Masterclass et récital organisé par CASIO

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IvyC
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Masterclass et récital organisé par CASIO

Message par IvyC »

Dans le cadre du lancement de la nouvelle gamme CELVIANO Grand Hybrid, Casio organise un événement privié avec le prodige du piano Benjamin GROSVENOR le 26 Mars 2016 à Paris.
Connaissez-vous Benjamin Grosvenor ?
Modifié en dernier par IvyC le mer. 02 mars, 2016 17:47, modifié 1 fois.
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jean-séb
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Re: Récital et rencontre avec Benjamin Grosvenor à Paris

Message par jean-séb »

Merci. Grosvenor est un remarquable pianiste. Je suppose qu'il va jouer sur des Casio !
IvyC
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Re: Récital et rencontre avec Benjamin Grosvenor à Paris

Message par IvyC »

Oui, il est l'ambassadeur de leur nouvelle gamme, le Celviano Grand Hybrid développée avec C. BECHSTEIN. Le récital a l'air prometteur !
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Okay
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Re: Récital et rencontre avec Benjamin Grosvenor à Paris

Message par Okay »

Très intéressant ça. Si je suis dispo je passerai.

D'autre part (peut-être mieux vaut-il lancer un fil dans Instruments), est-ce que c'est une toute nouvelle gamme de pianos hybrides ? Les trouve t-on déjà facilement chez les grands revendeurs à Paris ? Et si oui, est-ce que quelqu'un a déjà pu essayer ?
Bechstein est la marque que je préfère après Steinway - si cette collaboration est plus convaincante que le produit Yamaha AvantGrand (j'en doute sérieusement mais restons ouvert aux évolutions) je serais tout à fait prêt à revendre mon N1...
pianojar
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Re: Récital et rencontre avec Benjamin Grosvenor à Paris

Message par pianojar »

http://www.francemusique.fr/emission/le ... 24-2016-14

concert enregistré à Lyon et disponible seulement 15 jours à la réécoute

EDIT En tout cas il donne des bis originaux (Grainger - Dohnanyi)
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jean-séb
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Re: Récital et rencontre avec Benjamin Grosvenor à Paris

Message par jean-séb »

