qu'a Sylvie de nous proposer son programme comme une promenade dans son jardin personnel, son jardin musical. Et, pour mieux nous emmener dans son monde sensible, elle nous parle de chaque pièce avant de la jouer. Lien immédiat avec le public. Pour cette artiste, il s'agit bien moins de nous renseigner sur l’œuvre à partir de ce qu'on pourrait dire sur son compositeur (ce qui finalement ne serait qu'un pur exercice académique) que de nous éclairer sur sa sensibilité d'interprète face à la pièce que nous allons entendre. Donner une vision, sa propre vision.

Générosité d'un partage : en nous révélant pourquoi elle a choisi particulièrement de nous jouer tel ou tel morceau, les sensations, les couleurs, les images, les saveurs, les points de repères qu'il représente dans sa vie de musicienne, Sylvie nous ouvre l'esprit, nous rend plus intelligents, aiguise notre propre sensibilité. Alors c'est comme si nous étions aussi nous tous des musiciens avant que de n'entendre. Une invitation, au moment du jeu, à nous fabriquer nos propres images, notre propre histoire face à ce morceau, finalement comme si nous étions en train de le jouer nous-même, que nous soyons pianistes ou pas, fin connaisseurs ou pas. Expérience singulière.

Voilà, elle s’assoit. Elle ferme les yeux, respire. On dirait qu'elle puise l'énergie depuis la terre dans ses pieds, énergie qui monte alors dans tout le corps jusqu'au plus haut d'elle même, emplissant déjà tout l'espace. Public suspendu. Mon dieu, sa façon de poser les mains avant que ne sonne la première note de la première Arabesque de Debussy... geste d'une grâce infinie. Un mystère, ce son qui déjà vibre jusqu'au fond de la salle et qui nous emporte corps et âme. La magie (relire à ce sujet "Premières notes. La magie. Les larmes", texte écrit après avoir assisté à l'un de ses concerts il y a quelques mois).

Ce n'est plus une artiste qui joue, c'est toute la salle qui participe à cette vibration, palette des couleurs et émotions de chacune et de chacun qui, en se mélangeant et s'unissant, révèlent les plus beaux dégradés. C'est si difficile d'exprimer ici toute la teneur de la magie avec les mots. J'aimerais pouvoir les éventrer les mots pour vraiment bien la dire ici. Mais dire cette vibration, c'est déjà la transformer. Comment exprimer sans déformer ? Sans défigurer. Sans voiler en cherchant à dévoiler. Dénaturer en voulant saisir. ...

Pour moi une nouvelle approche. Prise de conscience

Je me souviens avoir beaucoup écrit dans le fil "Le jazz pourrait-il améliorer jouer le classique ?".
....A un message d'Oupsi : "Pour le classique, ça [le jazz] permet je crois de mieux entendre les accords, la musique du 20e, les rythmes syncopés, etc. comme cela a été dit, et surtout ça donne je crois une plus grande exigence à la sensation de "vie" (qui bien sûr doit être présente aussi dans le classique, mais que parfois on oublie), car le jazz sans vie c'est impossible.D"

J'avais répondu : "Mon dieu comme je suis d'accord avec toi. De mon côté, je n'emploierais pas forcément ce terme de "sensation de vie" (mais je sais qu'on parle de la même chose), mais plutôt celui de "son", de cohérence dans le son. Et cela vient par tout d'abord le côté "musicien(ne) qui est en nous. Un(e) formidable musicien(ne) (mais ce n'est que mon avis) est une personne qui, déchiffrant du jazz ou du classique, sent tout de suite la dynamique des phrases, les silences, les points clés de l'oeuvre. Alors, même en déchiffrant, il ou elle est incapable de jouer de "façon plate", sans le son, l'espace du son, toutes les couleurs et toutes les nuances.
A mon avis, une aide extraordinaire que peut apporter le jazz dans la façon de jouer le classique, vient de ce que j'expliquais concernant la liberté donnée : une portée où est écrite la mélodie, des chiffres des lettres qui donnent les accords. En jazz, on apprend très vite à les "colorer" ces accords, se retrouvant très souvent avec des accords à 6 notes dans les doigts, tout en faisant vivre une mélodie. Passer d'un accord à l'autre (si on utilise certaines règles) entraînent une richesse des "voicings" internes. Et comme c'est vous qui les choisissez, c'est vous qui savez les faire sonner. En jouant, vous connaissez implicitement la pression à donner à chaque doigt, cela arrive presque naturellement (et je ne vous raconte pas comment votre technique alors évolue). Il me semble qu'en classique, devant une partition, du fait que tout est écrit, ce travail est moins naturel au début, voire n'existe pas du tout (bien sûr, un pianiste confirmé sent tout cela aussi). Parce que je pense que c'est très mal enseigné en classique."


Et pour avoir assisté au deux concerts de Sylvie (et à l'un des concerts d'Olivier), je peux dire maintenant que je me sens vraiment tout petit.
Pour moi, Sylvie est une jazzwoman dans l'âme. Chaque concert, c'est ici et maintenant. Je veux dire par là que même si il s'agissait du même programme à 14 h et à 18 h, tout était pareil (la même émotion, la même générosité, la même puissance) et tout était différent (œuvres jouées un peu différemment, révélant encore d'autres palettes). Maîtrise du discours, mais avec Sylvie, c'est comme si il était à chaque fois improvisé. La musique qui ne cesse de bouger, d'évoluer et de se bonifier. Interpréter de manière à se retrouver. Et pourtant, en conduisant, se perdre toujours plus haut, en se confiant corps et âme à la musique. S'élancer. Se retrouver alors en acceptant de se perdre. Le plus grand des risques. Ne pas penser lorsqu'on joue, se laisser jouer, car commencer à surveiller c'est s'empêcher d'accomplir.
S'inquiéter là moins d'échouer à saisir que de faire fuir et de voir s'en aller. Juste créer l'espace, écouter le son, le faire vivre et ainsi vivre autrement. S'engager. Dire la musique pour la demander. Révéler. Faire vivre et épanouir. En agissant d'une telle manière (comme je sens que l'a fait Sylvie), se risquant à rencontrer, c'est en même temps s'aider à percevoir, à concevoir et à projeter. Jouer pour aimer. Aventure musicale et humaine réussie.

Et c'est alors là que je sens la supériorité infinie des (grands) pianistes classiques sur pas mal de jazzmen. En jazz, on a le temps de s'installer dans le morceau, de faire venir les choses, prendre le temps... d'y aller très progressivement dans l'improvisation. En classique, c'est là, tout de suite ou cela n'est pas. Travail d'une exigence infinie (attention, je ne dis pas que les pianistes de jazz ne sont pas exigeants et certains (rares) sont aussi magistraux dans la musique classique). Je veux dire qu'en jazz, on peut masquer, c'est plus facile de se raccrocher aux branches si quelque chose ne va pas. Et deux concerts dans la même journée, je ne sais si vous imaginez la performance que c'est, quand on donne à ce point dans les deux avec une telle intensité.
La qualité de la musique.

Alors je ne peux que dire mon admiration folle pour Sylvie et Olivier. Cet émerveillement d'avoir vu, entendu cette magnificence. Vouloir la témoigner ici. S'agenouiller pour remercier, admirer.
Parce que transformé, désormais encore plus habité. Vouloir dire pour prolonger. Mais c'est de l'ordre de l'intime, une vibration en moi qui vit tout simplement : je sais que cette journée m'accompagnera toujours.

Vous savez, Piano majeur est pour moi une grande révélation et m'a fait prendre conscience, grâce à ces artistes inspirés, de l'infini travail qui m'attend, poursuite de toute une vie.
Parce que l'essence de la musique, c'est de toucher vraiment par le son, dès la première note, soi-même et tous ceux qui vous écoutent. Et dans toutes les notes que l'on joue, et durant tout un concert. J'en suis vraiment très très loin et c'est une bénédiction pour moi désormais de le savoir. Parce que cela veut certainement dire qu'un grand pas est franchi.
Avoir les envies de ses moyens, travailler pour les augmenter et être ainsi plus libre dans ses choix.