Je suis allé à ce récital qui avait lieu dans le bel hôtel particulier de la Fondation Dosne-Thiers, place Saint-Georges à Paris.
La soirée s'annonçait sympathique ; assistance variée, jeunes et vieux ; boissons non alcoolisées servies pour faire patienter car on nous annonçait un retard sur l'horaire initialement prévu, en raison d'un retard pris dans la classe de maître qui avait commencé dans l'après-midi. Ça m'a donné le temps de mieux étudier les plafonds des salons joliment restaurés, de belles frises, des angelots, etc. Et beaucoup de peintures, originales ou copies anciennes, de toute la famille de Napoléon.
Nous sommes enfin admis à monter le grand escalier d'honneur qui conduit au grand salon du premier étage. On nous distribue un programme que voici :
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Il est intéressant d'y lire le pourquoi de la sensibilité particulière de Benjamin Grosvenor à la question des pianos numériques.
Enfin, la porte du grand salon s'ouvre. Bousculade raisonnable pour être bien placé ! Première surprise, il y a deux pianos : un grand Bechstein et le fameux Celviano Grand Hybrid. La chef de produits Casio présente le concert sobrement, rappelant les objectifs du triple partenariat Bechstein-Casio-Grosvenor.
La classe de maître dans l'après-midi a rassemblé des jeunes de différents conservatoires de province et c'est à l'un d'eux, Jonathan, la vingtaine, du conservatoire de Montpellier, que revient l'honneur de débuter le concert avec Ondine de Ravel, qu'il joue sur le Bechstein. C'est dans l'ensemble très bien joué, malgré un petit trou à deux endroits, et on voyait que ses mains tremblaient un peu. Ce sympathique jeune homme, quand je l'ai interrogé lors du cocktail final, envisage sereinement une carrière de professeur (il donne déjà quelques cours au conservatoire pour les premiers cycles) ; concernant la gestion des trous de mémoire, il dit se fonder essentiellement sur une bonne compréhension de la partition (progression harmonique, etc.) pour pouvoir se rattraper quand ça arrive ; de fait, il a rattrapé les deux petits trous sans qu'on s'aperçoive trop du raccord légèrement improvisé ; naturellement, les deux trous se sont passés à un endroit où ils n'arrivent jamais quand il joue l’œuvre d'habitude ! À ma grande surprise, Jonathan n'a jamais entendu parler de Lucas Debargue ; ses modèles sont Arguerich et, maintenant, Grosvenor ; il connaît Pianomajeur, mais ne le lit pas ; ceci explique cela !
Voici maintenant le déjà fameux Benjamin Grosvenor, un tout petit format, petits bras, petites mains, presque chétif. Il attaque, sur le Bechstein, avec la deuxième sonate op.35 de Chopin qui sera aussi à son programme lors de son concert à la Fondation Vuitton en mai. Et là, ce petit gabarit montre une puissance immense (quand il le faut), une précision et une rapidité déconcertantes. Il a donné une interprétation très originale de cette sonate si connue, originale au point que j'ai eu un peu de mal à bien reconnaître le premier et surtout le dernier (et si atypique) mouvement. Lorsque j'ai parlé avec lui plus tard en lui mentionnant que j'avais été surpris par les accents un peu marqués qu'il faisait sur certaines notes, il m'a dit qu'il n'avait mis cette œuvre à son répertoire que depuis peu et que somme toute elle était encore en train de mûrir.
Ensuite, il s'est mis au clavier du Celviano Grand Hybrid pour interpréter avec le son Vienna Grand Venezia e Napoli de Liszt (2e Année de Pèlerinage, l'Italie). Inutile de dire que toute l'assistance n'attendait que ce moment, car le programme donnait quelques appréciations flatteuses sur ce piano hybride, notamment "Je suis sous le charme, il donne l'illusion d'un piano acoustique. Points forts, remarquable réactivité, timbres splendides. Point faible : aucun."(Bertand Boissard, Magazine DIapason, décembre 2015). Quelle déception ! Quel cruel contraste après le Bechstein (qui n'est pourtant pas parmi mes pianos préférés). Le son était maigrelet, le timbre typiquement numérique à mes oreilles. À la longue, on finit par s'habituer, en tendant l'oreille, et on se dit que c'est un petit peu comme le clavicorde, un instrument très individuel ! Néanmoins, il est clair que Benjamin n'a aucune difficulté à jouer sur ce clavier, et que les notes répétées, par exemple, y sortent sans problème.
Il joue ensuite sur le même clavier, avec le son Berlin Grand, je crois, Love walked in de Gershwin dans une belle adaptation de Grainger.
Applaudissements chaleureux, qui nous valent deux bis, interprétés heureusement sur le Bechstein qu'on réentend avec un plaisir certain. Je ne les reconnais pas et ai dû en demander le titre plus tard au pianiste : deux préludes de Mendelssohn, extraits des Préludes et Fugues pour piano op.35. Ah oui, bien sûr, j'aurais dû reconnaître. En tout cas, tout cela (sauf Gershwin peut-être, à moins d'un bis) sera au programme du concert de mai à la fondation Vuitton.
Le cocktail était généreusement pourvu en champagne et canapés ; dans ce joli cadre, on se sent très privilégié. Je trouve simplement que la brillante démonstration offerte par Casio de son nouvel instrument est un peu ratée et même contraire à ses objectifs. Quand j'ai demandé à Benjamin Grosvenor pourquoi il avait choisi un son si faible (parce que, entre temps, un autre Casio du même modèle était en démonstration libre dans le salon du cocktail et envahi par une armée de très jeunes pianistes déjà prometteurs ; en tout cas, on voyait qu'on pouvait régler le son à un volume qui permettait quand même mieux de comparer avec un piano acoustique), il a répondu qu'il l'avait réglé instinctivement comme il le règle chez lui. Je comprends mieux. Il a confirmé que le clavier lui paraît très bon et comparable à celui d'un piano acoustique. Pour le son, chez lui, il doit être habitué à le mettre bas ou à écouter au casque. C'était quand même dommage pour la démonstration.
Bilan, une soirée privilégiée, pour découvrir un pianiste qu'il faudra suivre absolument. Merci à Casio de l'avoir organisée. Dommage que la présentation de son instrument n'ait pas été plus convaincante.

Sur ce lien
http://culturebox.francetvinfo.fr/musiq ... ain-189853
on voit, entre autres vidéos, celle de Benjamin Grosvenor jouant à 12 ans à la finale du concours de la BBC Young Musicians.
pianojar
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Re: Récital et rencontre avec Benjamin Grosvenor à Paris

Message par pianojar »

Merci pour ce très complet compte rendu de cette rencontre
Wandarnok
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Re: Récital et rencontre avec Benjamin Grosvenor à Paris

Message par Wandarnok »

Merci pour ce très intéressant compte-rendu.
Qui confirme la tristesse du numérique en général et les progrès qui restent à faire aux hybrides dont seule la partie clavier est à la hauteur de ce qu'on peut attendre.
Dans un gros volume comme un grand salon ou pis une salle de concert, la partie son des hybrides n'a aucune chance, il faudrait une enorme amplification et se poserait le problème de la haute définition et des enceintes, ou d'un autre moyen de production du son, à forte puissance.
La comparaison avec le Bechstein devait etre très intéressante.
Je t'envie, j'aurais pu y être je pense, mais je me suis mal débrouillé.
Il faut suivre ce Benjamin, il n'y a pas beaucoup d'anglais dans la compétition... :lol:
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JPS1827
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Re: Récital et rencontre avec Benjamin Grosvenor à Paris

Message par JPS1827 »

Ca fait une présentation de concert très publicitaire pour Casio, c'est un peu dommage… Le pianiste est visiblement instrumentalisé comme faire valoir alors qu'il est bien meilleur que les numériques qu'il joue. Et si c'était pour que le public se dise que les Casio sont aussi bon que les Beckstein, c'est un peu raté…
Line-Marie

Re: Récital et rencontre avec Benjamin Grosvenor à Paris

Message par Line-Marie »

merci Jean-Seb pour ce compte rendu très détaillé et qui une fois de plus donne envie d'être avec vous. J'aime beaucoup Benjamin Grosvenor et en particulier son interprétation des 4 Scherzi de Chopin .
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Kât
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Re: Récital et rencontre avec Benjamin Grosvenor à Paris

Message par Kât »

Ils argumentent que ce pianiste "venant d'un milieu modeste" a dû beaucoup travailler sur piano numérique...j'ai un peu de mal à comprendre le lien, attendu que les produits dont il fait la promotion sont autour de 3000/4000 euros si j'ai bien compris...pour ce prix là, on trouve sans problème un piano acoustique d'occasion correct. Il me semblait que l'argument de vente numéro 1 des pianos numériques était, outre la possibilité d'être "nomades", de régler le problème des voisins/des contraintes imposées par une vie en appartement...alors oui, sûr qu'un numérique dans ce cas doit revenir moins cher qu'un piano acoustique avec silent, mais bon je trouve l'argument un peu tiré par les cheveux...
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jean-séb
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Re: Récital et rencontre avec Benjamin Grosvenor à Paris

Message par jean-séb »

Je crois qu'il y a une part de bla-bla commercial. Du reste, ne nous leurrons pas sur ce milieu modeste. Je vois sur Wiki que "His father is an English and Drama teacher, and his mother Rebecca is a piano teacher by profession". Donc un milieu assez intellectuel, pas forcément riche certes, mais quand même plus favorable à l'évolution artistique de Benjamin que s'il était né d'un père mineur de fond.
Néanmoins, il m'a confirmé qu'il joue bien à la maison d'un clavier hybride chez lui, peut-être parce qu'il joue 8 heures par jour et qu'il ne tient pas à enquiquiner la maisonnée ou les voisins. Et si j'ai bien compris, c'est le clavier en lui-même, plus que le son, qui le séduit dans cette gamme de pianos hybrides.
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Okay
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Re: Récital et rencontre avec Benjamin Grosvenor à Paris

Message par Okay »

Merci beaucoup pour nous avoir livré ce compte-rendu, et en particulier la teneur des échanges partagés avec le pianiste.