Image

Avec l'accord de Sylvie, voici un extrait du deuxième concert (celui de 18h dans la grange), avec "Orientale" et "Andalouza" de Granados.
Voici ce qu'elle nous a dit avant de les jouer :
"Pour poursuivre ce voyage musical dans mon jardin, je voudrais maintenant vous parler des jardins de ce Logis, et je pense que le merveilleux jardinier qui en a la charge et qui est ici dans la salle - et je sais qu'il comprendra mon message : il y a toujours dans un jardin un endroit qu'on laisse pour plus tard, où l'on se dit "je vais avoir une idée". Et il faut que l'idée vienne. Cette année, j'ai découvert la musique de Granados - évidemment je la connaissais - mais je ne l'avais pas encore jouée.
Je vais vous jouer deux danses. La première, qui s'appelle "Orientale", est plutôt méditative. Alors, l'explication des danses écrites par Granados réside dans le fait qu'il faut vraiment projeter cela pour une danseuse et un guitariste : nous ne somme pas dans un ballet ou dans un pas de deux. On doit imaginer un duo entre guitare et danseuse. Et du fait que la danseuse est seule, c'est forcément très expressif et il y a forcément de la liberté. Donc cette première pièce, Orientale, est plutôt méditative, avec au centre un passage qui est douloureux, certainement un retour sur le passé. Lorsqu'on joue, ou lorsqu'on écoute un morceau, on peut souvent se poser la question de savoir si on est au présent ou au passé. C'est à dire que tout d'un coup, on est happé par une autre idée que le compositeur à émise et que l'interprète joue... alors on se dit "ah, c'est dans le rêve... Mais ce rêve est-il réel ou est-ce un souvenir ?" Et j'ai laissé en suspens car évidemment, je ne peux vous dire, moi, si le passage au centre d'Orientale se situe dans le passé ou si c'est un événement futur qui n'aura pas lieu. En tous cas, c'est très douloureux.

La seconde danse, "Andalouza", est elle beaucoup plus rythmique, elle évoque davantage une danseuse sensuelle qui a envie de montrer qui elle est, avec aussi un passage rêveur au milieu, que je vous laisse le soin d'imager comme vous en avez envie"...


Ecouter l'extrait
(encore une fois, l'enregistrement n'est pas celui d'un professionnel et c'était encore bien mieux en réel).

ImageImage
Photo de droite : Sylvie et Alain Durante


Se promener et pique niquer de nouveau dans les jardins, en soirée

Image Image

Image

et puis la chance d'être restés... Les pianistes, qui pour laisser retomber la tension, s'amusent au déchiffrage à quatre mains sur des œuvres de Mozart. Et c'est magnifique !!!

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A gauche : Sylvie et Olivier ; à droite : Sylvie et Irakly (et Olivier)

Longue vie aux Pianos de l'été !!!
Modifié en dernier par Christof le lun. 31 déc., 2018 14:46, modifié 11 fois.
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Arabesque44
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Re: Les pianos de l'été - 16 juillet 2017 à Chaligny

Message par Arabesque44 »

Ah merci Christof, je me demandais si quelqu'un allait poster quelques photos, je comptais un peu sur le site de l'association, mais il n'y a rien encore. Pourtant il y avait bien un photographe "officiel"
Magnifiques concerts, dans un site admirablement restauré, murs et jardins.
Un coin assez peu connu, mais à seulement quelques mn de la sortie de l'autoroute A183, et facile à trouver...à condition d'arriver par là.
Virgule
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Re: Les pianos de l'été - 16 juillet 2017 à Chaligny

Message par Virgule »

Merci Oupsi pour le compte rendu et merci Christof pour les images et le son ! C'est magnifique Sylvie, c'est magnifique Olivier (tu ne cesses de t'améliorer, je ne croyais plus que c'était possible dans ce répertoire !), quel plaisir de vous entendre. Et Christof, je trouve le son de tes enregistrements très bon, tu n'as pas à t'excuser.
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jean-séb
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Re: Les pianos de l'été - 16 juillet 2017 à Chaligny

Message par jean-séb »

h bien, ces concerts ont suscité de bien beaux comptes rendus. Merci à ceux qui ont pris le temps de nous faire partager ces moments privilégiés.
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Stavroguine
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Re: Les pianos de l'été - 16 juillet 2017 à Chaligny

Message par Stavroguine »

Merci beaucoup pour ce CR, de la part d'un frustré qui n'a pu venir bien qu'habitant à 80 km de là...
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