Etant toujours a l’affût des innovations technologiques dans le domaine des hybrides (y étant contraint), j'avais voulu essayer ce piano. Avant d'y aller, j'ai tout de même passé un coup de fil afin d'interroger deux revendeurs parisiens "sérieux", qui m'ont donné le même son de cloche. A savoir, les derniers modèles Casio est encore bien loin derrière Yamaha dans ce domaine... du coup je ne suis pas allé me faire ma propre idée...
Lorsque j'avais acheté mon N1, j'avais pu passer d'un C3 au N1 joué fort et vice-versa et l’expérience avait été plutôt troublante. Le niveau du volume joue un rôle énorme pour créer un minimum d'illusion, si bien qu'il est possible qu'un niveau trop bas ait suffi a galvauder la présentation.
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jean-séb
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Re: Masterclass et récital organisé par CASIO

Message par jean-séb »

Nouvelle rencontre organisée par CASIO cette année dans le cadre de son partenariat avec Bechstein et dans le but, toujours, de promouvoir le modèle CELVIANO Grand Hybrid, comme l'année dernière. Je dois dire que CASIO met les petits plats dans les grands ; choix d'un très beau lieu, organisation d'une master-class avec des élèves sélectionnés dans pas mal de conservatoires de province, participation d'un excellent pianiste qui joue le jeu de jouer en partie sur le Bechstein de concert et en partie sur le Celviano. Le but est évidemment commercial, mais je dois reconnaître qu'il est approché d'une manière très intelligente.
Cette année, le lieu, très intéressant, est un loft transformé en studio, dans le 13e arrondissement, au fond d'une cour d'immeuble. Rien, de la rue, ne permet de deviner l'enchantement et le dépaysement qui nous attend une fois poussée la porte cochère ; un jardin exotique d'abord, tendance zen, puis la vue d'un beau studio moderne :
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Côte-à-côte, le Bechstein de concert et le Celviano :
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Déjà, un des élèves de la classe de maître s'échauffe sur le piano devant les premiers arrivés.
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Le programme est alléchant, tant pour les classes que pour le récital en fin de journée :
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jean-séb
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Re: Masterclass et récital organisé par CASIO

Message par jean-séb »

J'avais décidé d'assister aux trois premières classes du matin, n'étant pas libre en début d'après-midi.
Le pianiste invité pour ces classes était Wilhem Latchoumia :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Wilhem_Latchoumia
http://www.wilhemlatchoumia.com/
http://la1ere.francetvinfo.fr/concertis ... 08601.html
On dit grand bien de son dernier disque consacré à De Falla.
Il a été plusieurs fois question de lui sur ce forum :
viewtopic.php?f=1&t=6934&p=118312&hilit ... ia#p118163
viewtopic.php?f=8&t=5279&hilit=latchoumia#p94713
Strumpf l'a bien connu et nous en a parlé :
viewtopic.php?p=280777#p280777
Le voici hier, très sympathique, décontracté, disant qu'il ne voyait pas une classe de maître car il ne considérait pas une relation maître-élève mais une relation avec de futurs collègues.
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Et avec les trois premiers candidats :
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(à suivre)
pianojar
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Re: Masterclass et récital organisé par CASIO

Message par pianojar »

L'endroit a l'air enchanteur en tout cas !
dilettante
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Re: Récital et rencontre avec Benjamin Grosvenor à Paris

Message par dilettante »

jean-séb a écrit :en tout cas, on voyait qu'on pouvait régler le son à un volume qui permettait quand même mieux de comparer avec un piano acoustique), il a répondu qu'il l'avait réglé instinctivement comme il le règle chez lui. Je comprends mieux. Il a confirmé que le clavier lui paraît très bon et comparable à celui d'un piano acoustique. Pour le son, chez lui, il doit être habitué à le mettre bas ou à écouter au casque. C'était quand même dommage pour la démonstration.
Incroyable qu'il n'y ait pas eu une collaboration avec un technicien...
C'est un des problèmes avec les numériques même très bien amplifiés, rien n'empêche de faire le volume avec le bouton plutôt qu'avec le jeu. Du coup j'en conclus qu'aucun autre réglage n'a été fait... Alors qu'il y a de quoi déjà sur mon simple ES8. On peut régler la résonance des cordes, de la pédale, la durée de la décroissance du son, l'ouverture du couvercle, etc., en fait on peut l'adapter à la taille de la pièce, ou au contraire faire un son "enfermé" ce qui est parfois le but.
Line-Marie

Re: Masterclass et récital organisé par CASIO

Message par Line-Marie »

un grand merci Jean-seb pour les photos et la narration de cette belle matinée. Comme j'aurais aimé être là !
Oui W. LATCHOUMIA est un grand et magnifique pianiste, avec une grande générosité qui transparait dans son jeu.
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jean-séb
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Re: Récital et rencontre avec Benjamin Grosvenor à Paris

Message par jean-séb »

dilettante a écrit :
jean-séb a écrit :en tout cas, on voyait qu'on pouvait régler le son à un volume qui permettait quand même mieux de comparer avec un piano acoustique), il a répondu qu'il l'avait réglé instinctivement comme il le règle chez lui. Je comprends mieux. Il a confirmé que le clavier lui paraît très bon et comparable à celui d'un piano acoustique. Pour le son, chez lui, il doit être habitué à le mettre bas ou à écouter au casque. C'était quand même dommage pour la démonstration.
Incroyable qu'il n'y ait pas eu une collaboration avec un technicien...
C'est un des problèmes avec les numériques même très bien amplifiés, rien n'empêche de faire le volume avec le bouton plutôt qu'avec le jeu. Du coup j'en conclus qu'aucun autre réglage n'a été fait... Alors qu'il y a de quoi déjà sur mon simple ES8. On peut régler la résonance des cordes, de la pédale, la durée de la décroissance du son, l'ouverture du couvercle, etc., en fait on peut l'adapter à la taille de la pièce, ou au contraire faire un son "enfermé" ce qui est parfois le but.
Oui, ça c'était l'année dernière. En fait, à la suite d'un concours malheureux de circonstances, le piano avait été transporté sur le lieu de la démonstration très en retard, Benjamin Grosvenor avait trifouillé tous les réglages à la dernière minute et ça avait été un peu foireux effectivement. Cette année, Casio avait pris toutes ses précautions, le piano était amplifié, les réglages faits suffisamment en avance.
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jean-séb
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Re: Masterclass et récital organisé par CASIO

Message par jean-séb »

Sur la classe de maître, dont je n'ai vu que les trois premiers candidats, que dire ? Je suis toujours impressionné de l'excellent niveau des candidats. D'une manière générale, ils jouent très bien mais, quand ils sont interrogés, ils n'ont pas l'air de forcément savoir pourquoi ils jouent de telle manière et non d'une autre ; pourquoi le choix de telle nuance, de tel tempo... Sûrement pour beaucoup, ils jouent comme leur professeur leur a dit de le faire.
Les conseils de WL ont surtout porté sur la façon d'établir différents plans sonores ; il est vrai qu'il est lui-même particulièrement doué et habile pour établir ces divers plans, dont il change très souvent (peut-être trop souvent comme je le ressentirai pendant son récital), passant de super-fortissimi à de magnifiques super-pianissimi. Sur ce plan-là, la première œuvre était intéressante (Fête-Dieu à Séville, car sa partition contient apparemment des notations de nuances très contrastées, allant jusqu'au quadruple fortissimo). Sur le plan technique, il obtient ses fortissimi en mettant ses doigts, du moins ces phalangettes presque verticales sur le clavier, avec parfois un mouvement d'accompagnement de la main et du poignet vers couvercle du clavier, tandis qu'il joue les mains très à plat pour les nuances piano. Il apprend aussi aux candidats à caresser la touche vers soi ou au contraire à laisser tomber pour des notes bien fortes un doigt totalement vertical. Ce n'est pas facile à décrire avec des mots, et ça semble assez déroutant pour certains candidats car il doit être difficile de modifier sa gestuelle comme ça quand on l'a complètement intériorisée par une longue pratique.
Les trois candidats que j'ai vus semblent quand même remarquablement souples pour se conformer autant qu'ils le peuvent aux indications de WL. J'avoue que je mesure ce qui me sépare d'eux ; je serais incapable de faire mon miel des conseils du maître en classe, je crois que je serais paralysé, à la limite de l'idiotie, incapable de comprendre ce qu'il attend de moi et surtout incapable de le faire. Mais bon, cela doit s'apprendre et cela fait partie du parcours obligé pour ces pianistes qui rêvent encore d'avoir un avenir brillant.
Je n'ai pas vu les candidats de l'après-midi, sauf l'un d'eux qui a été, comme le premier candidat du matin, jugé le meilleur ex-aequo et a ouvert le récital donné le soir par WF.
Donc ce récital s'est ouvert par Fête-Dieu à Séville d'Albeniz et Feux d'artifice de Debussy, par les deux élèves retenus. Puis WL s'est installé au grand Bechstein pour jouer les deux morceaux de Debussy du programme. On voit tout de suite sa technique remarquable et ce choix de plans sonores toujours très constrastés, extrêmement vifs, et même parfois abrupts.
Puis, il a joué sur le Casio deux sonates baroques. C'est un bon choix qui convient mieux à ces claviers numériques que le répertoire plus moderne qu'il affectionne. Là encore, grande dextérité, mais l'exercice est difficile de passer du Bechstein de concert à un Casio, même hybride, et il y avait pas mal de trous dans les pianissimi car le clavier ne réagissait pas de la même manière. C'est d'ailleurs ce qui m'a frappé en essayant un court moment moi-même le Casio : je trouve que le clavier est assez dur et ne répond pas quand on joue trop légèrement ; sans doute cela peut-il se corriger par l'habitude.
Revenant au Bechstein, il a donné plusieurs extraits d'El Amor Brujo de Falla, et là, WL a été particulièrement captivant. C'est le programme de son dernier CD qu'il a encore très bien dans les mains.
Nouveau et dernier petit tour sur le Casio pour le bel hommage à Debussy par de Falla. Ça sonne de manière feutrée mais qui n'est pas désagréable du tout.
Il a terminé par les trois danses de Pétrouchka, de Prokofiev et j'avoue que j'ai été un peu déçu par sa prestation. Il a privilégié le côté percussif, certes très présent chez Prokofiev, avec une énergie mais aussi une sorte de brutalité, des changements de nuances trop subits et constants, qui finissent par être fatigants et m'ont paru rendre l’œuvre très décousue, brinquebalante. Il est vrai que, quand j'en ai parlé plus tard avec le pianiste, il m'a dit qu'il n'avait peut-être pas assez tenu compte de l'acoustique particulière du studio, assez bas de plafond.
Pour l'anecdote, alors que je louais sincèrement WL pour la beauté de ses mains sur le piano quand il joue, de très grandes mains en grand contraste avec les petites mains de Benjamin Grosvenor l'année dernière, il m'a dit que ses grandes mains n'avait pas que des avantages : comme elles font très naturellement des 10e, il a plus de mal avec les octaves qu'il doit faire en serrant la main au lieu que beaucoup de pianistes se contentent d'étendre la main naturellement !
Après le concert, Casio avait prévu un généreux cocktail. La magie du lieu agissait aussi la nuit, et c'est presque à regret que je suis parti de là.
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